Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1862 01 juin 1862
Description : 1862/06/01 (A7,N143). 1862/06/01 (A7,N143).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203297m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
178 L'ISTHME DE SUEZ,
en faveur des capitaux français compromis et déçus.
Or, vouloir contraindre le vice-roi ou le pousser à
ne pas remplir ses engagements à ce sujet, ce serait
justement provoquer et faire naître, de la part de la
France, la raison légitime et le devoir d'une inter-
vention qui semble si redoutée de l'autre côté du
détroit.
Le vice-roi a minutieusement sauvegardé , dans
les règlements relatifs aux ouvriers du canal de
Suez, toutes les questions d'humanité. Il leur a as-
suré un salaire supérieur à la paie ordinaire, ainsi
qu'une bonne nourriture. Il les a mis à l'abri des
chàtiments corporels. Non-seulement ils doivent être
soignés gratuitement s'ils sont malades, mais encore
ils touchent, dans ce cas, la moitié de leur salaire.
L'Europe entière, quand ce règlement a été publié,
a applaudi à la sollicitude dont on y a fait preuve.
Personne ne s'est hasardé à le critiquer, et devant le
texte de cet acte, la malveillance n'a plus qu'une
ressource : celle de faire croire à son inexécution.
C'est ainsi que les orateurs du Parlement ont été
conduits, par des rapports ou des renseignements
au moins inexacts, à articuler devant la chambre
des erreurs que je vous ai signalées au début de
cette lettre, et qu'il est temps d'énumérer ;
1* D'après M. Griffith, la Compagnie paierait au
vice-roi le salaire mensuel gagné par chaque tra-
vailleur, en se bornant à lui fournir des rations.
2° D'après lord Henri Scott, les indigènes touche-
raient leur pleine paie, mais ils la recevraient en
billets à ordre, payables au Caire par la trésorerie
égyptienne, la Compagnie employant ce moyen
pour réduire sa créance sur le gouvernement.
30 Le noble lord ajoute que les malheureux travail-
leurs sont ainsi contraints, pour recevoir en argent
le prix de leur labeur, de faire un voyage de cent
et cent cinquante milles; et que, s'ils ne sont pas
appuyés par des amis influents, on ne leur délivre
au Caire que de nouveaux billets à échéance qu'ils
abandonnent, à peu près pour rien, aux escompteurs
de profession.
4° Vous avez vous-même une troisième version.
Selon vos informations, la paie des hommes serait
versée partiellement aux cheiks des villages, et pour
la plus grosse part, entre les mains du vice-roi.
5° Les ouvriers auraient été payés, selon vous,
tantôt par la Compagnie, tantôt par les entrepre-
neurs, et ceux-ci, à une certaine époque, auraient
cessé leurs paiements.
60 Vous dites qu'un grand nombre d'hommes au-
raient été enlevés à l'époque de la moisson, ce qui
naturellement serait pour eux, leurs femmes et leurs
enfants une affligeante cause de détresse.
7° Vous affirmez que le quart du capital social de
la Compagnie est déjà dépensé, quoique, dans votre
opinion, les travaux soient très-médiocrement avan-
cés.
Je ne peux pas oublier, cher monsieur, que dans
des termes tout bienveillants vous avez mis en de-
hors de ces allégations ma personne et mon carac-
tère. Ce n'est pas la première fois que j'ai à regret-
ter et à signaler la facilité avec laquelle on accueille
sur les bancs de la Chambre, en Angleterre, tout
renseignement et toute erreur défavorables au canal
de Suez, et je voudrais, au moins pour l'avenir,
mettre cette assemblée en garde contre ces entraîne-
ments, qui la compromettent dans l'esprit de mes
compatriotes et dans l'opinion du continent. Il n'est
pas une seule des assertions que je viens de men-
tionner qui ne soit contraire à la réalité des faits. Je
vous ai fait remarquer qu'à l'égard d'un de ces faits
principaux, les renseignements de M. Griffith n'é-
taient d'accord ni avec ceux de lord Scott, ni avec
les vôtres. Eh bien, les trois versions sont égale-
ment et absolument inexactes.
Il n'y a rien de vrai dans cette assertion que,
sous une forme ou dans une proportion quelconque,
les salaires des hommes aient été retenus par la
Compagnie, pour être versés, soit en argent, soit en
compte, entre les mains du vice-roi.
Les hommes ont toujours été directement et per-
sonnellement payés. Ils ont toujours été payés en
argent et non en papier. Ils ont toujours été payés
sur les lieux où ils avaient travaillé. Il n'y a donc
aucune espèce de réalité ni de vraisemblance dans le
récit, par lequel on a fait croire à lord Scott, et l'on
vous a fait croire à vous-même, que nos ouvriers
avaient des voyages à entreprendre pour réaliser
leur paie et qu'ils étaient livrés aux usuriers du
Caire. Il n'est pas vrai que les entrepreneurs aient
interrompu leurs paiements, et que jamais un ou-
vrier ait été licencié sans que sou compte fût réglé
et soldé. Voilà, cher monsieur, ce que je vous affirme
et ce que je suis prêt à prouver, s'il y a lieu, contre
tout contradicteur.
Les faits parlent d'eux-mêmes. Il est mort jus-
qu'ici dans l'isthme deux hommes sur dix mille.
C'est une mortalité beaucoup moindre que dans tout
le reste de l'Egypte. Cependant les fellahs se mêlent
peu à peu à notre civilisation. Vous craignez que
nous ne leur apportions la misère; nous leur appor-
terons des millions en salaires, qui iront se répandre
dans les campagnes, et qui, dans un temps donné,
atténueront, nous l'espérons, l'horrible usure qui est
une plaie de l'Egypte. Nous élevons progressivement
le fellah à la dignité de l'ouvrier libre. Nous aidons
Mohammed-Saïd à achever son œuvre de civilisation.
On accuse ce prince; on le calomnie même. Cepen-
dant qu'a-t-il fait?
Il a rendu aux fellahs la liberté de la culture ; il
leur a rendu la libre disposition de leurs produits.
en faveur des capitaux français compromis et déçus.
Or, vouloir contraindre le vice-roi ou le pousser à
ne pas remplir ses engagements à ce sujet, ce serait
justement provoquer et faire naître, de la part de la
France, la raison légitime et le devoir d'une inter-
vention qui semble si redoutée de l'autre côté du
détroit.
Le vice-roi a minutieusement sauvegardé , dans
les règlements relatifs aux ouvriers du canal de
Suez, toutes les questions d'humanité. Il leur a as-
suré un salaire supérieur à la paie ordinaire, ainsi
qu'une bonne nourriture. Il les a mis à l'abri des
chàtiments corporels. Non-seulement ils doivent être
soignés gratuitement s'ils sont malades, mais encore
ils touchent, dans ce cas, la moitié de leur salaire.
L'Europe entière, quand ce règlement a été publié,
a applaudi à la sollicitude dont on y a fait preuve.
Personne ne s'est hasardé à le critiquer, et devant le
texte de cet acte, la malveillance n'a plus qu'une
ressource : celle de faire croire à son inexécution.
C'est ainsi que les orateurs du Parlement ont été
conduits, par des rapports ou des renseignements
au moins inexacts, à articuler devant la chambre
des erreurs que je vous ai signalées au début de
cette lettre, et qu'il est temps d'énumérer ;
1* D'après M. Griffith, la Compagnie paierait au
vice-roi le salaire mensuel gagné par chaque tra-
vailleur, en se bornant à lui fournir des rations.
2° D'après lord Henri Scott, les indigènes touche-
raient leur pleine paie, mais ils la recevraient en
billets à ordre, payables au Caire par la trésorerie
égyptienne, la Compagnie employant ce moyen
pour réduire sa créance sur le gouvernement.
30 Le noble lord ajoute que les malheureux travail-
leurs sont ainsi contraints, pour recevoir en argent
le prix de leur labeur, de faire un voyage de cent
et cent cinquante milles; et que, s'ils ne sont pas
appuyés par des amis influents, on ne leur délivre
au Caire que de nouveaux billets à échéance qu'ils
abandonnent, à peu près pour rien, aux escompteurs
de profession.
4° Vous avez vous-même une troisième version.
Selon vos informations, la paie des hommes serait
versée partiellement aux cheiks des villages, et pour
la plus grosse part, entre les mains du vice-roi.
5° Les ouvriers auraient été payés, selon vous,
tantôt par la Compagnie, tantôt par les entrepre-
neurs, et ceux-ci, à une certaine époque, auraient
cessé leurs paiements.
60 Vous dites qu'un grand nombre d'hommes au-
raient été enlevés à l'époque de la moisson, ce qui
naturellement serait pour eux, leurs femmes et leurs
enfants une affligeante cause de détresse.
7° Vous affirmez que le quart du capital social de
la Compagnie est déjà dépensé, quoique, dans votre
opinion, les travaux soient très-médiocrement avan-
cés.
Je ne peux pas oublier, cher monsieur, que dans
des termes tout bienveillants vous avez mis en de-
hors de ces allégations ma personne et mon carac-
tère. Ce n'est pas la première fois que j'ai à regret-
ter et à signaler la facilité avec laquelle on accueille
sur les bancs de la Chambre, en Angleterre, tout
renseignement et toute erreur défavorables au canal
de Suez, et je voudrais, au moins pour l'avenir,
mettre cette assemblée en garde contre ces entraîne-
ments, qui la compromettent dans l'esprit de mes
compatriotes et dans l'opinion du continent. Il n'est
pas une seule des assertions que je viens de men-
tionner qui ne soit contraire à la réalité des faits. Je
vous ai fait remarquer qu'à l'égard d'un de ces faits
principaux, les renseignements de M. Griffith n'é-
taient d'accord ni avec ceux de lord Scott, ni avec
les vôtres. Eh bien, les trois versions sont égale-
ment et absolument inexactes.
Il n'y a rien de vrai dans cette assertion que,
sous une forme ou dans une proportion quelconque,
les salaires des hommes aient été retenus par la
Compagnie, pour être versés, soit en argent, soit en
compte, entre les mains du vice-roi.
Les hommes ont toujours été directement et per-
sonnellement payés. Ils ont toujours été payés en
argent et non en papier. Ils ont toujours été payés
sur les lieux où ils avaient travaillé. Il n'y a donc
aucune espèce de réalité ni de vraisemblance dans le
récit, par lequel on a fait croire à lord Scott, et l'on
vous a fait croire à vous-même, que nos ouvriers
avaient des voyages à entreprendre pour réaliser
leur paie et qu'ils étaient livrés aux usuriers du
Caire. Il n'est pas vrai que les entrepreneurs aient
interrompu leurs paiements, et que jamais un ou-
vrier ait été licencié sans que sou compte fût réglé
et soldé. Voilà, cher monsieur, ce que je vous affirme
et ce que je suis prêt à prouver, s'il y a lieu, contre
tout contradicteur.
Les faits parlent d'eux-mêmes. Il est mort jus-
qu'ici dans l'isthme deux hommes sur dix mille.
C'est une mortalité beaucoup moindre que dans tout
le reste de l'Egypte. Cependant les fellahs se mêlent
peu à peu à notre civilisation. Vous craignez que
nous ne leur apportions la misère; nous leur appor-
terons des millions en salaires, qui iront se répandre
dans les campagnes, et qui, dans un temps donné,
atténueront, nous l'espérons, l'horrible usure qui est
une plaie de l'Egypte. Nous élevons progressivement
le fellah à la dignité de l'ouvrier libre. Nous aidons
Mohammed-Saïd à achever son œuvre de civilisation.
On accuse ce prince; on le calomnie même. Cepen-
dant qu'a-t-il fait?
Il a rendu aux fellahs la liberté de la culture ; il
leur a rendu la libre disposition de leurs produits.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 10/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203297m/f10.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203297m/f10.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203297m/f10.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203297m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203297m
Facebook
Twitter