Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1862 15 juin 1862
Description : 1862/06/15 (A7,N144). 1862/06/15 (A7,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032981
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
188 L'ISTHME DE SUEZ,
avouer que son projet du percement de l'isthme n'est
ni aussi absurde ni aussi impossible qu'on a bien
voulu le prétendre. Il faudra bien avouer que sa
participation financière à l'entreprise est le signe
qu'elle n'est point une aussi mauvaise opération in-
dustrielle que l'on a tenté de le faire croire, et qu'en-
fin la persistance qu'il porte à l'achèvement de ce
travail, la confiance qu'il montre dans ses résultats,
sont autant de preuves que le monde ne s'est point
absolument trompé en investissant cette conception
de tout son appui, en la protégeant de toutes ses
sympathies.
Nous ne doutons pas que la sagacité incon-
testable du Times n'ait aperçu toutes les consé-
quences de ces prémisses. Quoiqu'il n'ait pas prononcé
une seule fois dans son article le nom du canal de
Suez, on le sent, en quelque sorte, transpirer au bout
de chacune de ses phrases. Il n'est pas un seul de
ses éloges qui n'aille droit à la persévérance et à
l'élévation d'esprit avec lesquelles le vice roi a conçu
et poursuit la réalisation de l'union des deux mers.
Il n est pas un de ces éloges qui ne soit pour le
prince un encouragement et un argument pour doter
le monde de cette voie destinée à lui ouvrir de nou-
velles carrières. Nous allons plus loin, et nous disons
que le canal de Suez achevé, cet événement sera le
plus beau des textes fournis au Times pour recom-
mander à l'Angleterre la personne, le génie du vice-
roi et le service inestimable qu'il viendra de rendre
au commerce britannique. Nous ne regardons l'article
d'aujourd'hui que comme la préface de cet article
futur. Le Times n'a-t-il pas répété maintes et maintes
fois, et avec toute raison, qu'aucune nation du globe
ne retirerait autant de bénéfices que l'Angleterre de
l'établissement d'un passage maritime de Péluse à Suez.
* ERNEST DESPLACES.
On lit dans le limes du 7 juin :
« Nous ne devons point laisser passer, sans quelques
mots pour la signaler, l'arrivée parmi-nous d'un prince
oriental aussi distingué que le pacha d'Egypte. Quoi-
que des chefs de gouvernements plus puissants, ou des
personnages plus remarquables comme représentant
des nations lointaines et jusqu'ici inconnues, viennent
parfois descendre sur nos rivages, pourtant il y a long-
temps que nous n'avons reçu un visiteur possédant de
plus grands titres à la politesse et à l'hospitalité du
peuple anglais. Saïd Pacha vient au milieu de nous en
homme qui s'est appliqué à réaliser ce que les philan-
thropes de l'Europe ont rêvé en faveur de l'Orient. Il
est réellement le prince énergique et éclairé voulant1
introduire dans le monde musulman la civilisation*" et
la science qui ont élevé l'Europe occidentale à sa préé-
minence. Aux enthousiastes qui considéraient l'Orient
comme une terre de palais magnifiques et de jardina.
délicieux, où des sages barbus enseignaient une mo-
rale sententieuse, et où les houris écoutaient les notes
de bulbul, a succédé dans la génération présente une
classe d'Européens habiles et chercheurs, animés du
désir ardent de servir les populations qui vivent sur les
rives orientales et méridionales de la Méditerranée. Ces
hommes, quelles que soient leur croyance ou leur na-
tionalité, leurs affaires ou leurs préjugés, qu'ils soient
ou négociants anglais, ou officiers et professeurs fran-
çais, ou missionnaires américains, sont d'accord sur ce
point, que les pays placés sous le sceptre du sultan,
quoique plongés dans l'ignorance et la pauvreté, peu-
vent être ramenés dans le sein de la civilisation euro-
péenne. Le sol et le climat y sont ce qu'ils ont toujours
été, excepté dans les lieux où la négligence a permis
au désert de s'avancer ou à des marécages pestilentiels
de se former. L'intelligence du peuple, si elle est sans
culture, n'est pas pour cela épuisée, et partout où il
trouve quelqu'un pour l'enseigner il apprend avec une
facilité attestant que ses facultés n'ont point baissé,
si on les a laissées en friche durant tant de générations.
Nous n'avons pas besoin de récapituler les efforts
qui ont été faits à l'égard des Turcs, des Grecs, des
Syriens et des Egyptiens, depuis que l'Occident a com-
mencé à s'intéresser à eux et à les comprendre Ces
efforts ont été au total suivis des résultats les plus heu-
reux. Les premiers mouvements hors d'un état d'inertie.
sont nécessairement lents et pénibles. Mais il est im-
possible de comparer l'Orient moderne et l'Orient d'il
y a trente ans sans reconnaître qu'une révolution y est
commencée, promettant d'être une des plus remarquables
du monde. Que l'énergie des nations occidentales puisse
arrêter la décadence d'une si grande portion du genre
humain et démentir les théories fatalistes que l'on nous
présente concernant l'inévitable effacement de certaines
races, ce fait, s'il se réalise, sera un sujet du plus pro-
fond intérêt pour notre postérité.
,) Dans tout ce qui a été fait relativement à cette
portion importante du globe, la famille de Saïd-Pacha
a joué un rôle principal. Tandis qu'à l'une des extrémités
du monde mahométan l'Angleterre subjuguait l'Inde,
et qu'à l'autre extrémité la France étendait sa domina-
tion sur les tribus barbaresques, Mébémet Ali, fonda-
teur de sa maison, concevait le dessein de s'élever à
une hauteur impériale, en empruntant les arts des deux
nations qui effectuaient ces conquêtes sur sa propre
croyance. Dès lors, le Caire a été, bien plus que Cons-'
tantinople, le centre du libéralisme musulman. L'esprit'
borné et opiniâtre des Turcs n'a jamais accepté volon-
tiers ce que Méhémet-Ali, ses fils et petits-fils ont su
saisir comme des instruments de puissance. Quoique
Ùt S motifs politiques aient poussé le gouvernement an-
glais, conjointement avec la Prusse, l'Autriche et la
Russie, à enlever laSyrié'au vice-roi, cependant il est
impossible de douter que les contrées., gouvernées par
la famille de Méhémet-Ali ont été beaucoup plus heu-
reuses que celles qui sont restées sous l'action immé-
diate des gouverneurs turcs.'
» Saïd-Pacha'; qui nous visite en ce moment, est 1 ha
bité 'Successeur' dé Méhémet-Ali, et un exemple remar-
1 quâble" des'"lumières européennes entées sur la vieille
éducation orientale. Comme beaucoup d'Egyptiens et
de Turcs, ses goûts ont été formés et ses connaissances
acquises sous une direction française, et ce n'est pas
avouer que son projet du percement de l'isthme n'est
ni aussi absurde ni aussi impossible qu'on a bien
voulu le prétendre. Il faudra bien avouer que sa
participation financière à l'entreprise est le signe
qu'elle n'est point une aussi mauvaise opération in-
dustrielle que l'on a tenté de le faire croire, et qu'en-
fin la persistance qu'il porte à l'achèvement de ce
travail, la confiance qu'il montre dans ses résultats,
sont autant de preuves que le monde ne s'est point
absolument trompé en investissant cette conception
de tout son appui, en la protégeant de toutes ses
sympathies.
Nous ne doutons pas que la sagacité incon-
testable du Times n'ait aperçu toutes les consé-
quences de ces prémisses. Quoiqu'il n'ait pas prononcé
une seule fois dans son article le nom du canal de
Suez, on le sent, en quelque sorte, transpirer au bout
de chacune de ses phrases. Il n'est pas un seul de
ses éloges qui n'aille droit à la persévérance et à
l'élévation d'esprit avec lesquelles le vice roi a conçu
et poursuit la réalisation de l'union des deux mers.
Il n est pas un de ces éloges qui ne soit pour le
prince un encouragement et un argument pour doter
le monde de cette voie destinée à lui ouvrir de nou-
velles carrières. Nous allons plus loin, et nous disons
que le canal de Suez achevé, cet événement sera le
plus beau des textes fournis au Times pour recom-
mander à l'Angleterre la personne, le génie du vice-
roi et le service inestimable qu'il viendra de rendre
au commerce britannique. Nous ne regardons l'article
d'aujourd'hui que comme la préface de cet article
futur. Le Times n'a-t-il pas répété maintes et maintes
fois, et avec toute raison, qu'aucune nation du globe
ne retirerait autant de bénéfices que l'Angleterre de
l'établissement d'un passage maritime de Péluse à Suez.
* ERNEST DESPLACES.
On lit dans le limes du 7 juin :
« Nous ne devons point laisser passer, sans quelques
mots pour la signaler, l'arrivée parmi-nous d'un prince
oriental aussi distingué que le pacha d'Egypte. Quoi-
que des chefs de gouvernements plus puissants, ou des
personnages plus remarquables comme représentant
des nations lointaines et jusqu'ici inconnues, viennent
parfois descendre sur nos rivages, pourtant il y a long-
temps que nous n'avons reçu un visiteur possédant de
plus grands titres à la politesse et à l'hospitalité du
peuple anglais. Saïd Pacha vient au milieu de nous en
homme qui s'est appliqué à réaliser ce que les philan-
thropes de l'Europe ont rêvé en faveur de l'Orient. Il
est réellement le prince énergique et éclairé voulant1
introduire dans le monde musulman la civilisation*" et
la science qui ont élevé l'Europe occidentale à sa préé-
minence. Aux enthousiastes qui considéraient l'Orient
comme une terre de palais magnifiques et de jardina.
délicieux, où des sages barbus enseignaient une mo-
rale sententieuse, et où les houris écoutaient les notes
de bulbul, a succédé dans la génération présente une
classe d'Européens habiles et chercheurs, animés du
désir ardent de servir les populations qui vivent sur les
rives orientales et méridionales de la Méditerranée. Ces
hommes, quelles que soient leur croyance ou leur na-
tionalité, leurs affaires ou leurs préjugés, qu'ils soient
ou négociants anglais, ou officiers et professeurs fran-
çais, ou missionnaires américains, sont d'accord sur ce
point, que les pays placés sous le sceptre du sultan,
quoique plongés dans l'ignorance et la pauvreté, peu-
vent être ramenés dans le sein de la civilisation euro-
péenne. Le sol et le climat y sont ce qu'ils ont toujours
été, excepté dans les lieux où la négligence a permis
au désert de s'avancer ou à des marécages pestilentiels
de se former. L'intelligence du peuple, si elle est sans
culture, n'est pas pour cela épuisée, et partout où il
trouve quelqu'un pour l'enseigner il apprend avec une
facilité attestant que ses facultés n'ont point baissé,
si on les a laissées en friche durant tant de générations.
Nous n'avons pas besoin de récapituler les efforts
qui ont été faits à l'égard des Turcs, des Grecs, des
Syriens et des Egyptiens, depuis que l'Occident a com-
mencé à s'intéresser à eux et à les comprendre Ces
efforts ont été au total suivis des résultats les plus heu-
reux. Les premiers mouvements hors d'un état d'inertie.
sont nécessairement lents et pénibles. Mais il est im-
possible de comparer l'Orient moderne et l'Orient d'il
y a trente ans sans reconnaître qu'une révolution y est
commencée, promettant d'être une des plus remarquables
du monde. Que l'énergie des nations occidentales puisse
arrêter la décadence d'une si grande portion du genre
humain et démentir les théories fatalistes que l'on nous
présente concernant l'inévitable effacement de certaines
races, ce fait, s'il se réalise, sera un sujet du plus pro-
fond intérêt pour notre postérité.
,) Dans tout ce qui a été fait relativement à cette
portion importante du globe, la famille de Saïd-Pacha
a joué un rôle principal. Tandis qu'à l'une des extrémités
du monde mahométan l'Angleterre subjuguait l'Inde,
et qu'à l'autre extrémité la France étendait sa domina-
tion sur les tribus barbaresques, Mébémet Ali, fonda-
teur de sa maison, concevait le dessein de s'élever à
une hauteur impériale, en empruntant les arts des deux
nations qui effectuaient ces conquêtes sur sa propre
croyance. Dès lors, le Caire a été, bien plus que Cons-'
tantinople, le centre du libéralisme musulman. L'esprit'
borné et opiniâtre des Turcs n'a jamais accepté volon-
tiers ce que Méhémet-Ali, ses fils et petits-fils ont su
saisir comme des instruments de puissance. Quoique
Ùt S motifs politiques aient poussé le gouvernement an-
glais, conjointement avec la Prusse, l'Autriche et la
Russie, à enlever laSyrié'au vice-roi, cependant il est
impossible de douter que les contrées., gouvernées par
la famille de Méhémet-Ali ont été beaucoup plus heu-
reuses que celles qui sont restées sous l'action immé-
diate des gouverneurs turcs.'
» Saïd-Pacha'; qui nous visite en ce moment, est 1 ha
bité 'Successeur' dé Méhémet-Ali, et un exemple remar-
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éducation orientale. Comme beaucoup d'Egyptiens et
de Turcs, ses goûts ont été formés et ses connaissances
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