Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1862 15 janvier 1862
Description : 1862/01/15 (A7,N134). 1862/01/15 (A7,N134).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203288n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
24 L'ISTHME DE SUEZ,
cessé. Nos exportations aux Etats-Unis (Nord et Sud)
sont tombées à un chiffre sans précédent: dans les pre-
miers neuf mois de 1861, ils étaient seulement de
6,800,000 1. st. contre 16,200,000 1. st. en 1800 et
17,400,000 1, st. en 1859. Pendant les deux mois d'oc-
tobre et de novembre, il y a eu quelque recrudescence
dans cette branche de notre commerce, grâce aux
énormes achats d'approvisionnements militaires et de
draps pour l'armée; malgré cela, le déficit comparatif
est très-grand, nos exportations, pendant les onze pre-
miers mois de 1861 ayant été, autant qu'on a pu s'en
assurer, de 8,250,000 1. st. contre 19,400,000 1. st. en
1860, et 20,500,000 1. st. en 1859. En outre, il faut re-
connaître qu'une très-grande réduction a été apportée
dans le trafic indirect, ordinairement très-considéra-
ble, que font notre marine et notre capitale mercantile,
entre l'Amérique, l'Inde et la Chine.
» Mais ce n'est là nullement le plus sérieux aspect
de la lutte civile d'Amérique, en ce qui touche l'indus-
trie et le commerce anglais. La continuation de cette
guerre, avec son accompagnement principal et néces-
saire, le blocus des ports du Sud, implique à la fois la
suppression de notre approvisionnement de coton et
l'incertitude , sinon pire au moins aggravant sérieuse-
ment le mal, de la période pendant laquelle se prolon-
gera cette suppression. Jusqu'à présent, nous n'avons
pas reçu une balle de la récolte de 1861, et nous n'en
recevrons pas jusqu'à ce que le blocus soit levé.
» Nous possédons maintenant, en nombre rond, au
1" janvier, un stock de 700,000 balles. En travail-
lant sur une moyenne des deux tiers du temps ordinaire,
c'est-à-dire un peu moins de quatre jours par semaine,
la consommation hebdomadaire de nos ateliers sera de
30,000 balles. L'exportation hebdomadaire a été, en
1861, de 13,000 balles ; mais elle sera nécessairement
diminuée à un certain point par le haut prix du coton,
et n'excédera point probablement 8,000 balles. Il n'est
pas possible de savoir, avec une exactitude absolue, les
quantités que nous pouvons raisonnablement attendre
de l'Inde, de l'Egypte et du Brésil dans le cours des
six mois prochains, mais on les estime généralement
aux environs de 300,000 balles. Nous nous trouvons
donc en présence des chiffres suivants :
» Stock au 1er janvier 700,000
» A arriver avant juillet 300,000
» Aux mains des filateurs 70,000
» Total 1,070,000
i) Consommation. — Vingt-six semaines à
30,000 balles 780,000
» Exportation. — Vingt-six semaines à 8,000
balles 208,000
Total 988,000
» Stock au 1er juillet 1862 82,000
» Théoriquement donc, vers le milieu de l'été à peu
près, toutes les fabriques de l'Angleterre, d'Ecosse et
d'Irlande seront arrêtées par le défaut de la matière
^psçmière, tous les trafics et occupations subsidiaires
Êiiépàndant de cette industrie seront arrêtés comme elle,
et une population diversement évaluée, mais dont le
total ne peut guère être moindre de 3 millions d'indi-
vidus, n'aura d'autre moyen de subsister que la taxe des
pauvres, ou ses propres économies, ou le crédit que lui
accorderont les marchands.
» Naturellement, ce ne sera pas la marche pratique
des événements, mais c'en sera la somme totale. Pra-
tiquement, quelques fabriques, et généralement celles
appartenant aux patrons les plus pauvres, s'arrêteront
ensemble et probablement à une époque très-pro-
chaine, laissant tous leurs ouvriers sans ressources.
D'autres travailleront deux jours par semaine, payant
peut-être trois jours à leurs ouvriers ; d'autres possé-
dant un gros capital et des marchés spéciaux, iront
aussi longtemps que possible, et paieront la matière
première presque à tout prix. Mais, au total et en
moyenne, il est exact de définir en ces termes l'avenir
qui nous attend :
» Dans les prochains six mois, la population de nos dis-
tricts cotonniers ne pourra travailler que quatre jours
par semaine, et ensuite elle devra s'arrêter complètement.
Jusqu'en juillet, elle vivra sur des salaires réduits aux
deux tiers, et ensuite il lui faudra vivre de charité.
Pauvreté durant la première période, détresse absolue
pendant la seconde. Il n'y a pas d'exagération dans ce
tableau ; en vérité, quelques-uns de nos correspondants
voudraient nous le faire présenter sous des couleurs
beaucoup plus sombres.
» L'état que nous venons de décrire peut durer long-
temps; il durera jusqu'à la fin du blocus américain ou
jusqu'à ce qu'il ait tant duré et semble si intermi-
nable, que nous nous soyons nous-mêmes pourvus
ailleurs contre ses conséquences par de tardives et in-
certaines opérations ; mais nous ne parlons ici que de
l'avenir de 1862.
D Que cette terrible calamité soit imminente et que
rien ne puisse la conjurer, si ce n'est la levée du blo-
cus américain, c'est ce qui est absolument certain. Sans
doute, cette situation occupe l'attention la plus an-
xieuse du gouvernement. Mais jetons maintenant un
coup d'œil sur les considérations qui peuvent l'atténuer
et sur les mesures capables de la mitiger.
» D'abord, quoiqu'il soit incontestable que les pertes
des manufacturiers seront seules égalées par les rudes
souffrances de leurs ouvriers, cependant ils n'ont jamais
été si bien en état de les supporter. La richesse du Lan-
cashire s'est accrue énormément pendant les deux der-
nières années. Les négociants de Liverpool ont fait
d'immenses bénéfices en 1861. Les manufacturiers de
Manchester en ont fait de non moins immenses en 1860.
L'année dernière, sans doute, a été pour un grand nom-
bre d'entre eux une année très-onéreuse, mais il en eut
été de même dans tous les cas par suite de l'encombre-
ment des marchés du monde. La hausse du coton les
a seulement obligés à faire ce à quoi l'interruption des
ventes les aurait contraints de toute façon quoique à
un moindre degré. Par ailleurs, cette hausse a occa-
sionné un prix correspondant pour les stocks en An-
gleterre et pour les frets au dehors. Elle a ainsi
sauvé à un grand nombre de lourdes pertes dans leurs
transactions mercantiles. Au total, nous croyons que
cessé. Nos exportations aux Etats-Unis (Nord et Sud)
sont tombées à un chiffre sans précédent: dans les pre-
miers neuf mois de 1861, ils étaient seulement de
6,800,000 1. st. contre 16,200,000 1. st. en 1800 et
17,400,000 1, st. en 1859. Pendant les deux mois d'oc-
tobre et de novembre, il y a eu quelque recrudescence
dans cette branche de notre commerce, grâce aux
énormes achats d'approvisionnements militaires et de
draps pour l'armée; malgré cela, le déficit comparatif
est très-grand, nos exportations, pendant les onze pre-
miers mois de 1861 ayant été, autant qu'on a pu s'en
assurer, de 8,250,000 1. st. contre 19,400,000 1. st. en
1860, et 20,500,000 1. st. en 1859. En outre, il faut re-
connaître qu'une très-grande réduction a été apportée
dans le trafic indirect, ordinairement très-considéra-
ble, que font notre marine et notre capitale mercantile,
entre l'Amérique, l'Inde et la Chine.
» Mais ce n'est là nullement le plus sérieux aspect
de la lutte civile d'Amérique, en ce qui touche l'indus-
trie et le commerce anglais. La continuation de cette
guerre, avec son accompagnement principal et néces-
saire, le blocus des ports du Sud, implique à la fois la
suppression de notre approvisionnement de coton et
l'incertitude , sinon pire au moins aggravant sérieuse-
ment le mal, de la période pendant laquelle se prolon-
gera cette suppression. Jusqu'à présent, nous n'avons
pas reçu une balle de la récolte de 1861, et nous n'en
recevrons pas jusqu'à ce que le blocus soit levé.
» Nous possédons maintenant, en nombre rond, au
1" janvier, un stock de 700,000 balles. En travail-
lant sur une moyenne des deux tiers du temps ordinaire,
c'est-à-dire un peu moins de quatre jours par semaine,
la consommation hebdomadaire de nos ateliers sera de
30,000 balles. L'exportation hebdomadaire a été, en
1861, de 13,000 balles ; mais elle sera nécessairement
diminuée à un certain point par le haut prix du coton,
et n'excédera point probablement 8,000 balles. Il n'est
pas possible de savoir, avec une exactitude absolue, les
quantités que nous pouvons raisonnablement attendre
de l'Inde, de l'Egypte et du Brésil dans le cours des
six mois prochains, mais on les estime généralement
aux environs de 300,000 balles. Nous nous trouvons
donc en présence des chiffres suivants :
» Stock au 1er janvier 700,000
» A arriver avant juillet 300,000
» Aux mains des filateurs 70,000
» Total 1,070,000
i) Consommation. — Vingt-six semaines à
30,000 balles 780,000
» Exportation. — Vingt-six semaines à 8,000
balles 208,000
Total 988,000
» Stock au 1er juillet 1862 82,000
» Théoriquement donc, vers le milieu de l'été à peu
près, toutes les fabriques de l'Angleterre, d'Ecosse et
d'Irlande seront arrêtées par le défaut de la matière
^psçmière, tous les trafics et occupations subsidiaires
Êiiépàndant de cette industrie seront arrêtés comme elle,
et une population diversement évaluée, mais dont le
total ne peut guère être moindre de 3 millions d'indi-
vidus, n'aura d'autre moyen de subsister que la taxe des
pauvres, ou ses propres économies, ou le crédit que lui
accorderont les marchands.
» Naturellement, ce ne sera pas la marche pratique
des événements, mais c'en sera la somme totale. Pra-
tiquement, quelques fabriques, et généralement celles
appartenant aux patrons les plus pauvres, s'arrêteront
ensemble et probablement à une époque très-pro-
chaine, laissant tous leurs ouvriers sans ressources.
D'autres travailleront deux jours par semaine, payant
peut-être trois jours à leurs ouvriers ; d'autres possé-
dant un gros capital et des marchés spéciaux, iront
aussi longtemps que possible, et paieront la matière
première presque à tout prix. Mais, au total et en
moyenne, il est exact de définir en ces termes l'avenir
qui nous attend :
» Dans les prochains six mois, la population de nos dis-
tricts cotonniers ne pourra travailler que quatre jours
par semaine, et ensuite elle devra s'arrêter complètement.
Jusqu'en juillet, elle vivra sur des salaires réduits aux
deux tiers, et ensuite il lui faudra vivre de charité.
Pauvreté durant la première période, détresse absolue
pendant la seconde. Il n'y a pas d'exagération dans ce
tableau ; en vérité, quelques-uns de nos correspondants
voudraient nous le faire présenter sous des couleurs
beaucoup plus sombres.
» L'état que nous venons de décrire peut durer long-
temps; il durera jusqu'à la fin du blocus américain ou
jusqu'à ce qu'il ait tant duré et semble si intermi-
nable, que nous nous soyons nous-mêmes pourvus
ailleurs contre ses conséquences par de tardives et in-
certaines opérations ; mais nous ne parlons ici que de
l'avenir de 1862.
D Que cette terrible calamité soit imminente et que
rien ne puisse la conjurer, si ce n'est la levée du blo-
cus américain, c'est ce qui est absolument certain. Sans
doute, cette situation occupe l'attention la plus an-
xieuse du gouvernement. Mais jetons maintenant un
coup d'œil sur les considérations qui peuvent l'atténuer
et sur les mesures capables de la mitiger.
» D'abord, quoiqu'il soit incontestable que les pertes
des manufacturiers seront seules égalées par les rudes
souffrances de leurs ouvriers, cependant ils n'ont jamais
été si bien en état de les supporter. La richesse du Lan-
cashire s'est accrue énormément pendant les deux der-
nières années. Les négociants de Liverpool ont fait
d'immenses bénéfices en 1861. Les manufacturiers de
Manchester en ont fait de non moins immenses en 1860.
L'année dernière, sans doute, a été pour un grand nom-
bre d'entre eux une année très-onéreuse, mais il en eut
été de même dans tous les cas par suite de l'encombre-
ment des marchés du monde. La hausse du coton les
a seulement obligés à faire ce à quoi l'interruption des
ventes les aurait contraints de toute façon quoique à
un moindre degré. Par ailleurs, cette hausse a occa-
sionné un prix correspondant pour les stocks en An-
gleterre et pour les frets au dehors. Elle a ainsi
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