Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1862 15 janvier 1862
Description : 1862/01/15 (A7,N134). 1862/01/15 (A7,N134).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203288n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
20 L'ISTHME DE SUEZ,
cette condition sine quâ non de la richesse cotonnière
de l'Amérique.
La conclusion de ce travail est que l'Europe et
l'Angleterre ne doivent plus compter pour leurs
approvisionnements en coton sur les ressources que
leur offrait le Sud américain, qu'il faut aller chercher
ailleurs les sources de ce produit, et,parmi les pays
qui se présentent au premier rang pour se substi-
tuer à l'Amérique, la Revue indique, comme tout le
monde, les inépuisables territoires de l'Indoustan.
Sans entrer aussi complétement dans l'étude des
causes qui peuvent amener le déclin ou la destruc-
tion de la culture du coton dans le Sud, nous avons
nous-même placé la difficulté sur un terrain plus
actuel et peut-être plus positif. De l'aveu universel,
la production du coton dans le Sud américain dépend
de la soumission et de la fidélité des noirs. Les es-
claves ne briseront-ils point leurs chaînes ? Les fédé-
raux ne les pousseront-ils point à cet acte ? Des
symptômes en ce sens ne se sont-ils point déjà ma-
nifestés? Ces symptômes ne sont-ils point assez gra-
ves pour faire appréhender ou une désertion presque
totale ou une insurrection ?
Déjà les journaux anglais nous ont révélé plusieurs
faits qui corroborent ces craintes. Dans une ville du
Sud envahie par les unionistes, les nègres abandon-
naient leurs maîtres, résistant à leurs instances ou
n'écoutant point leurs menaces, et se réfugiaient
joyeusement dans le camp fédéral en invoquant le
nom de liberté. Un événement à la fois plus triste
et plus effrayant est l'incendie terrible qui a ravagé
la ville de Charleston. Il paraît certain que le feu a
été mis parles nègres ; mais le Moniteur du 13 de ce
mois nous apporte sur ce point des révélations beau-
coup plus redoutables, et ici nous ne pouvons que
le laisser parler lui-même;
a On a de nouveaux détails sur l'incendie de Char-
leston. S'il faut en croire ces correspondances, le feu,
entretenu par les nègres, continuait ses ravages ; la
ville entière aurait ainsi successivement disparu dans
les flammes , et les édifices publics, les habita-
tions, les richesses d'une cité de 80,000 habitants,
seraient anéantis complètement. Des milliers d'in-
dividus , sans asile et sans pain, quittaient les
ruines fumantes pour chercher un refuge dans les
localités voisines qui s'empressaient de venir à leur
secours; enfin, la consternation est présentée comme
telle que les blancs avaient presque abandonné la
surveillance des esclaves, dont l'attitude était inquié-
tante. Ces tristes nouvelles, venant par les courriers
des Etats-Unis, demandent confirmation, et, sans
pouvoir douter de l'authenticité du désastre, il est
encore permis d'espérer que les dépêches en exagè-
rent l'étendue. »
Le parti abolitioniste, de son côté, fait sans cesse
de nouveaux progrès dans l'opinion des États du
Nord. Le cabinet du président compte plus'd'un par-
tisan de l'émancipation, et le reste paraît fort ébranlé.
A la Chambre des représentants et au Sénat, les mo-
tions les plus vives se succèdent en faveur d'une
mesure de ce genre, et la proclamation du général
Fremont, désavoué par le cabinet pour avoir appelé
les nègres à la liberté, vient d'être suivie d'une pro-
clamation analogue signée par un des généraux qui
ont débarqué avec un corps d'expédition sur les
côtes du Sud. Nous trouvons, en outre, dans la Presse
des détails circonstanciés, et que nous reproduisons
à la suite de ces considérations, sur le mouvement
abolitioniste qui semble de plus en plus entraîner les
Etats du Nord. Le dénoûment de l'affaire du Trent
ajoutera encore à ces dispositions. On est d'accord
pour reconnaitre que la note anglaise, que l'on re-
garde de l'autre côté de l'Atlantique comme une
tentative déguisée en faveur du Sud ou comme un
encouragement indirect à ses prétentions, a donné un
nouvel ascendant au parti des résolutions décisives,
nécessairement la reconnaissance du Sud par l'Angle-
terre ne pourrait que précipiter ces résolutions.
Notre conviction est donc que la logique des faits
doit amener avant peu l'abolition légale de l'escla-.
vage par le Congrès américain, et plus promptement
peut-être une profonde perturbation, pour ne rien
dire de plus, dans la population noire. Nous croyons
que l'Europe et l'Angleterre elle-même seraient dé-
sormais plus qu'imprudentes de ne point aller cher-
cher ailleurs les gages de la conservation et de l'avenir
de leur industrie. Les gouvernements sages sont ceux
qui savent prévoir et ne vivent pas au jour le jour ;
l'heure de la prévoyance est certainement arrivée.
C'est vers les Indes aujourd'hui, c'est vers l'Afrique
orientale, c'est vers les vastes et fertiles contrées
baignées par les mers d'Asie, que les nations doivent
tourner les yeux pour l'alimentation de la plus im-
portante branche de l'industrie manufacturière. Mais
pourraient-elles aller chercher leur coton dans ces
mers éloignées, si elles étaient condamnées au coû-
teux et long trajet par le cap de Bonne-Espérance9
Qui ne sent qu'aujourd'hui le percement de l'isthme
de Suez devient un besoin qui se rattache intime-
ment à cette grosse question du coton? Il l'est pour
la France et il l'est aussi pour l'Angleterre.
Moins que jamais l'Angleterre peut aujourd'hui
prétendre maintenir cette barrière aux communica-
tions entre l'Orient et l'Occident. A Londres comme
à Paris, les gouvernements ont exprimé leur vive
indignation de l'acte par lequel les Américains avaient
obstrué et rendu inaccessible le port d'une des
villes du Sud. Mais qu'est cet acte à côté de celui
qui persisterait à vouloir perpétuer l'obstruction bien
autrement gigantesque, calamiteuse et universelle
d'une route maritime, raccourcissant de 3,000 lieues
la navigation entre les deux hémisphères? Est-ce
cette condition sine quâ non de la richesse cotonnière
de l'Amérique.
La conclusion de ce travail est que l'Europe et
l'Angleterre ne doivent plus compter pour leurs
approvisionnements en coton sur les ressources que
leur offrait le Sud américain, qu'il faut aller chercher
ailleurs les sources de ce produit, et,parmi les pays
qui se présentent au premier rang pour se substi-
tuer à l'Amérique, la Revue indique, comme tout le
monde, les inépuisables territoires de l'Indoustan.
Sans entrer aussi complétement dans l'étude des
causes qui peuvent amener le déclin ou la destruc-
tion de la culture du coton dans le Sud, nous avons
nous-même placé la difficulté sur un terrain plus
actuel et peut-être plus positif. De l'aveu universel,
la production du coton dans le Sud américain dépend
de la soumission et de la fidélité des noirs. Les es-
claves ne briseront-ils point leurs chaînes ? Les fédé-
raux ne les pousseront-ils point à cet acte ? Des
symptômes en ce sens ne se sont-ils point déjà ma-
nifestés? Ces symptômes ne sont-ils point assez gra-
ves pour faire appréhender ou une désertion presque
totale ou une insurrection ?
Déjà les journaux anglais nous ont révélé plusieurs
faits qui corroborent ces craintes. Dans une ville du
Sud envahie par les unionistes, les nègres abandon-
naient leurs maîtres, résistant à leurs instances ou
n'écoutant point leurs menaces, et se réfugiaient
joyeusement dans le camp fédéral en invoquant le
nom de liberté. Un événement à la fois plus triste
et plus effrayant est l'incendie terrible qui a ravagé
la ville de Charleston. Il paraît certain que le feu a
été mis parles nègres ; mais le Moniteur du 13 de ce
mois nous apporte sur ce point des révélations beau-
coup plus redoutables, et ici nous ne pouvons que
le laisser parler lui-même;
a On a de nouveaux détails sur l'incendie de Char-
leston. S'il faut en croire ces correspondances, le feu,
entretenu par les nègres, continuait ses ravages ; la
ville entière aurait ainsi successivement disparu dans
les flammes , et les édifices publics, les habita-
tions, les richesses d'une cité de 80,000 habitants,
seraient anéantis complètement. Des milliers d'in-
dividus , sans asile et sans pain, quittaient les
ruines fumantes pour chercher un refuge dans les
localités voisines qui s'empressaient de venir à leur
secours; enfin, la consternation est présentée comme
telle que les blancs avaient presque abandonné la
surveillance des esclaves, dont l'attitude était inquié-
tante. Ces tristes nouvelles, venant par les courriers
des Etats-Unis, demandent confirmation, et, sans
pouvoir douter de l'authenticité du désastre, il est
encore permis d'espérer que les dépêches en exagè-
rent l'étendue. »
Le parti abolitioniste, de son côté, fait sans cesse
de nouveaux progrès dans l'opinion des États du
Nord. Le cabinet du président compte plus'd'un par-
tisan de l'émancipation, et le reste paraît fort ébranlé.
A la Chambre des représentants et au Sénat, les mo-
tions les plus vives se succèdent en faveur d'une
mesure de ce genre, et la proclamation du général
Fremont, désavoué par le cabinet pour avoir appelé
les nègres à la liberté, vient d'être suivie d'une pro-
clamation analogue signée par un des généraux qui
ont débarqué avec un corps d'expédition sur les
côtes du Sud. Nous trouvons, en outre, dans la Presse
des détails circonstanciés, et que nous reproduisons
à la suite de ces considérations, sur le mouvement
abolitioniste qui semble de plus en plus entraîner les
Etats du Nord. Le dénoûment de l'affaire du Trent
ajoutera encore à ces dispositions. On est d'accord
pour reconnaitre que la note anglaise, que l'on re-
garde de l'autre côté de l'Atlantique comme une
tentative déguisée en faveur du Sud ou comme un
encouragement indirect à ses prétentions, a donné un
nouvel ascendant au parti des résolutions décisives,
nécessairement la reconnaissance du Sud par l'Angle-
terre ne pourrait que précipiter ces résolutions.
Notre conviction est donc que la logique des faits
doit amener avant peu l'abolition légale de l'escla-.
vage par le Congrès américain, et plus promptement
peut-être une profonde perturbation, pour ne rien
dire de plus, dans la population noire. Nous croyons
que l'Europe et l'Angleterre elle-même seraient dé-
sormais plus qu'imprudentes de ne point aller cher-
cher ailleurs les gages de la conservation et de l'avenir
de leur industrie. Les gouvernements sages sont ceux
qui savent prévoir et ne vivent pas au jour le jour ;
l'heure de la prévoyance est certainement arrivée.
C'est vers les Indes aujourd'hui, c'est vers l'Afrique
orientale, c'est vers les vastes et fertiles contrées
baignées par les mers d'Asie, que les nations doivent
tourner les yeux pour l'alimentation de la plus im-
portante branche de l'industrie manufacturière. Mais
pourraient-elles aller chercher leur coton dans ces
mers éloignées, si elles étaient condamnées au coû-
teux et long trajet par le cap de Bonne-Espérance9
Qui ne sent qu'aujourd'hui le percement de l'isthme
de Suez devient un besoin qui se rattache intime-
ment à cette grosse question du coton? Il l'est pour
la France et il l'est aussi pour l'Angleterre.
Moins que jamais l'Angleterre peut aujourd'hui
prétendre maintenir cette barrière aux communica-
tions entre l'Orient et l'Occident. A Londres comme
à Paris, les gouvernements ont exprimé leur vive
indignation de l'acte par lequel les Américains avaient
obstrué et rendu inaccessible le port d'une des
villes du Sud. Mais qu'est cet acte à côté de celui
qui persisterait à vouloir perpétuer l'obstruction bien
autrement gigantesque, calamiteuse et universelle
d'une route maritime, raccourcissant de 3,000 lieues
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