Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1861 15 décembre 1861
Description : 1861/12/15 (A6,N132). 1861/12/15 (A6,N132).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203285d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
m L'ISTHME DE SUEZ,
valait mieux cent fois enrichir ses colonies par le
double courant de la production et du numéraire qui
la solde, que d'enrichir une nation rivale en s'appro-
visionnant chez elle d'une façon précaire. Tout cela,
nous le répétons, ayant été parfaitement démontré
par le Journal des deux mers, nous bornons là nos
réflexions.
- » Nous avons dit que la Russie devenait à l'extrême
Orient un redoutable voisin de l'empire britannique.
En effet, elle a su se faire concéder par l'empereur
de la Chine, en reconnaissance d'un facile arbitrage,
50 lieues de côtes maritimes dans la Tartarie Mant-
choux, et 300 lieues de pays intérieur. De ce nou-
veau traité, il résulte que la Russie s'étend actuel-
lement jusqu'à la rive gauche du fleuve Amur et
s'avance vers le 428 degré de latitude à peu près
sur la parallèle de Tiflis, capitale du Caucase ; ainsi
donc, en prenant pour point de départ Saint-Péters-
bourg, situé sous le 60e degré nord, la frontière
russe descend par une courbe irrégulière vers la la-
titude de Tinis ; et courant au milieu de la Tartarie
dans une direction parallèle à l'équateur, contourne
en partie la Perse, s'approche du Kaboul, frontière
et clef de l'Inde, côtoie le Thibet, longe la Chine
dans toute sa largeur et ne s'arrête qu'à l'embou-
chure du fleuve Amur, limite des deux empires. Voilà
donc les Moscovites maîtres de la côte orientale depuis
les plages stériles du Kamtschatka jusque près des
rivages fortunés que frange le canal en face du
Japon ; et comme ils possèdent tout le nord de l'Asie
jusqu'à la Norwége, il en résulte que le czar englobe
maintenant dans ses États plus des deux tiers de cette
large enveloppe terrestre.
» Des ports nombreux, profonds et sûrs, une mer
, poissonneuse, un doux climat, un sol fertile et peu-
plé, des forêts immenses pour l'architecture navale,
et le voisinage de la Chine et du Japon pour le
commerce; voilà la position, riche d'avenir, que la
savante diplomatie russe a su se créer. Ajoutez à cela
la marche lente, sourde mais continue des railway
reliant déjà l'ancienne capitale à la nouvelle, et en-
veloppant, par le Caucase, toute la mer Caspienne,
devenue aussi un lac russe, et vous aurez une idée
de ce que sera un jour cet empire, surtout en son-
geant que le chemin de fer se soudera plus tard à la
mer d'Aral, puis, traversant le désert, ira s'éteindre
au fond de l'Orient, avec embranchement sur Pékin.
» Les fils électriques précèdent quelquefois, et
accompagnent toujours les voies ferrées; il est donc
permis de penser qu'un jour, bientôt peut-être, les
poteaux traverseront l'Asie dans toute sa largeur; et
ce qui nous porte à le croire, c'est la lecture d'un
article d'un journal de Paris reproduit par le Moni-
teur du Puy-de-Dôme du 20 novembre, et que voici :
i « he électrique ne tardera pas à mettre
i tion directe et instantanée toutes
pl~~
» les parties du monde. On a signalé dernièrement
» l'arrivée à New-York d'un ingénieur russe, le
» colonel Romanoff, chargé d'exposer aux Améri-
» cains les travaux que son gouvernement poursuit
» en ce moment, depuis Moscou jusqu'au fleuve
» Amur, pour l'établissement d'une ligne télégra-
» phique, et de s'entendre avec eux pour son exten-
» sion jusqu'au nouveau Monde, à travers le détroit
» de Behring.
» Quand la jonction aura été opérée entre Moscou
» et San Francisco, le monde aura enfin la grande
» artère qu'on a vainement essayé de lui créer en
» plongeant un câble au milieu de l'Océan. »
» En vérité, lorsqu'on réfléchit à la rapidité
de locomotion actuelle de l'homme, et à la transmis-
sion instantanée de la pensée, on se demande ce que
pourra devenir la prodigieuse fortune anglaise,
quand en dix jours les Russes iront de la Baltique
au Japon, quand deux heures suffiront au gouver-
nement pour ordonner un armement ou une expé-
dition maritime à 2,000 lieues? C'est alors que
nos voisins béniront et rebéniront ce bienheureux
passage par Suez, ce canal providentiel qu'ils ont
tant entravé, stygmatisé et maudit, et qui transpor-
tera en quelques semaines des flottes nombreuses et
très-bien armées sur les rives naguère si lointaines de
leurs riches colonies menacées.
» Puisque le progrès doit un jour forcément, fa-
talement affaiblir le monopole oriental de la Grande-
Bretagne, qu'elle pense à l'avenir, qu'elle sache se
créer des alliés, qu'elle ne se donne point tous les
peuples pour ennemis, en s'efforçant de les empêcher
de s'asseoir avec elle , selon la loi de la Providence,
au grand banquet de la prospérité générale.
» HENRI MONNIER. »
LES RUSSES DANS LES IERS D'ASIE.
Tandis que les Anglais s'appliquent à imposer le.
plus longtemps possible à leur marine la plus lon-
gue et la plus difficilé des deux routes qui condui-
sent de l'Occident aux mers orientales, la Russie,
placée derrière ses mystérieuses possessions de l'A..
mur, ne cesse de faire des progrès dans ces parages
lointains, d'où un beau jour elle menacera et peut-
être chassera le pavillon britannique. L'Angleterre ne
sent-elle donc pas le besoin de hâter le moment où
elle pourra abréger de 3,000 lieues l'espace qui
la sépare du Japon, de la Chine, de l'Inde, lors-
1 que ses rivaux moscovites s'avancent et se fortifient
incessamment sur ce terrain de ses luttes futures.
Si elle a besoin d'un avertissement de plus, elle le
valait mieux cent fois enrichir ses colonies par le
double courant de la production et du numéraire qui
la solde, que d'enrichir une nation rivale en s'appro-
visionnant chez elle d'une façon précaire. Tout cela,
nous le répétons, ayant été parfaitement démontré
par le Journal des deux mers, nous bornons là nos
réflexions.
- » Nous avons dit que la Russie devenait à l'extrême
Orient un redoutable voisin de l'empire britannique.
En effet, elle a su se faire concéder par l'empereur
de la Chine, en reconnaissance d'un facile arbitrage,
50 lieues de côtes maritimes dans la Tartarie Mant-
choux, et 300 lieues de pays intérieur. De ce nou-
veau traité, il résulte que la Russie s'étend actuel-
lement jusqu'à la rive gauche du fleuve Amur et
s'avance vers le 428 degré de latitude à peu près
sur la parallèle de Tiflis, capitale du Caucase ; ainsi
donc, en prenant pour point de départ Saint-Péters-
bourg, situé sous le 60e degré nord, la frontière
russe descend par une courbe irrégulière vers la la-
titude de Tinis ; et courant au milieu de la Tartarie
dans une direction parallèle à l'équateur, contourne
en partie la Perse, s'approche du Kaboul, frontière
et clef de l'Inde, côtoie le Thibet, longe la Chine
dans toute sa largeur et ne s'arrête qu'à l'embou-
chure du fleuve Amur, limite des deux empires. Voilà
donc les Moscovites maîtres de la côte orientale depuis
les plages stériles du Kamtschatka jusque près des
rivages fortunés que frange le canal en face du
Japon ; et comme ils possèdent tout le nord de l'Asie
jusqu'à la Norwége, il en résulte que le czar englobe
maintenant dans ses États plus des deux tiers de cette
large enveloppe terrestre.
» Des ports nombreux, profonds et sûrs, une mer
, poissonneuse, un doux climat, un sol fertile et peu-
plé, des forêts immenses pour l'architecture navale,
et le voisinage de la Chine et du Japon pour le
commerce; voilà la position, riche d'avenir, que la
savante diplomatie russe a su se créer. Ajoutez à cela
la marche lente, sourde mais continue des railway
reliant déjà l'ancienne capitale à la nouvelle, et en-
veloppant, par le Caucase, toute la mer Caspienne,
devenue aussi un lac russe, et vous aurez une idée
de ce que sera un jour cet empire, surtout en son-
geant que le chemin de fer se soudera plus tard à la
mer d'Aral, puis, traversant le désert, ira s'éteindre
au fond de l'Orient, avec embranchement sur Pékin.
» Les fils électriques précèdent quelquefois, et
accompagnent toujours les voies ferrées; il est donc
permis de penser qu'un jour, bientôt peut-être, les
poteaux traverseront l'Asie dans toute sa largeur; et
ce qui nous porte à le croire, c'est la lecture d'un
article d'un journal de Paris reproduit par le Moni-
teur du Puy-de-Dôme du 20 novembre, et que voici :
i « he électrique ne tardera pas à mettre
i tion directe et instantanée toutes
pl~~
» les parties du monde. On a signalé dernièrement
» l'arrivée à New-York d'un ingénieur russe, le
» colonel Romanoff, chargé d'exposer aux Améri-
» cains les travaux que son gouvernement poursuit
» en ce moment, depuis Moscou jusqu'au fleuve
» Amur, pour l'établissement d'une ligne télégra-
» phique, et de s'entendre avec eux pour son exten-
» sion jusqu'au nouveau Monde, à travers le détroit
» de Behring.
» Quand la jonction aura été opérée entre Moscou
» et San Francisco, le monde aura enfin la grande
» artère qu'on a vainement essayé de lui créer en
» plongeant un câble au milieu de l'Océan. »
» En vérité, lorsqu'on réfléchit à la rapidité
de locomotion actuelle de l'homme, et à la transmis-
sion instantanée de la pensée, on se demande ce que
pourra devenir la prodigieuse fortune anglaise,
quand en dix jours les Russes iront de la Baltique
au Japon, quand deux heures suffiront au gouver-
nement pour ordonner un armement ou une expé-
dition maritime à 2,000 lieues? C'est alors que
nos voisins béniront et rebéniront ce bienheureux
passage par Suez, ce canal providentiel qu'ils ont
tant entravé, stygmatisé et maudit, et qui transpor-
tera en quelques semaines des flottes nombreuses et
très-bien armées sur les rives naguère si lointaines de
leurs riches colonies menacées.
» Puisque le progrès doit un jour forcément, fa-
talement affaiblir le monopole oriental de la Grande-
Bretagne, qu'elle pense à l'avenir, qu'elle sache se
créer des alliés, qu'elle ne se donne point tous les
peuples pour ennemis, en s'efforçant de les empêcher
de s'asseoir avec elle , selon la loi de la Providence,
au grand banquet de la prospérité générale.
» HENRI MONNIER. »
LES RUSSES DANS LES IERS D'ASIE.
Tandis que les Anglais s'appliquent à imposer le.
plus longtemps possible à leur marine la plus lon-
gue et la plus difficilé des deux routes qui condui-
sent de l'Occident aux mers orientales, la Russie,
placée derrière ses mystérieuses possessions de l'A..
mur, ne cesse de faire des progrès dans ces parages
lointains, d'où un beau jour elle menacera et peut-
être chassera le pavillon britannique. L'Angleterre ne
sent-elle donc pas le besoin de hâter le moment où
elle pourra abréger de 3,000 lieues l'espace qui
la sépare du Japon, de la Chine, de l'Inde, lors-
1 que ses rivaux moscovites s'avancent et se fortifient
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