Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1861 15 décembre 1861
Description : 1861/12/15 (A6,N132). 1861/12/15 (A6,N132).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203285d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
390 L'ISTHME DE SUEZ,
vait passer par l'isthme de Suez. Les croisières amé-
ricaines ce pourraient plus guetter et intercepter
ses expéditions à leur passage dans l'Atlantique.
Les navires de Bombay, de Calcutta, de tous
les ports de l'Indî se dirigeraient droit sur la mer
Rouge, et aboutissant dans la Méditerranée n'auraient
plus qu'à cingler le long des côtes de l'Europe pour
arriver à leur destination. Les navires venant de la
Chine et de l'Australie suivraient la même voie, et la
mer Rouge, gardée par le détroit de Bab-el Mandeb,
deviendrait pour eux une sorte de vaste port de re-
fuge en même temps que la ligne la plus abrégée
pour effectuer leur voyage. Dès lors, que de sécurité
pour la navigation marchande de l'Angleterre et
que de difficultés pour les croiseurs américains ! Il
leur faudrait s'éloigner de l'Atlantique , c'est-à-dire
de leur base d'opération ; il leur faudrait passer le
cap, s'engager dans les détroits et les dédales de la
mer des Indes, incertains de leur ravitaillement, ne
sachant où se réparer, n'ayant pas de lieu sûr où
déposer leurs prises,et facilement poursuivis et atteints
par les croiseurs qui les attendraient dans certains
parages et dans certaines passes inévitables. Le Spe-
ctator, il y a quelques jours, traçait un merveilleux
tableau de la puissance que l'Angleterre avait acca-
parée dans les mers d'Asie et de tous les moyens qu'elle
s'était préparés pour en rendre l'accès ou le séjour
impossible à des ennemis de son pavillon. Toute cette
politique a été très-profonde, mais il manque un terme
à l'instruction du problème indiqué par le Spectator,
et ce terme c'est l'Atlantique. Qu'importe en effet que
l'Angleterre ait tout disposé pour que sa navigation
ne pût pas être troublée au delà du cap de Bonne-
Espérance si elle peut l'être en deçà, et si en même
temps elle est condamnée à affronter d'un côté une
somme égale ou plus forte de dangers que celle à la-
quelle on a travaillé à la soustraire de l'autre ? Qu'im-
porte que ses navires ne soient pas pris au départ,
s'ils peuvent ou doivent l'être an milieu du trajet ?
Comment le Spectator n'a-t-il pas vu que tout le
complément et la sécurité de son système gisait dans
la possibilité, pour la navigation marchande, d'éviter
l'Atlantique sur laquelle se concentreront tous les
efforts des Américains, et de passer de la mer des
Indes dans la Méditerranée par le canal égyptien?
Dès lors, nous l'avons déjà dit, les navires se trou-
vent au centre de l'Europe, et les Américains ne peu-
vent faire grand mal dans le trajet qui sépare le
détroit de Gibraltar du détroit de la Manche.
Ainsi donc, si, par malheur, la guerre s'allumait
entre les deux plus grandes puissances maritimes du
monde, l'Angleterre, plus que jamais, aurait à se
repentir des obstacles qu'une politique arriérée a op-
posés à une entreprise de paix et de civilisation. Il y a
plus : si nous espérons encore que la querelle actuelle
s'accommodera, nous ne supposons point pour cela
que de nouveaux conflits ou de nouveaux griefs ne
surviendront pas entre l'Angleterre et l'Amérique.
Mais nous disons qu'à chacune de ces velléités d'ag-
gression ou de résistance elle verra toujours se dres
ser sous ses yeux ce spectre de la marine américaine
infestant l'Atlantique et venant par là lui couper à
coup sûr sa route et son commerce avec l'Orient;
mais nous disons que ce péril sera comme un boulet
attaché à son pied, sinon pour arrêter ses mouve-
ments , au moins pour leur donner une grande hési-
tation, et que si l'isthme de Suez était ouvert, l'An-
gleterre aurait en ce moment, en face des Etats-Unis,
beaucoup plus d'ascendant moral, parce qu'elle au-
rait pour ses plus vastes intérêts beaucoup plus de
sécurité.
Ce sont là de ces leçons que la Providence et la loi
des choses infligent parfois à l'aveuglement ou
à l'obstination des hommes. Mais tant d'épreuves
réitérées suffiront-elles enfin, et qu'attend l'Angleterre
pour se réconcilier avec l'opinion universelle, en ac-
cordant, à une œuvre trop combattue, ce concours
cordial et entier qu'elle a été déjà si souvent punie
de lui avoir refusé.
P. S.- Des circonstances nouvelles viennent encore
prêter leur poids à nos observations.
Le précédent courrier de l'Inde annonçait que des
désordres avaient éclaté dans une des provinces de
cet empire, et, qu'à la suite d'une émeute, un officier
anglais, collecteur de taxes, avait été tué.
On ne donnait point d'autres renseignements sur
cette affaire.
A l'heure où nous écrivons, une dépêche télégraphi-
que datée de Marseille, le 13 décembre, nous apprend
que, d'après un bruit répandu « une révolution aurait
» éclaté dans l'Afghanistan , et que les insurgés bien
» armés, commandés par des officiers européens, au-
» raient pénétré sur le territoire anglais, où ils se
» seraient emparé de plusieurs positions sur la route
« de Caboul. »
Nous ne savons jusqu'à quel point ces nouvelles se
vérifieront. Nous n'apprendrons que plus tard quelle
est la puissance réelle de cette insurrection qui doit
avoir ses ramifications et sa gravité si, comme on
le dit, elle est commandée par des officiers euro-
péens. Il faut attendre aussi pour savoir le rôle que
jouera,} dans ces troubles nouveaux, Nena-Saïb guet-
tant son moment des montagnes du Thibet, qui plus
d'une fois déjà a donné signe de vie, et jusqu'à quel
point il peut être mêlé à ces mouvements.
Mais nous croyons pouvoir dire que l'Inde n'est pa-
cifiée qu'à la surface, qu'il y bouillonne encore de
grands ferments d'agitation, et que l'Angleterre doit
avoir attentivement les yeux fixés sur son immense
et vacillante conquête.
n'un autre côté, les nouvelles de Canton annon-
cent que la situation au Japon n'est pas très-satis-
vait passer par l'isthme de Suez. Les croisières amé-
ricaines ce pourraient plus guetter et intercepter
ses expéditions à leur passage dans l'Atlantique.
Les navires de Bombay, de Calcutta, de tous
les ports de l'Indî se dirigeraient droit sur la mer
Rouge, et aboutissant dans la Méditerranée n'auraient
plus qu'à cingler le long des côtes de l'Europe pour
arriver à leur destination. Les navires venant de la
Chine et de l'Australie suivraient la même voie, et la
mer Rouge, gardée par le détroit de Bab-el Mandeb,
deviendrait pour eux une sorte de vaste port de re-
fuge en même temps que la ligne la plus abrégée
pour effectuer leur voyage. Dès lors, que de sécurité
pour la navigation marchande de l'Angleterre et
que de difficultés pour les croiseurs américains ! Il
leur faudrait s'éloigner de l'Atlantique , c'est-à-dire
de leur base d'opération ; il leur faudrait passer le
cap, s'engager dans les détroits et les dédales de la
mer des Indes, incertains de leur ravitaillement, ne
sachant où se réparer, n'ayant pas de lieu sûr où
déposer leurs prises,et facilement poursuivis et atteints
par les croiseurs qui les attendraient dans certains
parages et dans certaines passes inévitables. Le Spe-
ctator, il y a quelques jours, traçait un merveilleux
tableau de la puissance que l'Angleterre avait acca-
parée dans les mers d'Asie et de tous les moyens qu'elle
s'était préparés pour en rendre l'accès ou le séjour
impossible à des ennemis de son pavillon. Toute cette
politique a été très-profonde, mais il manque un terme
à l'instruction du problème indiqué par le Spectator,
et ce terme c'est l'Atlantique. Qu'importe en effet que
l'Angleterre ait tout disposé pour que sa navigation
ne pût pas être troublée au delà du cap de Bonne-
Espérance si elle peut l'être en deçà, et si en même
temps elle est condamnée à affronter d'un côté une
somme égale ou plus forte de dangers que celle à la-
quelle on a travaillé à la soustraire de l'autre ? Qu'im-
porte que ses navires ne soient pas pris au départ,
s'ils peuvent ou doivent l'être an milieu du trajet ?
Comment le Spectator n'a-t-il pas vu que tout le
complément et la sécurité de son système gisait dans
la possibilité, pour la navigation marchande, d'éviter
l'Atlantique sur laquelle se concentreront tous les
efforts des Américains, et de passer de la mer des
Indes dans la Méditerranée par le canal égyptien?
Dès lors, nous l'avons déjà dit, les navires se trou-
vent au centre de l'Europe, et les Américains ne peu-
vent faire grand mal dans le trajet qui sépare le
détroit de Gibraltar du détroit de la Manche.
Ainsi donc, si, par malheur, la guerre s'allumait
entre les deux plus grandes puissances maritimes du
monde, l'Angleterre, plus que jamais, aurait à se
repentir des obstacles qu'une politique arriérée a op-
posés à une entreprise de paix et de civilisation. Il y a
plus : si nous espérons encore que la querelle actuelle
s'accommodera, nous ne supposons point pour cela
que de nouveaux conflits ou de nouveaux griefs ne
surviendront pas entre l'Angleterre et l'Amérique.
Mais nous disons qu'à chacune de ces velléités d'ag-
gression ou de résistance elle verra toujours se dres
ser sous ses yeux ce spectre de la marine américaine
infestant l'Atlantique et venant par là lui couper à
coup sûr sa route et son commerce avec l'Orient;
mais nous disons que ce péril sera comme un boulet
attaché à son pied, sinon pour arrêter ses mouve-
ments , au moins pour leur donner une grande hési-
tation, et que si l'isthme de Suez était ouvert, l'An-
gleterre aurait en ce moment, en face des Etats-Unis,
beaucoup plus d'ascendant moral, parce qu'elle au-
rait pour ses plus vastes intérêts beaucoup plus de
sécurité.
Ce sont là de ces leçons que la Providence et la loi
des choses infligent parfois à l'aveuglement ou
à l'obstination des hommes. Mais tant d'épreuves
réitérées suffiront-elles enfin, et qu'attend l'Angleterre
pour se réconcilier avec l'opinion universelle, en ac-
cordant, à une œuvre trop combattue, ce concours
cordial et entier qu'elle a été déjà si souvent punie
de lui avoir refusé.
P. S.- Des circonstances nouvelles viennent encore
prêter leur poids à nos observations.
Le précédent courrier de l'Inde annonçait que des
désordres avaient éclaté dans une des provinces de
cet empire, et, qu'à la suite d'une émeute, un officier
anglais, collecteur de taxes, avait été tué.
On ne donnait point d'autres renseignements sur
cette affaire.
A l'heure où nous écrivons, une dépêche télégraphi-
que datée de Marseille, le 13 décembre, nous apprend
que, d'après un bruit répandu « une révolution aurait
» éclaté dans l'Afghanistan , et que les insurgés bien
» armés, commandés par des officiers européens, au-
» raient pénétré sur le territoire anglais, où ils se
» seraient emparé de plusieurs positions sur la route
« de Caboul. »
Nous ne savons jusqu'à quel point ces nouvelles se
vérifieront. Nous n'apprendrons que plus tard quelle
est la puissance réelle de cette insurrection qui doit
avoir ses ramifications et sa gravité si, comme on
le dit, elle est commandée par des officiers euro-
péens. Il faut attendre aussi pour savoir le rôle que
jouera,} dans ces troubles nouveaux, Nena-Saïb guet-
tant son moment des montagnes du Thibet, qui plus
d'une fois déjà a donné signe de vie, et jusqu'à quel
point il peut être mêlé à ces mouvements.
Mais nous croyons pouvoir dire que l'Inde n'est pa-
cifiée qu'à la surface, qu'il y bouillonne encore de
grands ferments d'agitation, et que l'Angleterre doit
avoir attentivement les yeux fixés sur son immense
et vacillante conquête.
n'un autre côté, les nouvelles de Canton annon-
cent que la situation au Japon n'est pas très-satis-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203285d/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203285d/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203285d/f6.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203285d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203285d
Facebook
Twitter