Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1862 15 octobre 1862
Description : 1862/10/15 (A7,N152). 1862/10/15 (A7,N152).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033064
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
324 L'ISTHME DE SUEZ,
aux espérances que l'on avait conçues. Elles étaient
l'objet des études de l'ingénieur-mécanicien qui était
chargé de leur faire subir les changements nécessaires,
ou de les réformer.
» Le nombre des habitants de Port-Saïd était de
4,200 dont 1,200 Européens et 3,000 Arabes, auxquels on
a réservé un long terrain à l'est de la plage pour y
construire des cabanes et des huttes en rapport avec
leur vie nomade. En additionnant tous les travailleurs
dispersés sur le parcours des travaux du canal d'eau
douce et du canal maritime sur la terre ferme depuis
le seuil d'El-Guisr jusqu'à Kantara, et sur la voie
d'eau de Kantara à Port-Saïd, on a un total de 10,000
hommes sans comprendre le personnel spécial de l'admi-
nistration et de la direction. Les vastes terrains concé-
dés à la Compagnie à droite et à gauche du canal d'eau
douce et du canal maritime par les contrats, et qu'elle
doit rendre à l'agriculture à l'aide d'irrigations, les
établissements grandioses d'El-Guisr, de Kantara et de
Port-Saïd avec leurs abondants dépôts de vivres, de ma-
tériaux, de machines et d'outils de toute nature, ne sont
pas les seuls moyens et les uniques ressources de la
Compagnie pour subvenir aux besoins des gens qu'elle
- emploie et des travaux qui s'exécutent et s'étendront
sur toute la ligne de l'isthme. Elle possède à Damiette six
grands bâtiments, solidement construits, en brique, entourés de
murs, avec de larges rues et de larges places intérieures; il y o,
en dehors de l'enceinte, un terrain considérable sur les bords
du fleuve, susceptible d'être mis en culture. Dans de vastes
magasins sont rassemblés des matériaux de construc-
tion, des provisions, des ustensiles et toute sorte d'objets
pour faire face à tous les besoins des travaux de l'isthme.
La Compagnie ne refuse pas de céder même à un étran-
ger ce qui pourrait lui convenir au prix de fabrique, et
avec la simple addition de 10 0/0 pour couvrir ses frais,
étant en cela moins exigeante que les commerçants.
Une partie des bâtiments est occupée par le directeur
général des travaux, par l'administration et les em-
ployés qui en dépendent.
» Lorsqu'on réfléchit à l'étal avancé des travaux de
Port-Saïd jusqu'à El-Guisr, on ne saurait apprécier la
choix de Damiette pour conserver tant de matériaux qui
sembleraient plus avantageusement placés dans un point
plus central (1).
» Cependant je ferai observer qu'au moment où l'on
a commencé les opérations et procédé au percement
réel de l'isthme, Damiette, où les denrées de l'Egypte
abondaient, présentait le point le plus convenable pour
approvisionner les travailleurs et pour fournir aux dif-
férents chantiers, jusqu'à Kantara, les matériaux de
construction et les engins nécessaires, par ce fait que
les magasins de Damiette sont situés d'un côté sur les
bords du Nil qui les met en communication avec la mer,
et de l'autre côté sont en contact avec le lac Menzaleh,
à l'aide duquel on peut rapidement, économiquement
et sûrement expédier tout ce qui est nécessaire sur les
divers points de l'isthme.
(1) L'établissement de Damiette est sur le point d'être trans-
porté à Timsah, point central entre le canal maritime et le canal
d'eau douce. E. D.
» Dans l'état actuel des choses, Damiette sert encore
comme dépôt de marchandises achetées dans les mo-
ments favorables pour servir aux demandes des autres
établissements suivant les besoins.
( Ajoutons encore que la position commerciale de Da-
miette faisait espérer une amélioration prochaine ; il
s'agissait de rendre le chenal praticable puisque, comme
nous l'avons dit, la barre de sable qui l'obstrue dispa-
raîtrait après la construction de deux digues parallèles,
semblables à celles proposées à Port-Saïd. La consé-
quence immédiate de ce travail, joint au curage de
l'embouchure, serait que les plus gros navires pour-
raient pénétrer avec toute facilité dans le port intérieur
et sûr de Damiette, où il y a jusqu'à 20 mètres de
profondeur d'eau. La conséquence ultérieure, résultant
d'un commerce plus actif, serait de multiplier la valeur
des terrains et des bâtiments appartenant à la Corn
pagnie, et de lui rembourser, avec usure, les modiques
capitaux employés pour l'utilité et profit du canal ma-
ritime.
» La Compagnie possède encore à Boulak, près du Caire, d'au-
tres grands dépôts de biscuits, de matériaux de construction,
de pièces de rechange pour l'usage des machines. Ces dépôts
sont situés dans un vaste édifice carré de 10,000 mètres
de superficie, qu'elle loue au vice-roi. Au milieu est
une grande cour. Considérant la position favorable de
ces bâtiments sur le Nil, au centre de l'Egypte, sur un
point où arrivent toutes les denrées et tout ce qui peut
servir aux constructions, elle s'occupe actuellement
d'en faire l'acquisition. De là, avec le canal du Cher-
cahouieh qui débouche dans celui de Moëz, et sur
lequel s'embranche celui de Necos, la Compagnie pourra
expédier facilement ses approvisionnements par la voie
des eaux jusqu'à Timsah (1). Les bureaux de l'admi-
nistration sont logés dans un autre bâtiment également
loué.
» Enfin, à Alexandrie sont centralisés les bureaux de
l'administration, la vice présidence, la direction locale
des travaux préliminaires, ayant pour objet d'activer
l'exploitation des carrières du Mex, situées à peu de dis-
tance et gratuitement cédées par le vice-roi pour fournir
aux besoins des travaux à entreprendre. La pierre de
ces carrières est un carbonate de chaux, tendre de sa
nature, qui se laisse tailler facilement, comme en géné-
ral tous les calcaires de l'Egypte employés dans les
monuments les plus anciens, chez lesquels la partie
ornementale était sculptée après la mise en œuvre,
ainsi que cela se pratique aujourd'hui.
» Une machine à vapeur de la force de 8 chevaux
peut élever des blocs de onze tonneaux avec la plus
grande rapidité et la plus grande sécurité. Cette ma-
chine ne coûte pas plus de 18,000 francs. De ces éléments
il résulte que le mètre cube de pierre revient à 2 fr. 50 c.
» Le chargement, le déchargement et le transport jus.
qu'à Port-Saïd, s'élèvent à 10 francs le tonneau, en sorte
que le prix de revienL de la pierre immergée sur
la digue de Port-Saïd est, en somme, de 16 fr. le
(1) C'est ce qui se pratique depuis que le canal d'eau douce eSt
livré à la aaAigatian, E. D.
aux espérances que l'on avait conçues. Elles étaient
l'objet des études de l'ingénieur-mécanicien qui était
chargé de leur faire subir les changements nécessaires,
ou de les réformer.
» Le nombre des habitants de Port-Saïd était de
4,200 dont 1,200 Européens et 3,000 Arabes, auxquels on
a réservé un long terrain à l'est de la plage pour y
construire des cabanes et des huttes en rapport avec
leur vie nomade. En additionnant tous les travailleurs
dispersés sur le parcours des travaux du canal d'eau
douce et du canal maritime sur la terre ferme depuis
le seuil d'El-Guisr jusqu'à Kantara, et sur la voie
d'eau de Kantara à Port-Saïd, on a un total de 10,000
hommes sans comprendre le personnel spécial de l'admi-
nistration et de la direction. Les vastes terrains concé-
dés à la Compagnie à droite et à gauche du canal d'eau
douce et du canal maritime par les contrats, et qu'elle
doit rendre à l'agriculture à l'aide d'irrigations, les
établissements grandioses d'El-Guisr, de Kantara et de
Port-Saïd avec leurs abondants dépôts de vivres, de ma-
tériaux, de machines et d'outils de toute nature, ne sont
pas les seuls moyens et les uniques ressources de la
Compagnie pour subvenir aux besoins des gens qu'elle
- emploie et des travaux qui s'exécutent et s'étendront
sur toute la ligne de l'isthme. Elle possède à Damiette six
grands bâtiments, solidement construits, en brique, entourés de
murs, avec de larges rues et de larges places intérieures; il y o,
en dehors de l'enceinte, un terrain considérable sur les bords
du fleuve, susceptible d'être mis en culture. Dans de vastes
magasins sont rassemblés des matériaux de construc-
tion, des provisions, des ustensiles et toute sorte d'objets
pour faire face à tous les besoins des travaux de l'isthme.
La Compagnie ne refuse pas de céder même à un étran-
ger ce qui pourrait lui convenir au prix de fabrique, et
avec la simple addition de 10 0/0 pour couvrir ses frais,
étant en cela moins exigeante que les commerçants.
Une partie des bâtiments est occupée par le directeur
général des travaux, par l'administration et les em-
ployés qui en dépendent.
» Lorsqu'on réfléchit à l'étal avancé des travaux de
Port-Saïd jusqu'à El-Guisr, on ne saurait apprécier la
choix de Damiette pour conserver tant de matériaux qui
sembleraient plus avantageusement placés dans un point
plus central (1).
» Cependant je ferai observer qu'au moment où l'on
a commencé les opérations et procédé au percement
réel de l'isthme, Damiette, où les denrées de l'Egypte
abondaient, présentait le point le plus convenable pour
approvisionner les travailleurs et pour fournir aux dif-
férents chantiers, jusqu'à Kantara, les matériaux de
construction et les engins nécessaires, par ce fait que
les magasins de Damiette sont situés d'un côté sur les
bords du Nil qui les met en communication avec la mer,
et de l'autre côté sont en contact avec le lac Menzaleh,
à l'aide duquel on peut rapidement, économiquement
et sûrement expédier tout ce qui est nécessaire sur les
divers points de l'isthme.
(1) L'établissement de Damiette est sur le point d'être trans-
porté à Timsah, point central entre le canal maritime et le canal
d'eau douce. E. D.
» Dans l'état actuel des choses, Damiette sert encore
comme dépôt de marchandises achetées dans les mo-
ments favorables pour servir aux demandes des autres
établissements suivant les besoins.
( Ajoutons encore que la position commerciale de Da-
miette faisait espérer une amélioration prochaine ; il
s'agissait de rendre le chenal praticable puisque, comme
nous l'avons dit, la barre de sable qui l'obstrue dispa-
raîtrait après la construction de deux digues parallèles,
semblables à celles proposées à Port-Saïd. La consé-
quence immédiate de ce travail, joint au curage de
l'embouchure, serait que les plus gros navires pour-
raient pénétrer avec toute facilité dans le port intérieur
et sûr de Damiette, où il y a jusqu'à 20 mètres de
profondeur d'eau. La conséquence ultérieure, résultant
d'un commerce plus actif, serait de multiplier la valeur
des terrains et des bâtiments appartenant à la Corn
pagnie, et de lui rembourser, avec usure, les modiques
capitaux employés pour l'utilité et profit du canal ma-
ritime.
» La Compagnie possède encore à Boulak, près du Caire, d'au-
tres grands dépôts de biscuits, de matériaux de construction,
de pièces de rechange pour l'usage des machines. Ces dépôts
sont situés dans un vaste édifice carré de 10,000 mètres
de superficie, qu'elle loue au vice-roi. Au milieu est
une grande cour. Considérant la position favorable de
ces bâtiments sur le Nil, au centre de l'Egypte, sur un
point où arrivent toutes les denrées et tout ce qui peut
servir aux constructions, elle s'occupe actuellement
d'en faire l'acquisition. De là, avec le canal du Cher-
cahouieh qui débouche dans celui de Moëz, et sur
lequel s'embranche celui de Necos, la Compagnie pourra
expédier facilement ses approvisionnements par la voie
des eaux jusqu'à Timsah (1). Les bureaux de l'admi-
nistration sont logés dans un autre bâtiment également
loué.
» Enfin, à Alexandrie sont centralisés les bureaux de
l'administration, la vice présidence, la direction locale
des travaux préliminaires, ayant pour objet d'activer
l'exploitation des carrières du Mex, situées à peu de dis-
tance et gratuitement cédées par le vice-roi pour fournir
aux besoins des travaux à entreprendre. La pierre de
ces carrières est un carbonate de chaux, tendre de sa
nature, qui se laisse tailler facilement, comme en géné-
ral tous les calcaires de l'Egypte employés dans les
monuments les plus anciens, chez lesquels la partie
ornementale était sculptée après la mise en œuvre,
ainsi que cela se pratique aujourd'hui.
» Une machine à vapeur de la force de 8 chevaux
peut élever des blocs de onze tonneaux avec la plus
grande rapidité et la plus grande sécurité. Cette ma-
chine ne coûte pas plus de 18,000 francs. De ces éléments
il résulte que le mètre cube de pierre revient à 2 fr. 50 c.
» Le chargement, le déchargement et le transport jus.
qu'à Port-Saïd, s'élèvent à 10 francs le tonneau, en sorte
que le prix de revienL de la pierre immergée sur
la digue de Port-Saïd est, en somme, de 16 fr. le
(1) C'est ce qui se pratique depuis que le canal d'eau douce eSt
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