Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1862 01 février 1862
Description : 1862/02/01 (A7,N135). 1862/02/01 (A7,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 4.5
Cependant, tandis que la Russie se rapproche de
plus en plus du théâtre de la lutte, les Anglais en
ont encore à 6,000 lieues, à moins que la moitié de
cette distance ne leur soit épargnée par le percement
de l'isthme de Suez. Comment donc n'est-elle pas la
première à réclamer et seconder énergiquement
l'achèvement de cette route maritime?
Voici les extraits les plus intéressants de la cor-
respondance que nous venons signaler à l'attention
de nos lecteurs.
FLEUR Y.
A l'éditeur du TIMES.
» Monsieur, dans votre sommaire des nouvelles in-
diennes empruntées à la Gazette de Bombay, je trouve
le passage suivant : a Le gouvernement russe con-
» tinue ses préparatifs graduels pour occuper la Tartarie
» indépendante. )
» Cette information sans doute a été reçue très-dif-
féremment par vos nombreux lecteurs. Quelques-uns
ont considéré l'écrivain comme atteint d'une légère at-
taque de ce mal connu sous le nom de russophobie, et qui,
il y a quelques années, causa la désastreuse campagne
de l'Afghanistan ; d'autres n'y verront que la preuve
additionnelle et confirmative de leurs convictions précé-
dentes par rapport au danger extrême qu'encourt la
sécurité de notre empire indien par suite des influences
russes; tandis que les hommes modérés et réfléchis ont
été amenés à peser jusqu'à quel point l'extension des
possessions russes en Asie, et par conséquent l'extension
de l'influence russe, est de nature à affecter fâcheuse-
ment les intérêts anglo-indiens, et à rechercher quels
moyens peuvent être adoptés pour contrebalancer cette
influence en tant Qu'elle peut avoir un caractère dom-
mageable.
« A moins d'ignorer complétement le sujet, personne
ne niera qu'il ne soit d'une importance considérable et
journellement croissante. L'Inde britannique est une
possession qui peut être conservée uniquement par la
force physique. Les indigènes ne nous sont aucunement
attachés. Les lndous du Bengale proprement dit ont
toujours montré une singulière indifférence quant à
leurs dominateurs; mais dans cette qualité négative, ils
sont une exception. Le peuple de Pundjab, les guerriers
par excellence de la Péninsule, sont, de temps immé-
morial, pénétrés d'un esprit complétement militaire.
Ils se rappellent, non sans un orgueil naturel, les jours
où la terre des cinq rivières fournissait les conquérants
de la plus grande partie de l'Inde.
» Les événements des dernières années n'ont rien
moins que contribué à déraciner ou même à modérer
leur ardeur martiale. Ils savent bien ce que nous a
coûté la défaite des bataillons organisés par Runjet-Singh
(le dernier roi du Pundjab); ils ne sont pas sans con-
naître les services qu'ils nous ont rendus pendant la
révolte des Cipayes et encore plus récemment en Chine,
et à coup sûr ils attendent avec confiance le jour où
un autre Runjet Singh les conduira à la gloire et à
l'indépendance.
» D'un autre côté, les mahométans sont contre nous
jusqu'au dernier. La politique même la plus concilia-
trice ne pourra jamais leur faire accepter la perte de
ce qu'ils considèrent comme le droit de leur naissance.
Semblables au tigre, ils peuvent approcher de leur vic-
time à pas dérobés et silencieux, ou rester passifs et
cachés aux regards; mais, quelle que soit leur attitude,
il ne faut point les compter parmi les moins préparés
à prendre le fatal élan partout où l'opportunité s'en
présentera à leurs yeux toujours vigilants. J'admets
facilement que la politique inaugurée par lord Canning
est éminemment propre à alléger le joug qui fatigue
le cou du Sick, comme du Mahométan, du Mahratte et
du Rajpoote; mais ce joug ne peut jamais être enlevé-
M. Money, dans son estimable livre sur Java, a conduit
le monde à supposer que les Hollandais avaient décou-
vert l'art de rendre la domination étrangère acceptable
aux Orientaux. J'hésite beaucoup à croire que leur sys-
tème, en admettant sa praticabilité, produisît des ré-
sultats analogues dans l'Inde.
» La dernière révolte a beaucoup fait pour y détruire
notre prestige autrefois si vanté; elle a à peu près
anéanti les relations amicales existant précédemment
entre les Anglais et les indigènes. La brèche s'élargit
chaque jour. Enfin l'indigène de l'Inde est plus ou
moins-notre ennemi, aspirant au moment de s'affran-
chir de nous, et contenu seulement dans son désir de
délivrer son pays par la peur de nos baïonnettes et de
nos canons. Auprès de lui c'est perdre son temps que
de disserter sur les avantages résultant de notre do-
mination, de nos canaux, de nos routes et de notre
justice. Nous savons tous que de semblables considé-
rations n'offrent aucune garantie à la paix, lorsque les
plus puissantes passions, l'amour du pays, l'amour de
l'indépendance, sont mises en activité. L'éloquence des
envoyés athéniens, les arguments de son propre roi
Archidamus, ne purent convaincre le peuple de Sparte
qu'il n'était pas bon pour lui et pour la, Grèce de ne
point assaillir la gigantesque puissance d'Athènes. Il
en est de même du peuple de l'indoustan. Les argu-
ments sans exception sont contre lui. Le capital an-
glais, la colonisation anglaise, l'administration et la
justice anglaises, sont'des biens inestimables pour l'Inde.
Pourtant l'indigène n'en juge pas ainsi. Il envisage la
question d'un point de vue tout différent. Il s'arrête
sur la dégradation d'une vie soumise à la conquête
étrangère. Nous pouvons aisément comprendre ses
sentiments, quoi que nous pensions de son jugement.
» C'est là certainement un sinistre aperçu de nos
relations avec nos sujets orientaux. Pour ma part, je
crois ce tableau d'une fidélité parfaite et dans ce cas
je pense qu'il présente un champ très-favorable pour
l'extension et la naissance d'intrigues hostiles aux in-
térêts anglais.
« En cet état de choses, des ouvertures d'un voisin et
d'un ennemi puissant seraient avidement reçues et
plus spécialement encore si elles portaient la perspec-
tive la plus éloignée d'affranchissement d'une subju-
gation abhorrée.
» Quelle que soit la disposition d'esprit des individus,
il est positif que-les nations ayant perdu leur liberté
ne sont que trop prêtes à courir vers des maux qu'elles
ne connaissent pas plutôt que de supporter patiemment
Cependant, tandis que la Russie se rapproche de
plus en plus du théâtre de la lutte, les Anglais en
ont encore à 6,000 lieues, à moins que la moitié de
cette distance ne leur soit épargnée par le percement
de l'isthme de Suez. Comment donc n'est-elle pas la
première à réclamer et seconder énergiquement
l'achèvement de cette route maritime?
Voici les extraits les plus intéressants de la cor-
respondance que nous venons signaler à l'attention
de nos lecteurs.
FLEUR Y.
A l'éditeur du TIMES.
» Monsieur, dans votre sommaire des nouvelles in-
diennes empruntées à la Gazette de Bombay, je trouve
le passage suivant : a Le gouvernement russe con-
» tinue ses préparatifs graduels pour occuper la Tartarie
» indépendante. )
» Cette information sans doute a été reçue très-dif-
féremment par vos nombreux lecteurs. Quelques-uns
ont considéré l'écrivain comme atteint d'une légère at-
taque de ce mal connu sous le nom de russophobie, et qui,
il y a quelques années, causa la désastreuse campagne
de l'Afghanistan ; d'autres n'y verront que la preuve
additionnelle et confirmative de leurs convictions précé-
dentes par rapport au danger extrême qu'encourt la
sécurité de notre empire indien par suite des influences
russes; tandis que les hommes modérés et réfléchis ont
été amenés à peser jusqu'à quel point l'extension des
possessions russes en Asie, et par conséquent l'extension
de l'influence russe, est de nature à affecter fâcheuse-
ment les intérêts anglo-indiens, et à rechercher quels
moyens peuvent être adoptés pour contrebalancer cette
influence en tant Qu'elle peut avoir un caractère dom-
mageable.
« A moins d'ignorer complétement le sujet, personne
ne niera qu'il ne soit d'une importance considérable et
journellement croissante. L'Inde britannique est une
possession qui peut être conservée uniquement par la
force physique. Les indigènes ne nous sont aucunement
attachés. Les lndous du Bengale proprement dit ont
toujours montré une singulière indifférence quant à
leurs dominateurs; mais dans cette qualité négative, ils
sont une exception. Le peuple de Pundjab, les guerriers
par excellence de la Péninsule, sont, de temps immé-
morial, pénétrés d'un esprit complétement militaire.
Ils se rappellent, non sans un orgueil naturel, les jours
où la terre des cinq rivières fournissait les conquérants
de la plus grande partie de l'Inde.
» Les événements des dernières années n'ont rien
moins que contribué à déraciner ou même à modérer
leur ardeur martiale. Ils savent bien ce que nous a
coûté la défaite des bataillons organisés par Runjet-Singh
(le dernier roi du Pundjab); ils ne sont pas sans con-
naître les services qu'ils nous ont rendus pendant la
révolte des Cipayes et encore plus récemment en Chine,
et à coup sûr ils attendent avec confiance le jour où
un autre Runjet Singh les conduira à la gloire et à
l'indépendance.
» D'un autre côté, les mahométans sont contre nous
jusqu'au dernier. La politique même la plus concilia-
trice ne pourra jamais leur faire accepter la perte de
ce qu'ils considèrent comme le droit de leur naissance.
Semblables au tigre, ils peuvent approcher de leur vic-
time à pas dérobés et silencieux, ou rester passifs et
cachés aux regards; mais, quelle que soit leur attitude,
il ne faut point les compter parmi les moins préparés
à prendre le fatal élan partout où l'opportunité s'en
présentera à leurs yeux toujours vigilants. J'admets
facilement que la politique inaugurée par lord Canning
est éminemment propre à alléger le joug qui fatigue
le cou du Sick, comme du Mahométan, du Mahratte et
du Rajpoote; mais ce joug ne peut jamais être enlevé-
M. Money, dans son estimable livre sur Java, a conduit
le monde à supposer que les Hollandais avaient décou-
vert l'art de rendre la domination étrangère acceptable
aux Orientaux. J'hésite beaucoup à croire que leur sys-
tème, en admettant sa praticabilité, produisît des ré-
sultats analogues dans l'Inde.
» La dernière révolte a beaucoup fait pour y détruire
notre prestige autrefois si vanté; elle a à peu près
anéanti les relations amicales existant précédemment
entre les Anglais et les indigènes. La brèche s'élargit
chaque jour. Enfin l'indigène de l'Inde est plus ou
moins-notre ennemi, aspirant au moment de s'affran-
chir de nous, et contenu seulement dans son désir de
délivrer son pays par la peur de nos baïonnettes et de
nos canons. Auprès de lui c'est perdre son temps que
de disserter sur les avantages résultant de notre do-
mination, de nos canaux, de nos routes et de notre
justice. Nous savons tous que de semblables considé-
rations n'offrent aucune garantie à la paix, lorsque les
plus puissantes passions, l'amour du pays, l'amour de
l'indépendance, sont mises en activité. L'éloquence des
envoyés athéniens, les arguments de son propre roi
Archidamus, ne purent convaincre le peuple de Sparte
qu'il n'était pas bon pour lui et pour la, Grèce de ne
point assaillir la gigantesque puissance d'Athènes. Il
en est de même du peuple de l'indoustan. Les argu-
ments sans exception sont contre lui. Le capital an-
glais, la colonisation anglaise, l'administration et la
justice anglaises, sont'des biens inestimables pour l'Inde.
Pourtant l'indigène n'en juge pas ainsi. Il envisage la
question d'un point de vue tout différent. Il s'arrête
sur la dégradation d'une vie soumise à la conquête
étrangère. Nous pouvons aisément comprendre ses
sentiments, quoi que nous pensions de son jugement.
» C'est là certainement un sinistre aperçu de nos
relations avec nos sujets orientaux. Pour ma part, je
crois ce tableau d'une fidélité parfaite et dans ce cas
je pense qu'il présente un champ très-favorable pour
l'extension et la naissance d'intrigues hostiles aux in-
térêts anglais.
« En cet état de choses, des ouvertures d'un voisin et
d'un ennemi puissant seraient avidement reçues et
plus spécialement encore si elles portaient la perspec-
tive la plus éloignée d'affranchissement d'une subju-
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» Quelle que soit la disposition d'esprit des individus,
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