Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1862 01 février 1862
Description : 1862/02/01 (A7,N135). 1862/02/01 (A7,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
38 L'ISTHME DE SUEZ,
dû suivre les passes tracées et manœuvrer dans des
angles droits très-incommodes. -
A la vue de Port-Sciid, déjà fort pittoresque, et
presque grandiose quand on arrive de l'isthme, nous
avons été frappés de surprise. On peut difficilement
s'imaginer ce qu'il a fallu d'efforts persévérants pour
s'établir entre la mer et le lac Menzaleh, sur une
langue étroite de sable constamment menacée d'être
percée par un boghaz. Déjà les rues sont sillonnées
de chemins de fer qui servent aux remblais; la sur-
face des terrains conquis et exhaussés et leur hau-
teur mettent désormais la ville à l'abri de tout en-
vahissement des eaux, qui d'ailleurs se sont fait un
passage de 2m ,60 de profondeur le long-de l'apponte-
ment. Des magasins nombreux, des ateliers considé-
rables en pleine activité, des maisons construites ou
en construction, des approvisionnements de bois, des
dragues en montage, d'autres fonctionnant, le phare,
plus de vingt navires sur la rade donnent à cette
récente création l'aspect d'un port très-animé, et le
cadi, qui vient de faire un recensement nouveau, pré-
tend que la population s'élève aujourd'hui à quatre
mille deux cents âmes, y compris les enfants. Ce
chiffre, s'il était exact, serait le double de celui de
l'année dernière. Nous savons bien par les rapports
ce qui a été fait et créé à Port-Saïd; mais ce dont
nous ne pouvions avoir l'idée, si nous ne l'avions pas
vu, là comme partout dans l'isthme, c'est la confiance,
l'énergie et le dévouement qui sont empreints sur
toutes les physionomies, particulièrement sur celle
des chefs, à quelque degré de la hiérarchie qu'ils
appartiennent.
L'appontement (de 144 mètres), que j'aurais voulu
voir plus avancé en mer, m'a offert un grand inté-
rêt. Le temps étant mauvais, nous avons pu juger de
la résistance que les blocs opposent aux attaques de
la mer ; mais ce qui est fort rassurant, c'est l'effet
de Tappontement relativement à la barre. A mesure
que la jetée s'avance vers le nord, la courbe qu'ac-
cuse la barre s'allonge, et semble vouloir suivre les
contours de l'obstacle qu'elle rencontre. Lorsque les
fonds de 5 mètres seront atteints et que les sables
ne seront plus mis 1en mouvement, ce qui s'est pro-
duit à Malamocco dans l'Adriatique se produira à
Port-Saïd: on verra la barre disparaître par son chan-
gement de direction ; elle se réduira alors à une es-
pèce de talus le long de l'appontement, et laissera
le chenal parfaitement libre entre les deux jetées,
distantes entre elles de 400 mètres.
On s'occupe des moyens de fonder en mer, à
1,000 mètres de l'extrémité de l'appontement, un
îlot pour faciliter le déchargement des navires avant
l'achèvement de la jetée. Les piliers qui doivent ser-
vir à sa construction sont déjà prêts. On espère
très incessamment commencer à les visser, et la mise
en place des huit premiers est considérée comme
suffisante pour assurer la continuation de cet inté-
ressant travail (1).'
Je considère la question proprement dite nautique
comme devant être l'objet des soins les plus cons.,
tants; elle s'étend à tout depuis la mer Rouge jus-
qu'à la Méditerranée, en mettant les deux ports en
première ligne. Et comme je suis convaincu qu'ils
seront toujours en retard sur le reste des travaux,
que dès qu'il y aura 2 mètres dans le canal on pourra
y faire passer le commerce, ce détail des ports mé-
rite l'attention la plus sérieuse de l'administration.
Le service de santé se fait aussi bien que possible;
les hôpitaux sont sur certains points remarquables ;
mais jusqu'à présent il est fort rare que les Arabes
aient eu besoin de l'assistance de nos médecins.
Le cadi règle les contestations indigènes en géné-
ral; le mudir leur donne les soins religieux, et la
police des Européens est faite sous la direction de
leurs chefs par les cawas, qui livrent les délinquants
à leurs consuls respectifs.
De Port-Saïd nous avons été à Damiette par le
lac sur le même petit bateau à vapeur qui nous
avait amenés de Raz-el-Eche. Nous avons visité ces
vastes magasins fort bien approvisionnés, et ces ri-
ches terrains sur les bords du Nil, annexés à notre
possession.
De Damiette, nous avons remonté le Nil en qua-
torze heures jusqu'à Samanout, à bord d'un autre pe-
tit bateau à vapeur dans le genre de celui du lac
Menzaleh. Ce navire fait un service régulier deux
fois par semaine; il indemnise largement la Compa-
gnie de ses frais.
MM. les chefs de service de l'entreprise ont ex-
primé plusieurs fois devant nous leur confiance dans
la marche désormais régulière des affaires. L'organi-
sation générale se perfectionne partout; on commence
à réaliser de notables économies qui tendront à dimi-
nuer les frais généraux. Dès à présent on profite de
la différence obtenue dans les transports, qui sont
tombés de 100 francs à 7 francs.
Le commerce au cabotage de la mer Rouge est
considérable à Suez ; nul doute qu'il ne s'étende bien
avant l'ouverture officielle, dès qu'il y aura passage,
pour tous les petits navires qui encombrent ce port.
Ce nouvel élément de prospérité, joint aux besoins
énormes de charbon, ne tardera pas à constituer
d'importants bénéfices.
En résumé, depuis la création des derniers moyens
d'action et de contrôle, un nouvel élan a été im-
primé aux opérations. Il est remarquable combien
chacun est animé de bon vouloir, combien partout
on trouve des hommes capables et dévoués. Enfin,
non-seulement nous sommes partout organisés, et
prêts à recevoir le plus grand nombre de travail -
(1) D'après nos derniers avis, plusieurs de ces pieux sont déjà en
place et ce travail s'est opéré sans difficulté.
dû suivre les passes tracées et manœuvrer dans des
angles droits très-incommodes. -
A la vue de Port-Sciid, déjà fort pittoresque, et
presque grandiose quand on arrive de l'isthme, nous
avons été frappés de surprise. On peut difficilement
s'imaginer ce qu'il a fallu d'efforts persévérants pour
s'établir entre la mer et le lac Menzaleh, sur une
langue étroite de sable constamment menacée d'être
percée par un boghaz. Déjà les rues sont sillonnées
de chemins de fer qui servent aux remblais; la sur-
face des terrains conquis et exhaussés et leur hau-
teur mettent désormais la ville à l'abri de tout en-
vahissement des eaux, qui d'ailleurs se sont fait un
passage de 2m ,60 de profondeur le long-de l'apponte-
ment. Des magasins nombreux, des ateliers considé-
rables en pleine activité, des maisons construites ou
en construction, des approvisionnements de bois, des
dragues en montage, d'autres fonctionnant, le phare,
plus de vingt navires sur la rade donnent à cette
récente création l'aspect d'un port très-animé, et le
cadi, qui vient de faire un recensement nouveau, pré-
tend que la population s'élève aujourd'hui à quatre
mille deux cents âmes, y compris les enfants. Ce
chiffre, s'il était exact, serait le double de celui de
l'année dernière. Nous savons bien par les rapports
ce qui a été fait et créé à Port-Saïd; mais ce dont
nous ne pouvions avoir l'idée, si nous ne l'avions pas
vu, là comme partout dans l'isthme, c'est la confiance,
l'énergie et le dévouement qui sont empreints sur
toutes les physionomies, particulièrement sur celle
des chefs, à quelque degré de la hiérarchie qu'ils
appartiennent.
L'appontement (de 144 mètres), que j'aurais voulu
voir plus avancé en mer, m'a offert un grand inté-
rêt. Le temps étant mauvais, nous avons pu juger de
la résistance que les blocs opposent aux attaques de
la mer ; mais ce qui est fort rassurant, c'est l'effet
de Tappontement relativement à la barre. A mesure
que la jetée s'avance vers le nord, la courbe qu'ac-
cuse la barre s'allonge, et semble vouloir suivre les
contours de l'obstacle qu'elle rencontre. Lorsque les
fonds de 5 mètres seront atteints et que les sables
ne seront plus mis 1en mouvement, ce qui s'est pro-
duit à Malamocco dans l'Adriatique se produira à
Port-Saïd: on verra la barre disparaître par son chan-
gement de direction ; elle se réduira alors à une es-
pèce de talus le long de l'appontement, et laissera
le chenal parfaitement libre entre les deux jetées,
distantes entre elles de 400 mètres.
On s'occupe des moyens de fonder en mer, à
1,000 mètres de l'extrémité de l'appontement, un
îlot pour faciliter le déchargement des navires avant
l'achèvement de la jetée. Les piliers qui doivent ser-
vir à sa construction sont déjà prêts. On espère
très incessamment commencer à les visser, et la mise
en place des huit premiers est considérée comme
suffisante pour assurer la continuation de cet inté-
ressant travail (1).'
Je considère la question proprement dite nautique
comme devant être l'objet des soins les plus cons.,
tants; elle s'étend à tout depuis la mer Rouge jus-
qu'à la Méditerranée, en mettant les deux ports en
première ligne. Et comme je suis convaincu qu'ils
seront toujours en retard sur le reste des travaux,
que dès qu'il y aura 2 mètres dans le canal on pourra
y faire passer le commerce, ce détail des ports mé-
rite l'attention la plus sérieuse de l'administration.
Le service de santé se fait aussi bien que possible;
les hôpitaux sont sur certains points remarquables ;
mais jusqu'à présent il est fort rare que les Arabes
aient eu besoin de l'assistance de nos médecins.
Le cadi règle les contestations indigènes en géné-
ral; le mudir leur donne les soins religieux, et la
police des Européens est faite sous la direction de
leurs chefs par les cawas, qui livrent les délinquants
à leurs consuls respectifs.
De Port-Saïd nous avons été à Damiette par le
lac sur le même petit bateau à vapeur qui nous
avait amenés de Raz-el-Eche. Nous avons visité ces
vastes magasins fort bien approvisionnés, et ces ri-
ches terrains sur les bords du Nil, annexés à notre
possession.
De Damiette, nous avons remonté le Nil en qua-
torze heures jusqu'à Samanout, à bord d'un autre pe-
tit bateau à vapeur dans le genre de celui du lac
Menzaleh. Ce navire fait un service régulier deux
fois par semaine; il indemnise largement la Compa-
gnie de ses frais.
MM. les chefs de service de l'entreprise ont ex-
primé plusieurs fois devant nous leur confiance dans
la marche désormais régulière des affaires. L'organi-
sation générale se perfectionne partout; on commence
à réaliser de notables économies qui tendront à dimi-
nuer les frais généraux. Dès à présent on profite de
la différence obtenue dans les transports, qui sont
tombés de 100 francs à 7 francs.
Le commerce au cabotage de la mer Rouge est
considérable à Suez ; nul doute qu'il ne s'étende bien
avant l'ouverture officielle, dès qu'il y aura passage,
pour tous les petits navires qui encombrent ce port.
Ce nouvel élément de prospérité, joint aux besoins
énormes de charbon, ne tardera pas à constituer
d'importants bénéfices.
En résumé, depuis la création des derniers moyens
d'action et de contrôle, un nouvel élan a été im-
primé aux opérations. Il est remarquable combien
chacun est animé de bon vouloir, combien partout
on trouve des hommes capables et dévoués. Enfin,
non-seulement nous sommes partout organisés, et
prêts à recevoir le plus grand nombre de travail -
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