Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1861 15 décembre 1861
Description : 1861/12/15 (A6,N132). 1861/12/15 (A6,N132).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203285d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 391
faisante, ce qui signifie que les Anglais continuent
à y être menacés, et l'on peut juger de quelle façon
quand on se rappelle l'attaque furieuse dont leur
consul général a été l'objet dans son propre domicile.
Enfin, il existe une querelle sérieuse dans Ja Nou-
velle-Zélande entre les colons et les naturels du
pays. Il y a quelque temps, les colons avaient de-
mandé des secours à la métropole, et les journaux de
Londres leur ont répondu que l'Angleterre avait
besoin de ses soldats pour elle, et qu'ils ne devaient
compter que sur eux-mêmes. Les dépêches télégra-
phiques nous font connaître également, dans des
termes identiques, que « la situation n'est pas satis-
faisante » dans la nouvelle Zélande.
Au milieu de toutes ces complications qui lui sur-
viennent si mal à propos, l'Angleterre ne sentira-t-elle
point combien il est à regretter pour elle de ne pouvoir
communiquer avec le théâtre de tous ces événements
par la route qui faciliterait et rendrait plus rapide
et sa surveillance et son action ?
ERNEST DESPLACES.
LA RUSSIE ET L'ANGLETERRE.
Sous ce titre, un des actionnaires du canal de Suez,
M. Henri Moinier, dont nous avons eu plus d'une
fois occasion de soumettre les excellents travaux à
nos lecteurs, nous adresse la communication sui-
vante :
« Les terres de notre planète ont leurs limites.
L'ambition de deux riches empires, la Russie et
l'Angleterre, n'en a pas. Ce sont les plus intrépides
athlètes et les plus formidables jouteurs à ce jeu
dangereux des conquêtes. Celle-ci vient encore d'ar-
borer son pavillon sur la plus grande des îles de
l'archipel Darlhac (1), et son habile et persévérante
rivale poursuit sans bruit sa route jusqu'aux confins
de l'Asie. Sur cet immense parcours se rencontrent
et se mesurent des yeux ces deux colosses, car le
globe ne peut é}ar,gW sa ceinture; et les plaines de
la Perse, les défilés du Kaboul ou les rives de l'Indus
seront peut-être un jour le champ* clos où se videra,
par les armes, leur irréconciliable querelle. Si une
lutte s'engageait, elle serait terrible en elle-même
et immense dans ses effets; aussi ne comprenions-
nous pas la résistance de la Grande-Bretagne au
percement d'une route presque directe pour Bombay
et Calcutta. Combien de fois le Journal de l'union des
deux mers n'a-t-il pas appelé l'attention du gouver-
nement anglais sur les avantages qu'il en retirerait
pour le transport de ses forces maritimes et de son
armée de terre en cas de guerre avec ses nouveaux
(1) Voir la Patrie du 23 novembre, qui le raconte et ajoute qu'une
division est partie d'Aden pour aller en prendre possession.
et puissants voisins ! Ces sages avis ont trouvé de
l'écho : le mauvais vouloir s'affaiblit rapidement, et
les travaux du canal de Suez se poursuivent sans
cesse, grâce à l'énergie de son fondateur, au dévoue-
ment de ses coopérateurs et au concours éclairé de
l'opinion publique appuyant de tout son ascendant
les nobles intentions du vice-roi d'Égypte. L'Angle-
terre, plus que toute autre nation, a besoin de la paix;
car il n'est pas un coin du globe où le bruit du canon
ne nuisît à son commerce; et c'est afin d'en con-
server le développement qu'elle surveille avec in-
quiétude ce bras de 2,000 lieues qui s'est allongé
sournoisement par delà les déserts du vaste continent
asiatique.
» La Grande-Bretagne est une colossale fabrique
où règne, avec la vapeur, le roi coton qui nourrit à
lui seul quatre millions d'ouvriers. Là des milliers
de puissantes machines gémissent, hurlent ou crient
nuit et jour. Là, dans cette immense ruche, où bour-
donne un quart de la population, d'autres millions
de prolétaires tissent, forgent, étirent, creusent, la-
minent ou fourbissent les matières brutes et les
transforment en d'utiles ou luxueux produits que de
nombreux navires et une armée de matelots expor-
tent sur tous les marchés du globe. Cette misérable
et turbulente population, ce peuple déshérité du sol,
qui, malgré son rude labeur, ne saurait vivre sans
Yincome-lax, que deviendrait-il si une longue et sé-
rieuse guerre s'allumait? Il aurait faim, et la faim,
on le sait, est une mauvaise conseillère. Si la paix,
ce thermomètre de la civilisation, est un bienfait pour
tous les peuples, nous pensons que, vu l'état des
esprits en Europe, elle est, de plus, pour nos voisins
une condition d'existence de leur fameuse charte de
1688 et le gage le plus certain de leur prospérité.
» Nous avons nommé le coton; tous les journaux
de France, et celui de l'isthme surtout, ont signalé
le péril dont la disette probable de ce précieux végé-
tal menaçait toutes les fabriques d'outre-Manche.
Déjà plusieurs d'entre elles ont réduit les salaires ou
bien le nombre des journées de travail. L'honorable
journal que nous venons de citer a prouvé par des
raisonnements de la plus rigoureuse logique de quels
avantages serait pour elles l'abréviation de la voie
des Indes, berceau actuel, mais source prochaine et
féconde d'énormes productions du coton. La guerre
d'Amérique qui bloque les ports, annule presque les
arrivages, et la paix qui la suivra provoqueront pro-
bablement une de ces deux situations : ou l'affran-
chissement de l'esclavage et par suite une grande
diminution dans les produits agricoles des États du
Sud, ou un pas immense dans le développement de
l'industrie, dans l'élévation du prix,dans l'antagonisme
qui crée les fabriques, et la concurrence qui enfante
et répand les produits. L'Angleterre a parfaitement
compris, par les rudes leçons de cette lutte, qu'il lui
faisante, ce qui signifie que les Anglais continuent
à y être menacés, et l'on peut juger de quelle façon
quand on se rappelle l'attaque furieuse dont leur
consul général a été l'objet dans son propre domicile.
Enfin, il existe une querelle sérieuse dans Ja Nou-
velle-Zélande entre les colons et les naturels du
pays. Il y a quelque temps, les colons avaient de-
mandé des secours à la métropole, et les journaux de
Londres leur ont répondu que l'Angleterre avait
besoin de ses soldats pour elle, et qu'ils ne devaient
compter que sur eux-mêmes. Les dépêches télégra-
phiques nous font connaître également, dans des
termes identiques, que « la situation n'est pas satis-
faisante » dans la nouvelle Zélande.
Au milieu de toutes ces complications qui lui sur-
viennent si mal à propos, l'Angleterre ne sentira-t-elle
point combien il est à regretter pour elle de ne pouvoir
communiquer avec le théâtre de tous ces événements
par la route qui faciliterait et rendrait plus rapide
et sa surveillance et son action ?
ERNEST DESPLACES.
LA RUSSIE ET L'ANGLETERRE.
Sous ce titre, un des actionnaires du canal de Suez,
M. Henri Moinier, dont nous avons eu plus d'une
fois occasion de soumettre les excellents travaux à
nos lecteurs, nous adresse la communication sui-
vante :
« Les terres de notre planète ont leurs limites.
L'ambition de deux riches empires, la Russie et
l'Angleterre, n'en a pas. Ce sont les plus intrépides
athlètes et les plus formidables jouteurs à ce jeu
dangereux des conquêtes. Celle-ci vient encore d'ar-
borer son pavillon sur la plus grande des îles de
l'archipel Darlhac (1), et son habile et persévérante
rivale poursuit sans bruit sa route jusqu'aux confins
de l'Asie. Sur cet immense parcours se rencontrent
et se mesurent des yeux ces deux colosses, car le
globe ne peut é}ar,gW sa ceinture; et les plaines de
la Perse, les défilés du Kaboul ou les rives de l'Indus
seront peut-être un jour le champ* clos où se videra,
par les armes, leur irréconciliable querelle. Si une
lutte s'engageait, elle serait terrible en elle-même
et immense dans ses effets; aussi ne comprenions-
nous pas la résistance de la Grande-Bretagne au
percement d'une route presque directe pour Bombay
et Calcutta. Combien de fois le Journal de l'union des
deux mers n'a-t-il pas appelé l'attention du gouver-
nement anglais sur les avantages qu'il en retirerait
pour le transport de ses forces maritimes et de son
armée de terre en cas de guerre avec ses nouveaux
(1) Voir la Patrie du 23 novembre, qui le raconte et ajoute qu'une
division est partie d'Aden pour aller en prendre possession.
et puissants voisins ! Ces sages avis ont trouvé de
l'écho : le mauvais vouloir s'affaiblit rapidement, et
les travaux du canal de Suez se poursuivent sans
cesse, grâce à l'énergie de son fondateur, au dévoue-
ment de ses coopérateurs et au concours éclairé de
l'opinion publique appuyant de tout son ascendant
les nobles intentions du vice-roi d'Égypte. L'Angle-
terre, plus que toute autre nation, a besoin de la paix;
car il n'est pas un coin du globe où le bruit du canon
ne nuisît à son commerce; et c'est afin d'en con-
server le développement qu'elle surveille avec in-
quiétude ce bras de 2,000 lieues qui s'est allongé
sournoisement par delà les déserts du vaste continent
asiatique.
» La Grande-Bretagne est une colossale fabrique
où règne, avec la vapeur, le roi coton qui nourrit à
lui seul quatre millions d'ouvriers. Là des milliers
de puissantes machines gémissent, hurlent ou crient
nuit et jour. Là, dans cette immense ruche, où bour-
donne un quart de la population, d'autres millions
de prolétaires tissent, forgent, étirent, creusent, la-
minent ou fourbissent les matières brutes et les
transforment en d'utiles ou luxueux produits que de
nombreux navires et une armée de matelots expor-
tent sur tous les marchés du globe. Cette misérable
et turbulente population, ce peuple déshérité du sol,
qui, malgré son rude labeur, ne saurait vivre sans
Yincome-lax, que deviendrait-il si une longue et sé-
rieuse guerre s'allumait? Il aurait faim, et la faim,
on le sait, est une mauvaise conseillère. Si la paix,
ce thermomètre de la civilisation, est un bienfait pour
tous les peuples, nous pensons que, vu l'état des
esprits en Europe, elle est, de plus, pour nos voisins
une condition d'existence de leur fameuse charte de
1688 et le gage le plus certain de leur prospérité.
» Nous avons nommé le coton; tous les journaux
de France, et celui de l'isthme surtout, ont signalé
le péril dont la disette probable de ce précieux végé-
tal menaçait toutes les fabriques d'outre-Manche.
Déjà plusieurs d'entre elles ont réduit les salaires ou
bien le nombre des journées de travail. L'honorable
journal que nous venons de citer a prouvé par des
raisonnements de la plus rigoureuse logique de quels
avantages serait pour elles l'abréviation de la voie
des Indes, berceau actuel, mais source prochaine et
féconde d'énormes productions du coton. La guerre
d'Amérique qui bloque les ports, annule presque les
arrivages, et la paix qui la suivra provoqueront pro-
bablement une de ces deux situations : ou l'affran-
chissement de l'esclavage et par suite une grande
diminution dans les produits agricoles des États du
Sud, ou un pas immense dans le développement de
l'industrie, dans l'élévation du prix,dans l'antagonisme
qui crée les fabriques, et la concurrence qui enfante
et répand les produits. L'Angleterre a parfaitement
compris, par les rudes leçons de cette lutte, qu'il lui
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