Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
36 L'ISTHME DE SUEZ,
» Messieurs, je suis sûr d'être l'interprète fidèle des
^itiments de notre cher président, de vous tous, de
la population de Suez, et, j'ose le dire, du commerce
du monde entier, en vous proposant de porter un
toast de vive reconnaissance à celui dont le puissant
concours et la haute protection ont permis à la
Compagnie d'achever cette première partie de son
utile entreprise; à S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi d'E-
gypte, et n'oublions pas d'unir dans un même sen-
timent de respect et de gratitude la mémoire de feu
Saïd-Pacha, le premier promoteur du percement de
l'isthme.
» Messieurs, à S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi d'E-
gypte ! »
« Cet hommage, à la mémoire de Mohammed-Saïd,
que nous avons tous connu et dont nous avions pu
apprécier le caractère loyal et généreux, produisit
sur l'auditoire une vive émotion, soudainement ma-
nifestée par une acclamation générale.
» Ici, devait se terminer la fête officielle, mais la
population ne l'accepta pas ainsi ; il y avait un ab-
sent dont le nom était dans tous les souvenirs.
une voix s'éleva, disant : «Et de Lesseps h) et la foule
répondit comme un seul homme : « Vive de Les-
seps, vive le Président ! »
« Pour remercier la division du canal d'eau douce,
qui depuis un an habite sous la tente et qui vient
d'accomplir un si beau travail, la Compagnie a
donné en son honneur une soirée, une réunion de
famille, à laquelle étaient conviés les principaux ha-
bitants de Suez et les personnes qui avaient assisté
à l'inauguration. Je ne crois pas que Suez ait encore
vu une semblable fête et un tel assemblage de char-
mants visages féminins. L'Europe et surtout l'An-
gleterre ont dansé jusqu'au jour en l'honneur du
canal. La cordialité la plus parfaite animait toute
cette joie ; puisse l'alliance anglo-française être par-
tout aussi sincère qu'elle l'était ici.
» La Compagnie a voulu que les pauvres eussent
aussi leur part dans ces réjouissances; elle a fait
distribuer, par les mosquées, des moutons et du riz;
ce qui a ajouté aux sentiments d'affection reconnais-
sante que lui porte la population.
» Je termine cette relation rapide et incomplète
en vous donnant des chiffres qui vous mettront à
même d'apprécier la valeur de l'eau à Suez. Il se
consomme à Suez, au minimum, pour 1,200,000 francs
d'eau par an. Le chemin de fer en apporte pour
800,000 francs, sur lesquels le gouvernement égyp-
tien perd 400,000 francs. Des chameaux en amènent
des fontaines pour 400,000 fr. La Compagnie du canal
épargne donc à la ville de Suez 1,200,000 francs de
dépenses, et fait bénéficier le gouvernement égyp-
tien de 400,000 francs. C'est un joli cadeau. L'eau
coûtait, pour une famille arabe, 45 francs par mois
aujourd'hui elle ne coûte plus rien. Ces chiffres
m'ont été affirmés par M. le consul de France. »
De son côté, le journal Y Egypte, qui s'édite à
Alexandrie, sous les yeux du gouvernement égyp-
tien, publie sur cet événement, dans son numéro du
3 janvier, un récit que nous sommes heureux de lui
emprunter, et qui sera lu en France avec autant
d'intérêt que de satisfaction. Le voici :
ERNEST DESPLACES.
L'ean à Saez.
« Le vingt-neuf décembre mil huit cent soixante-
trois restera une date à jamais mémorable pour la
ville de Suez et pour ses habitants, car c'est de ce
moment que commence la véritable existence de cette
ville, condamnée, par sa situation, à une hydrophobie
séculaire. C'était ce jour-là, en effet, que la Compagnie
du canal de Suez avait fixé pour l'arrivée de l'eau
douce à Suez. De nombreuses invitations avaient
amené une foule empressée qui s'était rendue du
Caire et de toutes les stations intermédiaires.
» Le canal d'eau douce, dont la prise est à Zaga-
zig, est navigable dans tout son parcours; il débite
donc toute l'eau nécessaire aux besoins de la popu-
lation et aux irrigations des terrains jusqu'ici sans
culture et qui s'étendent le long de ses berges. Les
eaux avaient été retenues par un batardeau provi-
soire, devant le kiosque bâti par feu S. A. Saïd-Pacha,
situé un peu en amont de l'extrémité du canal abou-
tissant à la mer Rouge, dans le port de Suez.
» Un grand pavillon surmonté de drapeaux égyp-
tiens s'élevait près du batardeau ; on y avait disposé
une table-buffet abondamment servie.
» La plupart des employés de la Compagnie, les
ingénieurs et chefs supérieurs en tête, étaient réunis
sur le batardeau. Vers trois heures de l'après-midi,
environ, M. Voisin, ingénieur en chef, directeur des
travaux, donnait, le premier coup de pioche et pas-
sait ensuite l'instrument à M. de Ruyssenaërs, vice-
président de la Compagnie. Leur exemple fut suivi
par un grand nombre d'invités, qui se disputaient
cet honneur. Quelques instants après, la nappe
d'eau, jusque-là retenue, se frayait impétueusement
un passage et courait jusqu'à la mer étonnée, pour
y confondre ses eaux, dont le sillon blanchâtre se
distinguait encore à une grande distance au large.
» Au milieu des applaudissements enthousiastes
qui saluaient ce symbolique mariage, on vit appa-
raître une barque venant de Zagazig et montée par
des rameurs tout enrubannés. Des hourrahs en-
thousiastes accueillirent cette vivante allégorie de
l'avenir.
» Une satisfaction indicible se révélait sur toutes
» Messieurs, je suis sûr d'être l'interprète fidèle des
^itiments de notre cher président, de vous tous, de
la population de Suez, et, j'ose le dire, du commerce
du monde entier, en vous proposant de porter un
toast de vive reconnaissance à celui dont le puissant
concours et la haute protection ont permis à la
Compagnie d'achever cette première partie de son
utile entreprise; à S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi d'E-
gypte, et n'oublions pas d'unir dans un même sen-
timent de respect et de gratitude la mémoire de feu
Saïd-Pacha, le premier promoteur du percement de
l'isthme.
» Messieurs, à S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi d'E-
gypte ! »
« Cet hommage, à la mémoire de Mohammed-Saïd,
que nous avons tous connu et dont nous avions pu
apprécier le caractère loyal et généreux, produisit
sur l'auditoire une vive émotion, soudainement ma-
nifestée par une acclamation générale.
» Ici, devait se terminer la fête officielle, mais la
population ne l'accepta pas ainsi ; il y avait un ab-
sent dont le nom était dans tous les souvenirs.
une voix s'éleva, disant : «Et de Lesseps h) et la foule
répondit comme un seul homme : « Vive de Les-
seps, vive le Président ! »
« Pour remercier la division du canal d'eau douce,
qui depuis un an habite sous la tente et qui vient
d'accomplir un si beau travail, la Compagnie a
donné en son honneur une soirée, une réunion de
famille, à laquelle étaient conviés les principaux ha-
bitants de Suez et les personnes qui avaient assisté
à l'inauguration. Je ne crois pas que Suez ait encore
vu une semblable fête et un tel assemblage de char-
mants visages féminins. L'Europe et surtout l'An-
gleterre ont dansé jusqu'au jour en l'honneur du
canal. La cordialité la plus parfaite animait toute
cette joie ; puisse l'alliance anglo-française être par-
tout aussi sincère qu'elle l'était ici.
» La Compagnie a voulu que les pauvres eussent
aussi leur part dans ces réjouissances; elle a fait
distribuer, par les mosquées, des moutons et du riz;
ce qui a ajouté aux sentiments d'affection reconnais-
sante que lui porte la population.
» Je termine cette relation rapide et incomplète
en vous donnant des chiffres qui vous mettront à
même d'apprécier la valeur de l'eau à Suez. Il se
consomme à Suez, au minimum, pour 1,200,000 francs
d'eau par an. Le chemin de fer en apporte pour
800,000 francs, sur lesquels le gouvernement égyp-
tien perd 400,000 francs. Des chameaux en amènent
des fontaines pour 400,000 fr. La Compagnie du canal
épargne donc à la ville de Suez 1,200,000 francs de
dépenses, et fait bénéficier le gouvernement égyp-
tien de 400,000 francs. C'est un joli cadeau. L'eau
coûtait, pour une famille arabe, 45 francs par mois
aujourd'hui elle ne coûte plus rien. Ces chiffres
m'ont été affirmés par M. le consul de France. »
De son côté, le journal Y Egypte, qui s'édite à
Alexandrie, sous les yeux du gouvernement égyp-
tien, publie sur cet événement, dans son numéro du
3 janvier, un récit que nous sommes heureux de lui
emprunter, et qui sera lu en France avec autant
d'intérêt que de satisfaction. Le voici :
ERNEST DESPLACES.
L'ean à Saez.
« Le vingt-neuf décembre mil huit cent soixante-
trois restera une date à jamais mémorable pour la
ville de Suez et pour ses habitants, car c'est de ce
moment que commence la véritable existence de cette
ville, condamnée, par sa situation, à une hydrophobie
séculaire. C'était ce jour-là, en effet, que la Compagnie
du canal de Suez avait fixé pour l'arrivée de l'eau
douce à Suez. De nombreuses invitations avaient
amené une foule empressée qui s'était rendue du
Caire et de toutes les stations intermédiaires.
» Le canal d'eau douce, dont la prise est à Zaga-
zig, est navigable dans tout son parcours; il débite
donc toute l'eau nécessaire aux besoins de la popu-
lation et aux irrigations des terrains jusqu'ici sans
culture et qui s'étendent le long de ses berges. Les
eaux avaient été retenues par un batardeau provi-
soire, devant le kiosque bâti par feu S. A. Saïd-Pacha,
situé un peu en amont de l'extrémité du canal abou-
tissant à la mer Rouge, dans le port de Suez.
» Un grand pavillon surmonté de drapeaux égyp-
tiens s'élevait près du batardeau ; on y avait disposé
une table-buffet abondamment servie.
» La plupart des employés de la Compagnie, les
ingénieurs et chefs supérieurs en tête, étaient réunis
sur le batardeau. Vers trois heures de l'après-midi,
environ, M. Voisin, ingénieur en chef, directeur des
travaux, donnait, le premier coup de pioche et pas-
sait ensuite l'instrument à M. de Ruyssenaërs, vice-
président de la Compagnie. Leur exemple fut suivi
par un grand nombre d'invités, qui se disputaient
cet honneur. Quelques instants après, la nappe
d'eau, jusque-là retenue, se frayait impétueusement
un passage et courait jusqu'à la mer étonnée, pour
y confondre ses eaux, dont le sillon blanchâtre se
distinguait encore à une grande distance au large.
» Au milieu des applaudissements enthousiastes
qui saluaient ce symbolique mariage, on vit appa-
raître une barque venant de Zagazig et montée par
des rameurs tout enrubannés. Des hourrahs en-
thousiastes accueillirent cette vivante allégorie de
l'avenir.
» Une satisfaction indicible se révélait sur toutes
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033138/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033138/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033138/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033138
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033138
Facebook
Twitter