Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 63
issues du canal maritime, d'après un tarif général ap-
plicable à tous les pays, sans aucun privilége ni dis-
tinction de pavillon.
» Sur les produits nets réalisés par la Compagnie, le
gouvernement égyptien se réservait une part de 15 0/0,
le surplus appartenant, savoir : 75 0/0 aux actionnaires
et 10 0/0 aux fondateurs.
» Telle est la substance du rescrit de concession du
30 novembre 1854, développé deux ans plus tard et
confirmé par un second acte vice-royal en date du
5 janvier 1856.
» Remarquons en passant que si dans un de ces ac-
tes il est fait mention de l'autorisation de la Porte Ot-
tomane, ce n'est point comme condition préalable et
absolue de la mise à exécution de l'entreprise, mais
bien plutôt comme une de ces formules de vassal à
suzerain dont les convenances diplomatiques ont con-
servé l'usage en Orient. En effet, une affaire de ce
genre ne rentre pas virtuellement dans les droits de
suzeraineté du sultan à l'égard des princes vassaux
en Egypte ou dans les autres provinces de l'empire.
C'est une mesure d'administration intérieure qui n'a
rien de politique. Le traité de 1840, par lequel a été
fixée la position du vice-roi vis-à-vis de la Porte, ne
contient pas un mot d'où l'on puisse inférer la néces-
sité d'une autorisation turque pour la création d'un ca-
nal, d'un port ou de toute autre entreprise de travaux
publics en Egypte. Méhémet-Aly n'aurait jamais con-
senti à rien de pareil, et, si une telle clause eût été
insérée au traité de 1840, il aurait certainement refusé
sa signature, quelles qu'eussent été les conséquences
de son refus. Il connaissait trop bien la faiblesse et
l'apatliio du gouvernement turc pour consentir jamais
à lui subordonner l'administration de son pays : c'eût
été livrer l'Egypte au désordre et à ia désorganisation ;
c'eût été y paralyser d'avance le progrès.
» Au surplus, l'établissement du canal de Suez est tel-
lement dans l'intérêt de tout le Levant qu'une opposi-
tion sérieuse de la Turquie ne saurait être supposable.
Ni M. de Lesseps, ni la Compagnie ne pouvaient la pré-
voir, et si certaines manifestations de l'ambassade an-
glaise à Constantinople laissaient entrevoir l'action
possible d'une influence hostile, on devait croire ou
que cette influence s'effacerait plus tard devant l'évi-
dence de son injustice, ou que l'Égypte et la Turquie
se mettraient d'accord pour y résister. C'était à elles de
s'entendre. M. de Lesseps ne pouvait aborder sur ce
chef les ministres turcs qu'à titre officieux et par cour-
tisie, comme il l'a. fait, et toujours avec succès. Mais,
lui et la Compagnie ne sont aux yeux des gouverne-
ments que de simples particuliers; ils n'ont pas qua-
lité pour négocier. L'autorisation, si elle est nécessaire,
doit être apportée par le gouvernement égyptien. Eux
doivent se renfertier dans leur rôle de concession-
naires.
» C'est ce qu'ils ont fait.
» Aussitôt après la réalisation de leur capital social,
ils se sont mis à l'œuvre. Ils ont d'abord rectifié dans
quelques détails les plans provisoires des ingénieurs
égyptiens. Ils ont creusé le canal d'eau douce et d'irri-
gation qui a pu ainsi être utilisé pour le transport des
matériaux et des vivres nécessaires aux travailleurs, et
qui est, en ce moment déjà, une source de bien-être
pour tout le pays qu'il parcourt, c'est-à-dire le désert
rendu à la culture et à la fertilité. Ils ont successive-
ment conduit le percement du canal maritime de la
pointe de Péluse, dans la Méditerranée, au lac de Tim-
sah, dans l'intérieur du pays, puis de Timsah au seui
du Sérapéum. Ils ont percé ce seuil, un des obstacles
les plus considérables qu'eut à surmonter le travail
manuel. Du Sérapéum, ils se sont avancés vers les
lacs Amers qu'ils ont traversés; de là ils ont amené le
tracé jusqu'aux portes de Suez, et les dernières nou-
velles de cette ville annoncent que, au moment même
où nous écrivons ces lignes, les eaux de la Méditerra-
née débouchent dans la mer Rouge au point indiqué
pour la mise en communication des deux mers. Enfin
ils ont créé à Péluse un port déjà peuplé de plus de
7,000 âmes, et préparé à Suez les agrandissements né-
cessités par l'activité prochaine que le commerce y
doit prendre.
» Ces travaux ont duré cinq ans. Ils ont été faits
sous le contrôle et avec la participation de l'adminis-
tration égyptienne. Ils ont employé la moitié du capi-
tal social. Parvenue à ce point, l'oeuvre des ingénieurs
ne consiste plus qu'à transformer le canal maritime de
la petite section à la grande, afin de lui donner les di-
mensions de largeur et de profondeur stipulées par le
cahier des charges, transformation qui peut durer d'un
an à dix-huit mois, suivant l'activité qu'il sera permis
d'y déployer. Ce dernier travail, joint à l'achèvement
des ports de Suez et de Péluse, emploiera la seconde
moitié du capital.
» Et c'est lorsque l'entreprise a été conduite avec ce
soin et ce succès, avec cette scrupuleuse loyauté, c'est
lorsqu'il ne reste pins en quelque sorte qu'un coup
de pioche à donner pour son entier achèvement, c'est
alors qu'on vient soulever une prétendue question de
non-autorisation qui annulerait le contrat passé pour
l'exécution, et qu'on offre à la Compagnie une révision
onéreuse de ce même contrat, après laquelle on exami-
nerait s'il y a lieu de le ratifier I!I Mais ici nous nous
retrouvons en présence de l'influence dont nous avons
parlé plus haut ; il est nécessaire d'y revenir. — C'est
une triste tâche cependant, et peut-être hésiterions-nous
à l'aborder si nous ne regardions comme notre pre-
mier devoir de porter la lumière, autant qu'il nous est
donné de le faire, là où l'intrigue et les mauvaises
passions cherchent à agir sur le public.
» C. BARBE. »
Le Journal de la Savoie a publié sur la question
deux autres excellents articles ; que l'abondance des
matières nous force à renvoyer à notre prochain nu-
méro.
issues du canal maritime, d'après un tarif général ap-
plicable à tous les pays, sans aucun privilége ni dis-
tinction de pavillon.
» Sur les produits nets réalisés par la Compagnie, le
gouvernement égyptien se réservait une part de 15 0/0,
le surplus appartenant, savoir : 75 0/0 aux actionnaires
et 10 0/0 aux fondateurs.
» Telle est la substance du rescrit de concession du
30 novembre 1854, développé deux ans plus tard et
confirmé par un second acte vice-royal en date du
5 janvier 1856.
» Remarquons en passant que si dans un de ces ac-
tes il est fait mention de l'autorisation de la Porte Ot-
tomane, ce n'est point comme condition préalable et
absolue de la mise à exécution de l'entreprise, mais
bien plutôt comme une de ces formules de vassal à
suzerain dont les convenances diplomatiques ont con-
servé l'usage en Orient. En effet, une affaire de ce
genre ne rentre pas virtuellement dans les droits de
suzeraineté du sultan à l'égard des princes vassaux
en Egypte ou dans les autres provinces de l'empire.
C'est une mesure d'administration intérieure qui n'a
rien de politique. Le traité de 1840, par lequel a été
fixée la position du vice-roi vis-à-vis de la Porte, ne
contient pas un mot d'où l'on puisse inférer la néces-
sité d'une autorisation turque pour la création d'un ca-
nal, d'un port ou de toute autre entreprise de travaux
publics en Egypte. Méhémet-Aly n'aurait jamais con-
senti à rien de pareil, et, si une telle clause eût été
insérée au traité de 1840, il aurait certainement refusé
sa signature, quelles qu'eussent été les conséquences
de son refus. Il connaissait trop bien la faiblesse et
l'apatliio du gouvernement turc pour consentir jamais
à lui subordonner l'administration de son pays : c'eût
été livrer l'Egypte au désordre et à ia désorganisation ;
c'eût été y paralyser d'avance le progrès.
» Au surplus, l'établissement du canal de Suez est tel-
lement dans l'intérêt de tout le Levant qu'une opposi-
tion sérieuse de la Turquie ne saurait être supposable.
Ni M. de Lesseps, ni la Compagnie ne pouvaient la pré-
voir, et si certaines manifestations de l'ambassade an-
glaise à Constantinople laissaient entrevoir l'action
possible d'une influence hostile, on devait croire ou
que cette influence s'effacerait plus tard devant l'évi-
dence de son injustice, ou que l'Égypte et la Turquie
se mettraient d'accord pour y résister. C'était à elles de
s'entendre. M. de Lesseps ne pouvait aborder sur ce
chef les ministres turcs qu'à titre officieux et par cour-
tisie, comme il l'a. fait, et toujours avec succès. Mais,
lui et la Compagnie ne sont aux yeux des gouverne-
ments que de simples particuliers; ils n'ont pas qua-
lité pour négocier. L'autorisation, si elle est nécessaire,
doit être apportée par le gouvernement égyptien. Eux
doivent se renfertier dans leur rôle de concession-
naires.
» C'est ce qu'ils ont fait.
» Aussitôt après la réalisation de leur capital social,
ils se sont mis à l'œuvre. Ils ont d'abord rectifié dans
quelques détails les plans provisoires des ingénieurs
égyptiens. Ils ont creusé le canal d'eau douce et d'irri-
gation qui a pu ainsi être utilisé pour le transport des
matériaux et des vivres nécessaires aux travailleurs, et
qui est, en ce moment déjà, une source de bien-être
pour tout le pays qu'il parcourt, c'est-à-dire le désert
rendu à la culture et à la fertilité. Ils ont successive-
ment conduit le percement du canal maritime de la
pointe de Péluse, dans la Méditerranée, au lac de Tim-
sah, dans l'intérieur du pays, puis de Timsah au seui
du Sérapéum. Ils ont percé ce seuil, un des obstacles
les plus considérables qu'eut à surmonter le travail
manuel. Du Sérapéum, ils se sont avancés vers les
lacs Amers qu'ils ont traversés; de là ils ont amené le
tracé jusqu'aux portes de Suez, et les dernières nou-
velles de cette ville annoncent que, au moment même
où nous écrivons ces lignes, les eaux de la Méditerra-
née débouchent dans la mer Rouge au point indiqué
pour la mise en communication des deux mers. Enfin
ils ont créé à Péluse un port déjà peuplé de plus de
7,000 âmes, et préparé à Suez les agrandissements né-
cessités par l'activité prochaine que le commerce y
doit prendre.
» Ces travaux ont duré cinq ans. Ils ont été faits
sous le contrôle et avec la participation de l'adminis-
tration égyptienne. Ils ont employé la moitié du capi-
tal social. Parvenue à ce point, l'oeuvre des ingénieurs
ne consiste plus qu'à transformer le canal maritime de
la petite section à la grande, afin de lui donner les di-
mensions de largeur et de profondeur stipulées par le
cahier des charges, transformation qui peut durer d'un
an à dix-huit mois, suivant l'activité qu'il sera permis
d'y déployer. Ce dernier travail, joint à l'achèvement
des ports de Suez et de Péluse, emploiera la seconde
moitié du capital.
» Et c'est lorsque l'entreprise a été conduite avec ce
soin et ce succès, avec cette scrupuleuse loyauté, c'est
lorsqu'il ne reste pins en quelque sorte qu'un coup
de pioche à donner pour son entier achèvement, c'est
alors qu'on vient soulever une prétendue question de
non-autorisation qui annulerait le contrat passé pour
l'exécution, et qu'on offre à la Compagnie une révision
onéreuse de ce même contrat, après laquelle on exami-
nerait s'il y a lieu de le ratifier I!I Mais ici nous nous
retrouvons en présence de l'influence dont nous avons
parlé plus haut ; il est nécessaire d'y revenir. — C'est
une triste tâche cependant, et peut-être hésiterions-nous
à l'aborder si nous ne regardions comme notre pre-
mier devoir de porter la lumière, autant qu'il nous est
donné de le faire, là où l'intrigue et les mauvaises
passions cherchent à agir sur le public.
» C. BARBE. »
Le Journal de la Savoie a publié sur la question
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