Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
280 L'ISTHME DE SUEZ,
que et consul général de Sa Majesté Britannique, rési-
dant à environ 2 milles d'Alexandrie, auquel j'ai pré-
senté la lettre d'introduction dont m'avait muni lord
John Russell, conformément aux termes de laquelle je
le priai de s'assurer aussitôt que possible du jour et
de l'heure auxquels il serait agréable au vice-roi de
m'accorder une entrevue.
» M. Colquhoun écrivit immédiatement au secrétaire
particulier de Son Altesse, et trois ou quatre jours après,
il était convenu que je me rendrais auprès de Saïd-
Pacha, à son palais de Mariout, à 12 milles d'Alexan-
drie. En conséquence, le consul général vint me prendre
dans la matinée, et,"accompagné du docteur Forbes,
nous nous dirigeâmes vers la station du railway de Ga-
barri, d'où une ligne particulière au vice-roi a été cons-
truite pour son usage. Là un messager nous attendait
pour nous informer que le vice-roi venait d'arriver à
Mariout, et qu'il nous y recevrait. Nubah-Bey, secré-
taire particulier de Son Altesse, nous ayant introduits,
M. Colquhoun exposa l'objet de l'entrevue, et je pré-
sentai au vice-roi le mémoire de l'association, Son
Altesse ayant été préalablement informée du contenu
de ce document afin qu'elle pût être prête à exprimer
ses vues sur le sujet. Elle n'a qu'une connaissance im-
parfaite de l'anglais, et par conséquent la conversation
se tint en français, le vice-roi parlant parfaitement cette
langue. Il nous dit qu'il était pleinement convaincu de la
grande importance, pour l'Egypte, de la culture du co-
ton, à laquelle un si grand nombre de ses sujets étaient
si fortement intéressés, et manifesta sa satisfaction que
l'association de Manchester se fût mise en communica-
tion avec lui. Il craignait, toutefois, qu'il ne fût pas
en son pouvoir d'agir directement avec beaucoup d'effi-
cacité pour amener une culture étendue, par les rai
sons suivantes :
» Le gouvernement de l'Egypte, sous Méhémet-Ali,
avait monopolisé la culture du coton comme une source
de reveuu. Les terres étaient cultivées par le travail
forcé; ce système est maintenant abandonné. Le fellah
a le droit de faire produire à sa terre ce que bon lui
semble : le vice-roi ne peut donc, pour pousser au déve-
loppement de cette culture, rien faire de plus que don-
ner l'exemple sur ses propres domaines, ce qu'il dé-
clara être disposé à faire comme propriétaire. Il dit que,
lorsque le fellah ou cultivateur trouvera que le coton
rapporte plus que toute autre récolte, il sera suffisam-
ment engagé par son propre intérêt à en produire au-
tant que possible ; mais qu'il y avait dans le pays une
très-grande difficulté à laquelle dans sa pensée une as-
sociation anglaise pourrait remédier sensiblement. Le
fellah avait l'habitude de recevoir des avances sur le
gage de ses récoltes à venir, blé ou coton, etc.; par
malheur non-seulement il n'obtenait pas un prix con-
venable de son coton, mais encore il était chargé d'un
exorbitant intérêt pour ces avances, qui n'était pas
moindre de 30 0/0. (Je suis informé que cet intérêt s'é-
lèvejs^^ent jusqu'à GO et 70010.) Le vice roi recomman-
J'é-s- b es capitalistes anglais fissent des avan-
/;~ s Ce à un intérêt raisonnable, et en don-
$4tivMeur un bon prix de son coton. « Cela,
le, dtt-il^ûutréit lotre fait de façon à bien rémunérer le
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capitaliste, et le peuple trouvant une bonne compensa-
tion à son travail augmenterait la production. — Mais,
dis-je à Son Altesse, comment les capitalistes d'Angle-
terre, en les supposant disposés à adopter cette sug-
gestion, seraient-ils assurés contre la violation des
contrats, et quelle autorité existe en Égypte pour les
faire respecter? » Son Altesse répondit :« Je recomman-
derais que ces contrats fussent rédigés sous la sur-
veillance des gouverneurs des districts, qui ont le pou-
voir d'obliger à leur exécution. » Et elle déclara que si,
dans un tel but, une association.était formée sur ce plan
elle aurait tout son encouragement et tout son appui
dans l'entière étendue de son autorité comme vice-roi.
» L'attention du prince ayant été appelée sur un système
perfectionné d'agriculture, il fit observer qu'il ne pouvait
pratiquement rien dire sur-le-champ de cette ques-
tion, mais présenta cette indication que l'association
pourrait envoyer d'Angleterre un agriculteur pratique
et familier avec la culture du coton. Cet homme pourrait
étudier le système poursuivi dans le pays, et s'il était
possible y établir une ferme modèle ; s'il réussissait, son
système, sans aucun doute, serait imité par les fellahs,
mais c'était une œuvre de longue haleine. Le prince nous
exprima avec insistance combien il serait désirable que
les capitalistes anglais et particulièrement ceux qui
étaient intéressés dans l'industrie du coton, employassent
des capitaux de la manière qu'il proposait, d'autant plus
qu'ils étaient aussi intéressés à obtenir du coton pour
leurs ateliers que le fellah pouvait l'être à trouver
un marché pour son produit. La question de la semence
à choisir, américaine ou autre, était de celles sur les-
quelles il ne pouvait donner son opinion ; le seul exem-
ple de semence américaine qui existât en Égypte étant,
autant qu'il pouvait le savoir, celui de l'épreuve faite
sur les domaines de feu El-Hami-Pacha. Cette semence
avait été envoyée par l'association il y a environ dix-
huit mois, et j'ai le plaisir de vous envoyer par le stea-
mer un échantillon de son produit, qui a été évalué à
Liverpool huit pence (80 centimes) la livre. Je me
propose de vous écrire bientôt plus amplement sur ce
sujet.
» Son Altesse ne fit aucune allusion à la question du
travail; certaines personnes supposent que la population
est épuisée aux travaux de la construction du canal de
l'isthme de Suez, et d'après les informations que j'ai
soigneusement recueillies de sources élevées et dignes de
confiance, il y a cinq ou six mille hommes employés à
ces travaux qui ne sont qu'au commencement de leurs
progrès. Cela ne peut pas être un détournement bien
sérieux sur la population totale de l'Égypte. D'un autre
côté le vice-roi, qui s'occupe actuellement d'un grand
nombre d'économies financières, a dans ces derniers
jours licencié une bonne partie de ses troupes suffi-
sante pour remplacer les quelques milliers d'hommes
occupés au canal de l'isthme de Suez. Si l'on juge d'a-
près la vive intelligence qu'il a déployée dans ses re-
marques sur la culture du coton, on espère qu'il est
convaincu de ce grand fait que l'Angleterre étant le
meilleur consommateur de l'Egypte pour le coton et
ses autres produits, la prospérité de ses États dépend
plus de la Grande-Bretagne que de toute autre puis-
que et consul général de Sa Majesté Britannique, rési-
dant à environ 2 milles d'Alexandrie, auquel j'ai pré-
senté la lettre d'introduction dont m'avait muni lord
John Russell, conformément aux termes de laquelle je
le priai de s'assurer aussitôt que possible du jour et
de l'heure auxquels il serait agréable au vice-roi de
m'accorder une entrevue.
» M. Colquhoun écrivit immédiatement au secrétaire
particulier de Son Altesse, et trois ou quatre jours après,
il était convenu que je me rendrais auprès de Saïd-
Pacha, à son palais de Mariout, à 12 milles d'Alexan-
drie. En conséquence, le consul général vint me prendre
dans la matinée, et,"accompagné du docteur Forbes,
nous nous dirigeâmes vers la station du railway de Ga-
barri, d'où une ligne particulière au vice-roi a été cons-
truite pour son usage. Là un messager nous attendait
pour nous informer que le vice-roi venait d'arriver à
Mariout, et qu'il nous y recevrait. Nubah-Bey, secré-
taire particulier de Son Altesse, nous ayant introduits,
M. Colquhoun exposa l'objet de l'entrevue, et je pré-
sentai au vice-roi le mémoire de l'association, Son
Altesse ayant été préalablement informée du contenu
de ce document afin qu'elle pût être prête à exprimer
ses vues sur le sujet. Elle n'a qu'une connaissance im-
parfaite de l'anglais, et par conséquent la conversation
se tint en français, le vice-roi parlant parfaitement cette
langue. Il nous dit qu'il était pleinement convaincu de la
grande importance, pour l'Egypte, de la culture du co-
ton, à laquelle un si grand nombre de ses sujets étaient
si fortement intéressés, et manifesta sa satisfaction que
l'association de Manchester se fût mise en communica-
tion avec lui. Il craignait, toutefois, qu'il ne fût pas
en son pouvoir d'agir directement avec beaucoup d'effi-
cacité pour amener une culture étendue, par les rai
sons suivantes :
» Le gouvernement de l'Egypte, sous Méhémet-Ali,
avait monopolisé la culture du coton comme une source
de reveuu. Les terres étaient cultivées par le travail
forcé; ce système est maintenant abandonné. Le fellah
a le droit de faire produire à sa terre ce que bon lui
semble : le vice-roi ne peut donc, pour pousser au déve-
loppement de cette culture, rien faire de plus que don-
ner l'exemple sur ses propres domaines, ce qu'il dé-
clara être disposé à faire comme propriétaire. Il dit que,
lorsque le fellah ou cultivateur trouvera que le coton
rapporte plus que toute autre récolte, il sera suffisam-
ment engagé par son propre intérêt à en produire au-
tant que possible ; mais qu'il y avait dans le pays une
très-grande difficulté à laquelle dans sa pensée une as-
sociation anglaise pourrait remédier sensiblement. Le
fellah avait l'habitude de recevoir des avances sur le
gage de ses récoltes à venir, blé ou coton, etc.; par
malheur non-seulement il n'obtenait pas un prix con-
venable de son coton, mais encore il était chargé d'un
exorbitant intérêt pour ces avances, qui n'était pas
moindre de 30 0/0. (Je suis informé que cet intérêt s'é-
lèvejs^^ent jusqu'à GO et 70010.) Le vice roi recomman-
J'é-s- b es capitalistes anglais fissent des avan-
/;~ s Ce à un intérêt raisonnable, et en don-
$4tivMeur un bon prix de son coton. « Cela,
le, dtt-il^ûutréit lotre fait de façon à bien rémunérer le
V: --- "-«S,,.: ~j":'/ i~/
capitaliste, et le peuple trouvant une bonne compensa-
tion à son travail augmenterait la production. — Mais,
dis-je à Son Altesse, comment les capitalistes d'Angle-
terre, en les supposant disposés à adopter cette sug-
gestion, seraient-ils assurés contre la violation des
contrats, et quelle autorité existe en Égypte pour les
faire respecter? » Son Altesse répondit :« Je recomman-
derais que ces contrats fussent rédigés sous la sur-
veillance des gouverneurs des districts, qui ont le pou-
voir d'obliger à leur exécution. » Et elle déclara que si,
dans un tel but, une association.était formée sur ce plan
elle aurait tout son encouragement et tout son appui
dans l'entière étendue de son autorité comme vice-roi.
» L'attention du prince ayant été appelée sur un système
perfectionné d'agriculture, il fit observer qu'il ne pouvait
pratiquement rien dire sur-le-champ de cette ques-
tion, mais présenta cette indication que l'association
pourrait envoyer d'Angleterre un agriculteur pratique
et familier avec la culture du coton. Cet homme pourrait
étudier le système poursuivi dans le pays, et s'il était
possible y établir une ferme modèle ; s'il réussissait, son
système, sans aucun doute, serait imité par les fellahs,
mais c'était une œuvre de longue haleine. Le prince nous
exprima avec insistance combien il serait désirable que
les capitalistes anglais et particulièrement ceux qui
étaient intéressés dans l'industrie du coton, employassent
des capitaux de la manière qu'il proposait, d'autant plus
qu'ils étaient aussi intéressés à obtenir du coton pour
leurs ateliers que le fellah pouvait l'être à trouver
un marché pour son produit. La question de la semence
à choisir, américaine ou autre, était de celles sur les-
quelles il ne pouvait donner son opinion ; le seul exem-
ple de semence américaine qui existât en Égypte étant,
autant qu'il pouvait le savoir, celui de l'épreuve faite
sur les domaines de feu El-Hami-Pacha. Cette semence
avait été envoyée par l'association il y a environ dix-
huit mois, et j'ai le plaisir de vous envoyer par le stea-
mer un échantillon de son produit, qui a été évalué à
Liverpool huit pence (80 centimes) la livre. Je me
propose de vous écrire bientôt plus amplement sur ce
sujet.
» Son Altesse ne fit aucune allusion à la question du
travail; certaines personnes supposent que la population
est épuisée aux travaux de la construction du canal de
l'isthme de Suez, et d'après les informations que j'ai
soigneusement recueillies de sources élevées et dignes de
confiance, il y a cinq ou six mille hommes employés à
ces travaux qui ne sont qu'au commencement de leurs
progrès. Cela ne peut pas être un détournement bien
sérieux sur la population totale de l'Égypte. D'un autre
côté le vice-roi, qui s'occupe actuellement d'un grand
nombre d'économies financières, a dans ces derniers
jours licencié une bonne partie de ses troupes suffi-
sante pour remplacer les quelques milliers d'hommes
occupés au canal de l'isthme de Suez. Si l'on juge d'a-
près la vive intelligence qu'il a déployée dans ses re-
marques sur la culture du coton, on espère qu'il est
convaincu de ce grand fait que l'Angleterre étant le
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ses autres produits, la prospérité de ses États dépend
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