Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1862 15 août 1862
Description : 1862/08/15 (A7,N148). 1862/08/15 (A7,N148).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203302g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
260 L'ISTHME DE SUEZ,
avaient possédé le plus d'influence sur la cour pendant
le règne précédent. Son attitude déterminée, toutefois,
tint en respect les récalcitrants du Caire, qui, dans les
trois premiers jours, dirigés par le vieux Kiaiah, Elfi-
Bey, avaient pris une posture menaçante. Le nouveau
vice-roi se rendit immédiatement à Constantinople, pour
y faire hommage de son investiture au sultan, son
suzerain. Il reçut des ministres turcs le plus favorable
accueil. C'était juste le moment où éclatait la guerre
avec la Russie, et les vaisseaux égyptiens avaient fait
partie de l'escadre qui se battit si obstinément et fut
détruite à Sinope. Mohammed-Saïd retourna en toute
hâte dans ses États, afin d'équiper et d'expédier un
contingent armé de 30,000 hommes qui rendit en Cri-
mée de grands services. L'intendance et les hôpitaux
furent organisés sous sa direction personnelle. A la
suite de la coopération précieuse des Egyptiens devant
Sébastopol et dans la défense des forteresses danu-
biennes, les forces militaires du vice-roi, limitées à
18,000 hommes en vertu des conventions de 1841, purent
être portées à 30,000 hommes; mais en temps de paix il
ne garde pas plus de la moitié de ce nombre. C'est une
armée purement indigène, car il a renvoyé toute la
bande sauvage d'Arnautes importée par Abbas-Pacha.
» Lorsque Saïd-Pacha hérita de la principauté, ses
finances étaient dans une triste confusion ; l'arriéré des
contributions dû par les villages était énorme. Il en fit
remise jusqu'à concurrence de 80,000,000 de piastres ou
environ le sixième de tout son revenu à cette époque.
En outre, en transformant la taxe payée en nature
en un impôt équivalent payé en argent, il accorda un
sursis d'un an en considération de la rareté du numé-
raire. Cette grâce, rendue praticable par une stricte éco-
nomie dans les dépenses publiques, n'a pas été perdue.
L'argent abonde aujourd'hui en Egypte et les taxes
sont régulièrement payées. Pour la conscription comme
pour la collection du revenu, les charges sont main-
tenant personnelles. Le citoyen en est individuel-
lement responsable. On n'emploie plus les chefs ou
les cheiks comme intermédiaires pour extorquer une
certaine somme de chaque village. En fait, le premier
principe adopté par le vice-roi dans les réformes orga-
niques de l'administration fut de délivrer le peuple du
pouvoir abusif des petits employés locaux, et de le
mettre en relation immédiate avec le gouvernement
national. Il ne négligea pas non plus d'amender la
constitution du gouvernement central lui-même, et
d'établir avec une sincérité incontestable des garanties
contre les excès du despotisme. Un conseil d'Etat fut
créé pour délibérer sur tous les décrets importants
avant d'être soumis à la signature du prince, et l'effi-
cacité de ses résolutions a été prouvée par le rejet de
quelques projets émanant du cabinet du vice roi. Les
ministres d'Etat sont tenus pour responsables, et les
comptes du budget sont soigneusement apurés. C'est
ainsi qu'un pas a été fait vers le gouvernement cons-
titutionnel, autant qu'il est compatible avec la forme
absolutiste et l'absence des assemblées représenta-
tives.
* Une complète tolérance religieuse a été établie
sous le règne de Mohammed-Saïd, quoiqu'il soit dans
sa vie et sa croyance un beaucoup meilleur musul-
man qu'Abbas-Pacha, qui avait, dit-on, la coutume de
se vanter d'être un disciple de Voltaire. Un chrétien a
dernièrement été élevé au gouvernement du Soudan, et
le jeune enfant du vice-roi a été confié aux bras d'une
nourrice anglaise. Naturellement, l'instruction popu-
laire, en ce qui tient au patronage du gouvernement,
maintient la foi du Coran. Elle est présidée par
un conseil aidant et dirigeant les écoles primaires
où sont librement enseignées la lecture et l'écriture
arabes, ainsi que l'arithmétique. Dans les écoles secon-
daires on enseigne le turc, la géographie, l'histoire,
les mathématiques et le dessin. Le conseil a aussi la
haute main sur les colléges où l'on donne l'instruction
scientifique, l'enseignement de la mécanique, de l'ar-
pentage, de l'art militaire, des langues européennes et
de la musique. Une école de médecine existait en
Egypte depuis plusieurs années, et elle est maintenant
bien suivie. Le plan inauguré par Mohammed-Ali et
consistant à envoyer un certain nombre de jeunes gens
dans les universités de France, d'Allemagne et d'An-
gleterre pour y faire des études plus avancées, a été
poursuivi par le gouvernement actuel avec un succès
marqué.
» Telle a été la politique civilisatrice et vraiment li-
bérale de ce prince égyptien. Par lui l'abolition de
l'esclavage, promesse de Mohammed-Ali a été accom-
plie. Avec une petite armée rendue plus maniable par
les chemins de fer, les télégraphes électriques et une
flottille de bateaux à vapeur sur le Nil, il a prompte-
ment réprimé les incursions des Bédouins errant dans
les déserts qui bordent la terre cultivée. L'Egypte est
maintenant un pays où la vie et la propriété sont beau-
coup plus en sûreté que dans certaines parties de l'I-
talie.
» L'agriculture, à laquelle le sol, le climat et le
fleuve merveilleux de l'Egypte fournissent de si vastes
ressources, a été l'objet des plus vives sollicitudes du
vice-roi. Son plus jeune frère, Halim-Pacha, possède
des machines à moissonner et à battre le blé ; il a
même une charrue à vapeur, tandis que les égrenoirs
pour le coton et des moulins pour le sucre sont em-
ployés à manipuler les plus précieux produits de se3
propriétés. Les efforts du vice-roi pour améliorer les
diverses branches, du travail manufacturier sont attestés
par les spécimens admirables qu'on peut voir dans la
salle égyptienne de l'Exposition universelle contenant
les plus beaux et les plus solides tissus de soie, de co-
ton, de laine, provenant des métiers du Caire ; de la
belle poterie, de la coutellerie, de la sellerie, de la bro-
derie, de la bijouterie, indépendamment d'une collec-
tion de carabines fabriquées par le fameux M. Minié, en-
gagé au service du prince comme directeur de l'arsenal
égyptien. L'exposition des objets tirés du muséum
d'antiquité du vice-roi au Caire nous offre aussi une
preuve intéressante de sa supériorité sur les préjugés
ignorants et bigots des autres musulmans, qui préfèrent
en général, par sauvagerie ou superstition, détruire les
reliques de l'antique civilisation.
» Plus d'un touriste anglais, comme le Times le faisait
observer dernièrement à propos de la réception du
avaient possédé le plus d'influence sur la cour pendant
le règne précédent. Son attitude déterminée, toutefois,
tint en respect les récalcitrants du Caire, qui, dans les
trois premiers jours, dirigés par le vieux Kiaiah, Elfi-
Bey, avaient pris une posture menaçante. Le nouveau
vice-roi se rendit immédiatement à Constantinople, pour
y faire hommage de son investiture au sultan, son
suzerain. Il reçut des ministres turcs le plus favorable
accueil. C'était juste le moment où éclatait la guerre
avec la Russie, et les vaisseaux égyptiens avaient fait
partie de l'escadre qui se battit si obstinément et fut
détruite à Sinope. Mohammed-Saïd retourna en toute
hâte dans ses États, afin d'équiper et d'expédier un
contingent armé de 30,000 hommes qui rendit en Cri-
mée de grands services. L'intendance et les hôpitaux
furent organisés sous sa direction personnelle. A la
suite de la coopération précieuse des Egyptiens devant
Sébastopol et dans la défense des forteresses danu-
biennes, les forces militaires du vice-roi, limitées à
18,000 hommes en vertu des conventions de 1841, purent
être portées à 30,000 hommes; mais en temps de paix il
ne garde pas plus de la moitié de ce nombre. C'est une
armée purement indigène, car il a renvoyé toute la
bande sauvage d'Arnautes importée par Abbas-Pacha.
» Lorsque Saïd-Pacha hérita de la principauté, ses
finances étaient dans une triste confusion ; l'arriéré des
contributions dû par les villages était énorme. Il en fit
remise jusqu'à concurrence de 80,000,000 de piastres ou
environ le sixième de tout son revenu à cette époque.
En outre, en transformant la taxe payée en nature
en un impôt équivalent payé en argent, il accorda un
sursis d'un an en considération de la rareté du numé-
raire. Cette grâce, rendue praticable par une stricte éco-
nomie dans les dépenses publiques, n'a pas été perdue.
L'argent abonde aujourd'hui en Egypte et les taxes
sont régulièrement payées. Pour la conscription comme
pour la collection du revenu, les charges sont main-
tenant personnelles. Le citoyen en est individuel-
lement responsable. On n'emploie plus les chefs ou
les cheiks comme intermédiaires pour extorquer une
certaine somme de chaque village. En fait, le premier
principe adopté par le vice-roi dans les réformes orga-
niques de l'administration fut de délivrer le peuple du
pouvoir abusif des petits employés locaux, et de le
mettre en relation immédiate avec le gouvernement
national. Il ne négligea pas non plus d'amender la
constitution du gouvernement central lui-même, et
d'établir avec une sincérité incontestable des garanties
contre les excès du despotisme. Un conseil d'Etat fut
créé pour délibérer sur tous les décrets importants
avant d'être soumis à la signature du prince, et l'effi-
cacité de ses résolutions a été prouvée par le rejet de
quelques projets émanant du cabinet du vice roi. Les
ministres d'Etat sont tenus pour responsables, et les
comptes du budget sont soigneusement apurés. C'est
ainsi qu'un pas a été fait vers le gouvernement cons-
titutionnel, autant qu'il est compatible avec la forme
absolutiste et l'absence des assemblées représenta-
tives.
* Une complète tolérance religieuse a été établie
sous le règne de Mohammed-Saïd, quoiqu'il soit dans
sa vie et sa croyance un beaucoup meilleur musul-
man qu'Abbas-Pacha, qui avait, dit-on, la coutume de
se vanter d'être un disciple de Voltaire. Un chrétien a
dernièrement été élevé au gouvernement du Soudan, et
le jeune enfant du vice-roi a été confié aux bras d'une
nourrice anglaise. Naturellement, l'instruction popu-
laire, en ce qui tient au patronage du gouvernement,
maintient la foi du Coran. Elle est présidée par
un conseil aidant et dirigeant les écoles primaires
où sont librement enseignées la lecture et l'écriture
arabes, ainsi que l'arithmétique. Dans les écoles secon-
daires on enseigne le turc, la géographie, l'histoire,
les mathématiques et le dessin. Le conseil a aussi la
haute main sur les colléges où l'on donne l'instruction
scientifique, l'enseignement de la mécanique, de l'ar-
pentage, de l'art militaire, des langues européennes et
de la musique. Une école de médecine existait en
Egypte depuis plusieurs années, et elle est maintenant
bien suivie. Le plan inauguré par Mohammed-Ali et
consistant à envoyer un certain nombre de jeunes gens
dans les universités de France, d'Allemagne et d'An-
gleterre pour y faire des études plus avancées, a été
poursuivi par le gouvernement actuel avec un succès
marqué.
» Telle a été la politique civilisatrice et vraiment li-
bérale de ce prince égyptien. Par lui l'abolition de
l'esclavage, promesse de Mohammed-Ali a été accom-
plie. Avec une petite armée rendue plus maniable par
les chemins de fer, les télégraphes électriques et une
flottille de bateaux à vapeur sur le Nil, il a prompte-
ment réprimé les incursions des Bédouins errant dans
les déserts qui bordent la terre cultivée. L'Egypte est
maintenant un pays où la vie et la propriété sont beau-
coup plus en sûreté que dans certaines parties de l'I-
talie.
» L'agriculture, à laquelle le sol, le climat et le
fleuve merveilleux de l'Egypte fournissent de si vastes
ressources, a été l'objet des plus vives sollicitudes du
vice-roi. Son plus jeune frère, Halim-Pacha, possède
des machines à moissonner et à battre le blé ; il a
même une charrue à vapeur, tandis que les égrenoirs
pour le coton et des moulins pour le sucre sont em-
ployés à manipuler les plus précieux produits de se3
propriétés. Les efforts du vice-roi pour améliorer les
diverses branches, du travail manufacturier sont attestés
par les spécimens admirables qu'on peut voir dans la
salle égyptienne de l'Exposition universelle contenant
les plus beaux et les plus solides tissus de soie, de co-
ton, de laine, provenant des métiers du Caire ; de la
belle poterie, de la coutellerie, de la sellerie, de la bro-
derie, de la bijouterie, indépendamment d'une collec-
tion de carabines fabriquées par le fameux M. Minié, en-
gagé au service du prince comme directeur de l'arsenal
égyptien. L'exposition des objets tirés du muséum
d'antiquité du vice-roi au Caire nous offre aussi une
preuve intéressante de sa supériorité sur les préjugés
ignorants et bigots des autres musulmans, qui préfèrent
en général, par sauvagerie ou superstition, détruire les
reliques de l'antique civilisation.
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