Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1862 15 février 1862
Description : 1862/02/15 (A7,N136). 1862/02/15 (A7,N136).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203290q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 55
l'Amérique, de l'Afrique et de l'Inde, ) nous rétablit,
comme devant, les seuls colonisateurs de Madagascar.
Sous le ministère du baron de Mackau, le 15 octobre
1818, nous reprîmes solennellement possession de Tin-
tingue et de l'île Sainte-Marie (à un degré au N. de
Foulpointe), en présence des chefs et des principaux
habitants du pays; et l'année suivante, au mois d'août
1819, le pavillon français était réarboré sur nos anciens
comptoirs du fort Dauphin et de Sainte-Luce, à l'ex-
trémité sud de la côte orientale, par 25 degrés de
latitude australe. Notre souveraineté coloniale de tout
le littoral madécasse était ainsi reconstituée. Il y eut
bien quelques velléités de compétition de la part du
gouverneur britannique de l'île Maurice (notre ancienne
Ile de France restée aux mains des Anglais) ; mais elles
se retirèrent devant les réclamations du cabinet des
Tuileries.
» Le gouvernement de 1830, pas plus que la royauté
de 1815, n'admit que, vis-à-vis de nos droits séculaires
sur Madagascar, droits consacrés et reconnus par tous
les traités, il pût y avoir ni contestation ni partage.
Aujourd'hui, cependant, nous voyons se produire une
prétention ; bien plus, une assertion pour le moins sin-
gulière. Nos voisins de l'ile Maurice n'ont pas laissé
échapper l'occasion que leur a offerte, l'an dernier, la
mort de la vieille reine des Hovas, Ranavalona (si
connue par sa haine pour les étrangers et pour la
civilisation européenne), et l'avènement de son succes-
seur Radama, deuxième du nom, pour reprendre pied
dans l'île. Une députation solennelle, chargée de pré-
sents pour une valeur considérable, est venue féliciter
le nouveau roi, et l'assurer, naturellement, du bon vou-
loir du gouvernement britannique. Jusque-là, rien de
mieux : quoique la pensée secrète de la mission ne soit
pas difficile à pénétrer, le prétexte dont elle se couvre
la justifie dans une certaine mesure. Mais voici qui va
bien au delà.
» Dans les instructions remises au chef de la mission
par le gouverneur anglais, il est dit ceci, selon ce que
rapporte un journal de l'île Maurice, la Sentinelle :
« Il y a une convention passée entre les gouverne-
» ments d'Angleterre et de France, portant qu'aucune
» mesure, quelle qu'elle soit, pouvant modifier les rela-
» tions actuelles avec Madagascar et changer la situa-
D tion des choses à l'égard de ce pays, ne sera prise
» par une des deux puissances précitées (la France et
» l'Angleterre), sans que l'autre en ait eu connaissance
? et y ait donné son adhésion. »
» Nous n'hésitons pas, jusqu'à preuve du contraire, à
nier non-seulement une convention conçue en de pa-
reils termes, mais la possibilité même d'une telle con-
vention. Ce ne serait rien moins de notre part qu'une
abdication de nos droits énergiquement, maintenus par
tous les gouvernements avant et après 1815.
» Une pareille convention, nous le répétons, ne sau-
rait exister; elle est impossible dans les termes où la
feuille aDglaise la rapporte. Ce n'est pas quand l'ou-
verture du canal de Suez doit donner à nos relations
dans la mer Rouge, sur la côte orientale d'Afrique et à
Madagascar même, une activité, une importance et une
extension toutes nouvelles; ce n'est pas quand noua
venons de jeter, au prix de notre or et du sang de nos
soldats, les fondements d'une colonie nouvelle aux li-
mites extrêmes de l'Orient; ce n'est pas en un tel md.
ment que nous pourrions abandonner volontairement
des droits consacrés et une position- acquise. Un recueil
français, s'occupant de cette question importante, disait
tout récemment avec pleine raison :
« L'ascendant de l'Angleterre à la cour de Radama II
» serait un danger nouveau, ou du moins un grave
» inconvénient pour la France. Située sur les flancs de
» l'Afrique orientale, dans une position d'où elle com-
» mande les deux passages maritimes d'Europe en Asie,
D qui sont : au nord, le détroit de Bab-el-Mandeb, au sud,
» le cap de Bonne-Espérance, l'île de Madagascar oc-
» cupe l'une des plus fortes positions du globe. Que
» ses ports puissent un jour, grâce à une alliance avec
» le roi des Hovas, s'ouvrir aux escadres de la puissance
» qui déjà occupe Périm, possède Aden, domine toutes
» les îles de l'Arabie et plusieurs points de la côte
» africaine, règne à Bombay, à Ceylan, à Calcutta, à
» Maurice, ou que seulement elle puisse prendre pied
» sur le rivage de Madagascar avant qu'il soit remis
D (pleinement) sous notre autorité, et l'indépendance de
» nos petites colonies, la Réunion, Sainte-Marie, Mayotte,
» Nossibé, satellites de la grande île, serait très-sérieu-
» sement menacée. La canalisation de Suez, mettant les
» deux hémisphères en communication, augmentera
» encore l'importance de Madagascar, qu'elle placera à
» quelques jours de la France.
» VIVIEN DE SAtNT-MARTIN. *
LE GROUPE DE POULO-CONDOR
Et les autres iles de la Basse - Cochinehine.
L'heureuse nouvelle que l'on a reçue dernièrement
de la prise de possession de Poulo-Condor par la marine
française nous engage à donner sur ces îles lointai-
nes quelques explications.
Le groupe de Poulo-Condor, nom qui signifie, dans
la langue malaise, îles aux calebasses, s'appelle en
cochinchinois Koh-naong, et en chinois Kioun-lun. Il
se trouve au sud des bouches du Mè-kong, sur la route
suivie par les navigateurs qui se rendent de Singapour,
de la presqu'île de Malacca ou de Batavia à Saigon et
à Canton ; c'est un point de relâche important entre
les côtes de l'Indo-Chine, de Bornéo, de l'archipel de la
Sonde et de la Chine.
On y compte douze îles ; mais, excepté Poulo-Con-
dor proprement dit, et à l'ouest de celui-ci, le petit
Poulo-Condor, leur étendue est presque insignifiante.
Sur la côte sud-est de l'ile principale se trouve une
vaste échancrure portant le nom de Grande-Baie, où
les navires trouvent de six à quatorze brasses d'eau
(de onze à vingt-six mètres), et où l'on pénètre par
trois passes, dont la plus large offre une profondeur de
quatre à sept brasses. Cette baie a toutefois le désa-
vantage de n'être pas abritée des vents de l'est ; aussi
n'est-ce pas là le véritable port de Poulo-Condor, Çe
l'Amérique, de l'Afrique et de l'Inde, ) nous rétablit,
comme devant, les seuls colonisateurs de Madagascar.
Sous le ministère du baron de Mackau, le 15 octobre
1818, nous reprîmes solennellement possession de Tin-
tingue et de l'île Sainte-Marie (à un degré au N. de
Foulpointe), en présence des chefs et des principaux
habitants du pays; et l'année suivante, au mois d'août
1819, le pavillon français était réarboré sur nos anciens
comptoirs du fort Dauphin et de Sainte-Luce, à l'ex-
trémité sud de la côte orientale, par 25 degrés de
latitude australe. Notre souveraineté coloniale de tout
le littoral madécasse était ainsi reconstituée. Il y eut
bien quelques velléités de compétition de la part du
gouverneur britannique de l'île Maurice (notre ancienne
Ile de France restée aux mains des Anglais) ; mais elles
se retirèrent devant les réclamations du cabinet des
Tuileries.
» Le gouvernement de 1830, pas plus que la royauté
de 1815, n'admit que, vis-à-vis de nos droits séculaires
sur Madagascar, droits consacrés et reconnus par tous
les traités, il pût y avoir ni contestation ni partage.
Aujourd'hui, cependant, nous voyons se produire une
prétention ; bien plus, une assertion pour le moins sin-
gulière. Nos voisins de l'ile Maurice n'ont pas laissé
échapper l'occasion que leur a offerte, l'an dernier, la
mort de la vieille reine des Hovas, Ranavalona (si
connue par sa haine pour les étrangers et pour la
civilisation européenne), et l'avènement de son succes-
seur Radama, deuxième du nom, pour reprendre pied
dans l'île. Une députation solennelle, chargée de pré-
sents pour une valeur considérable, est venue féliciter
le nouveau roi, et l'assurer, naturellement, du bon vou-
loir du gouvernement britannique. Jusque-là, rien de
mieux : quoique la pensée secrète de la mission ne soit
pas difficile à pénétrer, le prétexte dont elle se couvre
la justifie dans une certaine mesure. Mais voici qui va
bien au delà.
» Dans les instructions remises au chef de la mission
par le gouverneur anglais, il est dit ceci, selon ce que
rapporte un journal de l'île Maurice, la Sentinelle :
« Il y a une convention passée entre les gouverne-
» ments d'Angleterre et de France, portant qu'aucune
» mesure, quelle qu'elle soit, pouvant modifier les rela-
» tions actuelles avec Madagascar et changer la situa-
D tion des choses à l'égard de ce pays, ne sera prise
» par une des deux puissances précitées (la France et
» l'Angleterre), sans que l'autre en ait eu connaissance
? et y ait donné son adhésion. »
» Nous n'hésitons pas, jusqu'à preuve du contraire, à
nier non-seulement une convention conçue en de pa-
reils termes, mais la possibilité même d'une telle con-
vention. Ce ne serait rien moins de notre part qu'une
abdication de nos droits énergiquement, maintenus par
tous les gouvernements avant et après 1815.
» Une pareille convention, nous le répétons, ne sau-
rait exister; elle est impossible dans les termes où la
feuille aDglaise la rapporte. Ce n'est pas quand l'ou-
verture du canal de Suez doit donner à nos relations
dans la mer Rouge, sur la côte orientale d'Afrique et à
Madagascar même, une activité, une importance et une
extension toutes nouvelles; ce n'est pas quand noua
venons de jeter, au prix de notre or et du sang de nos
soldats, les fondements d'une colonie nouvelle aux li-
mites extrêmes de l'Orient; ce n'est pas en un tel md.
ment que nous pourrions abandonner volontairement
des droits consacrés et une position- acquise. Un recueil
français, s'occupant de cette question importante, disait
tout récemment avec pleine raison :
« L'ascendant de l'Angleterre à la cour de Radama II
» serait un danger nouveau, ou du moins un grave
» inconvénient pour la France. Située sur les flancs de
» l'Afrique orientale, dans une position d'où elle com-
» mande les deux passages maritimes d'Europe en Asie,
D qui sont : au nord, le détroit de Bab-el-Mandeb, au sud,
» le cap de Bonne-Espérance, l'île de Madagascar oc-
» cupe l'une des plus fortes positions du globe. Que
» ses ports puissent un jour, grâce à une alliance avec
» le roi des Hovas, s'ouvrir aux escadres de la puissance
» qui déjà occupe Périm, possède Aden, domine toutes
» les îles de l'Arabie et plusieurs points de la côte
» africaine, règne à Bombay, à Ceylan, à Calcutta, à
» Maurice, ou que seulement elle puisse prendre pied
» sur le rivage de Madagascar avant qu'il soit remis
D (pleinement) sous notre autorité, et l'indépendance de
» nos petites colonies, la Réunion, Sainte-Marie, Mayotte,
» Nossibé, satellites de la grande île, serait très-sérieu-
» sement menacée. La canalisation de Suez, mettant les
» deux hémisphères en communication, augmentera
» encore l'importance de Madagascar, qu'elle placera à
» quelques jours de la France.
» VIVIEN DE SAtNT-MARTIN. *
LE GROUPE DE POULO-CONDOR
Et les autres iles de la Basse - Cochinehine.
L'heureuse nouvelle que l'on a reçue dernièrement
de la prise de possession de Poulo-Condor par la marine
française nous engage à donner sur ces îles lointai-
nes quelques explications.
Le groupe de Poulo-Condor, nom qui signifie, dans
la langue malaise, îles aux calebasses, s'appelle en
cochinchinois Koh-naong, et en chinois Kioun-lun. Il
se trouve au sud des bouches du Mè-kong, sur la route
suivie par les navigateurs qui se rendent de Singapour,
de la presqu'île de Malacca ou de Batavia à Saigon et
à Canton ; c'est un point de relâche important entre
les côtes de l'Indo-Chine, de Bornéo, de l'archipel de la
Sonde et de la Chine.
On y compte douze îles ; mais, excepté Poulo-Con-
dor proprement dit, et à l'ouest de celui-ci, le petit
Poulo-Condor, leur étendue est presque insignifiante.
Sur la côte sud-est de l'ile principale se trouve une
vaste échancrure portant le nom de Grande-Baie, où
les navires trouvent de six à quatorze brasses d'eau
(de onze à vingt-six mètres), et où l'on pénètre par
trois passes, dont la plus large offre une profondeur de
quatre à sept brasses. Cette baie a toutefois le désa-
vantage de n'être pas abritée des vents de l'est ; aussi
n'est-ce pas là le véritable port de Poulo-Condor, Çe
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