Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1862 15 février 1862
Description : 1862/02/15 (A7,N136). 1862/02/15 (A7,N136).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203290q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
64 L'ISTHME PE SUEZ.
- » — Oh ! ojti î qu'entendez-vous par là?
» — L'odeur des noirs me répugne beaucoup ; je ne
veux pas être servie par des noirs. Une fois mon pas-
sage payé, vous emmenerez également une des moças
qui se pressaient naguère autour de vous, et que je
choisirai moi-même : ce sera ma criada (domestique),
- en attendant que vous me donniez une mucama (femme
de chambre). »
Tout cela était débité avec des inflexions de voix
si douces, des regards si caressants, d'un air si natu-
rel et d'un ton si dégagé, qu'à part la couleur de la
peau et l'idiome portugais, on aurait pu se croire
transporté sur les hauteurs de Notre-Dame de Lorette.
J'étais suffisamment éclairé sur le compte des jeunes
Açoriennes. Elles attendaient, dans un calme superbe,
la conclusion de notre entretien; elles n'attendirent
pas longtemps.
« — Ainsi donc, senhoras, dis-je en m'adressant à
toutes deux, à ces conditions, posées par vous, vous
consentiriez à venir chez moi, et à prendre soin de
mon enfant?
» — Un enfant ! s'écrièrent-elles toutes deux à la fois.
» - Le senhor est donc marié? demandèrent les
yeux noirs avec un suprême dédain. »
Après ma réponse affirmative:
« — Nous n'avons pas quitté, Sancha, Flores, et moi
Graciosa, pour venir ici nous faire bonnes d'enfants, »
ajoutèrent les yeux bleus, du même ton hautain et
méprisant.
Les deux moças étaient dépitées d'avoir fait fausse
route, et d'avoir ainsi dépensé en vains toutes leurs
coquetteries. Sancha se renversa de nouveau contre
les bastingages et se remit à tourmenter les cordes
de sa guitare. La fille de Graciosa rentra sa tête ma-
ladive, comme Galatée se dérobait derrière les saules,
sous le voile parfumé qu'elle avait écarté un moment,
et recommença à promener le peigne dans cette luxu-
riante chevelure noire, aux reflets aussi bleus que ses
yeux.
« — Senhor, dit à propos une voix qui retentit à
mes côtés, ce n'est pas là ce qui vous convient : ce
sont des filles de fleurs et de parfums; nous avons trouvé
là-bas ce qui convient à madame. »
J'avoue que cette expression : filles de fleurs et de
parfums, me parut charmante, et je me promis bien
de la recueillir. Barboza, car c'était lui qui venait de
parler, essaya de questionner, en riant, les deux Aço-
riennes de leur patrie; mais elles se redressèrent tou-
tes les deux mues par un ressort et le toisèrent avec
une rare impertinence.
« — Nous sommes, il est vrai, des filles de fleurs et
de parfums, dit enfin celle de Graciosa, mais nous
repoussons les cavaliers incivils et nous dédaignons
de leur répondre. »
Et elle lui tourna fièrement le dos ainsi que sa com-
pagne ; mais celle-ci avait bien voulu répondre gra-
vement, avec la tête, au salut que je lui adressai
avant de me retirer.
Mon étude était terminée ; la comparaison me don-
nait le résultat suivant : tout aussi éhontée que la
lorette parisienne, la fille de fleurs et de parfums pos-
sède un fonds de naïveté et de fierté natives, de poésie
aussi, qu'on chercherait vainement chez les Belcolors
les plus renommées du Tyrol et de la Chaussée-
d'Antin.
(Courrier de Marseille.) CHARLES EXPILLY.
Le Gérant : ERNEST DESPLAGES.
EN VENTE
Aux bureaux du journal L'ISTHME DE SUEZ, rue Neuve-des-Mathurins, 58.
CAftTS
&l
COLORIÉE
DE L'ISTHME ET M CANAL MARITIME DE SUEZ
Troisième tirage.
PRIX DE LA CARTE: 10 FRANCS.
t EN PMME : 4 francs pour tous les abonnés actuels du journal l'Isthme de Suez,
Et pour tous les abonnés nouveaux qui souscriront un abonnement d'un an.
* Total pour l'abonnement de l'année et le prix de la carte, 14 francs.
Le prix de 4 francs réservé pour les souscripteurs du journal est à peine l'équivalent des seuls
frais d'impression et de tirage déboursés par notre administration. , , ,.,,,.
Port pour l'envoi à domicile dans les départements par les Messageries Impériales, sauf la
f. Corse et l'Algérie, l fr. 50 c. en sus. _——————.
AHIS. - IMMUMEUIB CKSXHALB DU NAPOLÉON CHAIX ti C., HUE BEHGEBfc, M.
- » — Oh ! ojti î qu'entendez-vous par là?
» — L'odeur des noirs me répugne beaucoup ; je ne
veux pas être servie par des noirs. Une fois mon pas-
sage payé, vous emmenerez également une des moças
qui se pressaient naguère autour de vous, et que je
choisirai moi-même : ce sera ma criada (domestique),
- en attendant que vous me donniez une mucama (femme
de chambre). »
Tout cela était débité avec des inflexions de voix
si douces, des regards si caressants, d'un air si natu-
rel et d'un ton si dégagé, qu'à part la couleur de la
peau et l'idiome portugais, on aurait pu se croire
transporté sur les hauteurs de Notre-Dame de Lorette.
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Açoriennes. Elles attendaient, dans un calme superbe,
la conclusion de notre entretien; elles n'attendirent
pas longtemps.
« — Ainsi donc, senhoras, dis-je en m'adressant à
toutes deux, à ces conditions, posées par vous, vous
consentiriez à venir chez moi, et à prendre soin de
mon enfant?
» — Un enfant ! s'écrièrent-elles toutes deux à la fois.
» - Le senhor est donc marié? demandèrent les
yeux noirs avec un suprême dédain. »
Après ma réponse affirmative:
« — Nous n'avons pas quitté, Sancha, Flores, et moi
Graciosa, pour venir ici nous faire bonnes d'enfants, »
ajoutèrent les yeux bleus, du même ton hautain et
méprisant.
Les deux moças étaient dépitées d'avoir fait fausse
route, et d'avoir ainsi dépensé en vains toutes leurs
coquetteries. Sancha se renversa de nouveau contre
les bastingages et se remit à tourmenter les cordes
de sa guitare. La fille de Graciosa rentra sa tête ma-
ladive, comme Galatée se dérobait derrière les saules,
sous le voile parfumé qu'elle avait écarté un moment,
et recommença à promener le peigne dans cette luxu-
riante chevelure noire, aux reflets aussi bleus que ses
yeux.
« — Senhor, dit à propos une voix qui retentit à
mes côtés, ce n'est pas là ce qui vous convient : ce
sont des filles de fleurs et de parfums; nous avons trouvé
là-bas ce qui convient à madame. »
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parfums, me parut charmante, et je me promis bien
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une rare impertinence.
« — Nous sommes, il est vrai, des filles de fleurs et
de parfums, dit enfin celle de Graciosa, mais nous
repoussons les cavaliers incivils et nous dédaignons
de leur répondre. »
Et elle lui tourna fièrement le dos ainsi que sa com-
pagne ; mais celle-ci avait bien voulu répondre gra-
vement, avec la tête, au salut que je lui adressai
avant de me retirer.
Mon étude était terminée ; la comparaison me don-
nait le résultat suivant : tout aussi éhontée que la
lorette parisienne, la fille de fleurs et de parfums pos-
sède un fonds de naïveté et de fierté natives, de poésie
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