Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1862 15 février 1862
Description : 1862/02/15 (A7,N136). 1862/02/15 (A7,N136).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203290q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
54 L'ISTHME DE SUEZ.
le nord. L'observation de l'Union bretonne nous semble
en elle-même assez puérile, et sans doute elle ne re-
fusera pas aux ingénieurs de la Compagnie la faculté
soit de modifier leurs plans, soit de diriger le travail
selon les nécessités qu'ils prévoient et qu'ils appré-
cient sur un terrain que leur critique n'a jamais vu.
Mais puisque notre confrère tient tant à cette double
opération du percement par le nord et par le sud,
c'est une satisfaction qu'il peut se donner à son aise,
et qui lui est fournie en réalité, pourvu qu'il n'exige
pas absolument que l'on commence par le travail
facile et plusieurs fois exécuté de la tranchée de Suez,
au lieu d'entreprendre le travail beaucoup plus dif-
ficile et beaucoup plus ^décisif du seuil d'El-Guisr.
L'Union bretonne, à l'appui de son incrédulité, cite
les opinions de M. Simencourt et de M. Talabot. Nous
la soupçonnons encore ici de parler de ce qu'elle ne
connaît pas. La brochure de M. Simencourt, capitaine
attaché à la marine marchande du Havre, loin de
contester d'abord la possibilité du canal, disait au
contraire en propres termes : « Tout le monde recon-
naît que cette œuvre est possible. » Quelle était donc
sa thèse ? La voici : il était loin de soutenir que le
canal fût inutile ou impraticable ; il le croyait dan-
gereux pour certains intérêts : dangereux en ce sens
qu'il accaparerait toute la navigation d'intercourse
entre l'Asie et l'Europe au profit de la Méditerranée
et au détriment de l'Océan. C'était, selon nous, une
crainte excessive, déraisonnable, que nous avons
combattue; mais en quoi cette opinion peut-elle ve-
nir au secours des préventions d'une tout autre na-
ture accueillies par le journal nantais?
On s'est beaucoup prévalu en Angleterre de l'opi-
nion de M. Talabot, et l'Union bretonne n'a fait dans
cette circonstance que ramasser un argument tout à
fait usé de l'autre côté du détroit. Nous pouvons dire
à notre confrère que M. Talabot, dont la science et
le talent sont universellement respectés et reconnus,
est tout l'opposé d'un adversaire du percement de
l'isthme de Suez.
Loin de là, il avait fait un projet pour établir en-
tre les deux mers une communication accessible aux
navires du plus gros tonnage, et il a publié dans la
Revue des Deux'Mondes un article très-remarquable,
très-généreux et très-savant où il faisait ressortir les
immenses avantages d'un canal entre les deux mers,
au point de vue financier, commercial et politique.
Il consentait à peine à croire qu'un tel projet, s'il était
prouvé praticable, pût trouver des opposants. Seule-
ment, M. Talabot, imbu, par des renseignements
erronés, de la conviction que le golfe de Péluse,
envahi par les limons du Nil, était presque inac-
cessible à la navigation, proposait de prendre Alexan-
drie pour tête du canal dans la Méditerranée.
Les opinions consciencieuses et loyales de M. Si-
mencourt et de M. Talabot, et nous en parlons à
l'Union bretonne pour les avoir très-attentivement
étudiées, n'ont rien de commun, nous le lui garan-
tissons, avec les fables intéressées répandues par l'in-
trigue des correspondances dénigrantes, et il ne faut
pas les y mêler.
ERNEST DESPLACES.
MADAGASCAR.
On lit dans le Temps : .-
« Des nouvelles arrivées de Madagascar ces jours
derniers, par la voie de Suez, sont de nature à produire
une certaine émotion chez ceux qui suivent avec quel-
que intérêt les relations coloniales de la France, que
la presse a peut-être le tort de laisser un peu à l'écart.
Sur ce point, comme sur bien d'autres, notre éducation
publique a été trop négligée.
» Rappelons d'abord brièvement l'état de nos rapports
avec Madagascar.
» Ces rapports datent de loin. Les Français sont les
premiers, ou pour mieux dire les seuls Européens qui
aient fondé des établissements à demeure sur le littoral
de cette grande île. En l'année 1642, il se forma à Paris
une association commerciale sous le titre de Compagnie
de Madagascar. Dans les lettres patentes de cette Com-
pagnie, l'ile est désignée sous le nom de France orientale.
Cette fondation se rattache aux vues du cardinal Ri-
chelieu sur nos établissements extérieurs. La mort de
ce grand ministre, arrivée quelques mois plus tard, et
celle du roi Louis XIII, qui suivit à un an d'intervalle,
arrêtèrent les développements de la Compagnie.
» Cependant les plans de Richelieu ne furent pas
abandonnés. Sous Louis XIV, plusieurs comptoirs furent
fondés, et nos relations avec l'intérieur se dévelop-
pèrent : les indigènes apprirent de plus en plus à con-
naître et à respecter le nom de la France. Un édit de
1686, confirmé par ceux de ni9, 1720 et 1725, déclara
l'île de Madagascar une dépendance de la couronne.
Nous n'avons pas à faire la théorie des créations colo-
niales, ni à examiner le droit strict des nations euro-
péennes de se constituer les maîtresses souveraines
d'une contrée lointaine, occupée déjà par une popula-
tion indigène : il suffit que ce droit, bien justifié, d'ail-
leurs, par les intérêts de la civilisation générale autant
que par les intérêts du commerce, soit reconnu et con-
sacré par le droit des gens européen.
» Sous Louis XV et son successeur, jusqu'à la Révo-
lution française, nos établissements de Madagascar
eurent des alternatives d'activité et de langueur, selon
les circonstances extérieures et les tendances de l'ad-
ministration ; néanmoins, ils subsistèrent toujours, non-
seulement en principe, mais en fait. Il va sans dire
qu'au temps des guerres de l'Empire, nos faibles gar-
nisons de la côte madécasse, concentrées à Tamatave
et à Foulpointe (aux environs du 18e degré de latitude,
sur la côte orientale), tombèrent aux mains des An-
glais ; mais le traité de Paris, qui, par l'article 8, nous
restitua « les colonies, pêcheries, comptoirs et établis-
sements de tout genre que la France possédait au
1er janvier 1792, dans les mers et sur les continents de
le nord. L'observation de l'Union bretonne nous semble
en elle-même assez puérile, et sans doute elle ne re-
fusera pas aux ingénieurs de la Compagnie la faculté
soit de modifier leurs plans, soit de diriger le travail
selon les nécessités qu'ils prévoient et qu'ils appré-
cient sur un terrain que leur critique n'a jamais vu.
Mais puisque notre confrère tient tant à cette double
opération du percement par le nord et par le sud,
c'est une satisfaction qu'il peut se donner à son aise,
et qui lui est fournie en réalité, pourvu qu'il n'exige
pas absolument que l'on commence par le travail
facile et plusieurs fois exécuté de la tranchée de Suez,
au lieu d'entreprendre le travail beaucoup plus dif-
ficile et beaucoup plus ^décisif du seuil d'El-Guisr.
L'Union bretonne, à l'appui de son incrédulité, cite
les opinions de M. Simencourt et de M. Talabot. Nous
la soupçonnons encore ici de parler de ce qu'elle ne
connaît pas. La brochure de M. Simencourt, capitaine
attaché à la marine marchande du Havre, loin de
contester d'abord la possibilité du canal, disait au
contraire en propres termes : « Tout le monde recon-
naît que cette œuvre est possible. » Quelle était donc
sa thèse ? La voici : il était loin de soutenir que le
canal fût inutile ou impraticable ; il le croyait dan-
gereux pour certains intérêts : dangereux en ce sens
qu'il accaparerait toute la navigation d'intercourse
entre l'Asie et l'Europe au profit de la Méditerranée
et au détriment de l'Océan. C'était, selon nous, une
crainte excessive, déraisonnable, que nous avons
combattue; mais en quoi cette opinion peut-elle ve-
nir au secours des préventions d'une tout autre na-
ture accueillies par le journal nantais?
On s'est beaucoup prévalu en Angleterre de l'opi-
nion de M. Talabot, et l'Union bretonne n'a fait dans
cette circonstance que ramasser un argument tout à
fait usé de l'autre côté du détroit. Nous pouvons dire
à notre confrère que M. Talabot, dont la science et
le talent sont universellement respectés et reconnus,
est tout l'opposé d'un adversaire du percement de
l'isthme de Suez.
Loin de là, il avait fait un projet pour établir en-
tre les deux mers une communication accessible aux
navires du plus gros tonnage, et il a publié dans la
Revue des Deux'Mondes un article très-remarquable,
très-généreux et très-savant où il faisait ressortir les
immenses avantages d'un canal entre les deux mers,
au point de vue financier, commercial et politique.
Il consentait à peine à croire qu'un tel projet, s'il était
prouvé praticable, pût trouver des opposants. Seule-
ment, M. Talabot, imbu, par des renseignements
erronés, de la conviction que le golfe de Péluse,
envahi par les limons du Nil, était presque inac-
cessible à la navigation, proposait de prendre Alexan-
drie pour tête du canal dans la Méditerranée.
Les opinions consciencieuses et loyales de M. Si-
mencourt et de M. Talabot, et nous en parlons à
l'Union bretonne pour les avoir très-attentivement
étudiées, n'ont rien de commun, nous le lui garan-
tissons, avec les fables intéressées répandues par l'in-
trigue des correspondances dénigrantes, et il ne faut
pas les y mêler.
ERNEST DESPLACES.
MADAGASCAR.
On lit dans le Temps : .-
« Des nouvelles arrivées de Madagascar ces jours
derniers, par la voie de Suez, sont de nature à produire
une certaine émotion chez ceux qui suivent avec quel-
que intérêt les relations coloniales de la France, que
la presse a peut-être le tort de laisser un peu à l'écart.
Sur ce point, comme sur bien d'autres, notre éducation
publique a été trop négligée.
» Rappelons d'abord brièvement l'état de nos rapports
avec Madagascar.
» Ces rapports datent de loin. Les Français sont les
premiers, ou pour mieux dire les seuls Européens qui
aient fondé des établissements à demeure sur le littoral
de cette grande île. En l'année 1642, il se forma à Paris
une association commerciale sous le titre de Compagnie
de Madagascar. Dans les lettres patentes de cette Com-
pagnie, l'ile est désignée sous le nom de France orientale.
Cette fondation se rattache aux vues du cardinal Ri-
chelieu sur nos établissements extérieurs. La mort de
ce grand ministre, arrivée quelques mois plus tard, et
celle du roi Louis XIII, qui suivit à un an d'intervalle,
arrêtèrent les développements de la Compagnie.
» Cependant les plans de Richelieu ne furent pas
abandonnés. Sous Louis XIV, plusieurs comptoirs furent
fondés, et nos relations avec l'intérieur se dévelop-
pèrent : les indigènes apprirent de plus en plus à con-
naître et à respecter le nom de la France. Un édit de
1686, confirmé par ceux de ni9, 1720 et 1725, déclara
l'île de Madagascar une dépendance de la couronne.
Nous n'avons pas à faire la théorie des créations colo-
niales, ni à examiner le droit strict des nations euro-
péennes de se constituer les maîtresses souveraines
d'une contrée lointaine, occupée déjà par une popula-
tion indigène : il suffit que ce droit, bien justifié, d'ail-
leurs, par les intérêts de la civilisation générale autant
que par les intérêts du commerce, soit reconnu et con-
sacré par le droit des gens européen.
» Sous Louis XV et son successeur, jusqu'à la Révo-
lution française, nos établissements de Madagascar
eurent des alternatives d'activité et de langueur, selon
les circonstances extérieures et les tendances de l'ad-
ministration ; néanmoins, ils subsistèrent toujours, non-
seulement en principe, mais en fait. Il va sans dire
qu'au temps des guerres de l'Empire, nos faibles gar-
nisons de la côte madécasse, concentrées à Tamatave
et à Foulpointe (aux environs du 18e degré de latitude,
sur la côte orientale), tombèrent aux mains des An-
glais ; mais le traité de Paris, qui, par l'article 8, nous
restitua « les colonies, pêcheries, comptoirs et établis-
sements de tout genre que la France possédait au
1er janvier 1792, dans les mers et sur les continents de
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