Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1862 01 février 1862
Description : 1862/02/01 (A7,N135). 1862/02/01 (A7,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DB L'UNION DES DEUX MERS. 4-1
» Cette querelle se fonde sur ce que le gouvernement
des Etats-Unis a fait échouer, à l'une des entrées de ce
port, des navires chargés de pierres qui encombrent et
interceptent une passe, afin de rendre le blocus plus
effectif et plus facile.
t. Les Américains répondent d'abord que le port SG
Charleston a plusieurs passes ; qu'une seule d'elles est
interceptée; que même la meilleure d'entre elles a
été conservée ; que les navires peuvent pénétrer dans
le port et qu'ils n'ont bouché que l'entrée la plus
difficile à garder; qu'il n'est pas vrai, en un mot,
que cette ville ait £ été rendue inaccessible [à la navi-
gation.
» Ils ajoutent que, la guerre terminée, les moyens de
la science moderne sont assez puissants pour pouvoir
enlever les obstacles provisoirement immergés dans
la passe encombrée pour la sécurité de leurs opérations
et pour le succès de leur blocus.
» Les journaux de lord Palmerston, et à Paris le peu
de journaux dévoués à la cause du Sud, ne consentent
pas à se satisfaire de ces raisons. Ils prétendent qu'il
y a là un motif d'intervention pour les puissances eu-
ropéennes et spécialement pour l'Angleterre. Les jour-
naux anglais, parmi lesquels se distingue le Times
déploient la plus grande ardeur pour exciter la France
et l'Angleterre à se mêler de cette affaire. Voici, par
exemple, en quels termes s'exprime un article tout ré.
centjiu journal de la Cité, d'après l'analyse du Moni-
teur :
* Le Times, toujours si attentif à suivre le courant
» de l'opinion publique, revient sur la question avec
» une ténacité singulière. Il reconnaît que c'est aux
» belligérants qu'il appartient de décider si un port
» doit être bloqué, et, dans ce cas, le devoir des neu-
très est de s'abstenir de commerce avec le port fermé
-[par le^blocus. Mais ce que n'admet pas le journal
ianglais i c'est qu'un port créé par la nature puisse
» être arbitrairement détruit au détriment de la race humaine.
» Même en temps de blocus, un port peut servir d'abri
* momentané pendant la tempête, et le fait n'est
pas condamnable si la pression de la nécessité est
» prouvée. Ce droit de refuge n'existe pas à Charleston.
» Le Times estime donc que toutes les nations mariti-
« mes sont autorisées à considérer l'acte des Américains
» du Nord comme autorisant, aux yeux du moraliste
et du jurisconsulte, des remontrances, pour ne pas
» dire plu*. »
» Le Times s'obstine à ignorer dans cette argumen-
tation que le port de Charleston n'est nullement fermé
et que les moyens d'y aborder ont été conservés ; mais
ce n'est pas là le point sur lequel nous voulons arrêter
particulièrement l'attention.
» La doctrine exprimée dans l'analyse ci-dessus nous
étonne étrangement sous la plume d'un écrivain an-
glais , car elle est la plus complète flétrissure de tous
les antécédents de la politique anglaise.
» La politique anglaise a pratiqué la démolition et
la destruction des ports, non-seulement en temps de
guerre, mais encore en temps de paix. Elle l'a prati-
quée envers ses ennemis, envers ses amis et même
envers ses alliés actifs. Nous allons en donner les
preuves.
» Le port de Dunkerque a été longtemps un objet
de terreur pour l'Angleterre.
» Après le détrônement de Jacques II, et par suite
de la grande affaire de la succession d'Espagne, une
longue guerre éclata entre la France et l'Angleterre.
La marine de Dunkerque y joua un rôle des plus bril-
lants et des plus célèbres. La guerre se termina par le
traité d'Utrecht, et nous n'avons pas autre chose à faire
que de citer l'article 9 de ce traité :
» Le roi très-chrétien fera raser toutes les fortifications
» de la ville de Dunkerque, combler le port, ruiner les
» écluses qui servent au nettoiement duUt port, le tout à ses
» dépens et dans le terme de cinq mois après la paix
» conclue et signée, savoir : les ouvrages de mer dans
» l'espace de deux mois, et ceux de terre avec lesdites
» écluses dans les trois suivants, à condition encore que
» lesdites fortifications, ports d écluses NE POURRONT
» JAMAIS ÊTRE RÉTABLIS. »
B En 1748, sous Louis XV, les mêmes stipulations
sont renouvelées dans le traité d'Aix-la-Chapelle.
» Ainsi l'Angleterre, dans le cours d'un siècle, impo-
sait plusieurs fois au monde, en pleine paix, comme
condition de la paix, et de plus à perpétuité, la perte
d'un port des plus utiles non-seulement à la France,
mais encore à toute la navigation septentrionale ; car,
à cette époque, Dunkerque était un point de refuge
presque indispensable à cette navigation. Qu'en pen-
sent les « moralistes » et les < jurisconsultes » du Times ?
* Ce n'était point pendant la guerre, ce n'était point
pour les nécessités actuelles de l'attaque et de la dé-
fense, ce n'était point pour étouffer les immenses dan-
gers d'une guerre civile que l'Angleterre imposait ainsi
un si douloureux et si monstrueux sacrifice à la France
et aux nations du Nord ; c'était dans un but d'oppres-
sion, d'égoïsme et de suprématie. Nous invitons le Times
à comparer dans toutes leurs circonstances le fait de
Charleston et le fait de Dunkerque.
» Naturellement, puisque les Anglais se conduisaient
ainsi en signant la paix, ils ne devaient pas se mon-
trer beaucoup plus scrupuleux en faisant la guerre, et
en réalité ils n'ont pas été plus a moraux » dans le dix-
neuvième, que dans le dix-huitième siècle. C'est ainsi
qu'en 1804 l'Amirauté britannique ordonna des prépara-
tifs pour faire combler le port de Boulogne par des pro-
cédés tout à fait semblables à ceux des Américains :
et si le projet échoua, ce fut par des circonstances par-
faitement indépendantes de la volonté de ses auteurs.
» Nous avons montré comment les Anglais agissaient
en temps de paix et en temps de guerre à l'égard des
stations maritimes qui pouvaient offusquer leurs pré-
tentions ou menacer leurs intérêts. Il nous reste à mon-
trer maintenant comment, dans des cas analogues, ils
respectaient le droit et les possessions de leurs propres
alliés.
» Après l'évacuation de l'Egypte par l'armée fran-
çaise, les Anglais, alliés du sultan, avaient conservé jus-
qu'en 1807 le port d'Alexandrie. Conformément aux trai-
tés, ils furent obligés de l'évacuer à cette époque, mais
en partant il s eurent soin d'obstruer préalablement le
» Cette querelle se fonde sur ce que le gouvernement
des Etats-Unis a fait échouer, à l'une des entrées de ce
port, des navires chargés de pierres qui encombrent et
interceptent une passe, afin de rendre le blocus plus
effectif et plus facile.
t. Les Américains répondent d'abord que le port SG
Charleston a plusieurs passes ; qu'une seule d'elles est
interceptée; que même la meilleure d'entre elles a
été conservée ; que les navires peuvent pénétrer dans
le port et qu'ils n'ont bouché que l'entrée la plus
difficile à garder; qu'il n'est pas vrai, en un mot,
que cette ville ait £ été rendue inaccessible [à la navi-
gation.
» Ils ajoutent que, la guerre terminée, les moyens de
la science moderne sont assez puissants pour pouvoir
enlever les obstacles provisoirement immergés dans
la passe encombrée pour la sécurité de leurs opérations
et pour le succès de leur blocus.
» Les journaux de lord Palmerston, et à Paris le peu
de journaux dévoués à la cause du Sud, ne consentent
pas à se satisfaire de ces raisons. Ils prétendent qu'il
y a là un motif d'intervention pour les puissances eu-
ropéennes et spécialement pour l'Angleterre. Les jour-
naux anglais, parmi lesquels se distingue le Times
déploient la plus grande ardeur pour exciter la France
et l'Angleterre à se mêler de cette affaire. Voici, par
exemple, en quels termes s'exprime un article tout ré.
centjiu journal de la Cité, d'après l'analyse du Moni-
teur :
* Le Times, toujours si attentif à suivre le courant
» de l'opinion publique, revient sur la question avec
» une ténacité singulière. Il reconnaît que c'est aux
» belligérants qu'il appartient de décider si un port
» doit être bloqué, et, dans ce cas, le devoir des neu-
très est de s'abstenir de commerce avec le port fermé
-[par le^blocus. Mais ce que n'admet pas le journal
ianglais i c'est qu'un port créé par la nature puisse
» être arbitrairement détruit au détriment de la race humaine.
» Même en temps de blocus, un port peut servir d'abri
* momentané pendant la tempête, et le fait n'est
pas condamnable si la pression de la nécessité est
» prouvée. Ce droit de refuge n'existe pas à Charleston.
» Le Times estime donc que toutes les nations mariti-
« mes sont autorisées à considérer l'acte des Américains
» du Nord comme autorisant, aux yeux du moraliste
et du jurisconsulte, des remontrances, pour ne pas
» dire plu*. »
» Le Times s'obstine à ignorer dans cette argumen-
tation que le port de Charleston n'est nullement fermé
et que les moyens d'y aborder ont été conservés ; mais
ce n'est pas là le point sur lequel nous voulons arrêter
particulièrement l'attention.
» La doctrine exprimée dans l'analyse ci-dessus nous
étonne étrangement sous la plume d'un écrivain an-
glais , car elle est la plus complète flétrissure de tous
les antécédents de la politique anglaise.
» La politique anglaise a pratiqué la démolition et
la destruction des ports, non-seulement en temps de
guerre, mais encore en temps de paix. Elle l'a prati-
quée envers ses ennemis, envers ses amis et même
envers ses alliés actifs. Nous allons en donner les
preuves.
» Le port de Dunkerque a été longtemps un objet
de terreur pour l'Angleterre.
» Après le détrônement de Jacques II, et par suite
de la grande affaire de la succession d'Espagne, une
longue guerre éclata entre la France et l'Angleterre.
La marine de Dunkerque y joua un rôle des plus bril-
lants et des plus célèbres. La guerre se termina par le
traité d'Utrecht, et nous n'avons pas autre chose à faire
que de citer l'article 9 de ce traité :
» Le roi très-chrétien fera raser toutes les fortifications
» de la ville de Dunkerque, combler le port, ruiner les
» écluses qui servent au nettoiement duUt port, le tout à ses
» dépens et dans le terme de cinq mois après la paix
» conclue et signée, savoir : les ouvrages de mer dans
» l'espace de deux mois, et ceux de terre avec lesdites
» écluses dans les trois suivants, à condition encore que
» lesdites fortifications, ports d écluses NE POURRONT
» JAMAIS ÊTRE RÉTABLIS. »
B En 1748, sous Louis XV, les mêmes stipulations
sont renouvelées dans le traité d'Aix-la-Chapelle.
» Ainsi l'Angleterre, dans le cours d'un siècle, impo-
sait plusieurs fois au monde, en pleine paix, comme
condition de la paix, et de plus à perpétuité, la perte
d'un port des plus utiles non-seulement à la France,
mais encore à toute la navigation septentrionale ; car,
à cette époque, Dunkerque était un point de refuge
presque indispensable à cette navigation. Qu'en pen-
sent les « moralistes » et les < jurisconsultes » du Times ?
* Ce n'était point pendant la guerre, ce n'était point
pour les nécessités actuelles de l'attaque et de la dé-
fense, ce n'était point pour étouffer les immenses dan-
gers d'une guerre civile que l'Angleterre imposait ainsi
un si douloureux et si monstrueux sacrifice à la France
et aux nations du Nord ; c'était dans un but d'oppres-
sion, d'égoïsme et de suprématie. Nous invitons le Times
à comparer dans toutes leurs circonstances le fait de
Charleston et le fait de Dunkerque.
» Naturellement, puisque les Anglais se conduisaient
ainsi en signant la paix, ils ne devaient pas se mon-
trer beaucoup plus scrupuleux en faisant la guerre, et
en réalité ils n'ont pas été plus a moraux » dans le dix-
neuvième, que dans le dix-huitième siècle. C'est ainsi
qu'en 1804 l'Amirauté britannique ordonna des prépara-
tifs pour faire combler le port de Boulogne par des pro-
cédés tout à fait semblables à ceux des Américains :
et si le projet échoua, ce fut par des circonstances par-
faitement indépendantes de la volonté de ses auteurs.
» Nous avons montré comment les Anglais agissaient
en temps de paix et en temps de guerre à l'égard des
stations maritimes qui pouvaient offusquer leurs pré-
tentions ou menacer leurs intérêts. Il nous reste à mon-
trer maintenant comment, dans des cas analogues, ils
respectaient le droit et les possessions de leurs propres
alliés.
» Après l'évacuation de l'Egypte par l'armée fran-
çaise, les Anglais, alliés du sultan, avaient conservé jus-
qu'en 1807 le port d'Alexandrie. Conformément aux trai-
tés, ils furent obligés de l'évacuer à cette époque, mais
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