Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 277
Sérieux, attentif comme son compagnon ;
Il gouverne l'Egypte, et Saïd est son nom.
L'autre, sur qui les ans ont pesé davantage,
A la douce énergie et le calme d'un sage ;
On sent qu'il est de ceux qui ne reculent pas
Et qui marchent au but sans dévier d'un pas ;
De Lesseps ! nom qu'attend, au bout de la carrière,
La gloire impartiale ainsi que la lumière 1
Le Prince était pensif, et le Français lui dit (1) :
« Les héros, les vainqueurs que la foule applaudit
» Sont bientôt oubliés s'ils restent inutiles ;
» Les règnes vraiment beaux sont les règnes fertiles,
» Et ce siècle, surtout, pense que les meilleurs
» Et les plus grands des rois sont les rois travailleurs !
» Prince, à vous vient s'offrir la plus noble entreprise
» Que le destin réserve aux rois qu'il favorise :
» Vous pouvez relever, agrandir de vos mains
» L'oeuvre des Pharaons et l'œuvre des Romains,
» Fertiliser ces lieux que le sable dévore,
» Et d'un désert brûlant faire un autre Bosphore (2) !
» Par de nouveaux chemins, facilement ouverts (3),
» Vous pouvez, rapprochant tant de peuples divers
» Qu'au soleil du progrès la distance dérobe,
» Raccourcir de moitié la ceinture du globe (4) !
» Les vaisseaux qui cherchaient sur l'immense Océan
» Ou la jeune Australie ou le vieil Hindostan,
* Achevant, grâce à vous, de moins rudes conquêtes,
» N'iront plus se briser sur le cap des Tempêtes :
» Comme de grands oiseaux près du bord plus nombreux,
* Ils voleront en foule à l'isthme ouvert pour eux,
» Et le vent du désert, roi dont le règne expire,
» Les poussera lui-même à travers son empire 1
» Ce rêve, qui par vous doit avoir son effet,
» Leibnitz, Louis le Grand, Napoléon l'ont fait (5) ;
» A vous de l'accomplir, Altesse ! L'heure est bonne,
» La science, aujourd'hui, n'a plus rien qui l'étonné ;
» Elle a le feu, les vents, et les flots pour sujets ! »
Le Prince, à ce discours, répondit : « J'y songeais ! »
(1) C'est en 1854, dans un voyage que M. Ferdinand de Lesseps fit,
avec le vice-roi d'Égypte, dans le désert Libyque, que le perce-
ment de l'isthme fut proposé et décidé.
(2) Sur les deux bords du canal, à une grande distance, on créera
de vastes établissements agricoles.
(3) Les travaux n'offrent aucune difficulté sérieuse à l'art moderne.
(4) Par le percement de l'isthme, la route des Indes, de la Chine
et de l'Australie sera abrégée de 3,000 lieues, en moyenne.
(5) Sur l'ordre de Louis XIV, Leibnitz écrivait un Mémoire concluant
au percement de l'isthme ; des négociations furent entamées à Cons-
tantinople, mais l'influence anglaise les fit échouer. On sait que, pen-
dant l'expédition d'Égypte, Napoléon s'occupa très-activement du
même projet.
III.
Aujourd'hui et demain.
Au travail ! au travail ! — Et qu'avant six années
Se rencontrent ici les deux mers étonnées (1) !
— D'où viens-tu? dit un flot heurtant un flot nouveau.
— Moi, je viens de Suez. — Moi, je viens de Péluse. —
Et, sans qu'il soit besoin de levée ou d'écluse,
Ils fraterniseront sous le même niveau !
Au travail! — Apportez les sondes et les dragues;
Ici, que le chenal se creuse sous les vagues ;
Qu'une double jetée en protège le cours,
Et que le léger brick et le steamer immense,
Quand les vents rugiront sur les flots en démence
De ces deux bras amis trouvent l'heureux secours I
Au travail ! au travail 1 — Que le golfe Arabique
Roule ses flots soumis dans le désert Libyque ;
Que le lac desséché se remplisse soudain (2),
Que les berges, les quais, sur les sables s'allongent,
Que les hauts mursdesdocksdans l'eau profonde plongent
Que l'isthme aride et nu redevienne un jardin (3) I
Au travail ! — Ouvriers que notre France envoie,
Tracez, pour l'univers, cette nouvelle voie!
Vos pères, les héros, sont venus jusqu'ici ;
Soyez fermes comme eux et comme eux intrépides,
Comme eux vous combattez aux pieds des Pyramides,
Et les quatre mille ans vous contemplent aussi !
Oui, c'est pour l'univers I pour l'Asie et l'Europe,
Pour ces climats lointains que la nuit enveloppe,
Pour le Chinois perfide et l'Indien demi-nu ;
Pour les peuples heureux, libres, humains et braves ;
Pour les peuples méchants, pour les peuples esclaves,
Pour ceux à qui le Christ est encore inconnu 1
De combien s'accroîtront les richesses du monde ?
A ce froid intérêt qu'un froid calcul réponde 1
Vers un plus noble but, sages, tournez les yeux :
Consacrons nos efforts, en chrétiens que nous sommes,
Pour les rendre meilleurs, à rapprocher les hommes ;
Les enrichir, c'est bien; les éclairer, c'est mieux!
D'un essor plus rapide animant le commerce,
Les vaisseaux du Japon, de l'Inde, de la Perse,
(1) La mer Rouge, dont le niveau est un peu plus élevé, entrera
dans le canal à Suez et ira rejoindre la Méditerranée près de Pé-
luse.
(2) Le lac Timsah, les lacs Amers, qui deviendront des ports
intérieurs.
(3) Une partie du désert que traversera le canal est la terre de
Gessen dont parle la Bible, la terre des pâturages; on lui rendra
ce nom.
Sérieux, attentif comme son compagnon ;
Il gouverne l'Egypte, et Saïd est son nom.
L'autre, sur qui les ans ont pesé davantage,
A la douce énergie et le calme d'un sage ;
On sent qu'il est de ceux qui ne reculent pas
Et qui marchent au but sans dévier d'un pas ;
De Lesseps ! nom qu'attend, au bout de la carrière,
La gloire impartiale ainsi que la lumière 1
Le Prince était pensif, et le Français lui dit (1) :
« Les héros, les vainqueurs que la foule applaudit
» Sont bientôt oubliés s'ils restent inutiles ;
» Les règnes vraiment beaux sont les règnes fertiles,
» Et ce siècle, surtout, pense que les meilleurs
» Et les plus grands des rois sont les rois travailleurs !
» Prince, à vous vient s'offrir la plus noble entreprise
» Que le destin réserve aux rois qu'il favorise :
» Vous pouvez relever, agrandir de vos mains
» L'oeuvre des Pharaons et l'œuvre des Romains,
» Fertiliser ces lieux que le sable dévore,
» Et d'un désert brûlant faire un autre Bosphore (2) !
» Par de nouveaux chemins, facilement ouverts (3),
» Vous pouvez, rapprochant tant de peuples divers
» Qu'au soleil du progrès la distance dérobe,
» Raccourcir de moitié la ceinture du globe (4) !
» Les vaisseaux qui cherchaient sur l'immense Océan
» Ou la jeune Australie ou le vieil Hindostan,
* Achevant, grâce à vous, de moins rudes conquêtes,
» N'iront plus se briser sur le cap des Tempêtes :
» Comme de grands oiseaux près du bord plus nombreux,
* Ils voleront en foule à l'isthme ouvert pour eux,
» Et le vent du désert, roi dont le règne expire,
» Les poussera lui-même à travers son empire 1
» Ce rêve, qui par vous doit avoir son effet,
» Leibnitz, Louis le Grand, Napoléon l'ont fait (5) ;
» A vous de l'accomplir, Altesse ! L'heure est bonne,
» La science, aujourd'hui, n'a plus rien qui l'étonné ;
» Elle a le feu, les vents, et les flots pour sujets ! »
Le Prince, à ce discours, répondit : « J'y songeais ! »
(1) C'est en 1854, dans un voyage que M. Ferdinand de Lesseps fit,
avec le vice-roi d'Égypte, dans le désert Libyque, que le perce-
ment de l'isthme fut proposé et décidé.
(2) Sur les deux bords du canal, à une grande distance, on créera
de vastes établissements agricoles.
(3) Les travaux n'offrent aucune difficulté sérieuse à l'art moderne.
(4) Par le percement de l'isthme, la route des Indes, de la Chine
et de l'Australie sera abrégée de 3,000 lieues, en moyenne.
(5) Sur l'ordre de Louis XIV, Leibnitz écrivait un Mémoire concluant
au percement de l'isthme ; des négociations furent entamées à Cons-
tantinople, mais l'influence anglaise les fit échouer. On sait que, pen-
dant l'expédition d'Égypte, Napoléon s'occupa très-activement du
même projet.
III.
Aujourd'hui et demain.
Au travail ! au travail ! — Et qu'avant six années
Se rencontrent ici les deux mers étonnées (1) !
— D'où viens-tu? dit un flot heurtant un flot nouveau.
— Moi, je viens de Suez. — Moi, je viens de Péluse. —
Et, sans qu'il soit besoin de levée ou d'écluse,
Ils fraterniseront sous le même niveau !
Au travail! — Apportez les sondes et les dragues;
Ici, que le chenal se creuse sous les vagues ;
Qu'une double jetée en protège le cours,
Et que le léger brick et le steamer immense,
Quand les vents rugiront sur les flots en démence
De ces deux bras amis trouvent l'heureux secours I
Au travail ! au travail 1 — Que le golfe Arabique
Roule ses flots soumis dans le désert Libyque ;
Que le lac desséché se remplisse soudain (2),
Que les berges, les quais, sur les sables s'allongent,
Que les hauts mursdesdocksdans l'eau profonde plongent
Que l'isthme aride et nu redevienne un jardin (3) I
Au travail ! — Ouvriers que notre France envoie,
Tracez, pour l'univers, cette nouvelle voie!
Vos pères, les héros, sont venus jusqu'ici ;
Soyez fermes comme eux et comme eux intrépides,
Comme eux vous combattez aux pieds des Pyramides,
Et les quatre mille ans vous contemplent aussi !
Oui, c'est pour l'univers I pour l'Asie et l'Europe,
Pour ces climats lointains que la nuit enveloppe,
Pour le Chinois perfide et l'Indien demi-nu ;
Pour les peuples heureux, libres, humains et braves ;
Pour les peuples méchants, pour les peuples esclaves,
Pour ceux à qui le Christ est encore inconnu 1
De combien s'accroîtront les richesses du monde ?
A ce froid intérêt qu'un froid calcul réponde 1
Vers un plus noble but, sages, tournez les yeux :
Consacrons nos efforts, en chrétiens que nous sommes,
Pour les rendre meilleurs, à rapprocher les hommes ;
Les enrichir, c'est bien; les éclairer, c'est mieux!
D'un essor plus rapide animant le commerce,
Les vaisseaux du Japon, de l'Inde, de la Perse,
(1) La mer Rouge, dont le niveau est un peu plus élevé, entrera
dans le canal à Suez et ira rejoindre la Méditerranée près de Pé-
luse.
(2) Le lac Timsah, les lacs Amers, qui deviendront des ports
intérieurs.
(3) Une partie du désert que traversera le canal est la terre de
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