Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
48 L'ISTHME DE SUEZ,
REVUE DE LA PRESSE.
Après le recueil qu'on vient de lire sur les mani-
festations collectives ou individuelles de l'opinion,
nous reprenons notre revue de la presse au point où
nous l'avons laissée à notre dernier numéro. Nos lec-
teurs ont pu remarquer qu'en ce moment nous nous
abstenons de toute polémique. La raison en est
simple. La cause du canal est si bien défendue par
le sentiment national et la discussion publique, que
nous n'avons pas à la défendre par nous-même. Le
débat y gagne en variété d'esprit et en fécondité
d'arguments. Nous continuons donc notre simple rôle
de rapporteur, et, encore une fois, il est bien entendu
que nous présentons purement et simplement au pu-
blic le mouvement général des journaux, sans pour
cela accepter pour notre compte toutes les opinions
émises.
ERNEST DESPLACES.
LA FRANCE,
1er janvier.
« Nous nous sommes placés, pour envisager la ques-
tion du canal de Suez, à un point de vue plus élevé que
celui d'un simple débat d'intérêts entre la Compagnie
et le vice-roi d'Egypte.
» La situation politique de la France en Orient est
l'objet de notre principale préoccupation dans cette
affaire, qu'il est impossible de réduire à une portée
purement financière.
» En effet, quelle est la base des difficultés qui sont
suscitées à la Compagnie? C'est une prétention du
gouvernement ottoman, qui croit que le percement de
l'isthme de Suez ne peut être opéré sans son autori-
sation.
» Nous croyons que cette prétention résulte d'une
appréciation inexacte des rapports entre la Turquie et
le vice-roi d'Egypte, tels qu'ils sont établis par le
traité de 1841. A ce titre elle intéresse au plus haut
degré la politique française.
» On sait dans quelles circonstances a été conclu le
traité de 1841.
» On se souvient de l'intervention des trois puissan-
ces, anglaise, russe et autrichienne, dans la querelle
entre le sultan de Constantinople et Méhémet-Ali. On
n'a pas oublié l'isolement de la France dans cette
occasion, ainsi que le bombardement de Saint-Jean-
d'Acre, suivi de la retraite d'Ibrahim-Pacha et de
l'apparition de la flotte anglaise dans la rade d'A-
lexandrie
» Lorsqu'il s'est agi de régulariser ces faits de
guerre par un traité, le gouvernement français reprit
sa place dans le concert européen; mais il y rentra
avec des chances évidemment défavorables, puisque la
question venait d'être tranchée par les armes, sans lui
et contre lui. La France subit donc une partie au moins
du traité et ne le dicta certes pas. C'est bien le moins
que les dispositions de cet acte international ne soient
pas aggravées dans la pratique et contrairement aux
intérêts de la France.
» Quelle est sa politique traditionnelle en Egypte?
Elle tend à l'établissement et au maintien dans ce pays
d'un pouvoir fort et jouissant d'une certaine somme
d'indépendance.
» En cela, la politique britannique est l'opposée de
la nôtre. Aussi voit-on cette politique favoriser la ten-
dance du gouvernement ottoman à considérer l'Egypte
comme une simple province, et les vice-rois comme
de simples gouverneurs. Si ces tendances n'étaient pas
contenues, on verrait peu à peu l'administration
égyptienne se centraliser à Constantinople, et les
vice-rois devenir de simples agents du grand vizir. On
ne comprendrait pas, dans ce système, à quel titre on
leur aurait conféré un pouvoir héréditaire.
» La politique française est évidemment fondée à é-
clamer contre cette interprétation et à désirer que l'on
maintienne intacts les droits qui sont assurés au vice-
roi d'Egypte par le traité de 1841. Tel vice-roi consen-
tirait-il même à renoncer à tout ou partie de ses
droits, que les puissances européennes signataires du
susdit traité seraient autorisées à s'y opposer, à moins
qu'elles ne trouvassent, comme la politique anglaise,
un avantage dans cet abaissement.
» Dans ces conditions, est-il possible de reconnaître à
la Turquie un droit absolu dans l'administration inté-
rieure de l'Egypte, qui s'étendrait jusqu'à statuer sur
le creusement des canaux, l'ouverture des routes, la
construction des chemins de fer? Nous ne le croyons
pas.
» On cite un précédent : on dit que le chemin d'A-
lexandrie au Caire n'a pu être exécuté qu'avec l'assen-
timent de la Porte. Notons que cet assentiment, de-
mandé par l'ambassade anglaise, a été instantanément
accordé. Mais ce précédent ne fait pas loi, d'autant
plus que lorsqu'il s'est agi de compléter le chemin de
fer en construisant, du Caire à Suez, sa seconde sec-
tion, qui établissait dès lors une communication inter-
nationale entre la Méditerranée et la mer Rouge, et
qui, par conséquent, avait une importance capitale,
les travaux ont été faits sans aucune autorisation
préalable, sans aucune réclamation des autres puis-
sances, sans aucune protestation de la Turquie.
» Eh bien, nous sommes encore plus favorables à
l'empire turc que l'Angleterre elle-même ne le fut en
cette circonstance. Nous admettons qu'il y ait une
limite où cessent les droits régaliens appartenant à la
descendance de Méhémet-Ali : c'est celle où commen-
cent les rapports de l'Egypte avec les puissances
étrangères.
» Que les vice-rois fassent exécuter sur leur terri-
toire les travaux publics dont l'utilité leur est dé-
montrée ; qu'ils le fassent sans autorisation de Cons-
tantinople, c'est leur droit, tel qu'il nous apparaît dans
le traité de 1841. C'est dans cet esprit que ce traité a
REVUE DE LA PRESSE.
Après le recueil qu'on vient de lire sur les mani-
festations collectives ou individuelles de l'opinion,
nous reprenons notre revue de la presse au point où
nous l'avons laissée à notre dernier numéro. Nos lec-
teurs ont pu remarquer qu'en ce moment nous nous
abstenons de toute polémique. La raison en est
simple. La cause du canal est si bien défendue par
le sentiment national et la discussion publique, que
nous n'avons pas à la défendre par nous-même. Le
débat y gagne en variété d'esprit et en fécondité
d'arguments. Nous continuons donc notre simple rôle
de rapporteur, et, encore une fois, il est bien entendu
que nous présentons purement et simplement au pu-
blic le mouvement général des journaux, sans pour
cela accepter pour notre compte toutes les opinions
émises.
ERNEST DESPLACES.
LA FRANCE,
1er janvier.
« Nous nous sommes placés, pour envisager la ques-
tion du canal de Suez, à un point de vue plus élevé que
celui d'un simple débat d'intérêts entre la Compagnie
et le vice-roi d'Egypte.
» La situation politique de la France en Orient est
l'objet de notre principale préoccupation dans cette
affaire, qu'il est impossible de réduire à une portée
purement financière.
» En effet, quelle est la base des difficultés qui sont
suscitées à la Compagnie? C'est une prétention du
gouvernement ottoman, qui croit que le percement de
l'isthme de Suez ne peut être opéré sans son autori-
sation.
» Nous croyons que cette prétention résulte d'une
appréciation inexacte des rapports entre la Turquie et
le vice-roi d'Egypte, tels qu'ils sont établis par le
traité de 1841. A ce titre elle intéresse au plus haut
degré la politique française.
» On sait dans quelles circonstances a été conclu le
traité de 1841.
» On se souvient de l'intervention des trois puissan-
ces, anglaise, russe et autrichienne, dans la querelle
entre le sultan de Constantinople et Méhémet-Ali. On
n'a pas oublié l'isolement de la France dans cette
occasion, ainsi que le bombardement de Saint-Jean-
d'Acre, suivi de la retraite d'Ibrahim-Pacha et de
l'apparition de la flotte anglaise dans la rade d'A-
lexandrie
» Lorsqu'il s'est agi de régulariser ces faits de
guerre par un traité, le gouvernement français reprit
sa place dans le concert européen; mais il y rentra
avec des chances évidemment défavorables, puisque la
question venait d'être tranchée par les armes, sans lui
et contre lui. La France subit donc une partie au moins
du traité et ne le dicta certes pas. C'est bien le moins
que les dispositions de cet acte international ne soient
pas aggravées dans la pratique et contrairement aux
intérêts de la France.
» Quelle est sa politique traditionnelle en Egypte?
Elle tend à l'établissement et au maintien dans ce pays
d'un pouvoir fort et jouissant d'une certaine somme
d'indépendance.
» En cela, la politique britannique est l'opposée de
la nôtre. Aussi voit-on cette politique favoriser la ten-
dance du gouvernement ottoman à considérer l'Egypte
comme une simple province, et les vice-rois comme
de simples gouverneurs. Si ces tendances n'étaient pas
contenues, on verrait peu à peu l'administration
égyptienne se centraliser à Constantinople, et les
vice-rois devenir de simples agents du grand vizir. On
ne comprendrait pas, dans ce système, à quel titre on
leur aurait conféré un pouvoir héréditaire.
» La politique française est évidemment fondée à é-
clamer contre cette interprétation et à désirer que l'on
maintienne intacts les droits qui sont assurés au vice-
roi d'Egypte par le traité de 1841. Tel vice-roi consen-
tirait-il même à renoncer à tout ou partie de ses
droits, que les puissances européennes signataires du
susdit traité seraient autorisées à s'y opposer, à moins
qu'elles ne trouvassent, comme la politique anglaise,
un avantage dans cet abaissement.
» Dans ces conditions, est-il possible de reconnaître à
la Turquie un droit absolu dans l'administration inté-
rieure de l'Egypte, qui s'étendrait jusqu'à statuer sur
le creusement des canaux, l'ouverture des routes, la
construction des chemins de fer? Nous ne le croyons
pas.
» On cite un précédent : on dit que le chemin d'A-
lexandrie au Caire n'a pu être exécuté qu'avec l'assen-
timent de la Porte. Notons que cet assentiment, de-
mandé par l'ambassade anglaise, a été instantanément
accordé. Mais ce précédent ne fait pas loi, d'autant
plus que lorsqu'il s'est agi de compléter le chemin de
fer en construisant, du Caire à Suez, sa seconde sec-
tion, qui établissait dès lors une communication inter-
nationale entre la Méditerranée et la mer Rouge, et
qui, par conséquent, avait une importance capitale,
les travaux ont été faits sans aucune autorisation
préalable, sans aucune réclamation des autres puis-
sances, sans aucune protestation de la Turquie.
» Eh bien, nous sommes encore plus favorables à
l'empire turc que l'Angleterre elle-même ne le fut en
cette circonstance. Nous admettons qu'il y ait une
limite où cessent les droits régaliens appartenant à la
descendance de Méhémet-Ali : c'est celle où commen-
cent les rapports de l'Egypte avec les puissances
étrangères.
» Que les vice-rois fassent exécuter sur leur terri-
toire les travaux publics dont l'utilité leur est dé-
montrée ; qu'ils le fassent sans autorisation de Cons-
tantinople, c'est leur droit, tel qu'il nous apparaît dans
le traité de 1841. C'est dans cet esprit que ce traité a
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