Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1861 15 septembre 1861
Description : 1861/09/15 (A6,N126). 1861/09/15 (A6,N126).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203279p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
294 L'ISTHME DE SUEZ,
thé (19,299,388 livres). Ainsi la race anglo-saxonne,
y compris nos frères d'Ain éri<]i.ie, semble se composer
des plus grands buveurs de thé, car le reste du monde
ne paraît pas en prendre plus de 3 millions de livres.
L'Amérique n'a pris que 1,554 balles de soie, mais
47,099 balles ont été dirigées sur le continent de
l'Europe ou sur ses côtes.
» Un autre rapport concernant le commerce d'ex-
portation en thé et soie pour les cinq ports de la
Chine ouverts au commerce, avant le traité de Pékin,
excepté Ning-Po, donne, relativement à la Grande-
Bretagne, les résultats suivants pendant la période
de 1843-44 à 1857-58 :
» Les plus grandes quantités expédiées en Angle-
terre dans le cours d'une de ces années l'ont été
en 1855-56; elles se sont élevées à 91,931,800 livres
de thé et à 50,489 balles de soie embarquées sur cent
trente navires chargés principalement à Canton et à
Shanghaï, quoique Foo-Chow y ait contribué pour
26,764,700 livres de thé. L'année suivante, les mê-
mes ports n'expédièrent que 61,468,000 livres de thé;
mais leurs envois de soie s'élevèrent à 76,215 balles
chargées sur cent treize navires, Foo-Chow n'ayant
pas contribué pour une seule balle de soie dans au-
cune de ces deux années.
» En 1857-58, le nombre des navires engagés dans
ce commerce était de cent quarante-neuf, et ils em-
portaient 71,744,400 livres de thé et 60,736 balles de
soie.
» Un autre rapport commercial nous fournit les
exportations des neuf mois de l'année 1860-61, et il
paraîtrait que l'exportation du thé a diminué, si on
la compare avec les neuf mois des trois précédentes
années ; mais que l'exportation de la soie a monté de
56,076 à 70,305 balles, dont la France a pris seule-
ment 6,586. »
Tous les hommes pratiques, familiarisés avec les
affaires de l'Orient, sont d'accord pour reconnaître
que, depuis 1814 et surtout depuis 1843, les relations
européennes avec la Chine ont pris une extension
qui a dépassé leurs calculs comme leurs espérances.
Cette façon de voir se trouve, en effet, justifiée, si
nous devons nous en rapporter aux renseignements
officiels que nous venons de citer, et qui démontre-
raient que pour deux de ses objets d'importation, la
soie et le thé, le commerce de la Chine a plus que
décuplé en seize ans. Nous sommes loin des évalua-
tions que nous avons recueillies dans l'enquête hollan-
daise, et dans laquelle les hommes compétents et se-
rieux dont elle était formée estimaient à 10 0/0 l'ac-
croissement annuel du trafic entre la Chine et l'Eu-
rope. Cette estimation pour les seize années ci-dessus
indiquées donnerait 160 0/0, et la réalité est que l'ac-
croissement se monte à 960 et 1,300 0/0.
Mais nous devons ajouter que malgré son étendue,
le commerce européen avec la Chine, et spécialement
celui de la France, est encore en quelque sorte à
l'état rudimentaire. Les restrictions imposées pen-
dant si longtemps par le gouvernement chinois à la
liberté des communications commerciales rendaient
très-difficile l'importation des produits de l'industrie
européenne sur cet opulent marché de 300 millions
d'âmes. Le traité de Pékin a, en très-grande partie,
levé les principaux de ces obstacles, et nous devons
compter qu'à mesure que les négociants de l'Europe
pénétreront dans le sein de ces immenses popula-
tions si laborieuses et si productrices, les moyens et
les objets de l'échange semultiplieront entre l'Occident
et le Céleste-Empire ; le prix de nos articles devien-
dra plus accessible à la masse des consommateurs ,
et les importations se proportionneront dans une
mesure sensible avec les exportations, en même
temps que ces exportations elles-mêmes prendront
un nouvel essor.
N'oublions point combien ce grand mouvement est
ralenti par l'énorme distance qui sépare les deux
parties trafiquantes; n'oublions point qu'il y a de
grandes dépenses à débourser, de grandes chances à
braver pour les armateurs qui veulent aujourd'hui
expédier un navire jusqu'à ces rivages si lointains,
à travers les vastes et orageux espaces de l'océan
Atlantique et des mers d'Asie. N'oublions point que
ces navires ont deux fois à traverser l'équateur, à
surmonter les périls ou les lenteurs de cette double
traversée, et qu'enfin l'emploi de la vapeur est com-
mercialement interdit à un aussi long trajet. Cepen-
dant les progrès acquis sont presque merveilleux;
que seront-ils donc lorsque le percement de l'isthme
de Suez aura abrégé d'un tiers la distance; lorsque
par cette voie on pourra se rendre en Chine sans
avoir rencontré sur son chemin l'équateur; lorsque
la vapeur pourra faire le service des transports com-
merciaux d'Europe en Chine; lorsqu'enfin par la proxi-
mité des côtes et la nature de cette navigation, elle
pourra n'être plus qu'une navigation de cabotage,
dont les escales pourront être tous les ports de la
mer Rouge, Bombay, Calcutta, Singapour, les
Philippines et tout le riche archipel de l'Inde. C'est
alors certainement qu'une fusion énergique s'opé-
rera entre l'Occident et l'Orient ; la France , sans
contredit, y trouvera de grands avantages ; mais
quand nous envisageons les faits, nous disons comme
la commission hollandaise et comme le Times: c'est
surtout à l'Angleterre que profitera l'établissement
du canal des diux mers, et c'est une vérité qu'enfin
l'Angleterre commence à comprendre et dont toute
la force a été sentie par son digne représentant à
Alexandrie, lorsqu'il est allé de sa personne observer
et inspecter les lieux.
ERNEST DESPLACES.
thé (19,299,388 livres). Ainsi la race anglo-saxonne,
y compris nos frères d'Ain éri<]i.ie, semble se composer
des plus grands buveurs de thé, car le reste du monde
ne paraît pas en prendre plus de 3 millions de livres.
L'Amérique n'a pris que 1,554 balles de soie, mais
47,099 balles ont été dirigées sur le continent de
l'Europe ou sur ses côtes.
» Un autre rapport concernant le commerce d'ex-
portation en thé et soie pour les cinq ports de la
Chine ouverts au commerce, avant le traité de Pékin,
excepté Ning-Po, donne, relativement à la Grande-
Bretagne, les résultats suivants pendant la période
de 1843-44 à 1857-58 :
» Les plus grandes quantités expédiées en Angle-
terre dans le cours d'une de ces années l'ont été
en 1855-56; elles se sont élevées à 91,931,800 livres
de thé et à 50,489 balles de soie embarquées sur cent
trente navires chargés principalement à Canton et à
Shanghaï, quoique Foo-Chow y ait contribué pour
26,764,700 livres de thé. L'année suivante, les mê-
mes ports n'expédièrent que 61,468,000 livres de thé;
mais leurs envois de soie s'élevèrent à 76,215 balles
chargées sur cent treize navires, Foo-Chow n'ayant
pas contribué pour une seule balle de soie dans au-
cune de ces deux années.
» En 1857-58, le nombre des navires engagés dans
ce commerce était de cent quarante-neuf, et ils em-
portaient 71,744,400 livres de thé et 60,736 balles de
soie.
» Un autre rapport commercial nous fournit les
exportations des neuf mois de l'année 1860-61, et il
paraîtrait que l'exportation du thé a diminué, si on
la compare avec les neuf mois des trois précédentes
années ; mais que l'exportation de la soie a monté de
56,076 à 70,305 balles, dont la France a pris seule-
ment 6,586. »
Tous les hommes pratiques, familiarisés avec les
affaires de l'Orient, sont d'accord pour reconnaître
que, depuis 1814 et surtout depuis 1843, les relations
européennes avec la Chine ont pris une extension
qui a dépassé leurs calculs comme leurs espérances.
Cette façon de voir se trouve, en effet, justifiée, si
nous devons nous en rapporter aux renseignements
officiels que nous venons de citer, et qui démontre-
raient que pour deux de ses objets d'importation, la
soie et le thé, le commerce de la Chine a plus que
décuplé en seize ans. Nous sommes loin des évalua-
tions que nous avons recueillies dans l'enquête hollan-
daise, et dans laquelle les hommes compétents et se-
rieux dont elle était formée estimaient à 10 0/0 l'ac-
croissement annuel du trafic entre la Chine et l'Eu-
rope. Cette estimation pour les seize années ci-dessus
indiquées donnerait 160 0/0, et la réalité est que l'ac-
croissement se monte à 960 et 1,300 0/0.
Mais nous devons ajouter que malgré son étendue,
le commerce européen avec la Chine, et spécialement
celui de la France, est encore en quelque sorte à
l'état rudimentaire. Les restrictions imposées pen-
dant si longtemps par le gouvernement chinois à la
liberté des communications commerciales rendaient
très-difficile l'importation des produits de l'industrie
européenne sur cet opulent marché de 300 millions
d'âmes. Le traité de Pékin a, en très-grande partie,
levé les principaux de ces obstacles, et nous devons
compter qu'à mesure que les négociants de l'Europe
pénétreront dans le sein de ces immenses popula-
tions si laborieuses et si productrices, les moyens et
les objets de l'échange semultiplieront entre l'Occident
et le Céleste-Empire ; le prix de nos articles devien-
dra plus accessible à la masse des consommateurs ,
et les importations se proportionneront dans une
mesure sensible avec les exportations, en même
temps que ces exportations elles-mêmes prendront
un nouvel essor.
N'oublions point combien ce grand mouvement est
ralenti par l'énorme distance qui sépare les deux
parties trafiquantes; n'oublions point qu'il y a de
grandes dépenses à débourser, de grandes chances à
braver pour les armateurs qui veulent aujourd'hui
expédier un navire jusqu'à ces rivages si lointains,
à travers les vastes et orageux espaces de l'océan
Atlantique et des mers d'Asie. N'oublions point que
ces navires ont deux fois à traverser l'équateur, à
surmonter les périls ou les lenteurs de cette double
traversée, et qu'enfin l'emploi de la vapeur est com-
mercialement interdit à un aussi long trajet. Cepen-
dant les progrès acquis sont presque merveilleux;
que seront-ils donc lorsque le percement de l'isthme
de Suez aura abrégé d'un tiers la distance; lorsque
par cette voie on pourra se rendre en Chine sans
avoir rencontré sur son chemin l'équateur; lorsque
la vapeur pourra faire le service des transports com-
merciaux d'Europe en Chine; lorsqu'enfin par la proxi-
mité des côtes et la nature de cette navigation, elle
pourra n'être plus qu'une navigation de cabotage,
dont les escales pourront être tous les ports de la
mer Rouge, Bombay, Calcutta, Singapour, les
Philippines et tout le riche archipel de l'Inde. C'est
alors certainement qu'une fusion énergique s'opé-
rera entre l'Occident et l'Orient ; la France , sans
contredit, y trouvera de grands avantages ; mais
quand nous envisageons les faits, nous disons comme
la commission hollandaise et comme le Times: c'est
surtout à l'Angleterre que profitera l'établissement
du canal des diux mers, et c'est une vérité qu'enfin
l'Angleterre commence à comprendre et dont toute
la force a été sentie par son digne représentant à
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