Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1862 15 décembre 1862
Description : 1862/12/15 (A7,N156). 1862/12/15 (A7,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033101
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
391 L'ISTHME DE SUEZ,
l'établissement d'un canal direct touche à une solution
complète.
» Le mauvais temps qui a régné ces jours derniers
dans la Méditerranée a été sans doute la cause du re-
tard qui nous a empêché de connaître plus tôt les dé-
tails de ce grand événement. Nous savons cependant
que le passage qui amène les eaux dans le lac a été
ouvert sur un signe de M. de Lesseps, entouré d'une
société choisie, composée d'Arabes et d'Européens.
« Au nom de Son Altesse Saïd-Pacha, a-t-il dit, je
» commande que les eaux de la Méditerranée soient
» introduites dans le lac Timsah, par la grâce de Dieu. a
» La religion est intervenue pour bénir cette céré-
monie, et un Te Deum a été chanté dans l'église fran-
çaise de Saicte-Marie-du-Désert, avec les beaux orne-
ments offerts par la généreuse et noble dame milanaise
qui a visité les travaux l'hiver dernier.
» Le cours des actions du canal s'est maintenu pres-
que au pair pendant laseconde quinzaine de novembre.
Les Anglais eux-mêmes commencent à entrevoir l'ave-
nir réservé à cette grande entreprise, à laquelle la
question du coton donne un nouveau et puissant intérêt
d'actualité.
» L'union des deux mers s'accomplira avant peu de
mois, sans rencontrer aucune difficulté grave, de Tim-
sah à Suez. Le commerce pourra alors expédier par
cette voie l'énorme quantité de charbon nécessaire à
l'activité naissante de la navigation de la mer Rouge.
» Les eaux du Nil, au moyen d'un canal latéral,
iront en même temps donner la vie à Suez et au désert,
qui sont appelés à recouvrer comme par enchantement
leur antique fertilité et leur antique splendeur. »
On lit dans le Moniteur du 7 décembre :
« Le 18 novembre 1862, à 11 heures du matin, la
Méditerranée est entrée dans le lac Timsah. Le lac Tim-
sah, situé au milieu de l'isthme, et qui reçoit actuel-
lement les eaux de la Méditerranée, communiquait
autrefois par un canal avec la mer Rouge ; ce qui reste
à faire a donc été déjà fait.
» Le 18, un train spécial, mis par le vice-roi à la dis-
position de M. de Lesseps, transportait les invités du
Caire à Zagazig. L'Europe entière y avait ses représen-
tants ; parmi eux l'on remarquait le consul de France
au Caire, le consul d'Italie, le consul général de Hol-
lande, le consul général d'Autriche, le prince Czarto-
riski et la princesse Czartoriska, le commandant Man-
sell, de la marine anglaise, des officiers de son état-
major, plusieurs voyageurs anglais de distinction, de
notables habitants du Caire et d'Alexandrie.
t A peine avait-on fait un kilomètre, côtoyant le lac,
que l'on vit se dresser un arc de triomphe et un joli
kiosque entourés de mâts vénitiens ornés de banderoles
aux mille uouleurs ; le kiosque a été construit pour le
vice-roi et sur sa demande; l'arc de triomphe et les
mâts vénitiens attendent sa prochaine arrivée. Près du
kiosque, on distinguait une estrade ornée de drapeaux
et de branches de palmiers ; c'était là que la fête de-
vait avoir lieu ; une longue colline assez rapprochée
bordait l'horizon, s'étendant du sud au nord : c'était Ie
talus du canal du côté de l'Asie.
» Près de l'estrade, le spectacle prit tout à coup un
caractère inouï de grandeur : au pied de la tranchée
coulait un cours d'eau large de 15 mètres : c'étaient les
eaux de la Méditerranée qui le remplissaient et qui
n'attendaient plus que le signal pour se précipiter dans
le lac Timsah, Travailleurs européens, fellahs et Bé-
doins étaient répandus sur les bords et les berges du
canal ; le grand muphti de l'Egypte, les principaux
ulémas du Caire, le scheik ul-Islam, l'évêque catholique
d'Egypte environné de son clergé, les personnes invi-
tées, les ingénieurs, les médecins, les chefs de chan-
tiers et d'ateliers, qui tous ont pris part à ce grand
travail, occupaient ou entouraient l'estrade. Le délégué
du vice-roi, Ismaïl-Bey, était présent.
» M. de Lesseps présidait ; il réclama le silence, et,
montrant la digue qui retenait les eaux : « Au nom de
» S. A. Mohammed-Saïd, dit-il, qu'on ouvre le passage
» aux eaux de la Méditerranée. »
» Il y eut un moment de silence solennel ; chacun
vait les regards fixés sur la digue ; mais au moment
où l'on vit l'eau s'élancer par la coupure, grondant et
entraînant les terres, l'émotion était à son comble. La
musique jouait l'air national d'Egypte ; les ulémas, de-
bout, invoquaient Allah à haute voix, et leur chef li-
sait le fetwa, espèce de procès-verbal religieux qui
constate ce grand fait et dont il sera donné lecture
dans toutes les mosquées d'Egypte.
» Pour terminer la fête, une table de trois cent cin-
quante couverts réunissait les travailleurs européens,
les cheiks arabes, les invités, tous les fonctionnaires et
employés présents au Seuil.
» Le lendemain, les invités sont partis en barque, du
lac Timsah pour Port-Saïd, traversant le Seuil, les lacs
Ballah et Menzaleh, naviguant dans un magnifique ca-
nal. D
L'AGE ET LE BUT DES PYRAMIDES
IiUB dans Sirius.
L'une des questions les plus controversées dè l'ar-
chéologie est la recherche de la pensée qui a présidé à
la construction de ces vastes monuments de, la puis
sance humaine, plus vieux que le déluge, si l'on en
croyait la tradition locale. Les uns ont vu dans les py-
ramides d'Egypte des papyrus indestructibles dont les
pages de pierre transmettent à la postérité la plus loin-
taine les connaissances astronomiques de leurs fonda-
teurs, ou des légendes qui se perdent dans la nuit de
siècles. D'autres y ont vu des observatoires ou des
gnomons, sans se demander pourquoi il y en a plusieur
sur un même point. D'autres encore ont pris les pyra-
mides pour des greniers à blé, ou bien pour des digues
opposées à l'invasion des sables du désert. De toutes
ces hypothèses pas une n'a pris rang parmi les faits
généralement admis ; elles ne se rattachent point à
l'ensemble des notions que nous possédons sur l'an-
l'établissement d'un canal direct touche à une solution
complète.
» Le mauvais temps qui a régné ces jours derniers
dans la Méditerranée a été sans doute la cause du re-
tard qui nous a empêché de connaître plus tôt les dé-
tails de ce grand événement. Nous savons cependant
que le passage qui amène les eaux dans le lac a été
ouvert sur un signe de M. de Lesseps, entouré d'une
société choisie, composée d'Arabes et d'Européens.
« Au nom de Son Altesse Saïd-Pacha, a-t-il dit, je
» commande que les eaux de la Méditerranée soient
» introduites dans le lac Timsah, par la grâce de Dieu. a
» La religion est intervenue pour bénir cette céré-
monie, et un Te Deum a été chanté dans l'église fran-
çaise de Saicte-Marie-du-Désert, avec les beaux orne-
ments offerts par la généreuse et noble dame milanaise
qui a visité les travaux l'hiver dernier.
» Le cours des actions du canal s'est maintenu pres-
que au pair pendant laseconde quinzaine de novembre.
Les Anglais eux-mêmes commencent à entrevoir l'ave-
nir réservé à cette grande entreprise, à laquelle la
question du coton donne un nouveau et puissant intérêt
d'actualité.
» L'union des deux mers s'accomplira avant peu de
mois, sans rencontrer aucune difficulté grave, de Tim-
sah à Suez. Le commerce pourra alors expédier par
cette voie l'énorme quantité de charbon nécessaire à
l'activité naissante de la navigation de la mer Rouge.
» Les eaux du Nil, au moyen d'un canal latéral,
iront en même temps donner la vie à Suez et au désert,
qui sont appelés à recouvrer comme par enchantement
leur antique fertilité et leur antique splendeur. »
On lit dans le Moniteur du 7 décembre :
« Le 18 novembre 1862, à 11 heures du matin, la
Méditerranée est entrée dans le lac Timsah. Le lac Tim-
sah, situé au milieu de l'isthme, et qui reçoit actuel-
lement les eaux de la Méditerranée, communiquait
autrefois par un canal avec la mer Rouge ; ce qui reste
à faire a donc été déjà fait.
» Le 18, un train spécial, mis par le vice-roi à la dis-
position de M. de Lesseps, transportait les invités du
Caire à Zagazig. L'Europe entière y avait ses représen-
tants ; parmi eux l'on remarquait le consul de France
au Caire, le consul d'Italie, le consul général de Hol-
lande, le consul général d'Autriche, le prince Czarto-
riski et la princesse Czartoriska, le commandant Man-
sell, de la marine anglaise, des officiers de son état-
major, plusieurs voyageurs anglais de distinction, de
notables habitants du Caire et d'Alexandrie.
t A peine avait-on fait un kilomètre, côtoyant le lac,
que l'on vit se dresser un arc de triomphe et un joli
kiosque entourés de mâts vénitiens ornés de banderoles
aux mille uouleurs ; le kiosque a été construit pour le
vice-roi et sur sa demande; l'arc de triomphe et les
mâts vénitiens attendent sa prochaine arrivée. Près du
kiosque, on distinguait une estrade ornée de drapeaux
et de branches de palmiers ; c'était là que la fête de-
vait avoir lieu ; une longue colline assez rapprochée
bordait l'horizon, s'étendant du sud au nord : c'était Ie
talus du canal du côté de l'Asie.
» Près de l'estrade, le spectacle prit tout à coup un
caractère inouï de grandeur : au pied de la tranchée
coulait un cours d'eau large de 15 mètres : c'étaient les
eaux de la Méditerranée qui le remplissaient et qui
n'attendaient plus que le signal pour se précipiter dans
le lac Timsah, Travailleurs européens, fellahs et Bé-
doins étaient répandus sur les bords et les berges du
canal ; le grand muphti de l'Egypte, les principaux
ulémas du Caire, le scheik ul-Islam, l'évêque catholique
d'Egypte environné de son clergé, les personnes invi-
tées, les ingénieurs, les médecins, les chefs de chan-
tiers et d'ateliers, qui tous ont pris part à ce grand
travail, occupaient ou entouraient l'estrade. Le délégué
du vice-roi, Ismaïl-Bey, était présent.
» M. de Lesseps présidait ; il réclama le silence, et,
montrant la digue qui retenait les eaux : « Au nom de
» S. A. Mohammed-Saïd, dit-il, qu'on ouvre le passage
» aux eaux de la Méditerranée. »
» Il y eut un moment de silence solennel ; chacun
vait les regards fixés sur la digue ; mais au moment
où l'on vit l'eau s'élancer par la coupure, grondant et
entraînant les terres, l'émotion était à son comble. La
musique jouait l'air national d'Egypte ; les ulémas, de-
bout, invoquaient Allah à haute voix, et leur chef li-
sait le fetwa, espèce de procès-verbal religieux qui
constate ce grand fait et dont il sera donné lecture
dans toutes les mosquées d'Egypte.
» Pour terminer la fête, une table de trois cent cin-
quante couverts réunissait les travailleurs européens,
les cheiks arabes, les invités, tous les fonctionnaires et
employés présents au Seuil.
» Le lendemain, les invités sont partis en barque, du
lac Timsah pour Port-Saïd, traversant le Seuil, les lacs
Ballah et Menzaleh, naviguant dans un magnifique ca-
nal. D
L'AGE ET LE BUT DES PYRAMIDES
IiUB dans Sirius.
L'une des questions les plus controversées dè l'ar-
chéologie est la recherche de la pensée qui a présidé à
la construction de ces vastes monuments de, la puis
sance humaine, plus vieux que le déluge, si l'on en
croyait la tradition locale. Les uns ont vu dans les py-
ramides d'Egypte des papyrus indestructibles dont les
pages de pierre transmettent à la postérité la plus loin-
taine les connaissances astronomiques de leurs fonda-
teurs, ou des légendes qui se perdent dans la nuit de
siècles. D'autres y ont vu des observatoires ou des
gnomons, sans se demander pourquoi il y en a plusieur
sur un même point. D'autres encore ont pris les pyra-
mides pour des greniers à blé, ou bien pour des digues
opposées à l'invasion des sables du désert. De toutes
ces hypothèses pas une n'a pris rang parmi les faits
généralement admis ; elles ne se rattachent point à
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