Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1861 15 décembre 1861
Description : 1861/12/15 (A6,N132). 1861/12/15 (A6,N132).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203285d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 393
trouvera dans l'article suivant que nous empruntons
au Courrier de Marseille du 11 décembre.
FLEDRY.
« La Russie fait, à l'extrême Orient, ses coups sans
dire mot. Nous allons faire connaître un de ces coups.
Dans le détroit de Coré, en vue de la côte de cette
contrée, se trouvent deux îles appartenant à l'archipel
japonais ; elles portent le nom de Tsu-Sima ; ces deux
îles sont soumises au régime féodal en pleine vigueur
au Japon qui, sous le rapport a :ministratif, ressemble
à l'Europe du moyen âge; elles sont gouvernées par des
nobles appelés damios qui reconnaissent la suzeraineté
duTychoun ou empereur d'Yedo.
» Ces îles de Tsu-Sima sont assez isolées du grand
groupe qui forme l'archipel japonais; aussi leurs princes
héréditaires s'y trouvent placés sur un certain pied
d'indépendance, et sont beaucoup moins soumis que
les damios des autres îles au gouvernement central.
» Entre.ces deux îles, dont l'une est au nord et l'autre
au sud, se trouve un détroit qui forme une des plus
belles rades du monde, et sur les rives de cette rade
s'enfonce un port vaste et sûr, nommé Fatchou, où se
fait un grand commerce. La contrée est occupée par
des hauteurs entre lesquelles se déroulent de belles et
fertiles vallées, bien arrosées, d'un sol excellent qui
produit tout ce qui est nécessaire à la vie et qui le
produit avec une telle abondance, que ces îles de Tsu-
Sima entretiennent un grand commerce d'échange et
d'exportation avec tout l'archipel japonais- Leur popu-
lation est de 30,000 habitants, qui, pour l'industrie
et l'intelligence, sont considérés comme supérieurs aux
autres Japonais ; et l'on sait que les Japonais sont de
tous les Asiatiques les plus industrieux et les plus in-
telligents. Le climat est d'une incomparable beauté,
l'air y est pur et embaumé, et l'on considère ces îles
comme le paradis du Japon.
» Or, voici ce qui est advenu.
» Les Anglais sont les fureteurs de la mer ; un de
leurs navires fureteurs, en quête de découvertes, le
Ring Dove, portant le pavillon de l'amiral sir James
Hope, entra dernièrement dans la baie si bien abritée
de Tsu-Sima. Les officiers de la marine anglaise étaient
debout sur le pont et écarquillaient démesurément les
yeux. Leur surprise était au comble, car voici ce qu'ils
surprenaient :
» Trois frégates russes en plein armement étaient
silencieusement et majestueusement à l'ancre dans cet
admirable port, autour duquel, à une petite distance
d'un rivage où la flore asiatique déploie ses plus larges
feuilles et ses plus belles fleurs, s'élèvent des monta-
gnes boisées; sur les quais, des hommes étaient sé-
rieusement occupés à réparer des canots et des cha-
loupes russes; ils faisaient leur œuvre en conscience;
d'autres transportaient des provisions maritimes, et ce
qui porta au comble la stupéfaction des marins anglais,
ce fut la vue de l'étendard impérial des czars attaché à l'ex-
trémité d'un long mât, lequel mât s'élevait eu face d'un
immense et solide édifice bâti à l'européenne. Il y avait de
quoi être étonné. Ce port où mouillaient des frégates
russes n'est point au nombre des ports ouverts au
commerce étranger par les derniers traités; l'amiral
Hope et ses officiers, naturellement très-intrigués, se li-
vrèrent, selon la coutume de l'Angleterre, à laquelle
toutes les mers et presque tous les ports appartiennent,
à d'activés recherches pour avoir le mot de l'énigme
qui se présentait à eux sous la forme de trois fré-
gates , d'un grand nombre de chaloupes , d'un long
mât couronné du pavillon russe et' d'un vaste édifice
construit à l'européenne. Ils étaient plongés dans une
mer d'incertitudes.
» Voici ce qu'ils apprirent : les Russes avaient d'a-
bord obtenu du damio, à qui le port et le rivage ap-
partiennent, la permission d'ériger des constructions et
de s'installer eux-mêmes sur un site parfaitement choisi,
puisqu'il commande la baie, sous le prétexte ostensi-
ble de faire réparer leurs navires endommagés par de
longues courses et d'abriter convenablement leurs ma-
lades. Le damio, touché et décidé par des piastres, avait
tout accordé. Les Anglais voulurent voir les malades,
ils n'en virent aucun ; les habitants russes du vaste
édifice improprement appelé hôpital, avaient des faces
réjouies et se portaient admirablement bien. L'officier
russe déclarait pourtant qu'ils avaient la fièvre, ce que
les Anglais, de plus en plus intigués, ne crurent pas.
Ils n'avaient jamais vu de meilleurs visages.
» L'amiral Hope voulut avoir une conversation sé-
rieuse et polie avec les officiers russes ; ceux-ci s'obsti-
nèrent à se montrer légers ; ils ignoraient l'époque de
leur départ ; cela dépendait du commandant de la croi-
sière russe dans les mers de la Chine et du Japon. Les
naturels de ces îles dirent aux Anglais que les Russes
les avaient trompés, qu'ils avaient promis de ne de-
meurer chez eux que quelques mois, pour leurs mala-
des; que leurs malades s'étaient toujours très-bien
portés et qu'ils ne paraissaient guère disposés à s'en
aller, puisqu'ils bâtissaient des édifices extrêmement
solides.
» Alors l'amiral Hope oubliant Gibraltar, l'île de
Malte, les îles Ioniennes, l'ile de Périm, la côte
d'Aden, l'île Maurice, le cap de Bonne-Espérance,
l'île de Hong-Kong, le monde entier, s'indigna fort.
Prendre une si belle île, un si beau port en dépit des
traités, c'était le comble de l'abomination. Manger
l'herbe d'un damio, quel crime abominable 1 La Russie
agit donc à sa fantaisie; elle s'empare du fleuve Amur
ou Amour, elle s'empare de deux îles japonaises, elle
s'étend sur des espaces de terre auxquels la France, l'An-
gleterre, l'Amérique du Nord, les Pays-Bas ont un in-
térêt égal. Si on ne l'arrête pas, cette cauteleuse et si-
lencieuse imitatrice de la fière Grande-Bretagne, dans
ses vols maritimes, elle achèvera de fortifier cette rade
magnifique de Tsu-Sima, elle mettra la main sur la
ville de Fatchou, et le Japon entier finira par tomber
dans les mains moscovites. Quelle belle proie !
» Et les Anglais ont ajouté ceci :
» La Russie veut dominer depuis l'Amur jusqu'à la
Corée ; quelle position pouvait-elle choisir qui valût
mieux, pour y bâtir une citadelle imprenable et me-
naçante, que ces deux îles de Tsu-Sima? Ce sera son
Sébastopol asiatique, un Sébastopol à cinquante milles
trouvera dans l'article suivant que nous empruntons
au Courrier de Marseille du 11 décembre.
FLEDRY.
« La Russie fait, à l'extrême Orient, ses coups sans
dire mot. Nous allons faire connaître un de ces coups.
Dans le détroit de Coré, en vue de la côte de cette
contrée, se trouvent deux îles appartenant à l'archipel
japonais ; elles portent le nom de Tsu-Sima ; ces deux
îles sont soumises au régime féodal en pleine vigueur
au Japon qui, sous le rapport a :ministratif, ressemble
à l'Europe du moyen âge; elles sont gouvernées par des
nobles appelés damios qui reconnaissent la suzeraineté
duTychoun ou empereur d'Yedo.
» Ces îles de Tsu-Sima sont assez isolées du grand
groupe qui forme l'archipel japonais; aussi leurs princes
héréditaires s'y trouvent placés sur un certain pied
d'indépendance, et sont beaucoup moins soumis que
les damios des autres îles au gouvernement central.
» Entre.ces deux îles, dont l'une est au nord et l'autre
au sud, se trouve un détroit qui forme une des plus
belles rades du monde, et sur les rives de cette rade
s'enfonce un port vaste et sûr, nommé Fatchou, où se
fait un grand commerce. La contrée est occupée par
des hauteurs entre lesquelles se déroulent de belles et
fertiles vallées, bien arrosées, d'un sol excellent qui
produit tout ce qui est nécessaire à la vie et qui le
produit avec une telle abondance, que ces îles de Tsu-
Sima entretiennent un grand commerce d'échange et
d'exportation avec tout l'archipel japonais- Leur popu-
lation est de 30,000 habitants, qui, pour l'industrie
et l'intelligence, sont considérés comme supérieurs aux
autres Japonais ; et l'on sait que les Japonais sont de
tous les Asiatiques les plus industrieux et les plus in-
telligents. Le climat est d'une incomparable beauté,
l'air y est pur et embaumé, et l'on considère ces îles
comme le paradis du Japon.
» Or, voici ce qui est advenu.
» Les Anglais sont les fureteurs de la mer ; un de
leurs navires fureteurs, en quête de découvertes, le
Ring Dove, portant le pavillon de l'amiral sir James
Hope, entra dernièrement dans la baie si bien abritée
de Tsu-Sima. Les officiers de la marine anglaise étaient
debout sur le pont et écarquillaient démesurément les
yeux. Leur surprise était au comble, car voici ce qu'ils
surprenaient :
» Trois frégates russes en plein armement étaient
silencieusement et majestueusement à l'ancre dans cet
admirable port, autour duquel, à une petite distance
d'un rivage où la flore asiatique déploie ses plus larges
feuilles et ses plus belles fleurs, s'élèvent des monta-
gnes boisées; sur les quais, des hommes étaient sé-
rieusement occupés à réparer des canots et des cha-
loupes russes; ils faisaient leur œuvre en conscience;
d'autres transportaient des provisions maritimes, et ce
qui porta au comble la stupéfaction des marins anglais,
ce fut la vue de l'étendard impérial des czars attaché à l'ex-
trémité d'un long mât, lequel mât s'élevait eu face d'un
immense et solide édifice bâti à l'européenne. Il y avait de
quoi être étonné. Ce port où mouillaient des frégates
russes n'est point au nombre des ports ouverts au
commerce étranger par les derniers traités; l'amiral
Hope et ses officiers, naturellement très-intrigués, se li-
vrèrent, selon la coutume de l'Angleterre, à laquelle
toutes les mers et presque tous les ports appartiennent,
à d'activés recherches pour avoir le mot de l'énigme
qui se présentait à eux sous la forme de trois fré-
gates , d'un grand nombre de chaloupes , d'un long
mât couronné du pavillon russe et' d'un vaste édifice
construit à l'européenne. Ils étaient plongés dans une
mer d'incertitudes.
» Voici ce qu'ils apprirent : les Russes avaient d'a-
bord obtenu du damio, à qui le port et le rivage ap-
partiennent, la permission d'ériger des constructions et
de s'installer eux-mêmes sur un site parfaitement choisi,
puisqu'il commande la baie, sous le prétexte ostensi-
ble de faire réparer leurs navires endommagés par de
longues courses et d'abriter convenablement leurs ma-
lades. Le damio, touché et décidé par des piastres, avait
tout accordé. Les Anglais voulurent voir les malades,
ils n'en virent aucun ; les habitants russes du vaste
édifice improprement appelé hôpital, avaient des faces
réjouies et se portaient admirablement bien. L'officier
russe déclarait pourtant qu'ils avaient la fièvre, ce que
les Anglais, de plus en plus intigués, ne crurent pas.
Ils n'avaient jamais vu de meilleurs visages.
» L'amiral Hope voulut avoir une conversation sé-
rieuse et polie avec les officiers russes ; ceux-ci s'obsti-
nèrent à se montrer légers ; ils ignoraient l'époque de
leur départ ; cela dépendait du commandant de la croi-
sière russe dans les mers de la Chine et du Japon. Les
naturels de ces îles dirent aux Anglais que les Russes
les avaient trompés, qu'ils avaient promis de ne de-
meurer chez eux que quelques mois, pour leurs mala-
des; que leurs malades s'étaient toujours très-bien
portés et qu'ils ne paraissaient guère disposés à s'en
aller, puisqu'ils bâtissaient des édifices extrêmement
solides.
» Alors l'amiral Hope oubliant Gibraltar, l'île de
Malte, les îles Ioniennes, l'ile de Périm, la côte
d'Aden, l'île Maurice, le cap de Bonne-Espérance,
l'île de Hong-Kong, le monde entier, s'indigna fort.
Prendre une si belle île, un si beau port en dépit des
traités, c'était le comble de l'abomination. Manger
l'herbe d'un damio, quel crime abominable 1 La Russie
agit donc à sa fantaisie; elle s'empare du fleuve Amur
ou Amour, elle s'empare de deux îles japonaises, elle
s'étend sur des espaces de terre auxquels la France, l'An-
gleterre, l'Amérique du Nord, les Pays-Bas ont un in-
térêt égal. Si on ne l'arrête pas, cette cauteleuse et si-
lencieuse imitatrice de la fière Grande-Bretagne, dans
ses vols maritimes, elle achèvera de fortifier cette rade
magnifique de Tsu-Sima, elle mettra la main sur la
ville de Fatchou, et le Japon entier finira par tomber
dans les mains moscovites. Quelle belle proie !
» Et les Anglais ont ajouté ceci :
» La Russie veut dominer depuis l'Amur jusqu'à la
Corée ; quelle position pouvait-elle choisir qui valût
mieux, pour y bâtir une citadelle imprenable et me-
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Sébastopol asiatique, un Sébastopol à cinquante milles
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