Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 61
» Cet intérêt, universel serait évident si tous les in- -
térêts européens étaient solidaires. Malheureusement,
parmi les nations de l'Europe, il y a une exception,
une seule : c'est l'Angleterre.
» L'Angleterre monopolise le commerce de l'Inde
parce qu'elle possède à elle seule plus de navires de
commerce que les autres peuples de l'Europe réunis.
La durée du voyage assure une supériorité incontes-
table à ses nombreux vaisseafux. Si la traversée de
l'Inde était considérablement abrégée, l'avantage du
nombre disparaîtrait, et le génie commercial des autres
nations pourrait lutter à armes égales.
» C'est ce que l'Angleterre redoute, et elle a raison. En
vertu de cet adage : is est cui prodest, nous devons con-
clure que l'Angleterre, la seule à qui puisse profiter
l'interruption des travaux, doit être la seule accusée
d'avoir poussé la Turquie et l'Egypte dans la voie où
elles sont entrées.
» "Il ne faut pas en faire un crime à nos voisins.
L'Angleterre a parfaitement le droit de veiller à ses
intérêts, comme notre droit et notre devoir sont de
veiller aux nôtres. Mais, en attaquant la Compagnie
du canal de Suez, c'est l'Europe, ce sont les intérêts
européens que l'on attaque. C'est donc à l'Europe de
les défendre et d'appuyer ceux qui se sont consacrés à
cette cause légitime. D'ailleurs, si l'Europe ne prend
pas cette défense, la France le fera.
» On aurait bien le droit de se demander pourquoi
la Porte et ses agents ont attendu la mort de Saïd-
Pacha, qui a inauguré les travaux, pour soulever les
objections de forme que l'on présente. Chacun sait que
le dernier souverain de l'Égypte était favorable aux
intérêts français. En est-il de même du nouveau vice-
roi? La Porte a-t-elle oublié, de son côté, que, sans la
France, elle ne serait plus qu'une vassale de la Russie ?
Cela se peut bien. La reconnaissance semble quelque-
fois lourde à porter, pour les monarques comme pour
les simples mortels. Mais ce n'est pas une raison pour
que nous oublions, nous, les droits que nous avons
conquis à la pointe de notre épée, et pour que nous
laissions fouler aux pieds les intérêts sacrés de la
France et de l'Europe entière.
» En attendant que les gouvernements soient appelés
à se prononcer, il faut que l'opinion publique, éclairée
sur le véritable caractère du débat actuel, encourage
ceux qui soutiennent avec autant d'intelligence que
d'énergie, à Paris et dans le désert, cette double grande
lutte contre les hommes et contre la nature.
« VICTOR BORIE. «
TABLETTES DES DEUX CHARENTES (ROCHEFORT).
9 janvier.
« La grande entreprise internationale fondée par
M. F. de Lesseps pour l'établissement du canal de
Suez est depuis quelque temps l'objet d'un débat pas-
sionné dans la presse ; les tribunaux ont eu déjà même
à faire justice des attaques acrimonieuses dirigées con-
tre la Compagnie de l'isthme de Suez.
» Le mois dernier nous avons reçu une nouvelle con-
sultation. signée de trois avocats célèbres; datée du 30
novembre, et toute favorable à de vives réclamations
que le vice-roi d'Egypte formule contre la. Compagnie.
Sans vouloir examiner ici le fond de la question, et sans
prétendre en aucune façon porter atteiute à la liberté
dont MM. 0. Barrot, Dufaure et J. Favre ont usé pour
apprécier, suivant leur conscience, les faits qui ont été
soumis à leurs lumières, nous ne pouvons nous em-
pêcher de regretter qu'ils aient consenti à prêter l'au-
torité de leur talent et de leur caractère à la défense
d'intérêts hostiles à la grande œuvre à laquelle s'est si
énergiquement consacré M. de Lesseps.
» Il ne s'agit pas ici, en effet, d'une affaire privée or-
dinaire. Le canal de Suez, malgré son caractère émi-
nemment européen, est une œuvre véritablement fran-
çaise et nationale; et c'est précisément ce qui lui a
valu jusqu'à ce jour toutes les sourdes colères et toutes
les jalousies de l'Angleterre. Car, il est banal de le
dire, partout où, sur quelque point du globe que ce soit
la France se donne la tâche de poursuivre le triomphe
d'une idée, elle est toujours sûre d'y rencontrer l'An-
gleterre en travers de son chemin.
» Nous aimons trop notre pays et tout ce qui se lie à
sa gloire pour ne pas éprouver un sentiment d'affliction
à la pensée que les éminents jurisconsultes que nous
citions tout .à l'heure, dont l'honorabilité et l'intégrité
n'ont jamais été mises en doute par personne, et dont le
nom se rattache à des souvenirs qui résument dans la
politique de notre pays les tendances les plus patrioti-
ques comme les plus généreuses, que de tels hommes,
disons-nous, aient cru devoir prêter l'appui de leur in-
contestable autorité à la cause qu'ont, nous ne dirons
pas embrassée, mais suscitée les antagonistes éternels
de la France. Nous n'avons pas la pensée de nous éga-
rer dans des suppositions qui seraient indignes d'aussi
grandes individualités. Les honorables avocats consul-
tants sont tous, il est vrai, d'opinions politiques opposées
au principe du gouvernement actuel; mais nous ne
pouvons croire qu'ils aient commis la méprise de trou-
ver ici texte à un acte d'opposition; car dans cette
circonstance, c'est bien plutôt le sentiment national
que le gouvernement qui est intéressé.
» Cette deuxième consultation, comme la première,
ne peut avoir eu pour mobile que l'accomplissement du
devoir qui s'impose à la conscience et à l'impartialité
de tout homme auquel on fait appel sur le terrain d'une
profession dont le domaine est sans limites ? Nous ne
voulons pas du moins faire à ses signataires l'injure de
douter que tel n'ait été le sentiment auquel ils ont cru
devoir obéir. Toutefois, nous sera-t-il permis de regret-
ter profondément qu'ils se soient uniquement préoccu-
pés de la question dont il s'agit sous le rapport pure-
ment juridique. Nous connaissons les devoirs et les
priviléges sacrés de l'avocat, nous respectons son indé-
pendance, mais il est des causes, fussent-elles des
meilleures, pour lesquelles nous n'aurions pas cru qu'on
pût trouver, en France, des armes susceptibles d'aider
à leur triomphe. En cela, avons-nous besoin de le dire,
nous n'entendons pas nous constituer juges des inten-
tions, mais seulement du point de vue auquel on peut
se placer.
» Cet intérêt, universel serait évident si tous les in- -
térêts européens étaient solidaires. Malheureusement,
parmi les nations de l'Europe, il y a une exception,
une seule : c'est l'Angleterre.
» L'Angleterre monopolise le commerce de l'Inde
parce qu'elle possède à elle seule plus de navires de
commerce que les autres peuples de l'Europe réunis.
La durée du voyage assure une supériorité incontes-
table à ses nombreux vaisseafux. Si la traversée de
l'Inde était considérablement abrégée, l'avantage du
nombre disparaîtrait, et le génie commercial des autres
nations pourrait lutter à armes égales.
» C'est ce que l'Angleterre redoute, et elle a raison. En
vertu de cet adage : is est cui prodest, nous devons con-
clure que l'Angleterre, la seule à qui puisse profiter
l'interruption des travaux, doit être la seule accusée
d'avoir poussé la Turquie et l'Egypte dans la voie où
elles sont entrées.
» "Il ne faut pas en faire un crime à nos voisins.
L'Angleterre a parfaitement le droit de veiller à ses
intérêts, comme notre droit et notre devoir sont de
veiller aux nôtres. Mais, en attaquant la Compagnie
du canal de Suez, c'est l'Europe, ce sont les intérêts
européens que l'on attaque. C'est donc à l'Europe de
les défendre et d'appuyer ceux qui se sont consacrés à
cette cause légitime. D'ailleurs, si l'Europe ne prend
pas cette défense, la France le fera.
» On aurait bien le droit de se demander pourquoi
la Porte et ses agents ont attendu la mort de Saïd-
Pacha, qui a inauguré les travaux, pour soulever les
objections de forme que l'on présente. Chacun sait que
le dernier souverain de l'Égypte était favorable aux
intérêts français. En est-il de même du nouveau vice-
roi? La Porte a-t-elle oublié, de son côté, que, sans la
France, elle ne serait plus qu'une vassale de la Russie ?
Cela se peut bien. La reconnaissance semble quelque-
fois lourde à porter, pour les monarques comme pour
les simples mortels. Mais ce n'est pas une raison pour
que nous oublions, nous, les droits que nous avons
conquis à la pointe de notre épée, et pour que nous
laissions fouler aux pieds les intérêts sacrés de la
France et de l'Europe entière.
» En attendant que les gouvernements soient appelés
à se prononcer, il faut que l'opinion publique, éclairée
sur le véritable caractère du débat actuel, encourage
ceux qui soutiennent avec autant d'intelligence que
d'énergie, à Paris et dans le désert, cette double grande
lutte contre les hommes et contre la nature.
« VICTOR BORIE. «
TABLETTES DES DEUX CHARENTES (ROCHEFORT).
9 janvier.
« La grande entreprise internationale fondée par
M. F. de Lesseps pour l'établissement du canal de
Suez est depuis quelque temps l'objet d'un débat pas-
sionné dans la presse ; les tribunaux ont eu déjà même
à faire justice des attaques acrimonieuses dirigées con-
tre la Compagnie de l'isthme de Suez.
» Le mois dernier nous avons reçu une nouvelle con-
sultation. signée de trois avocats célèbres; datée du 30
novembre, et toute favorable à de vives réclamations
que le vice-roi d'Egypte formule contre la. Compagnie.
Sans vouloir examiner ici le fond de la question, et sans
prétendre en aucune façon porter atteiute à la liberté
dont MM. 0. Barrot, Dufaure et J. Favre ont usé pour
apprécier, suivant leur conscience, les faits qui ont été
soumis à leurs lumières, nous ne pouvons nous em-
pêcher de regretter qu'ils aient consenti à prêter l'au-
torité de leur talent et de leur caractère à la défense
d'intérêts hostiles à la grande œuvre à laquelle s'est si
énergiquement consacré M. de Lesseps.
» Il ne s'agit pas ici, en effet, d'une affaire privée or-
dinaire. Le canal de Suez, malgré son caractère émi-
nemment européen, est une œuvre véritablement fran-
çaise et nationale; et c'est précisément ce qui lui a
valu jusqu'à ce jour toutes les sourdes colères et toutes
les jalousies de l'Angleterre. Car, il est banal de le
dire, partout où, sur quelque point du globe que ce soit
la France se donne la tâche de poursuivre le triomphe
d'une idée, elle est toujours sûre d'y rencontrer l'An-
gleterre en travers de son chemin.
» Nous aimons trop notre pays et tout ce qui se lie à
sa gloire pour ne pas éprouver un sentiment d'affliction
à la pensée que les éminents jurisconsultes que nous
citions tout .à l'heure, dont l'honorabilité et l'intégrité
n'ont jamais été mises en doute par personne, et dont le
nom se rattache à des souvenirs qui résument dans la
politique de notre pays les tendances les plus patrioti-
ques comme les plus généreuses, que de tels hommes,
disons-nous, aient cru devoir prêter l'appui de leur in-
contestable autorité à la cause qu'ont, nous ne dirons
pas embrassée, mais suscitée les antagonistes éternels
de la France. Nous n'avons pas la pensée de nous éga-
rer dans des suppositions qui seraient indignes d'aussi
grandes individualités. Les honorables avocats consul-
tants sont tous, il est vrai, d'opinions politiques opposées
au principe du gouvernement actuel; mais nous ne
pouvons croire qu'ils aient commis la méprise de trou-
ver ici texte à un acte d'opposition; car dans cette
circonstance, c'est bien plutôt le sentiment national
que le gouvernement qui est intéressé.
» Cette deuxième consultation, comme la première,
ne peut avoir eu pour mobile que l'accomplissement du
devoir qui s'impose à la conscience et à l'impartialité
de tout homme auquel on fait appel sur le terrain d'une
profession dont le domaine est sans limites ? Nous ne
voulons pas du moins faire à ses signataires l'injure de
douter que tel n'ait été le sentiment auquel ils ont cru
devoir obéir. Toutefois, nous sera-t-il permis de regret-
ter profondément qu'ils se soient uniquement préoccu-
pés de la question dont il s'agit sous le rapport pure-
ment juridique. Nous connaissons les devoirs et les
priviléges sacrés de l'avocat, nous respectons son indé-
pendance, mais il est des causes, fussent-elles des
meilleures, pour lesquelles nous n'aurions pas cru qu'on
pût trouver, en France, des armes susceptibles d'aider
à leur triomphe. En cela, avons-nous besoin de le dire,
nous n'entendons pas nous constituer juges des inten-
tions, mais seulement du point de vue auquel on peut
se placer.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 29/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033138/f29.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033138/f29.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033138/f29.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033138
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033138
Facebook
Twitter