Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
288 IL'ISTHME DE SUEZ.
tenu sur les fonts baptismaux par M. de Lesseps
lui-même, qui lui donnait les noms de Ferdinand-
Saïd (Saïd correspond à notre Félix, qui veut dire
heureux). et le dotait de deux actions de la compagnie
r universelle du canal maritime de Suez.
, Voilà un jeune actionnaire qui entre dans la vie
sous des auspices favorables.
Le dimanche 30 juin dernier, un fait capital s'est
produit : M. Colquhoun, consul général d'Angleterre
en Egypte, accompagné de M. Saunders, consul
anglais à Alexandrie, arrivait à Port-Saïd sur le
bateau à vapeur le Wlon-Talount. L'ancre mouillée,
le vapeur fut abordé par un canot portant pavillon
égyptien et amenant l'officier de santé : la patente
était en règle, la libre entrée fut accordée à ces mes-
sieurs, dont le débarquement s'opéra très-facilement
à l'appontement, malgré une mer un peu houleuse.
L'ingénieur en chef des travaux, M. Voisin, et
l'ingénieur divisionnaire de Port-Saïd reçurent les
consuls.
Le jour même , ils visitèrent l'immense matériel
les voies ferrées, la scierie à vapeur, l'atelier de
montage, les dragues, les magasins, le phare et
le village arabe.
Le 1er juillet, dès 5 heures du matin, ils
cinglaient vers Kantara, par la rigole, en compagnie
de l'ingénieur en chef. M. Colquhoun tenait le
gouvernail et fut ainsi un des premiers navigateurs
de ce canal naissant.
A Kantara apparaissait tout à coup une splendide
comète qui n'a pas manqué d'exercer son influence
sur l'esprit des Arabes enclins au merveilleux.
Le 2 juillet, ces messieurs traversaient le désert dans
une voiture attelée de six dromadaires. Ils parcoururent
les terrains desséchés du lac Ballah et inspectèrent les
chantiers qui creusent la rigole de Kantara à Ferdane.
Le consul anglais a mis la main à la brouette et en
a bravement poussé une jusqu'au sommet de la berge.
On était loin de s'attendre à cette coopération symbo-
lique de l'Angleterre à l'exécution du canal.
Vers midi, la caravane arrivait au campement cen-
tral d'El-Guisr, et descendait de dromadaire ou de
voiture devant une véranda improvisée, soutenue par
des palmiers et décorée de verdure. Les dames en toi-
lette saluaient l'arrivée des consuls ; le campement
était en fête.
Cette journée devait avoir un grand dénoûment : le
soir, les représentants de l'Angleterre s'asseyaient à un
banquet au milieu des chefs et des principaux employés
de la Compagnie. La réunion était des plus cordiales ;
on s'entretenait de ce qu'on avait vu : les deux consuls
semblaient contents. M. Colquhoun, tantôt sérieux et
tantôt souriant, animait la conversation par ses ré-
flexions sympathiques ; il causait du canal, s'informait
de la salubrité du climat, de la vie qu'on menait au
désert, des premières épreuves subies. Le dessert venait
d'être servi. Soudain M. Colquhoun se lève et s'adresse
en ces termes aux ingénieurs et aux employés réunis
autour de lui :
« Messieurs, je vous remercie de l'accueil bienveil-
lant que vous m'avez fait : je suis venu visiter et j'ai
admiré les travaux que vous avez entrepris. Je viens
de parcourir tous vos chantiers, et je suis encore sous
l'impression de ce que j'ai vu. J'ai admiré votre cou-
rage : j'ai été frappé de l'entente, de l'union et de l'or-
dre qui régnent dans les travaux ; de votre organisa-
tion qui vous a fait triompher de tous les obstacles qui
se sont présentés. Je ne doute nullement, d'après ce
que j'ai va, que si des obstacles plus grands venaient
à surgir, il ne vous fût facile d'en triompher encore,
guidés par votre illustre chef. J'espère que des difficul-
tés d'un autre genre ne se présenteront plus ; dans le
siècle où nous vivons, il serait aisé, je pense, de les
faire disparaître. Je m'associe de tout mon cœur à
votre œuvre, et j'en suivrai avec bonheur le développe-
ment. Je vous remercie de l'accueil cordial et franc
que vous m'avez fait ; je bois au succès de votre entre-
prise et ne doute nullement de sa réussite. Merci, Mes-
sieurs, merci ! »
L'émotion pro luite par cette allocution fut si profonde,
qu'un instant de silence lui succéda. puis des ton-
nerres d'applaudissements éclatèrent de toutes parts.
Dans la soirée, ou vint avertir l'agent supérieur de la
Compagnie que les ouvriers européens, réunis devant
la maison, désiraient présenter à M. Colquhoun et à ses
compagnons de voyage leurs félicitatious et leurs re-
mercîments. Les convives se rendirent sous la véranda
parfaitement illuminée ; — vous voyez que plus rien ne
manque au désert. — Là, M. Thuilier, le chef des ou-
vriers, a récité une pièce de vers qu'il venait d'impro-
viser pour la circonstance.
Visiblement ému par l'élan de ces hommes simples et
sincères, M. Colquhoun a serré la main de l'ouvrier
poëte, en lui adressant de généreuses paroles que tous
les journaux ont rapportées.
La scène était grande et belle, je vous jure. Figurez -
vous la nuit splendide du désert, au ciel la comète avec
ses rayons et ses ombres, au loin les villages arabes
éclairés, plus près le campement des chameliers entou-
rés de leurs bêtes au repos, les feux allumés, les fanaux
éclairant ce groupe pressé d'employés, d'ouvriers ara-
bes, d'ouvriers d'Europe. au centre, et comme l'âme
de cette sorte d'évocation, le représentant d'un grand
peuple, un instant hostile, écoutant ces humbles vers
ces vœux de concorde et d'alliance, et rendant hom -
mage à ces travailleurs au milieu même des solitudes
qu'ils rappellent à la vie.
Le 4 juillet, les consuls partaient pour Zagazig, d'où
un train express les ramenait le jour même à Alexan-
drie.
Vous verrez que les Anglais finiront par se résigner
à ce que le coton de l'Inde ne soit plus qu'à 3,000 lieue s
de Manchester au lieu d'en être à 6,000. Ce sera dur
mais que voulez-vous 1 ADRIEN PAUL.
ADRIEN PAUL.
T ^Irnest DESPLACES.
PARIS. — IMPRIMERIE CENTRALE DE KAPOLÉON CHAIX ET C., RUE HE~M~M~ .;/
À ~- 1
tenu sur les fonts baptismaux par M. de Lesseps
lui-même, qui lui donnait les noms de Ferdinand-
Saïd (Saïd correspond à notre Félix, qui veut dire
heureux). et le dotait de deux actions de la compagnie
r universelle du canal maritime de Suez.
, Voilà un jeune actionnaire qui entre dans la vie
sous des auspices favorables.
Le dimanche 30 juin dernier, un fait capital s'est
produit : M. Colquhoun, consul général d'Angleterre
en Egypte, accompagné de M. Saunders, consul
anglais à Alexandrie, arrivait à Port-Saïd sur le
bateau à vapeur le Wlon-Talount. L'ancre mouillée,
le vapeur fut abordé par un canot portant pavillon
égyptien et amenant l'officier de santé : la patente
était en règle, la libre entrée fut accordée à ces mes-
sieurs, dont le débarquement s'opéra très-facilement
à l'appontement, malgré une mer un peu houleuse.
L'ingénieur en chef des travaux, M. Voisin, et
l'ingénieur divisionnaire de Port-Saïd reçurent les
consuls.
Le jour même , ils visitèrent l'immense matériel
les voies ferrées, la scierie à vapeur, l'atelier de
montage, les dragues, les magasins, le phare et
le village arabe.
Le 1er juillet, dès 5 heures du matin, ils
cinglaient vers Kantara, par la rigole, en compagnie
de l'ingénieur en chef. M. Colquhoun tenait le
gouvernail et fut ainsi un des premiers navigateurs
de ce canal naissant.
A Kantara apparaissait tout à coup une splendide
comète qui n'a pas manqué d'exercer son influence
sur l'esprit des Arabes enclins au merveilleux.
Le 2 juillet, ces messieurs traversaient le désert dans
une voiture attelée de six dromadaires. Ils parcoururent
les terrains desséchés du lac Ballah et inspectèrent les
chantiers qui creusent la rigole de Kantara à Ferdane.
Le consul anglais a mis la main à la brouette et en
a bravement poussé une jusqu'au sommet de la berge.
On était loin de s'attendre à cette coopération symbo-
lique de l'Angleterre à l'exécution du canal.
Vers midi, la caravane arrivait au campement cen-
tral d'El-Guisr, et descendait de dromadaire ou de
voiture devant une véranda improvisée, soutenue par
des palmiers et décorée de verdure. Les dames en toi-
lette saluaient l'arrivée des consuls ; le campement
était en fête.
Cette journée devait avoir un grand dénoûment : le
soir, les représentants de l'Angleterre s'asseyaient à un
banquet au milieu des chefs et des principaux employés
de la Compagnie. La réunion était des plus cordiales ;
on s'entretenait de ce qu'on avait vu : les deux consuls
semblaient contents. M. Colquhoun, tantôt sérieux et
tantôt souriant, animait la conversation par ses ré-
flexions sympathiques ; il causait du canal, s'informait
de la salubrité du climat, de la vie qu'on menait au
désert, des premières épreuves subies. Le dessert venait
d'être servi. Soudain M. Colquhoun se lève et s'adresse
en ces termes aux ingénieurs et aux employés réunis
autour de lui :
« Messieurs, je vous remercie de l'accueil bienveil-
lant que vous m'avez fait : je suis venu visiter et j'ai
admiré les travaux que vous avez entrepris. Je viens
de parcourir tous vos chantiers, et je suis encore sous
l'impression de ce que j'ai vu. J'ai admiré votre cou-
rage : j'ai été frappé de l'entente, de l'union et de l'or-
dre qui régnent dans les travaux ; de votre organisa-
tion qui vous a fait triompher de tous les obstacles qui
se sont présentés. Je ne doute nullement, d'après ce
que j'ai va, que si des obstacles plus grands venaient
à surgir, il ne vous fût facile d'en triompher encore,
guidés par votre illustre chef. J'espère que des difficul-
tés d'un autre genre ne se présenteront plus ; dans le
siècle où nous vivons, il serait aisé, je pense, de les
faire disparaître. Je m'associe de tout mon cœur à
votre œuvre, et j'en suivrai avec bonheur le développe-
ment. Je vous remercie de l'accueil cordial et franc
que vous m'avez fait ; je bois au succès de votre entre-
prise et ne doute nullement de sa réussite. Merci, Mes-
sieurs, merci ! »
L'émotion pro luite par cette allocution fut si profonde,
qu'un instant de silence lui succéda. puis des ton-
nerres d'applaudissements éclatèrent de toutes parts.
Dans la soirée, ou vint avertir l'agent supérieur de la
Compagnie que les ouvriers européens, réunis devant
la maison, désiraient présenter à M. Colquhoun et à ses
compagnons de voyage leurs félicitatious et leurs re-
mercîments. Les convives se rendirent sous la véranda
parfaitement illuminée ; — vous voyez que plus rien ne
manque au désert. — Là, M. Thuilier, le chef des ou-
vriers, a récité une pièce de vers qu'il venait d'impro-
viser pour la circonstance.
Visiblement ému par l'élan de ces hommes simples et
sincères, M. Colquhoun a serré la main de l'ouvrier
poëte, en lui adressant de généreuses paroles que tous
les journaux ont rapportées.
La scène était grande et belle, je vous jure. Figurez -
vous la nuit splendide du désert, au ciel la comète avec
ses rayons et ses ombres, au loin les villages arabes
éclairés, plus près le campement des chameliers entou-
rés de leurs bêtes au repos, les feux allumés, les fanaux
éclairant ce groupe pressé d'employés, d'ouvriers ara-
bes, d'ouvriers d'Europe. au centre, et comme l'âme
de cette sorte d'évocation, le représentant d'un grand
peuple, un instant hostile, écoutant ces humbles vers
ces vœux de concorde et d'alliance, et rendant hom -
mage à ces travailleurs au milieu même des solitudes
qu'ils rappellent à la vie.
Le 4 juillet, les consuls partaient pour Zagazig, d'où
un train express les ramenait le jour même à Alexan-
drie.
Vous verrez que les Anglais finiront par se résigner
à ce que le coton de l'Inde ne soit plus qu'à 3,000 lieue s
de Manchester au lieu d'en être à 6,000. Ce sera dur
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