Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
288 L'ISTHME DE SUEZ,
voulaient se donner la peine d'aller non pas au
désert, mais seulement à Port-Saïd, ils seraient
forcés d'avouer qu'une entreprise qui prépare, pour
l'exécution de son œuvre, de tels moyens de force
et de puissance de toute sorte, est une entreprise
sérieuse, désireuse de mener à bonne fin le travail
qui lui a été confié et le conduisant bien. Je suis
monté au haut du phare, et c'est de là surtout qu'on
distingue parfaitement la ville naissante. Je n'ai pas
voulu partir sans faire une visite à l'îlot, car, jusqu'à
ce jour, je ne m'étais pas bien rendu compte de
l'utilité de ce travail. Maintenant je le comprends,
et j'admire l'idée qui a présidé à son exécution.
Vous savez que cet îlot se compose de pieux en fer
enfoncés dans la mer ; les vaisseaux viennent aborder
au pied et y déchargent les blocs de pierre qu'ils
ont chargés au Mex, près d'Alexandrie. De cette
manière, on oppose une résistance aux sables, et peu
à peu on s'approchera de la plage; la jetée sera
alors pour ainsi dire terminée, et on aura vaincu
l'action des courants apportant vers le rivage les
sables de la mer. L'ilot s'avance à peu près à
1,500 mètres en mer. Cinq navires étaient mouillés
dans cet endroit, trois venaient y décharger leurs
blocs de pierre, et les deux autres étaient chargés
de marchandises apportées de France pour le compte
de l'entreprise.
» Le soir même, après une journée bien employée,
je quittai Port-Saïd, accompagné jusqu'à ma barque
par l'ingénieur de la Compagnie, M. Pouchet, jeune
homme d'élite et d'avenir, que je n'appellerai point
un employé, mais un cœur dévoué tout entier à
cette œuvre à laquelle M. Ferdinand de Lesseps a
attaché son nom. C'est à M. Pouchet que j'ai dû de
voir Port-Saïd en détail, et je n'oublierai jamais la
complaisance avec laquelle il m'a accueilli, fait vi-
siter tous les ateliers, tout ce qu'il y avait à connaître
à Port-Saïd, et ce, malgré une chaleur de 45 degrés.
A 8 heures, le lendemain matin, j'étais à Damiette.
Cette ville se trouvait sur mon passage, et je tenais
à visiter les magasins de l'entreprise, dont j'avais
déjà une faible idée par l'énorme quantité de mar-
chandises rassemblées dans tous les autres magasins
situés sur toute la ligne des travaux.
» Les magasins de Damiette sont, en effet, ce que
je me les figurais : un vaste entrepôt de toutes mar-
chandises venant de France, et propres à l'usage et
au service des employés.
» On y trouve tout ce que l'on appelle l'article de
et à part les jouets d'enfant, c'est un véritable
sien.
, i * , e cependant va être abandonné, et les
tQâgaè^s ront au mois de novembre transportés
'est qu'en effet Damiette est trop éloigné
des travaux actuels. Ensuite, de grands
et superbes magasins ayant été établis au Caire
spécialement pour les approvisionnements, les mar-
chandises arriveront bien plus directement au Caire
qu'elles ne le faisaient à Damiette.
» Je ne suis resté à Damiette qu'un jour, et le
lundi matin je prenais le bateau à vapeur de la
Compagnie, le Ferdinand, qui me conduisait à Sa-
manouth, d'où je partais le soir même pour Alexan-
drie; dix jours après j'étais en France après une
absence de vingt-huit jours. Voilà, Monsieur, ce que
j'ai vu et admiré : je ne saurais trop le dire; et ce
que je regrette, c'est de n'avoir pas effectué ce
voyage il y a longtemps; je me serais épargné
bien des tourments, bien des ennuis. Aujourd'hui je
suis convaincu, non pas de la possibilité, mais de
la facilité de l'exécution de l'oeuvre ; je doutais, et il
me fallait faire tomber mon doute. Nouveau Thomas,
j'ai voulu voir, j'ai vu.
» Encore un mot, Monsieur, je vous prie. Je ne
puis terminer cette longue lettre sans rendre un
juste témoignage de reconnaissance à tous les em-
ployés, grands ou petits, que j'ai eu le plaisir de voir
dans l'isthme: chez tous j'ai trouvé abnégation et
dévouement, et surtout confiance entière dans la
réussite de l'oeuvre. Jamais dans aucune compagnie
française ou étrangère je n'ai vu un accord si par-
fait. Tous admirent M. de Lesseps, tous le servent
sans se préoccuper des dangers qui les entourent,
et il n'en est pas un qui se soit plaint de l'absence
de la France. Ils ont fait du canal de Suez leur chose
propre; ils en parlent, comme je le disais tout à
l'heure, avec une confiance qui, s'il me fallait de
nouvelles preuves de succès, en serait une pour moi.
Jamais de récriminations contre leurs chefs princi-
paux; chez tous, abnégation, je le répète, et dé-
vouement; aussi, permettez-moi de rendre justice à
ces nobles jeunes gens qui ont tout quitté pour s'at-
tacher à la réalisation d'une idée qu'ils ont embras
sée avec cet enthousiasme qui caractérise la jeu-
nesse française, et de les remercier ici publique-
ment. « Tous, » disait dans l'un de ses précédents
rapports à l'assemblée générale, notre illustre prési-
dent, « ont fait leur devoir et plus que leur devoir; ))
tous donc ont droit à notre reconnaissance. Sur la
part de bénéfice revenant à l'entrepreneur général,
une certaine partie doit être répartie entre tous les
employés: c'est justice ; ce sera là encore une faible
rémunération pour de grands et nobles services ren-
dus à une noble et grande cause.
» Veuillez, Monsieur le rédacteur, faire de ma
lettre ce que bon vous semblera ; publiez-la si elle
vous paraît mériter cet honneur, et veuillez agréer
l'assurance de ma considération la plus distinguée.
» LEVASSEUR,
30, rue de Reuilly.
» Paris, le 7 septembre 1862. »
voulaient se donner la peine d'aller non pas au
désert, mais seulement à Port-Saïd, ils seraient
forcés d'avouer qu'une entreprise qui prépare, pour
l'exécution de son œuvre, de tels moyens de force
et de puissance de toute sorte, est une entreprise
sérieuse, désireuse de mener à bonne fin le travail
qui lui a été confié et le conduisant bien. Je suis
monté au haut du phare, et c'est de là surtout qu'on
distingue parfaitement la ville naissante. Je n'ai pas
voulu partir sans faire une visite à l'îlot, car, jusqu'à
ce jour, je ne m'étais pas bien rendu compte de
l'utilité de ce travail. Maintenant je le comprends,
et j'admire l'idée qui a présidé à son exécution.
Vous savez que cet îlot se compose de pieux en fer
enfoncés dans la mer ; les vaisseaux viennent aborder
au pied et y déchargent les blocs de pierre qu'ils
ont chargés au Mex, près d'Alexandrie. De cette
manière, on oppose une résistance aux sables, et peu
à peu on s'approchera de la plage; la jetée sera
alors pour ainsi dire terminée, et on aura vaincu
l'action des courants apportant vers le rivage les
sables de la mer. L'ilot s'avance à peu près à
1,500 mètres en mer. Cinq navires étaient mouillés
dans cet endroit, trois venaient y décharger leurs
blocs de pierre, et les deux autres étaient chargés
de marchandises apportées de France pour le compte
de l'entreprise.
» Le soir même, après une journée bien employée,
je quittai Port-Saïd, accompagné jusqu'à ma barque
par l'ingénieur de la Compagnie, M. Pouchet, jeune
homme d'élite et d'avenir, que je n'appellerai point
un employé, mais un cœur dévoué tout entier à
cette œuvre à laquelle M. Ferdinand de Lesseps a
attaché son nom. C'est à M. Pouchet que j'ai dû de
voir Port-Saïd en détail, et je n'oublierai jamais la
complaisance avec laquelle il m'a accueilli, fait vi-
siter tous les ateliers, tout ce qu'il y avait à connaître
à Port-Saïd, et ce, malgré une chaleur de 45 degrés.
A 8 heures, le lendemain matin, j'étais à Damiette.
Cette ville se trouvait sur mon passage, et je tenais
à visiter les magasins de l'entreprise, dont j'avais
déjà une faible idée par l'énorme quantité de mar-
chandises rassemblées dans tous les autres magasins
situés sur toute la ligne des travaux.
» Les magasins de Damiette sont, en effet, ce que
je me les figurais : un vaste entrepôt de toutes mar-
chandises venant de France, et propres à l'usage et
au service des employés.
» On y trouve tout ce que l'on appelle l'article de
et à part les jouets d'enfant, c'est un véritable
sien.
, i * , e cependant va être abandonné, et les
tQâgaè^s ront au mois de novembre transportés
'est qu'en effet Damiette est trop éloigné
des travaux actuels. Ensuite, de grands
et superbes magasins ayant été établis au Caire
spécialement pour les approvisionnements, les mar-
chandises arriveront bien plus directement au Caire
qu'elles ne le faisaient à Damiette.
» Je ne suis resté à Damiette qu'un jour, et le
lundi matin je prenais le bateau à vapeur de la
Compagnie, le Ferdinand, qui me conduisait à Sa-
manouth, d'où je partais le soir même pour Alexan-
drie; dix jours après j'étais en France après une
absence de vingt-huit jours. Voilà, Monsieur, ce que
j'ai vu et admiré : je ne saurais trop le dire; et ce
que je regrette, c'est de n'avoir pas effectué ce
voyage il y a longtemps; je me serais épargné
bien des tourments, bien des ennuis. Aujourd'hui je
suis convaincu, non pas de la possibilité, mais de
la facilité de l'exécution de l'oeuvre ; je doutais, et il
me fallait faire tomber mon doute. Nouveau Thomas,
j'ai voulu voir, j'ai vu.
» Encore un mot, Monsieur, je vous prie. Je ne
puis terminer cette longue lettre sans rendre un
juste témoignage de reconnaissance à tous les em-
ployés, grands ou petits, que j'ai eu le plaisir de voir
dans l'isthme: chez tous j'ai trouvé abnégation et
dévouement, et surtout confiance entière dans la
réussite de l'oeuvre. Jamais dans aucune compagnie
française ou étrangère je n'ai vu un accord si par-
fait. Tous admirent M. de Lesseps, tous le servent
sans se préoccuper des dangers qui les entourent,
et il n'en est pas un qui se soit plaint de l'absence
de la France. Ils ont fait du canal de Suez leur chose
propre; ils en parlent, comme je le disais tout à
l'heure, avec une confiance qui, s'il me fallait de
nouvelles preuves de succès, en serait une pour moi.
Jamais de récriminations contre leurs chefs princi-
paux; chez tous, abnégation, je le répète, et dé-
vouement; aussi, permettez-moi de rendre justice à
ces nobles jeunes gens qui ont tout quitté pour s'at-
tacher à la réalisation d'une idée qu'ils ont embras
sée avec cet enthousiasme qui caractérise la jeu-
nesse française, et de les remercier ici publique-
ment. « Tous, » disait dans l'un de ses précédents
rapports à l'assemblée générale, notre illustre prési-
dent, « ont fait leur devoir et plus que leur devoir; ))
tous donc ont droit à notre reconnaissance. Sur la
part de bénéfice revenant à l'entrepreneur général,
une certaine partie doit être répartie entre tous les
employés: c'est justice ; ce sera là encore une faible
rémunération pour de grands et nobles services ren-
dus à une noble et grande cause.
» Veuillez, Monsieur le rédacteur, faire de ma
lettre ce que bon vous semblera ; publiez-la si elle
vous paraît mériter cet honneur, et veuillez agréer
l'assurance de ma considération la plus distinguée.
» LEVASSEUR,
30, rue de Reuilly.
» Paris, le 7 septembre 1862. »
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Related digital collections Bibliothèques d'Orient Bibliothèques d'Orient /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BbLevt0"Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
- Related authors Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 8/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033049/f8.image ×
Search in the document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033049/f8.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033049/f8.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033049
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033049
Facebook
Twitter