Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1862 15 janvier 1862
Description : 1862/01/15 (A7,N134). 1862/01/15 (A7,N134).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203288n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 31
ment un arbre appelé volum bodipina. Il surpasse en
beauté le plus beau bois de rose. Son grain est beau-
coup plus fin et sa pesanteur spécifique plus considé-
rable. Madagascar abonde en arbres à gomme, quel-
ques-uns de l'espèce la plus curieuse.
» L'arrivée de l'ambassade à Tamatave fut annoncée
à Antananarive par un courrier spécial, et on nous
rapporta que le roi avait été très-satisfait et très-sur-
pris de la promptitude avec laquelle elle avait été en-
voyée.
» Vers 8 heures, dans la matinée du 16 octobre,
nous rencontrâmes une députation chargée de nous
escorter jusqu'aux habitations que nous devions occu-
per pendant notre séjour. Les officiers qui la comman-
daient étaient au nombre de cinq ; trois d'entre eux
étaient des officiers du palais, revêtus chacun d'un
uniforme de fantaisie, consistant en un habit à basques
de velours bleu couvert d'une profusion de passemen-
teries d'or, en un chapeau à cornes avec plumes rou-
ges et blanches, et en un pantalon de couleur sombre
orné d'une large bande d'or. L'un d'eux avait une phy-
sionomie très-agréable, un teint olive clair et une
tournure européenne. Des chevaurde selle nous avaient
été amenés dans l'intention de nous faire un honneur
spécial ; malheureusement, la route était impraticable
pour cette sorte de monture ; l'approche immédiate de
la capitale elle-même s'opère à une certaine distance le
long d'un étroit sentier, à travers des champs de riz
dont le terrain est naturellement marécageux.
» Dans une plus grande étendue, la route traverse
des montées rapides entravées par des ravins de 2 ou
3 pieds de fond ; elle projette des rochers de granit
d'une égale hauteur, embarrassant la marche, et très-
fatigants pour ne rien dire de plus.
» Avant d'arriver au pied de la hauteur au sommet de
laquelle est située la capitale, nous fûmes reçus par
une haie de ]a populace émerveillée, dont une partie
nous suivait. C'était pour elle un spectacle tout nou-
veau. Depuis trente ans aucun Européen n'était en-
tré dans la ville avec le consentement du souverain et
encore moins sur son invitation. Dans un ou deux cas,
cette permission avait été accordée de mauvaise grâce ;
mais on avait toujours assigné à l'étranger quel qu'il
fût la date à laquelle son séjour devait cesser. Le peu-
ple était vêtu du simple et flottant vêtement blanc
nommé lamba. Lorsque nous commençâmes à monter
les spectateurs s'empressèrent de grimper sur les murs
hauts et droits entre lesquels l'entrée de la ville a été
pratiquée. Ils semblaient pour ainsi dire empilés les
uns sur les autres, afin d'apercevoir la scène à leur sa-
tisfaction. A moitié chemin environ de la ville, une
autre députation vint au devant de nous, accompagnée
par une troupe de soldats en uniforme rouge et d'un
corps de musique. Nous fîmes halte pendant que la
troupe se déployait et présentait les armes. La musique
joua le God save the queen, pendant que nous étions ar-
rêtés debout écrasés sous les rayons verticaux du
soleil.
» Il n'a pas été publié de description d'Antananarive
pouvant donner une juste idée de son aspect. Son objet
le plus proéminent est le palais dont la structure étonne
l'œil. Par suite de la mort de la reine et la cour étant
encore en deuil, personne n'est admis dans son inté-
rieur. Cet édifice a trois étages de haut avec un toit
d'une élévation immense surmonté :d'un aigle avec ailes
déployées et exécuté en bronze. On y voit de massifs
balcons de bois, correspondant à chaque étage, avec des
balustrades peintes en rouge. Les fermetures sont ar-
rangées de façon à ne pas laisser de fissures aux re-
gards, et si parfaitement disposées que nous n'avons pu
nous faire d'idée de la quantité de portes ou de fenêtres
qui sont dans ce palais. Les piliers qui soutiennent les
balcons sont énormément lourds, et on dit qu'ils sont
formés chacun d'une pièce de bois. Le pilier central sou-
tenant le toit est aussi, dit-on, d'une seule pièce de
120 pieds de haut. J'ai vu dans la forêt centrale des
arbres tout à fait capables de fournir un pilier de cette
espèce; la grande merveille est de savoir comment un
morceau de bois de cette stature a pu être traîné sur
une distance de 10 à 80 milles à travers la partie la
plus difficile du pays, par-dessus des montagnes très-
rapides, et parmi des gorges sinueuses. Les proportions
de l'édifice sont, il n'est pas besoin de le dire, cachées
à mesure qu'on s'approche de la ville par la multitude
des petites habitations et des huttes qui l'entourent.
» Il est difficile d'évaluer quelle peut être la popula-
tion d'Antananarive. Il n'est pas possible d'obtenir des
informations précises sur ce point. J'imagine qu'elle est
d'environ 30,000 âmes. Il ne faut pas oublier que le voi-
sinage de la ville est fort peuplé, chaque colline por-
tant un village à son sommet.
1 Des hauteurs, la vue est très-étendue, quoique bor-
née de tous les côtés par de hautes montagnes. Les ri-
zières sont nombreuses dans le voisinage de la capitale;
mais le paysage a néanmoins un aspect stérile par suite
de l'absence de toute espèce d'arbres. On ne trouve dans
aucune direction un arbre à 30 milles autour d'Antana-
narive. On dit que toutes les forêts placées à cette dis-
tance ont été abattues afin d'empêcher l'approche de
toute force hostile et d'éviter qu'elle ne surprit la ville
dans l'ignorance de ce danger*.
» Lorsque enfin nous entrâmes dans la capitale, nous
dûmes nous faire jour à travers la foule, accompagnés
par les officiers et la multitude se dispersant à chaque
angle et à chaque coin d'où elle pouvait nous bien voir;
le haut des murs de boue était préféré. Pendant tout
ce temps, le bruit était assourdissant ; c'était une Babel
de voix, chaque individu excerçant la sienne con amore;
et quoique les officiers fissent de leur mieux pour cal-
mer l'enthousiasme de la plèbe en administrant énergi-
quement des coups de "tous côtés, cependant je dois
déclarer que l'obéissance qu'ils obtenaient n'était pas
celle que j'aurais pensé avoir été inculquée par le ca-
ractère persuasif de la défunte reine.
» Nous employâmes le lendemain de notre arrivée à
recevoir des visites et des présents, consistant pour la
plupart en bœufs, poulets, oies, etc. Parfois ces présents
étaient accompagnés de lettres. C'était dans le cas où
les donateurs savaient l'anglais. Je ne peux m'empê-
cher de vous transcrire une de ces lettres, tant elle me
paraît remarquable par sa politesse et son laconisme
approprié au sujet :
ment un arbre appelé volum bodipina. Il surpasse en
beauté le plus beau bois de rose. Son grain est beau-
coup plus fin et sa pesanteur spécifique plus considé-
rable. Madagascar abonde en arbres à gomme, quel-
ques-uns de l'espèce la plus curieuse.
» L'arrivée de l'ambassade à Tamatave fut annoncée
à Antananarive par un courrier spécial, et on nous
rapporta que le roi avait été très-satisfait et très-sur-
pris de la promptitude avec laquelle elle avait été en-
voyée.
» Vers 8 heures, dans la matinée du 16 octobre,
nous rencontrâmes une députation chargée de nous
escorter jusqu'aux habitations que nous devions occu-
per pendant notre séjour. Les officiers qui la comman-
daient étaient au nombre de cinq ; trois d'entre eux
étaient des officiers du palais, revêtus chacun d'un
uniforme de fantaisie, consistant en un habit à basques
de velours bleu couvert d'une profusion de passemen-
teries d'or, en un chapeau à cornes avec plumes rou-
ges et blanches, et en un pantalon de couleur sombre
orné d'une large bande d'or. L'un d'eux avait une phy-
sionomie très-agréable, un teint olive clair et une
tournure européenne. Des chevaurde selle nous avaient
été amenés dans l'intention de nous faire un honneur
spécial ; malheureusement, la route était impraticable
pour cette sorte de monture ; l'approche immédiate de
la capitale elle-même s'opère à une certaine distance le
long d'un étroit sentier, à travers des champs de riz
dont le terrain est naturellement marécageux.
» Dans une plus grande étendue, la route traverse
des montées rapides entravées par des ravins de 2 ou
3 pieds de fond ; elle projette des rochers de granit
d'une égale hauteur, embarrassant la marche, et très-
fatigants pour ne rien dire de plus.
» Avant d'arriver au pied de la hauteur au sommet de
laquelle est située la capitale, nous fûmes reçus par
une haie de ]a populace émerveillée, dont une partie
nous suivait. C'était pour elle un spectacle tout nou-
veau. Depuis trente ans aucun Européen n'était en-
tré dans la ville avec le consentement du souverain et
encore moins sur son invitation. Dans un ou deux cas,
cette permission avait été accordée de mauvaise grâce ;
mais on avait toujours assigné à l'étranger quel qu'il
fût la date à laquelle son séjour devait cesser. Le peu-
ple était vêtu du simple et flottant vêtement blanc
nommé lamba. Lorsque nous commençâmes à monter
les spectateurs s'empressèrent de grimper sur les murs
hauts et droits entre lesquels l'entrée de la ville a été
pratiquée. Ils semblaient pour ainsi dire empilés les
uns sur les autres, afin d'apercevoir la scène à leur sa-
tisfaction. A moitié chemin environ de la ville, une
autre députation vint au devant de nous, accompagnée
par une troupe de soldats en uniforme rouge et d'un
corps de musique. Nous fîmes halte pendant que la
troupe se déployait et présentait les armes. La musique
joua le God save the queen, pendant que nous étions ar-
rêtés debout écrasés sous les rayons verticaux du
soleil.
» Il n'a pas été publié de description d'Antananarive
pouvant donner une juste idée de son aspect. Son objet
le plus proéminent est le palais dont la structure étonne
l'œil. Par suite de la mort de la reine et la cour étant
encore en deuil, personne n'est admis dans son inté-
rieur. Cet édifice a trois étages de haut avec un toit
d'une élévation immense surmonté :d'un aigle avec ailes
déployées et exécuté en bronze. On y voit de massifs
balcons de bois, correspondant à chaque étage, avec des
balustrades peintes en rouge. Les fermetures sont ar-
rangées de façon à ne pas laisser de fissures aux re-
gards, et si parfaitement disposées que nous n'avons pu
nous faire d'idée de la quantité de portes ou de fenêtres
qui sont dans ce palais. Les piliers qui soutiennent les
balcons sont énormément lourds, et on dit qu'ils sont
formés chacun d'une pièce de bois. Le pilier central sou-
tenant le toit est aussi, dit-on, d'une seule pièce de
120 pieds de haut. J'ai vu dans la forêt centrale des
arbres tout à fait capables de fournir un pilier de cette
espèce; la grande merveille est de savoir comment un
morceau de bois de cette stature a pu être traîné sur
une distance de 10 à 80 milles à travers la partie la
plus difficile du pays, par-dessus des montagnes très-
rapides, et parmi des gorges sinueuses. Les proportions
de l'édifice sont, il n'est pas besoin de le dire, cachées
à mesure qu'on s'approche de la ville par la multitude
des petites habitations et des huttes qui l'entourent.
» Il est difficile d'évaluer quelle peut être la popula-
tion d'Antananarive. Il n'est pas possible d'obtenir des
informations précises sur ce point. J'imagine qu'elle est
d'environ 30,000 âmes. Il ne faut pas oublier que le voi-
sinage de la ville est fort peuplé, chaque colline por-
tant un village à son sommet.
1 Des hauteurs, la vue est très-étendue, quoique bor-
née de tous les côtés par de hautes montagnes. Les ri-
zières sont nombreuses dans le voisinage de la capitale;
mais le paysage a néanmoins un aspect stérile par suite
de l'absence de toute espèce d'arbres. On ne trouve dans
aucune direction un arbre à 30 milles autour d'Antana-
narive. On dit que toutes les forêts placées à cette dis-
tance ont été abattues afin d'empêcher l'approche de
toute force hostile et d'éviter qu'elle ne surprit la ville
dans l'ignorance de ce danger*.
» Lorsque enfin nous entrâmes dans la capitale, nous
dûmes nous faire jour à travers la foule, accompagnés
par les officiers et la multitude se dispersant à chaque
angle et à chaque coin d'où elle pouvait nous bien voir;
le haut des murs de boue était préféré. Pendant tout
ce temps, le bruit était assourdissant ; c'était une Babel
de voix, chaque individu excerçant la sienne con amore;
et quoique les officiers fissent de leur mieux pour cal-
mer l'enthousiasme de la plèbe en administrant énergi-
quement des coups de "tous côtés, cependant je dois
déclarer que l'obéissance qu'ils obtenaient n'était pas
celle que j'aurais pensé avoir été inculquée par le ca-
ractère persuasif de la défunte reine.
» Nous employâmes le lendemain de notre arrivée à
recevoir des visites et des présents, consistant pour la
plupart en bœufs, poulets, oies, etc. Parfois ces présents
étaient accompagnés de lettres. C'était dans le cas où
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