Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1861 15 novembre 1861
Description : 1861/11/15 (A6,N130). 1861/11/15 (A6,N130).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203283k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
360 L'ISTHME DE SUEZ, .»
N qui, en 1857, a fourni le quart des expéditions, et
» pourrait en trois ans en fournir les trois quarts.
» La demande dépend moins de la production et de la
» récolte que du prix du fret à Bombay. »
Nous n'avions donc pas tort de penser que le prix
du fret, c'est-à-dire le transport maritime, ne pou-
vait manquer de jouer un rôle capital dans la solu-
tion que poursuit l'Angleterre pour assurer désormais
par ses possessions indiennes l'alimentation et le
travail de ses manufactures. Nous avons maintenant
un témoignage important et certes non suspect de
la vérité de notre appréciation; la demande du coton
des Indes pour l'Angleterre dépend avant tout dè la
valeur du fret entre l'Angleterre et les Indes.
Mais s'il en est ainsi, et c'est un Anglais lui-même
qui le déclare, et c'est le journal le plus accrédité
de Manchester qui enregistre cet aveu, l'Angleterre
tout entière est plus intéressée que la France, que le
continent européen à provoquer la marche la plus
active possible des travaux du canal de Suez ; le ca-
nal de Suez devient pour l'Angleterre une condition
d'existence et d'indépendance ; car le canal de Suez
abrége de moitié le trajet entre l'Inde et Liverpool,
et il est par conséquent destiné à diminuer d'une façon
notable la cherté du fret entre ces deux cités commer-
ciales. Nous reproduisions tout à l'heure les paroles
par lesquelles lord Palmerston exprimait l'espoir que
la guerre américaine aurait ce résultat d'affranchir
les manufactures anglaises, et de leur apprendre à
ne plus compter pour leur approvisionnement sur la
source presque unique d'où elles tiraient leur coton.
Si le noble lord veut réaliser cette pensée, il doit
sentir que désormais le canal de Suez est l'instru-
ment obligé de son accomplissement ; car qu'il s'a-
dresse à l'Afrique orientale, à la Chine, aux Indes, à
l'Australie, aux champs immenses de la production
asiatique, c'est toujours l'isthme égyptien dont l'ou-
verturelui offrira invariablementla voie la plus directe,
la plus facile et la plus économique pour porter cette
matière encombrante de l'un à l'autre hémisphère.
Un grand nombre de journaux anglais ont pré-
tendu qu'en raison de l'indispensable nécessité du
coton pour sa consommation et ses manufactures,
l'Europe pouvait être en droit d'intervenir dans la
querelle des Etats-Unis, d'exiger la levée du blocus
des ports du Sud afin de rendre libre la circulation du
coton. Mais à plus forte raison l'Europe n'aurait-elle
pas également le droit de réclamer de l'Angleterre de
mettre hautement et officiellement un terme aux
obstacles qu'elle a trop longtemps opposés à la sup-
pression de cette barrière entre nous et le coton
d" AsIe, suppression qui va devenir impérieuse, afin
de pourvoir aux exigences qui naissent de la
guerre civile au delà de l'Atlantique ? Il ne faut
point s'y tromper, cette lutte déplorable n'est pas
sur le point de cesser. Elle a pris de trop
grandes proportions pour ne point durer plusieurs
années, et le Times lui-même, dans un article
que nous citons plus bas, appréhende qu'elle
n'amène pour longtemps la suspension et la
ruine de la culture du coton américain. Si l'Angle-
terre veut en courir les risques par un sentiment de
jalousie ou d'égoïsme mal entendu, à la bonne heure;
mais pourrait-elle condamner la France et tous les
pays manufacturiers du continent à les partager avec
elle, parce que tel serait son bon plaisir ; et lorsque,
par le percement de l'isthme de Suez, l'Europe peut
parvenir à avoir du coton en abondance et à bon
marché, en se mettant en communication avec les
pays asiatiques producteurs de cette matière, fau-
drait-il qu'elle se résignàt à fermer ses ateliers, à
trembler pour l'avenir de ses manufactures, à atten-
dre les bras croisés la fin de la crise américaine, le
tout pour subir un caprice, une injustice et un acte
d'oppression de l'Angleterre ?
Non. L'Angleterre elle-même ne le veut pas et ne
peut pas le vouloir. Les événements, nous pourrions
presque dire la fatalité, portent chaque jour leurs
conseils à ceux de ses hommes d'Etat que des pré-
jugés d'un autre temps ont pu un instant aveugler.
La démarche et les paroles de M. Colquhoun sur le
terrain des travaux de l'isthme ont été un éclatant
symptôme de ces dispositions. Nous ne trouvons
plus dans la presse anglaise cette hostilité que nous
avons eu plus d'une fois l'occasion de déplorer et de
combattre. N'oublions point que les classes commer-
ciales ef industrielles des Trois-Royaumes ont, dans
vingt-deux meetings unanimes, manifesté la sympa-
thie de la nation en faveur du canal des deux mers ;
ajoutons que le canal est devenu aujourd'hui l'une
des plus grandes nécessités de l'Angleterre, si elle
veut s'assurer le régulier et permanent approvision-
nement de ses fabriques en dehors des expéditions
impossibles pour le présent, incertaines et très-pro-
blématiques pour le futur, que lui faisaient jusqu'ici
les Etats à esclaves de la Confédération du Sud.
Disons encore que l'aveu que nous avons recueilli
dans le Manchester Guardian doit donner sérieusement
à penser à Manchester et à Liverpool. Il n'y a pas
de coton indien possible contre la concurrence du
coton américain sans un abaissement de fret à
Bombay, et il ne peut exister de sensible abaissement
de fret à Bombay sans la route abrégée par l'isthme
de Suez. Le canal contient donc désormais le prin-
cipe de la sécurité manufacturière de l'Angleterre et
de l'Europe. Il n'est pas possible que l'on consente
chez nos voisins pas plus que sur le continent à
s'exposer indéfiniment à ces alarmes, à ces détresses
dont nous empruntions à la Patrie le sinistre tableau
dans le début de cet article. L'opinion, l'expérience,
la force des choses ont prononcé, et si le canal de
l'isthme de Suez est réclamé par tous les intérêts du
N qui, en 1857, a fourni le quart des expéditions, et
» pourrait en trois ans en fournir les trois quarts.
» La demande dépend moins de la production et de la
» récolte que du prix du fret à Bombay. »
Nous n'avions donc pas tort de penser que le prix
du fret, c'est-à-dire le transport maritime, ne pou-
vait manquer de jouer un rôle capital dans la solu-
tion que poursuit l'Angleterre pour assurer désormais
par ses possessions indiennes l'alimentation et le
travail de ses manufactures. Nous avons maintenant
un témoignage important et certes non suspect de
la vérité de notre appréciation; la demande du coton
des Indes pour l'Angleterre dépend avant tout dè la
valeur du fret entre l'Angleterre et les Indes.
Mais s'il en est ainsi, et c'est un Anglais lui-même
qui le déclare, et c'est le journal le plus accrédité
de Manchester qui enregistre cet aveu, l'Angleterre
tout entière est plus intéressée que la France, que le
continent européen à provoquer la marche la plus
active possible des travaux du canal de Suez ; le ca-
nal de Suez devient pour l'Angleterre une condition
d'existence et d'indépendance ; car le canal de Suez
abrége de moitié le trajet entre l'Inde et Liverpool,
et il est par conséquent destiné à diminuer d'une façon
notable la cherté du fret entre ces deux cités commer-
ciales. Nous reproduisions tout à l'heure les paroles
par lesquelles lord Palmerston exprimait l'espoir que
la guerre américaine aurait ce résultat d'affranchir
les manufactures anglaises, et de leur apprendre à
ne plus compter pour leur approvisionnement sur la
source presque unique d'où elles tiraient leur coton.
Si le noble lord veut réaliser cette pensée, il doit
sentir que désormais le canal de Suez est l'instru-
ment obligé de son accomplissement ; car qu'il s'a-
dresse à l'Afrique orientale, à la Chine, aux Indes, à
l'Australie, aux champs immenses de la production
asiatique, c'est toujours l'isthme égyptien dont l'ou-
verturelui offrira invariablementla voie la plus directe,
la plus facile et la plus économique pour porter cette
matière encombrante de l'un à l'autre hémisphère.
Un grand nombre de journaux anglais ont pré-
tendu qu'en raison de l'indispensable nécessité du
coton pour sa consommation et ses manufactures,
l'Europe pouvait être en droit d'intervenir dans la
querelle des Etats-Unis, d'exiger la levée du blocus
des ports du Sud afin de rendre libre la circulation du
coton. Mais à plus forte raison l'Europe n'aurait-elle
pas également le droit de réclamer de l'Angleterre de
mettre hautement et officiellement un terme aux
obstacles qu'elle a trop longtemps opposés à la sup-
pression de cette barrière entre nous et le coton
d" AsIe, suppression qui va devenir impérieuse, afin
de pourvoir aux exigences qui naissent de la
guerre civile au delà de l'Atlantique ? Il ne faut
point s'y tromper, cette lutte déplorable n'est pas
sur le point de cesser. Elle a pris de trop
grandes proportions pour ne point durer plusieurs
années, et le Times lui-même, dans un article
que nous citons plus bas, appréhende qu'elle
n'amène pour longtemps la suspension et la
ruine de la culture du coton américain. Si l'Angle-
terre veut en courir les risques par un sentiment de
jalousie ou d'égoïsme mal entendu, à la bonne heure;
mais pourrait-elle condamner la France et tous les
pays manufacturiers du continent à les partager avec
elle, parce que tel serait son bon plaisir ; et lorsque,
par le percement de l'isthme de Suez, l'Europe peut
parvenir à avoir du coton en abondance et à bon
marché, en se mettant en communication avec les
pays asiatiques producteurs de cette matière, fau-
drait-il qu'elle se résignàt à fermer ses ateliers, à
trembler pour l'avenir de ses manufactures, à atten-
dre les bras croisés la fin de la crise américaine, le
tout pour subir un caprice, une injustice et un acte
d'oppression de l'Angleterre ?
Non. L'Angleterre elle-même ne le veut pas et ne
peut pas le vouloir. Les événements, nous pourrions
presque dire la fatalité, portent chaque jour leurs
conseils à ceux de ses hommes d'Etat que des pré-
jugés d'un autre temps ont pu un instant aveugler.
La démarche et les paroles de M. Colquhoun sur le
terrain des travaux de l'isthme ont été un éclatant
symptôme de ces dispositions. Nous ne trouvons
plus dans la presse anglaise cette hostilité que nous
avons eu plus d'une fois l'occasion de déplorer et de
combattre. N'oublions point que les classes commer-
ciales ef industrielles des Trois-Royaumes ont, dans
vingt-deux meetings unanimes, manifesté la sympa-
thie de la nation en faveur du canal des deux mers ;
ajoutons que le canal est devenu aujourd'hui l'une
des plus grandes nécessités de l'Angleterre, si elle
veut s'assurer le régulier et permanent approvision-
nement de ses fabriques en dehors des expéditions
impossibles pour le présent, incertaines et très-pro-
blématiques pour le futur, que lui faisaient jusqu'ici
les Etats à esclaves de la Confédération du Sud.
Disons encore que l'aveu que nous avons recueilli
dans le Manchester Guardian doit donner sérieusement
à penser à Manchester et à Liverpool. Il n'y a pas
de coton indien possible contre la concurrence du
coton américain sans un abaissement de fret à
Bombay, et il ne peut exister de sensible abaissement
de fret à Bombay sans la route abrégée par l'isthme
de Suez. Le canal contient donc désormais le prin-
cipe de la sécurité manufacturière de l'Angleterre et
de l'Europe. Il n'est pas possible que l'on consente
chez nos voisins pas plus que sur le continent à
s'exposer indéfiniment à ces alarmes, à ces détresses
dont nous empruntions à la Patrie le sinistre tableau
dans le début de cet article. L'opinion, l'expérience,
la force des choses ont prononcé, et si le canal de
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