Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 37
les figures. Le miracle de Moïse accompli sur les
pentes de l'Horeb, il y a quatre mille ans, se renou-
velait à quelques lieues seulement de son antique
théâtre, au bord de cette mer dont les flots avaient
servi de tombe au Pharaon et à son armée. La lé-
gende pâlissait devant la réalitéj une pioche vulgaire
remplaçait la baguette magique ; ]a Foi découvrait,
avec surprise, une rivale dans l'Industrie, qui n'est
elle-même qu'une sublime émanation de Dieu.
» Mais ce qui constituait peut-être le côté le plus
pittoresque de cette fête, c'était la joie mêlée de stu-
péfaction profonde des Arabes. Bien qu'ils y fussent
préparés d'avance, la plupart'ne pouvaient en croire
leurs yeux. Les uns se couchaient à plat ventre pour
humer l'eau avec délices, les plus esclaves de l'éti-
quette la recueillaient dans le creux de leurs mains
pour bien s'assurer que c'était réellement de l'eau
douce. D'autres auraient voulu empêcher le couran
de s'enfuir vers la mer et semblaient regretter qu'un
trésor fût ainsi perdu. Les femmes voilées poussaient,
en signes de joie, leurs plus strident? Zagarit, qui
rappelaient les Evohe des bacchantes antiques; mais
c'était en l'honneur de l'eau plus précieuse mille fois
à leurs yeux que la liqueur de Bacchus.
» Nous avons omis de dire que le canal, à quelque
distance du Kiosque, se divise en deux branches
dont l'une entre en ville et l'autre se rend à la mer.
» Lorsque tout cet enthousiasme se fut un peu
calmé, l'assistance se rendit sous le pavillon magni-
fiquement pavoisé aux couleurs égyptiennes, et Ii1,
après s'être recueilli quelques instants, M. de Ruys-
senaërs, ayant à sa droite S. Exc. le gouverneur de
Suez et le Mudir d'Ismaïlia, improvisa, au milieu
du plus profond silence, une allocution dont nous
sommes heureux de pouvoir reproduire ici les
termes. »
Ici l'Egypte reproduit le discours qué nous avons
donné plus haut, et reprend ensuite sa narration en
ces termes :
« Le toast porté par le vice-président de la Com-
pagnie fut couvert d'applaudissements unanimes et
répété par tous les assistants aux cris de : « Vive
» S. A. Ismaïl-Pacha! »
» Les tables furent ensuite livrées à un joyeux
pillage, au milieu duquel l'eau du nouveau canal
fut seule religieusement respectée !
» Le soir un grand bal, donné aux frais de la
Compagnie, réunissait tous les invités dans les sa-
lons du grand hôtel Schembri. Ce bal avait été pré-
cédé par un souper richement servi auquel assistaient
les principaux fonctionnaires, les chefs de service et
MM. les membres du corps consulaire de Suez. Un
nouveau toast, porté par M. de Ruyssenaërs en
l'honneur de S. Al le viçe-roi, a donné lieu à un
incident qui mérite d'être rapporté, M. West, consul
de S. M. Britannique à Suez, s'est levé, et a de-
mandé la permission de boire à son tour à la santé
de M. Ferdinand de Lesseps. Des applaudissements
répétés ont prouvé à l'auteur de lg, motion combien
celle-ci était sympathique à l'assistance.
» Une pareille manifestation n'a pas besoin de
commentaires, et elle fait le plus grand honneur à
M. West qui s'en est rendu l'organe. Cela répond à
bien des bruits et dissipe plus d'un préjugé. Nous
ajouterons encore que tous les consulats avaient
hissé leurs pavillons, et que celui d'Angleterre avait
apparu le premier au sommet de sa hampe, dé-
ployant le royalrjack aux premières brises de l'aube.»
SITUATION.
Nos nouvelles de l'isthme ne nous présentent rien
que de satisfaisant. Le canal d'eau douce étant ter-
miné et inauguré, tout l'effort des travailleurs se
concentre maintenant sur la iigne du canal maritime.
Les contingents arrivent toujours sur le théâtre des
travaux avec la même régularité, et les opérations
poursuivent paisiblement leur cours.
En France on sait à quel point l'opinion s'est émue
des attaques imprévues qui sont venues assaillir la
Compagnie. Nous avons fait connaître les poursuites
intentées en premier lieu contre la Semaine financière,
et ensuite contre M. Nubar, à propos de la consulta-
tion qu'il a obtenue de MM. Odilon Barrot, Dufaure
et Jules Favre par des moyens indiqués dans l'assi-
gnation qui lui a élé signifiée, et que nous avons re-
produite.
On se rappelle que, par un jugement fortement mo-
tivé, la Semaine financière a été condamnée en police
correctionnelle à l'insertion d'une réponse de la Com-
pagnie qu'elle avait refusée, sous prétexte d'une
phrase qu'elle considérait comme blessante pour elle.
La Semaine financière a fait appel de ce jugement.
La question reviendra donc devant la Cour impériale
(chambre des appels de police correctionnelle).
On sait aussi qu'une autre poursuite en dommages-
intérêts avait été intentée par la Compagnie contre
le même journal devant le tribunal civil de la Seine.
L'appel de cette cause a donné lieu à un incident
dont nous empruntons le compte rendu à la Gazette
des Tribunaux. M. Jules Favre, défenseur à la fois de
M. Forcade et de M. Nubar, a demandé que l'affaire
de M. Nubar précédât celle de la Semaine financière.
M. Odilon Barrot est venu de sa personne appuyer
cette demande. Mais sur les observations de Me Se-
nard, avocat de la Compagnie, le tribunal a décidé
que les deux causes conserveraient leur ordre natu-
rel et chronologique, et en conséquence, l'affaire de
les figures. Le miracle de Moïse accompli sur les
pentes de l'Horeb, il y a quatre mille ans, se renou-
velait à quelques lieues seulement de son antique
théâtre, au bord de cette mer dont les flots avaient
servi de tombe au Pharaon et à son armée. La lé-
gende pâlissait devant la réalitéj une pioche vulgaire
remplaçait la baguette magique ; ]a Foi découvrait,
avec surprise, une rivale dans l'Industrie, qui n'est
elle-même qu'une sublime émanation de Dieu.
» Mais ce qui constituait peut-être le côté le plus
pittoresque de cette fête, c'était la joie mêlée de stu-
péfaction profonde des Arabes. Bien qu'ils y fussent
préparés d'avance, la plupart'ne pouvaient en croire
leurs yeux. Les uns se couchaient à plat ventre pour
humer l'eau avec délices, les plus esclaves de l'éti-
quette la recueillaient dans le creux de leurs mains
pour bien s'assurer que c'était réellement de l'eau
douce. D'autres auraient voulu empêcher le couran
de s'enfuir vers la mer et semblaient regretter qu'un
trésor fût ainsi perdu. Les femmes voilées poussaient,
en signes de joie, leurs plus strident? Zagarit, qui
rappelaient les Evohe des bacchantes antiques; mais
c'était en l'honneur de l'eau plus précieuse mille fois
à leurs yeux que la liqueur de Bacchus.
» Nous avons omis de dire que le canal, à quelque
distance du Kiosque, se divise en deux branches
dont l'une entre en ville et l'autre se rend à la mer.
» Lorsque tout cet enthousiasme se fut un peu
calmé, l'assistance se rendit sous le pavillon magni-
fiquement pavoisé aux couleurs égyptiennes, et Ii1,
après s'être recueilli quelques instants, M. de Ruys-
senaërs, ayant à sa droite S. Exc. le gouverneur de
Suez et le Mudir d'Ismaïlia, improvisa, au milieu
du plus profond silence, une allocution dont nous
sommes heureux de pouvoir reproduire ici les
termes. »
Ici l'Egypte reproduit le discours qué nous avons
donné plus haut, et reprend ensuite sa narration en
ces termes :
« Le toast porté par le vice-président de la Com-
pagnie fut couvert d'applaudissements unanimes et
répété par tous les assistants aux cris de : « Vive
» S. A. Ismaïl-Pacha! »
» Les tables furent ensuite livrées à un joyeux
pillage, au milieu duquel l'eau du nouveau canal
fut seule religieusement respectée !
» Le soir un grand bal, donné aux frais de la
Compagnie, réunissait tous les invités dans les sa-
lons du grand hôtel Schembri. Ce bal avait été pré-
cédé par un souper richement servi auquel assistaient
les principaux fonctionnaires, les chefs de service et
MM. les membres du corps consulaire de Suez. Un
nouveau toast, porté par M. de Ruyssenaërs en
l'honneur de S. Al le viçe-roi, a donné lieu à un
incident qui mérite d'être rapporté, M. West, consul
de S. M. Britannique à Suez, s'est levé, et a de-
mandé la permission de boire à son tour à la santé
de M. Ferdinand de Lesseps. Des applaudissements
répétés ont prouvé à l'auteur de lg, motion combien
celle-ci était sympathique à l'assistance.
» Une pareille manifestation n'a pas besoin de
commentaires, et elle fait le plus grand honneur à
M. West qui s'en est rendu l'organe. Cela répond à
bien des bruits et dissipe plus d'un préjugé. Nous
ajouterons encore que tous les consulats avaient
hissé leurs pavillons, et que celui d'Angleterre avait
apparu le premier au sommet de sa hampe, dé-
ployant le royalrjack aux premières brises de l'aube.»
SITUATION.
Nos nouvelles de l'isthme ne nous présentent rien
que de satisfaisant. Le canal d'eau douce étant ter-
miné et inauguré, tout l'effort des travailleurs se
concentre maintenant sur la iigne du canal maritime.
Les contingents arrivent toujours sur le théâtre des
travaux avec la même régularité, et les opérations
poursuivent paisiblement leur cours.
En France on sait à quel point l'opinion s'est émue
des attaques imprévues qui sont venues assaillir la
Compagnie. Nous avons fait connaître les poursuites
intentées en premier lieu contre la Semaine financière,
et ensuite contre M. Nubar, à propos de la consulta-
tion qu'il a obtenue de MM. Odilon Barrot, Dufaure
et Jules Favre par des moyens indiqués dans l'assi-
gnation qui lui a élé signifiée, et que nous avons re-
produite.
On se rappelle que, par un jugement fortement mo-
tivé, la Semaine financière a été condamnée en police
correctionnelle à l'insertion d'une réponse de la Com-
pagnie qu'elle avait refusée, sous prétexte d'une
phrase qu'elle considérait comme blessante pour elle.
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intérêts avait été intentée par la Compagnie contre
le même journal devant le tribunal civil de la Seine.
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dont nous empruntons le compte rendu à la Gazette
des Tribunaux. M. Jules Favre, défenseur à la fois de
M. Forcade et de M. Nubar, a demandé que l'affaire
de M. Nubar précédât celle de la Semaine financière.
M. Odilon Barrot est venu de sa personne appuyer
cette demande. Mais sur les observations de Me Se-
nard, avocat de la Compagnie, le tribunal a décidé
que les deux causes conserveraient leur ordre natu-
rel et chronologique, et en conséquence, l'affaire de
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