Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 351
La pêche se fait au moyen de barques appelées sam-
bouks, armées d'avirons et ayant de simples nattes pour
voilure. L'équipage est ordinairement composé de douze
à quatorze hommes dont la moitié sont des plongeurs.
— Dès que l'on aperçoit, à travers la parfaite transpa-
rence des eaux, un fond propice à la pêche, la barque
jette un grappin et les plongeurs se disposent à s'élan-
cer à la mer. Comme la pêche ne se fait que par des
fonds qui varient de deux à cinq brasses seulement, les
plongeurs n'ont pas besoin, comme ceux du golfe Per-
sique, de s'attacher une pierre au pied. afin d'activer
leur descente, et ne placent point, également comme
ceux du Bahereïn, une sorte de pincettes en bois sur
le nez pour presser les narines.
En même temps que le grappin est jeté, on fait des-
cendre du bord de la barque et jusqu'au fond de la mer
plusieurs paniers que les plongeurs vont remplir bien-
tôt, en toute hâte, des huîtres qu'ils ramasseront à la
main ; ces premiers apprêts faits, les plongeurs s'élan-
cent à la mer en prononçant la formule sacramentelle
du Bism' Allah (au nom de Dieu) et se livrent dès lors
avec ardeur à leur pénible pêche. A mesure que les
paniers se remplissent, on les hisse et on les décharge
dans lavbarque, et, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on ait
fini de bien explorer le point sur lequel on s'est arrêté.
La barque dérape alors son grappin pour aller recom-
mencer la pêche un peu plus loin, sur un fond mieux
pourvu. Ce n'est que lorsque la barque est complète-
ment pleine d'huîtres, et souvent au bout de deux ou
trois jours, que l'on atterrit et que l'équipage descend
à terre, non pas pour s'y reposer de ses fatigues, mais
pour se livrer à d'autres travaux, ceux de l'ouverture
des huîtres et de la recherche des perles au milieu de
leurs chairs palpitantes.
Le plongeur le plus fort et le plus exercé de Dahlac
ne reste pas plus d'une minute un tiers sous l'eau. Au
bout de ce temps qu'il a activement employé à ramasser
des huîtres et à les jeter rapidement dans les paniers,
il remonte à la surface de l'eau et se cramponnant d'une
main aux bords de la barque, il se repose quelques
courts instants pour recommencer aussitôt le pénible
exercice. Dans le cours de la journée il ne plonge guère
plus d'une trentaine de fois et à différentes reprises,
et ce n'est qu'alors qu'épuisé de fatigue il remonte
définitivement à bord pour prendre, cette fois, un plus
long repos qu'il a bien mérité. Il y a cependant un
autre moment de la journée où tout travail est inter-
rompu ; c'est celui où, vers midi, l'équipage se réunit
pour prendre ensemble un repas bien simple, composé
le plus souvent de pain et de dattes.
Une barque montée par un bon et vigoureux équi-
page de plongeurs peut pêcher, par jour, trois mille à
trois mille cinq cents huîtres perlières et quatre à cinq
cents huîtres à nacre.
Les produits de la pêche sont partagés entre les plon-
geurs et le reste de l'équipage, qui forment, ainsi, au-
tant de petites associations particulières. Nécessaire-
ment le partage se fait après défalcation faite des frais
généraux et en raison de la somme de travail fourni par
chacun. La barque et son armement appartiennent ordi-
nairement en commun à la société. Il est remarquable
que jamais ce partage du résultat définitif de la pêche
n'amène de discussion ni de disputes entre les copar-
tageants, tant les mœurs de ces gens sont douces et
tant l'esprit de justice et dé loyauté réside en eux et
entre eux.
Lorsque donc la barque est bien pleine du produit de
la pêche, on se rapproche du village de l'ile d'où on
est parti, on retire la barque à terre et on en décharge -
toute la cargaison sur le rivage. L'équipage se groupe
alors par trois ou quatre hommes autour d'un amas
d'huîtres, et chacun d'eux, armé d'un morceau de fer
quelconque, un clou ou une mauvaise lame de couteau,
se met à ouvrir avec une admirable dextérité chacun de
ces mollusques ; une fois les valves séparées, ils fouil-
lent attentivement les chairs, au moyen de petites pin-
cettes, pour en retirer la perle ou les perles qui peuvent
s'y trouver cachées, les déposent avec précaution dans
une petite sébile qu'ils ont auprès d'eux et rejettent
ensuite les chairs dans un baquet plein d'eau et les
écailles à la mer. Cette première opération terminée,
on lave avec soin toutes les chairs, on les enfile pour
les faire sécher au soleil, et on égoutte doucement toute
l'eau pour s'assurer s'il ne se trouverait pas au fond du
baquet quelques perles échappées à la première inspec-
tion, les recueillir et les joindre aux autres.
Telle est, sommairement, la seconde partie du travail
de la pêche des huîtres perlières.
La pêche des simples huîtres à nacre se fait de la
même façon. La chair de ces derniers mollusques
n'est point mangeable et est rejetée à la mer.
L'industrie de ces pêcheurs, il est aisé de le compren-
dre, est rude et extrêmement pénible. Aussi quelques
vigoureux que soient, en général, les indigènes qui s'y
adonnent, ils ne sauraient résister longtemps aux fati
gues qu'ils endurent sans cesse. Rarement ils arrivent
à un âge avancé, et un grand nombre succombe, à la
longue, à des maladies pulmonaires.
Il existe pour tout l'archipel de Dahlac un seul mar-
ché ou chaque année les pêcheurs viennent vendre le
produit de leurs pêches à des spéculateurs étrangers, lé
plus généralement à des Banians qui arrivent, à cet
effet, des ports du Yémen, de Massouah et de l'Inde
même. Ces acheteurs, dont la plupart ont fait aux
pêcheurs, dès l'année précédente, des avances en
argent ou en comestibles à valoir sur leurs pro-
chaines livraisons, arrivent ordinairement vers le
mois d'avril pour être prêts à conclure au plus vite
leurs achats et retourner dans leur pays spéculer avec
profit sur les produits des pêches qu'ils savent obtenir
de ces pauvres gens à des prix fort bas. — Cette foire
annuelle se tient au village de Debeôlo et dure ordinai-
rement quinze jours. Les achats se font, je le répète,
ou avec de l'argent comptant ou au moyen de3 échan
ges. Les objets d'échange apportés par les acheteurs
consistent principalement en comestibles, étoffes com-
munes de coton, dattes, bois, etc., etc.
La plus grande bonne foi règne toujours dans le cours
de ces transactions. L'estimation des perles se fait d'après
La pêche se fait au moyen de barques appelées sam-
bouks, armées d'avirons et ayant de simples nattes pour
voilure. L'équipage est ordinairement composé de douze
à quatorze hommes dont la moitié sont des plongeurs.
— Dès que l'on aperçoit, à travers la parfaite transpa-
rence des eaux, un fond propice à la pêche, la barque
jette un grappin et les plongeurs se disposent à s'élan-
cer à la mer. Comme la pêche ne se fait que par des
fonds qui varient de deux à cinq brasses seulement, les
plongeurs n'ont pas besoin, comme ceux du golfe Per-
sique, de s'attacher une pierre au pied. afin d'activer
leur descente, et ne placent point, également comme
ceux du Bahereïn, une sorte de pincettes en bois sur
le nez pour presser les narines.
En même temps que le grappin est jeté, on fait des-
cendre du bord de la barque et jusqu'au fond de la mer
plusieurs paniers que les plongeurs vont remplir bien-
tôt, en toute hâte, des huîtres qu'ils ramasseront à la
main ; ces premiers apprêts faits, les plongeurs s'élan-
cent à la mer en prononçant la formule sacramentelle
du Bism' Allah (au nom de Dieu) et se livrent dès lors
avec ardeur à leur pénible pêche. A mesure que les
paniers se remplissent, on les hisse et on les décharge
dans lavbarque, et, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on ait
fini de bien explorer le point sur lequel on s'est arrêté.
La barque dérape alors son grappin pour aller recom-
mencer la pêche un peu plus loin, sur un fond mieux
pourvu. Ce n'est que lorsque la barque est complète-
ment pleine d'huîtres, et souvent au bout de deux ou
trois jours, que l'on atterrit et que l'équipage descend
à terre, non pas pour s'y reposer de ses fatigues, mais
pour se livrer à d'autres travaux, ceux de l'ouverture
des huîtres et de la recherche des perles au milieu de
leurs chairs palpitantes.
Le plongeur le plus fort et le plus exercé de Dahlac
ne reste pas plus d'une minute un tiers sous l'eau. Au
bout de ce temps qu'il a activement employé à ramasser
des huîtres et à les jeter rapidement dans les paniers,
il remonte à la surface de l'eau et se cramponnant d'une
main aux bords de la barque, il se repose quelques
courts instants pour recommencer aussitôt le pénible
exercice. Dans le cours de la journée il ne plonge guère
plus d'une trentaine de fois et à différentes reprises,
et ce n'est qu'alors qu'épuisé de fatigue il remonte
définitivement à bord pour prendre, cette fois, un plus
long repos qu'il a bien mérité. Il y a cependant un
autre moment de la journée où tout travail est inter-
rompu ; c'est celui où, vers midi, l'équipage se réunit
pour prendre ensemble un repas bien simple, composé
le plus souvent de pain et de dattes.
Une barque montée par un bon et vigoureux équi-
page de plongeurs peut pêcher, par jour, trois mille à
trois mille cinq cents huîtres perlières et quatre à cinq
cents huîtres à nacre.
Les produits de la pêche sont partagés entre les plon-
geurs et le reste de l'équipage, qui forment, ainsi, au-
tant de petites associations particulières. Nécessaire-
ment le partage se fait après défalcation faite des frais
généraux et en raison de la somme de travail fourni par
chacun. La barque et son armement appartiennent ordi-
nairement en commun à la société. Il est remarquable
que jamais ce partage du résultat définitif de la pêche
n'amène de discussion ni de disputes entre les copar-
tageants, tant les mœurs de ces gens sont douces et
tant l'esprit de justice et dé loyauté réside en eux et
entre eux.
Lorsque donc la barque est bien pleine du produit de
la pêche, on se rapproche du village de l'ile d'où on
est parti, on retire la barque à terre et on en décharge -
toute la cargaison sur le rivage. L'équipage se groupe
alors par trois ou quatre hommes autour d'un amas
d'huîtres, et chacun d'eux, armé d'un morceau de fer
quelconque, un clou ou une mauvaise lame de couteau,
se met à ouvrir avec une admirable dextérité chacun de
ces mollusques ; une fois les valves séparées, ils fouil-
lent attentivement les chairs, au moyen de petites pin-
cettes, pour en retirer la perle ou les perles qui peuvent
s'y trouver cachées, les déposent avec précaution dans
une petite sébile qu'ils ont auprès d'eux et rejettent
ensuite les chairs dans un baquet plein d'eau et les
écailles à la mer. Cette première opération terminée,
on lave avec soin toutes les chairs, on les enfile pour
les faire sécher au soleil, et on égoutte doucement toute
l'eau pour s'assurer s'il ne se trouverait pas au fond du
baquet quelques perles échappées à la première inspec-
tion, les recueillir et les joindre aux autres.
Telle est, sommairement, la seconde partie du travail
de la pêche des huîtres perlières.
La pêche des simples huîtres à nacre se fait de la
même façon. La chair de ces derniers mollusques
n'est point mangeable et est rejetée à la mer.
L'industrie de ces pêcheurs, il est aisé de le compren-
dre, est rude et extrêmement pénible. Aussi quelques
vigoureux que soient, en général, les indigènes qui s'y
adonnent, ils ne sauraient résister longtemps aux fati
gues qu'ils endurent sans cesse. Rarement ils arrivent
à un âge avancé, et un grand nombre succombe, à la
longue, à des maladies pulmonaires.
Il existe pour tout l'archipel de Dahlac un seul mar-
ché ou chaque année les pêcheurs viennent vendre le
produit de leurs pêches à des spéculateurs étrangers, lé
plus généralement à des Banians qui arrivent, à cet
effet, des ports du Yémen, de Massouah et de l'Inde
même. Ces acheteurs, dont la plupart ont fait aux
pêcheurs, dès l'année précédente, des avances en
argent ou en comestibles à valoir sur leurs pro-
chaines livraisons, arrivent ordinairement vers le
mois d'avril pour être prêts à conclure au plus vite
leurs achats et retourner dans leur pays spéculer avec
profit sur les produits des pêches qu'ils savent obtenir
de ces pauvres gens à des prix fort bas. — Cette foire
annuelle se tient au village de Debeôlo et dure ordinai-
rement quinze jours. Les achats se font, je le répète,
ou avec de l'argent comptant ou au moyen de3 échan
ges. Les objets d'échange apportés par les acheteurs
consistent principalement en comestibles, étoffes com-
munes de coton, dattes, bois, etc., etc.
La plus grande bonne foi règne toujours dans le cours
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