Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1862 01 septembre 1862
Description : 1862/09/01 (A7,N149). 1862/09/01 (A7,N149).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203303w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 275
ritation et de défiance entre les deux pays? Ne serait
il pas temps d'étudier la vérité froidement et sans
prévention, et désormais la marche du canal de Suez
n'est-elle pas au-dessus de ces petits moyens ?
N'oublions point cependant que la véritable opinion
anglaise, l'opinion impartiale et éclairée, a manifesté
ses sentiments favorables à l'entreprise par l'accueil si
cordial et si sympathique qu'elle a fait au vice-roi
d'Egypte, qui en est le premier promoteur. Nous fe-
rons suivre ces citations de celles de deux journaux
spéciaux qui, depuis peu de temps, ont grossi les
rangs de la presse française, et qui ont voulu s'asso-
cier à son unanimité en prêtant aussi leur adhésion
et leur concours moral à l'entreprise de la Compa-
gnie universelle :
J. MONGIN.
L'OPINION NATIONALE.
Le Parlement auglais et le canal de Suez.
« Il y a quelques jours, à la suite d'un échange
assez vif de paroles entre lord Palmerston, MM. Dis-
raeli et Cobden, la Chambre des communes a dû subir
de nouvelles interpellations de la part de M. Griffith, re-
lativement à ce que l'on appelle en Angleterre « l'em-
» prunt du travail forcé pour le canal de Suez. » A ce
sujet, nous pourrions engager l'honorable membre de
la Chambre des communes à se préoccuper d'abord
des abus analogues qui règnent en son propre pays.
Peut-être les igncre-t-il et sera-t-il heureux de les
connaître. Qu'il soit donc satisfait!
« En Angleterre, qes enfants d'un âge tendre sont
» engagés comme apprentis par leurs parents, qui re-
» çoivent le salaire stipulé dans le contrat, et l'appren-
» tissage, à quelque époque qu'il commence, dure jus-
» qu'à vingt et un ans. Des magistrats obligent les en-
» fants à observer l'engagement par lequel ils sont
D liés, toutes les fois qu'ils y résistent, quoique leur
D consentement n'ait jamais été demandé. L'apprenti
» fait partie de la propriété du maître, tant qu'il est
» au-dessous de vingt et un ans.
» Les héritiers du maître en héritent, en cas de mort
» de celui-ci. Tel de ces apprentis a été acheté à un
» homme par un autre homme pour le prix de 12 fr.
» Il n'est pas rare qu'appartenant à un propriétaire
» sans argent, celui-ci le loue et reçoive le prix de son
» travail excédant le salaire qu'il doit aux parents.
» L'apprenti est puni par des coups et par la privation
» de nourriture. »
» Ce n'est pas nous qui parlons, c'est un des écri-
vains les plus populaires de l'Angleterre. Faut-il ajou-
ter à ce tableau du sort des apprentis anglais celui des
ryots de l'Indoustan? A quoi bon? M. Griffith doit le
connaître aussi bien que nous.
» Nous appartient-il bien, d'ailleurs, de défendre la
cause du canal de Suez, quand M. de Lesseps s'est déjà
chargé de cette tâche d'une façon si complète et si
victorieuse?
« On a parlé des ouvriers, dit l'illustre président de
D la Compagnie dans sa deuxième conférence, à l'Ecole
» de médecine; je vais vous expliquer comment se fait
» notre travail. Nous avons commencé par engager
» uniquement des Européens, des hommes intelligents
et dévoués. Ensuite nous avons appelé les Arabes qui
se trouvaient dans le voisinage de nos travaux. Mais
» quand il s'est agi de remuer des masses de terre et
» d'enlever un demi-million de mètres cubes par mois,
» chiffre que nous obtenons en ce moment et qui, je
» l'espère, sera bientôt doublé, j'ai demandé au vice-roi
» l'exécution du traité qu'il avait fait avec la Compa-
» gnie, et par lequel il s'engageait à lui fournir des
» ouvriers dont le nombre serait fixé par nos ingé-
» nieurs.
» C'est ce qui a été fait. L'autorisation nous a été
» donnée de recruter dans cette population d'hommes
Il jeunes et vigoureux. Nous tenions à honneur de les bien
» traiter, de les bien nourrir et de les bien payer. On a pris
» les hommes désignés dans chaque village et on les
» a engagés pour une tâche mensuelle. Chaque homme
» doit enlever dans un mois 30 mètres cubes de terre.
» De cette manière nous n'avons, pour ainsi dire, pas
» besoin de les surveiller. Cette tâche incombe à leurs
» chefs, qui les accompagnent.
» Le mètre cube leur est payé 40, 50 et 60 centimes,
» suivant la nature du terrain, prix rémunérateur pour
» un Arabe. Je ne dis pas qu'il le serait pour un Euro-
s péen, qui a un loyer à payer et qui est accoutumé à
Il bien vivre. Les fellahs aiment mieux vivre en plein
air que dans les cabanes que nous leur avons cons-
e truites, et avec un peu de biscuit, des lentilles et
» des oignons, ils vivent parfaitement et sont heureux
» à leur manière. De sorte, que l'ouvrier égyptien qui
Il retourne dans son village avec 8 ou 10 francs, après
M l'achèvement de sa tâche mensuelle et après avoir
» payé sa nourriture, est convenablement rétribué. »
» Nous ne nous arrêtons pas davantage h cet inci-
dent sans portée, quoiqu'il nous semble étrange qu'un
homme d'État comme M. Layard se Isoit permis de
dire :
« Je crois que soixante-dix ou quatre-vingt mille hom-
» mes ont été enlevés de leurs foyers et à leurs travaux
» afin de travailler à la construction du canal de Suez.
» Si ce canal réussit, ces malheureux n'en retireront au-
D cun profit. J'espère que le vice-roi d'Égypte recon-
Il naîtra bientôt la nécessité de mettre fin à ce système
» de travail forcé. »
,» Il y a dans cette phrase du sous-secrétaire d'État
au Foreign-Office autant d'erreurs que de mots.
» 1* Si quelqu'un peut se plaindre de l'enlèvement des
fellahs à leurs travaux, est-ce le gouvernement an-
glais ?
« Moins qu'aucun autre pays, l'Angleterre est en
» état de nier le droit qu'a l'Égypte de lever des ou-
» vriers pour les travaux d'utilité publique. C'est par
» ce mode de recrutement qu'a été construit, sous le
M vice-roi Abbas-Pacha, le chemin de fer d'Alexandrie
» au Caire, grâce à la pression et à l'insistance des
» agents britanniques. C'est par ce mode de recrute-
» ment et sous les mêmes influences, que ce chemin,
ritation et de défiance entre les deux pays? Ne serait
il pas temps d'étudier la vérité froidement et sans
prévention, et désormais la marche du canal de Suez
n'est-elle pas au-dessus de ces petits moyens ?
N'oublions point cependant que la véritable opinion
anglaise, l'opinion impartiale et éclairée, a manifesté
ses sentiments favorables à l'entreprise par l'accueil si
cordial et si sympathique qu'elle a fait au vice-roi
d'Egypte, qui en est le premier promoteur. Nous fe-
rons suivre ces citations de celles de deux journaux
spéciaux qui, depuis peu de temps, ont grossi les
rangs de la presse française, et qui ont voulu s'asso-
cier à son unanimité en prêtant aussi leur adhésion
et leur concours moral à l'entreprise de la Compa-
gnie universelle :
J. MONGIN.
L'OPINION NATIONALE.
Le Parlement auglais et le canal de Suez.
« Il y a quelques jours, à la suite d'un échange
assez vif de paroles entre lord Palmerston, MM. Dis-
raeli et Cobden, la Chambre des communes a dû subir
de nouvelles interpellations de la part de M. Griffith, re-
lativement à ce que l'on appelle en Angleterre « l'em-
» prunt du travail forcé pour le canal de Suez. » A ce
sujet, nous pourrions engager l'honorable membre de
la Chambre des communes à se préoccuper d'abord
des abus analogues qui règnent en son propre pays.
Peut-être les igncre-t-il et sera-t-il heureux de les
connaître. Qu'il soit donc satisfait!
« En Angleterre, qes enfants d'un âge tendre sont
» engagés comme apprentis par leurs parents, qui re-
» çoivent le salaire stipulé dans le contrat, et l'appren-
» tissage, à quelque époque qu'il commence, dure jus-
» qu'à vingt et un ans. Des magistrats obligent les en-
» fants à observer l'engagement par lequel ils sont
D liés, toutes les fois qu'ils y résistent, quoique leur
D consentement n'ait jamais été demandé. L'apprenti
» fait partie de la propriété du maître, tant qu'il est
» au-dessous de vingt et un ans.
» Les héritiers du maître en héritent, en cas de mort
» de celui-ci. Tel de ces apprentis a été acheté à un
» homme par un autre homme pour le prix de 12 fr.
» Il n'est pas rare qu'appartenant à un propriétaire
» sans argent, celui-ci le loue et reçoive le prix de son
» travail excédant le salaire qu'il doit aux parents.
» L'apprenti est puni par des coups et par la privation
» de nourriture. »
» Ce n'est pas nous qui parlons, c'est un des écri-
vains les plus populaires de l'Angleterre. Faut-il ajou-
ter à ce tableau du sort des apprentis anglais celui des
ryots de l'Indoustan? A quoi bon? M. Griffith doit le
connaître aussi bien que nous.
» Nous appartient-il bien, d'ailleurs, de défendre la
cause du canal de Suez, quand M. de Lesseps s'est déjà
chargé de cette tâche d'une façon si complète et si
victorieuse?
« On a parlé des ouvriers, dit l'illustre président de
D la Compagnie dans sa deuxième conférence, à l'Ecole
» de médecine; je vais vous expliquer comment se fait
» notre travail. Nous avons commencé par engager
» uniquement des Européens, des hommes intelligents
et dévoués. Ensuite nous avons appelé les Arabes qui
se trouvaient dans le voisinage de nos travaux. Mais
» quand il s'est agi de remuer des masses de terre et
» d'enlever un demi-million de mètres cubes par mois,
» chiffre que nous obtenons en ce moment et qui, je
» l'espère, sera bientôt doublé, j'ai demandé au vice-roi
» l'exécution du traité qu'il avait fait avec la Compa-
» gnie, et par lequel il s'engageait à lui fournir des
» ouvriers dont le nombre serait fixé par nos ingé-
» nieurs.
» C'est ce qui a été fait. L'autorisation nous a été
» donnée de recruter dans cette population d'hommes
Il jeunes et vigoureux. Nous tenions à honneur de les bien
» traiter, de les bien nourrir et de les bien payer. On a pris
» les hommes désignés dans chaque village et on les
» a engagés pour une tâche mensuelle. Chaque homme
» doit enlever dans un mois 30 mètres cubes de terre.
» De cette manière nous n'avons, pour ainsi dire, pas
» besoin de les surveiller. Cette tâche incombe à leurs
» chefs, qui les accompagnent.
» Le mètre cube leur est payé 40, 50 et 60 centimes,
» suivant la nature du terrain, prix rémunérateur pour
» un Arabe. Je ne dis pas qu'il le serait pour un Euro-
s péen, qui a un loyer à payer et qui est accoutumé à
Il bien vivre. Les fellahs aiment mieux vivre en plein
air que dans les cabanes que nous leur avons cons-
e truites, et avec un peu de biscuit, des lentilles et
» des oignons, ils vivent parfaitement et sont heureux
» à leur manière. De sorte, que l'ouvrier égyptien qui
Il retourne dans son village avec 8 ou 10 francs, après
M l'achèvement de sa tâche mensuelle et après avoir
» payé sa nourriture, est convenablement rétribué. »
» Nous ne nous arrêtons pas davantage h cet inci-
dent sans portée, quoiqu'il nous semble étrange qu'un
homme d'État comme M. Layard se Isoit permis de
dire :
« Je crois que soixante-dix ou quatre-vingt mille hom-
» mes ont été enlevés de leurs foyers et à leurs travaux
» afin de travailler à la construction du canal de Suez.
» Si ce canal réussit, ces malheureux n'en retireront au-
D cun profit. J'espère que le vice-roi d'Égypte recon-
Il naîtra bientôt la nécessité de mettre fin à ce système
» de travail forcé. »
,» Il y a dans cette phrase du sous-secrétaire d'État
au Foreign-Office autant d'erreurs que de mots.
» 1* Si quelqu'un peut se plaindre de l'enlèvement des
fellahs à leurs travaux, est-ce le gouvernement an-
glais ?
« Moins qu'aucun autre pays, l'Angleterre est en
» état de nier le droit qu'a l'Égypte de lever des ou-
» vriers pour les travaux d'utilité publique. C'est par
» ce mode de recrutement qu'a été construit, sous le
M vice-roi Abbas-Pacha, le chemin de fer d'Alexandrie
» au Caire, grâce à la pression et à l'insistance des
» agents britanniques. C'est par ce mode de recrute-
» ment et sous les mêmes influences, que ce chemin,
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