Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1862 01 mars 1862
Description : 1862/03/01 (A7,N137). 1862/03/01 (A7,N137).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032914
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. '77
Sous le titre qui figure en tête de ces lignes, on lit
dans le Journal des villes et des campagnes :
J. MONGIN.
« Caire (Egypte), 25 janvier 1862.
» Une messe a été dite au lieu connu dans l'isthme
de Suez sous le nom de Seuil; en arabe, El-Guisr. C'est
une cérémonie toujours auguste; mais ce jour-là elle
empruntait aux circonstances un caractère particulier
de solennité. On inaugurait le culte sacré dans un
pays qui jusque-là n'avait été que le désert; M. de
Lesseps y assistait. La foule était immense; on était
accouru de tous les campements voisins ; c'était le pre-
mier jour du nouvel an, et l'église était neuve: édifice
de bon goût, solide, bien bâti, simple, mais ne man-
quant ni d'élégance ni de beauté. Vrai bijou pour le
pays, elle venait d'être achevée. La première pierre
en avait été posée le 22 septembre 1861, au milieu des
bénédictions et des cérémonies de l'Église. Si quelques
obstacles purement fortuits en avaient de temps en
temps suspendu l'exécution, ce n'était qu'une preuve
de plus qu'elle avait été conduite avec une grande ra-
pidité. Elle avait été garnie la veille au soir d'une ta-
ble de communion, de toutes ses fenêtres, de bancs
en grand nombre irréprochablement travaillés; le tout
cependant improvisé en vingt-quatre heures. L'autel,
fait dans les chantiers de l'entreprise, et digne par sa
beauté de figurer dans un pays familier au culte, était
dignement et élégamment orné.
» Mme R***, dont le mari représente là l'entreprise,
y avait mis tout son art. Un pain bénit y figurait, di-
gne de la fête et présenté par les notables de la Com-
pagnie et l'entreprise. En un mot, rien ne manquait à
la cérémonie pour qu'elle fût aussi belle dans la cir-
constance qu'elle était auguste de sa nature ; et le prê-
tre qui disait la messe prenait, pour exprimer les saintes
émotions qui travaillaient son âme depuis les vingt-
quatre heures qu'il avait sous les yeux ce spectacle,
les paroles suivantes du prophète Isaïe :
« La terre qui était déserte se réjouira, la solitude
* sera dans l'allégresse et elle fleurira comme le lis.
» Elle poussera et elle germera de toutes parts, et elle
» sera dans l'effusion de la joie et de la louange. La joie
du Liban lui sera donnée; on y apportera tout ce qui
fait la beauté du Carmel et de Saron, et les hommes
qui viendront l'habiter y verront la gloire du Sei-
» gneur et la magnificence de notre Dieu. ) (Isaïe,
ch. 35.)
» Ces paroles citées en ce moment, dans un temple bâti
au milieu de ce qui jusque-là n'avait été qu'un désert, et
en présence de tels hommes qui maintenant l'habitaient,
il sembla facile à l'orateur sacré de prouver qu'elles
avaient leur application dans cette partie même de la
terre, et qu'elles allaient y trouver, bien plus qu'elles y
trouvaient actuellement, leur accomplissement littéral.
C'était, et il n'y a encore que deux ou trois ans, une lerre
véritablement déserte et sans aucun chemin, où ne se voyait
ni un homme, ni un voyageur, ni un être qui eût la
vie, autre peut-être que des animaux féroces ; où il n'y
avait ni arbres, ni plantes, ni verdure; où c'était une
plage immense de sable, sans autre horizon que "ce
sable lui-même. Et maintenant des hommes le peuplent,
des hommes habiles qui'y servent la civilisation, qui y
ont amené le cheval, le chameau, le dromadaire, les
animaux domestiques de toute sorte, apporté toutes les
ressources possibles de l'art, et établi une vie pleine de
mouvement et de travail : c'st donc le désert se réjouis-
sant.
» Avec cette population qui s'y répand et qui le cou-
vre, venant de toutes les contrées de l'Europe et même
de l'Égypte, avec ces villes qui surgissent çà et là, avec
ce travail qui y est incessant et qui s'y produit sous
toutes les formes pour y naturaliser la satisfaction de
tous les besoins, avec cette eau douce enfin, qui, tout
étonnée de se voir là, porte la vie désormais dans le dé-
sert par le moyen de ce canal, fini maintenant, et pousse
jusqu'à Timsah sa dernière limite, on verra ce sable se
couvrir du palmier, du sycomore et des autres arbres
de l'Égypte ; on verra les plantes de toute sorte s'y
produire, la verdure s'y répandre pour le couvrir; et
c'est a la. solitude qui fleurit comme le lis, qui pousse
» et germe de toutes parts, qui revêt la gloire du Liban
» célèbre par ses arbres, qui étale de toutes parts les
D fleurs, les plantes, les arbrisseaux odorants; en un
» mot, tout ce qui fait la beauté du Carmel et de Saron ;
» c'est-à-dire c'est la solitude dans l'effusion de la joie
» et de la louange et tressaillant d'allégresse. »
» Enfin, avec cette belle église bâtie là exprès pour
le vrai culte du vrai Dieu, avec ce culte pratiqué et
exercé désormais sur toute la ligne de ces travaux im-
menses, avec les cérémonies, les prières et les fêtes qui
s'y multiplieront sous l'inspiration de ce culte, on verra,
dans un pays qui n'avait pas la lumière et ne pouvait
l'espérer, la gloire du Seigneur et la magnificence de
notre Dieu. Et telles sont les paroles du prophète ex-
pliquées par leur accomplissement; tel est leur accom-
plissement expliqué par le travail et l'intelligence de
ces hommes qui sont là écoutant, et tel sera ce pays
dans l'avenir qu'ils lui préparent, bien plus, qu'ils lui
font déjà; et lui, l'orateur sacré, pauvre religieux de
cette mission de Terre-Sainte, qui renferme aussi l'E-
gypte dans les entrailles de son zèle, est là pour jouir
de ce spectacle 1 Il lui reste donc à s'écrier, pour les en-
courager au besoin et les aider dans leurs efforts, avec
ce même prophète qui, après ces premières paroles, conti-
nue en ces termes : « Fortifiez donc vos mains languis-
» santés, soutenez vos genoux tremblants; prenez cou-
» rage, ne craignez point, puisque voilà des sources
» salutaires qui sortent de la terre pour se répandre
» dans le désert; puisque cette terre, qui était dessé-
» chée, va se changer en étang; puisque ce désert qui
» brûlait de soif a désormais des fontaines qui l'arrose-
» ront; » c'est-à-dire, puisqu'il se trouvera ici l'assem-
blage de toutes les ressources nécessaires à la vie ; et
ce fut en effet la morale qu'il développa avec les détails
propres à leur position, pour les fortifier dans cette ré-
solution d'efforts à faire, de travail à soutenir, de cli-
mat à supporter, etc. Et telle fut cette cérémonie qui
communiqua son éclat et un bel air de fête à la journée
tout entière. Ce fut fête depuis le matin jusqu'au soir;
chaque ménage avait ouvert son enceinte à des amis;
Sous le titre qui figure en tête de ces lignes, on lit
dans le Journal des villes et des campagnes :
J. MONGIN.
« Caire (Egypte), 25 janvier 1862.
» Une messe a été dite au lieu connu dans l'isthme
de Suez sous le nom de Seuil; en arabe, El-Guisr. C'est
une cérémonie toujours auguste; mais ce jour-là elle
empruntait aux circonstances un caractère particulier
de solennité. On inaugurait le culte sacré dans un
pays qui jusque-là n'avait été que le désert; M. de
Lesseps y assistait. La foule était immense; on était
accouru de tous les campements voisins ; c'était le pre-
mier jour du nouvel an, et l'église était neuve: édifice
de bon goût, solide, bien bâti, simple, mais ne man-
quant ni d'élégance ni de beauté. Vrai bijou pour le
pays, elle venait d'être achevée. La première pierre
en avait été posée le 22 septembre 1861, au milieu des
bénédictions et des cérémonies de l'Église. Si quelques
obstacles purement fortuits en avaient de temps en
temps suspendu l'exécution, ce n'était qu'une preuve
de plus qu'elle avait été conduite avec une grande ra-
pidité. Elle avait été garnie la veille au soir d'une ta-
ble de communion, de toutes ses fenêtres, de bancs
en grand nombre irréprochablement travaillés; le tout
cependant improvisé en vingt-quatre heures. L'autel,
fait dans les chantiers de l'entreprise, et digne par sa
beauté de figurer dans un pays familier au culte, était
dignement et élégamment orné.
» Mme R***, dont le mari représente là l'entreprise,
y avait mis tout son art. Un pain bénit y figurait, di-
gne de la fête et présenté par les notables de la Com-
pagnie et l'entreprise. En un mot, rien ne manquait à
la cérémonie pour qu'elle fût aussi belle dans la cir-
constance qu'elle était auguste de sa nature ; et le prê-
tre qui disait la messe prenait, pour exprimer les saintes
émotions qui travaillaient son âme depuis les vingt-
quatre heures qu'il avait sous les yeux ce spectacle,
les paroles suivantes du prophète Isaïe :
« La terre qui était déserte se réjouira, la solitude
* sera dans l'allégresse et elle fleurira comme le lis.
» Elle poussera et elle germera de toutes parts, et elle
» sera dans l'effusion de la joie et de la louange. La joie
du Liban lui sera donnée; on y apportera tout ce qui
fait la beauté du Carmel et de Saron, et les hommes
qui viendront l'habiter y verront la gloire du Sei-
» gneur et la magnificence de notre Dieu. ) (Isaïe,
ch. 35.)
» Ces paroles citées en ce moment, dans un temple bâti
au milieu de ce qui jusque-là n'avait été qu'un désert, et
en présence de tels hommes qui maintenant l'habitaient,
il sembla facile à l'orateur sacré de prouver qu'elles
avaient leur application dans cette partie même de la
terre, et qu'elles allaient y trouver, bien plus qu'elles y
trouvaient actuellement, leur accomplissement littéral.
C'était, et il n'y a encore que deux ou trois ans, une lerre
véritablement déserte et sans aucun chemin, où ne se voyait
ni un homme, ni un voyageur, ni un être qui eût la
vie, autre peut-être que des animaux féroces ; où il n'y
avait ni arbres, ni plantes, ni verdure; où c'était une
plage immense de sable, sans autre horizon que "ce
sable lui-même. Et maintenant des hommes le peuplent,
des hommes habiles qui'y servent la civilisation, qui y
ont amené le cheval, le chameau, le dromadaire, les
animaux domestiques de toute sorte, apporté toutes les
ressources possibles de l'art, et établi une vie pleine de
mouvement et de travail : c'st donc le désert se réjouis-
sant.
» Avec cette population qui s'y répand et qui le cou-
vre, venant de toutes les contrées de l'Europe et même
de l'Égypte, avec ces villes qui surgissent çà et là, avec
ce travail qui y est incessant et qui s'y produit sous
toutes les formes pour y naturaliser la satisfaction de
tous les besoins, avec cette eau douce enfin, qui, tout
étonnée de se voir là, porte la vie désormais dans le dé-
sert par le moyen de ce canal, fini maintenant, et pousse
jusqu'à Timsah sa dernière limite, on verra ce sable se
couvrir du palmier, du sycomore et des autres arbres
de l'Égypte ; on verra les plantes de toute sorte s'y
produire, la verdure s'y répandre pour le couvrir; et
c'est a la. solitude qui fleurit comme le lis, qui pousse
» et germe de toutes parts, qui revêt la gloire du Liban
» célèbre par ses arbres, qui étale de toutes parts les
D fleurs, les plantes, les arbrisseaux odorants; en un
» mot, tout ce qui fait la beauté du Carmel et de Saron ;
» c'est-à-dire c'est la solitude dans l'effusion de la joie
» et de la louange et tressaillant d'allégresse. »
» Enfin, avec cette belle église bâtie là exprès pour
le vrai culte du vrai Dieu, avec ce culte pratiqué et
exercé désormais sur toute la ligne de ces travaux im-
menses, avec les cérémonies, les prières et les fêtes qui
s'y multiplieront sous l'inspiration de ce culte, on verra,
dans un pays qui n'avait pas la lumière et ne pouvait
l'espérer, la gloire du Seigneur et la magnificence de
notre Dieu. Et telles sont les paroles du prophète ex-
pliquées par leur accomplissement; tel est leur accom-
plissement expliqué par le travail et l'intelligence de
ces hommes qui sont là écoutant, et tel sera ce pays
dans l'avenir qu'ils lui préparent, bien plus, qu'ils lui
font déjà; et lui, l'orateur sacré, pauvre religieux de
cette mission de Terre-Sainte, qui renferme aussi l'E-
gypte dans les entrailles de son zèle, est là pour jouir
de ce spectacle 1 Il lui reste donc à s'écrier, pour les en-
courager au besoin et les aider dans leurs efforts, avec
ce même prophète qui, après ces premières paroles, conti-
nue en ces termes : « Fortifiez donc vos mains languis-
» santés, soutenez vos genoux tremblants; prenez cou-
» rage, ne craignez point, puisque voilà des sources
» salutaires qui sortent de la terre pour se répandre
» dans le désert; puisque cette terre, qui était dessé-
» chée, va se changer en étang; puisque ce désert qui
» brûlait de soif a désormais des fontaines qui l'arrose-
» ront; » c'est-à-dire, puisqu'il se trouvera ici l'assem-
blage de toutes les ressources nécessaires à la vie ; et
ce fut en effet la morale qu'il développa avec les détails
propres à leur position, pour les fortifier dans cette ré-
solution d'efforts à faire, de travail à soutenir, de cli-
mat à supporter, etc. Et telle fut cette cérémonie qui
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