Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 287
accomplissent les cérémonies religieuses ou rendent la
justice suivant la loi musulmane. Aux heures du repos
et le soir, à la veillée, leurs cafés se remplissent ; les
danseuses et les chanteuses y viennent comme daus les
faubourgs du Cair^.
Peu à peu les difficultés de communication ont disparu.
Des services jourualiers de correspondances sont établis
à travers le désert. Les lettres, les ordres sont transmis
et reçus avec une régularité plus qu'européenne.
Mais je cède encore la parole à M. Charles Valois.
Après un juste éloge à M. Ferdinand de Lesseps, le
créateur de cette belle entreprise, le poëte s'écrie :
Que veut dire ceci? ce peuple qui s'agite,
Quel est-il? quel est son dessein,
Sont-ce là des proscrits, conjurant par la fuite
Les dangers d'un pire destin?
Point. Ce sont des fellahs, race au travail ardente,
Rompue aux plus rudes labeurs :
Leurs femmes, leurs enfants, dorment là, sous la tente,
Et la joie inonde leurs coeurs.
Taïb (1), dit chacun d'eux, taïb! je suis un homme,
J'ai du travail et pas de coups;
Si vous me traitez mieux qu'une bête de somme,
Ma tête et mes bras sont à vous.
Déjà s'élève un phare, étoile du navire
Qui dans la nuit cherche le port
Protecteur des marins dont la barque chavire
Et qu'il va soustraire à la mort.
Dans le lac Menzaleh, la drague frémissante
Mord le sable et creuse un chenal.
Rien ne peut résister à l'étreinte puissante
De la vapeur et du métal.
Partout, dans les chantiers, le marteau sur l'enclume
Frappe le fer avec fracas ;
Partout le wagon roule, et le convoi qui fume
Transporte du bois et des bras.
Dans cent endroits divers s'élèvent des villages,
Le cheik toujours au milieu;
Pour les enfants, l'école; un temple pour les sages ;
Où l'Arabe parle à son dieu.
Voilà donc ce qu'a fait de ce désert aride,
Ferdinand de Lesseps, en moins de douze mois.
Et pour comble d'honneur, sa noble main est vide,
Car l'or de ses amis n'a pas souillé ses doigts.
Si dans ce siècle impur, où la vertu grelotte
Dans son manteau troué, ridiculement sotte,
On poursuit à plaisir d'un éloge outrageant,
Qui fait le bien gratis, sans l'appât de l'argent,
quelle ne sera pas la gloire de son héros, continue le
poëte,
Alors que, de Marseille,
Un navire français, de son nom baptisé,
De tous les pavillons d'Europe pavoisé,
Le gouvernail tourné vers l'Egypte féconde,
Aux applaudissements frénétiques du monde
(1) Très-bien!
Partira pour franchir ce chemin tout nouveau,
Où Saïd lui prépare un avenir si beau !
Dès lors, mille vaisseaux s'élancent sur sa trace;
Le commerce endormi se ranime ; il embrasse
La Chine enfin ouverte, et le riche Japon.
L'Inde, l'Afrique, Aden, propices au coton;
Cochinchine, Siain, les îles Philippines,
L'Australie, où l'on meurt d'ennui, malgré les mines 1
Tout ce vaste archipel, à peine visité,
Devient le but ardent de notre activité.
La terre de Gessen, lasse d'être stérile,
Se couvre de moissons et redevient fertile;
Les sésames, les thés, la gomme, les coraux,
S'entassent à l'envi dans tous nos entrepôts.
Ici le poëte énumère de la façon la plus brillante les
avantages appréciés par le monde entier, qui résulte-
ront de la réunion des deux mers :
Seule, continue-t-il,
„ L'ombrageuse Angleterre,
Colosse dont la taille est encore un mystère,
Qui pose arrogamment sa griffe de vautour
Sur tous les continents
L'Angleterre frémit
Mais la raison l'éclaire, elle rit du danger
Et craint moins des succès qu'elle doit partager.
L'Egypte est le premier relais de Trébizonde.
L'échange des produits que l'intérêt seconde
Modifie aussitôt les coutumes. Les mœurs
S'adoucissent, la paix entre dans tous les coeurs.
Le poëte dépeint ici, en fort beaux vers que le dé-
faut d'espace nous empêche de citer, les avantages
moraux qui indépendamment des résultats matériels
découleront de cette grande entreprise.
0" spectacle sublime! Enfantement immense!
De quel écrin tirer la juste récompense
Due à ces bienfaiteurs de notre humanité,
Qui font de ce grand rêve une réalité?
0 Mohammed-Saïd ! 0 {«rince magnanime !.
Et toi, noble Lesseps, dont le nom nous exprime
Les plus beaux sentiments d'honneur, de probité,
Modèle de sagesse et de témérité,
Toi, dont la modestie elle-même s'ignore,
Génie ardent au bien, dont la France s'honore.
Le monde est impuissant à te récompenser!.
Mais il est un projet que j'aime à caresser.
Ce rêve du poëte est que, des deux extrémités du
canal des deux mers, on élève ici une statue à Ferdi-
nand de Lesseps, là une autre statue à Mohammed-Saïd.
Si, par l'épidémie de statues qui règne, glorifi-
cation fut jamais méritée, il nous semble que c'est
celle-là.
Il y a quelques mois, une cérémonie touchante avait
lieu à Port-Saïd ; on y baptisait le premier enfant
né dans la colonie. Fils d'un simple ouvrier de
l'entreprise, cet enfant avait la bonne fortune d'être
accomplissent les cérémonies religieuses ou rendent la
justice suivant la loi musulmane. Aux heures du repos
et le soir, à la veillée, leurs cafés se remplissent ; les
danseuses et les chanteuses y viennent comme daus les
faubourgs du Cair^.
Peu à peu les difficultés de communication ont disparu.
Des services jourualiers de correspondances sont établis
à travers le désert. Les lettres, les ordres sont transmis
et reçus avec une régularité plus qu'européenne.
Mais je cède encore la parole à M. Charles Valois.
Après un juste éloge à M. Ferdinand de Lesseps, le
créateur de cette belle entreprise, le poëte s'écrie :
Que veut dire ceci? ce peuple qui s'agite,
Quel est-il? quel est son dessein,
Sont-ce là des proscrits, conjurant par la fuite
Les dangers d'un pire destin?
Point. Ce sont des fellahs, race au travail ardente,
Rompue aux plus rudes labeurs :
Leurs femmes, leurs enfants, dorment là, sous la tente,
Et la joie inonde leurs coeurs.
Taïb (1), dit chacun d'eux, taïb! je suis un homme,
J'ai du travail et pas de coups;
Si vous me traitez mieux qu'une bête de somme,
Ma tête et mes bras sont à vous.
Déjà s'élève un phare, étoile du navire
Qui dans la nuit cherche le port
Protecteur des marins dont la barque chavire
Et qu'il va soustraire à la mort.
Dans le lac Menzaleh, la drague frémissante
Mord le sable et creuse un chenal.
Rien ne peut résister à l'étreinte puissante
De la vapeur et du métal.
Partout, dans les chantiers, le marteau sur l'enclume
Frappe le fer avec fracas ;
Partout le wagon roule, et le convoi qui fume
Transporte du bois et des bras.
Dans cent endroits divers s'élèvent des villages,
Le cheik toujours au milieu;
Pour les enfants, l'école; un temple pour les sages ;
Où l'Arabe parle à son dieu.
Voilà donc ce qu'a fait de ce désert aride,
Ferdinand de Lesseps, en moins de douze mois.
Et pour comble d'honneur, sa noble main est vide,
Car l'or de ses amis n'a pas souillé ses doigts.
Si dans ce siècle impur, où la vertu grelotte
Dans son manteau troué, ridiculement sotte,
On poursuit à plaisir d'un éloge outrageant,
Qui fait le bien gratis, sans l'appât de l'argent,
quelle ne sera pas la gloire de son héros, continue le
poëte,
Alors que, de Marseille,
Un navire français, de son nom baptisé,
De tous les pavillons d'Europe pavoisé,
Le gouvernail tourné vers l'Egypte féconde,
Aux applaudissements frénétiques du monde
(1) Très-bien!
Partira pour franchir ce chemin tout nouveau,
Où Saïd lui prépare un avenir si beau !
Dès lors, mille vaisseaux s'élancent sur sa trace;
Le commerce endormi se ranime ; il embrasse
La Chine enfin ouverte, et le riche Japon.
L'Inde, l'Afrique, Aden, propices au coton;
Cochinchine, Siain, les îles Philippines,
L'Australie, où l'on meurt d'ennui, malgré les mines 1
Tout ce vaste archipel, à peine visité,
Devient le but ardent de notre activité.
La terre de Gessen, lasse d'être stérile,
Se couvre de moissons et redevient fertile;
Les sésames, les thés, la gomme, les coraux,
S'entassent à l'envi dans tous nos entrepôts.
Ici le poëte énumère de la façon la plus brillante les
avantages appréciés par le monde entier, qui résulte-
ront de la réunion des deux mers :
Seule, continue-t-il,
„ L'ombrageuse Angleterre,
Colosse dont la taille est encore un mystère,
Qui pose arrogamment sa griffe de vautour
Sur tous les continents
L'Angleterre frémit
Mais la raison l'éclaire, elle rit du danger
Et craint moins des succès qu'elle doit partager.
L'Egypte est le premier relais de Trébizonde.
L'échange des produits que l'intérêt seconde
Modifie aussitôt les coutumes. Les mœurs
S'adoucissent, la paix entre dans tous les coeurs.
Le poëte dépeint ici, en fort beaux vers que le dé-
faut d'espace nous empêche de citer, les avantages
moraux qui indépendamment des résultats matériels
découleront de cette grande entreprise.
0" spectacle sublime! Enfantement immense!
De quel écrin tirer la juste récompense
Due à ces bienfaiteurs de notre humanité,
Qui font de ce grand rêve une réalité?
0 Mohammed-Saïd ! 0 {«rince magnanime !.
Et toi, noble Lesseps, dont le nom nous exprime
Les plus beaux sentiments d'honneur, de probité,
Modèle de sagesse et de témérité,
Toi, dont la modestie elle-même s'ignore,
Génie ardent au bien, dont la France s'honore.
Le monde est impuissant à te récompenser!.
Mais il est un projet que j'aime à caresser.
Ce rêve du poëte est que, des deux extrémités du
canal des deux mers, on élève ici une statue à Ferdi-
nand de Lesseps, là une autre statue à Mohammed-Saïd.
Si, par l'épidémie de statues qui règne, glorifi-
cation fut jamais méritée, il nous semble que c'est
celle-là.
Il y a quelques mois, une cérémonie touchante avait
lieu à Port-Saïd ; on y baptisait le premier enfant
né dans la colonie. Fils d'un simple ouvrier de
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