Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1861 15 août 1861
Description : 1861/08/15 (A6,N124). 1861/08/15 (A6,N124).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203277v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 271
deux ou trois cents, pour tâcher de cerner la terrible
bête, mais ils réussissent rarement à l'atteindre, mal-
gré leurs feux-de peloton; elle gagne le large après
en avoir massacré deux ou trois. Aussi, au premier
abord, les caïds se moquaient de la témérité de ce
roumi, qui ne craignait pas d'entreprendre seul une
chasse tellement dangereuse au milieu de la nuit. Ils
lui racontaient les accidents de plusieurs chasses in-
fructueuses dont ils avaient été témoins. Il y en avait
même qui prétendaient que l'âme d'un marabout s'é-
tait réfugiée dan s certaines panthères; qu'il était
inutile de vouloir les surprendre, qu'elles parvien-
draient à déjouer toutes les embûches. En tout cas,
ils ne voulaient pas qu'on pût leur imputer la mort
d'un Français, et, pour dégager leur responsabilité,
ils exigeaient une autorisation du bureau arabe. On
peut juger de l'étonnement de ces braves Arabes
quand M. Bombonnel, qu'ils croyaient voué à une mort
certaine, les délivrait des panthères les mieux ensor-
celées. Ni les coups de fusil ni les cris du chasseur
our les appeler n'auraient pu les faire bouger. Mais
aussitôt qu'ils l'apercevaient revenant à leur douar
après avoir tué la bête, ils venaient à lui en courant,
avec de grandes manifestations de joie. Ils se jetaient
à son cou comme des fous, couvraient de baisers ses
épaules, ses mains et ses genoux ; ils faisaient rele
ver leurs femmes pour faire préparer le couscoussou.
Tout le reste de la nuit se passait en festoyant. Lors-
qu'on apportait la panthère au milieu de la tribu,
les accolades recommençaient. Les compliments d'ad-
miration, les protestations d'estime et d'amitié ne
tarissaient plus envers celui qui, la veille, n'était sou-
vent qu'un chien de roumi, tant il est vrai, comme
le remarque très-judicieusement M. Bombonnel,
que pour toucher les Arabes, le meilleur rai-.omie-
ment est chose inutile; il faut parler à leurs yeux ; il
leur faut des faits, et bien longtemps encore ils ne
comprendront pas d'autre langage. La force est la
première divinité pour eux, celle devant laquelle ils
se courbent et se courberont partout et toujours :
Dieu est avec les forts.
« Plusieurs personnes qui ne connaissent pas l'Al-
gérie, dit M. Bombonnel à la fin de son livre, s'ima-
ginent que son climat est malsain et meurtrier. C'est
là une grande erreur, et la preuve la plus convain-
cante que j'en puisse donner est celle-ci : dans l'es-
pace de dix années, j'ai passé plus de sept cents nuits à
la belle étoile ; j'ai enduré la faim et la soif, le froid
et le chaud, la pluie et les rosées qui me mouillaient
jusqu'aux os. Pendant des nuits entières, assis le
plus souvent sur la terre nue, dans la plus complète
immobilité, j'ai respiré les brouillards de la plaine,
les miasmes des terrains marécageux. J'ai éprouvé
de grandes privations et supporté des fatigues
inouïes, et cependant, je n'ai jamais eu le moindre
accès de fièvre ni ressenti la plus légère iudisposi-
tion, et, chose assez curieuse, je n'ai pas même pris
de rhume, affection qui m'était assez habituelle en
France. »
M. Bombonnel termine en donnant d'excellents con-
seils aux chasseurs de panthères ; il leur dit de bien
choisir leur anut, et après avoir attaché une chèvre
a 5 ou 6 mètres, il leur recommande de ne jamais
faire crier le chevreau que la mère ne leur ait an-
noncé, par son attitude, qu'il n'y avait rien à crain-
dre pour elle, autrement, ils pourraient se faire
écraser. Une fois bien installés, que les moustiques
les lardent, que les puces les rongent, ils doivent se
garder de faire le moindre mouvement.
La nuit est calme; tout autour de vous règne un
silence profond; vous vous croyez parfaitement en
sûreté. Cependant la panthère est peut être à quelques
pas de vous qui, elle aussi, regarde, écoute, épie, et
avant que vous ayez piTvous mettre sur la défensive,
elle sera sur vous. Si, sur votre premier coup de feu,
la panthère ne bouge pas, ne vous pressez pas een-
tonner le hallali; ne quittez pas votre place pour
aller reconnaître votre gibier; attendez patiemment,
votre fusil en joue et le doigt sur la seconde détente.
La bête que vous croyez morte est peut-être là qui
vous cherche des yeux. Au moindre mouvement qui
viendra vous trahir elle peut tomber sur vous comme
la foudre. Ces conseils ne sont pas le fruit d'une vaine
théorie, mais d'une observation longue et conscien-
cieuse. S'il faut, pour tuer le lion, de l'adresse, du
courage et du sang-froid, pour tuer la panthère, il
faut, de plus, de la ruse, de la prudence et une pa-
tience à toute épreuve. Si vous croyez pouvoir satis-
faire aux exigences du programme, entrez résolûment
dans la carrière, en priant Dieu et saint Hubert, qui
se chargeront du reste.
(Gazette du Midi.) Louis DE BAUDicoon.
Le Gérant: ERNEST DESPLACES.
La Revue du Monde colonial paraît le 10 et le
25 de chaque mois.
Les prix d'abonnement sont ainsi fixés, depuis le
1erjanvier 1861 : Paris, un an, 25 francs; six mois 13
francs. — Départements et Algérie, un an, 30 francs ;
six mois, 16 francs. — Etranger et Colonies, à port
double ou par voie anglaise, un an, 35 francs ; six mois,
18 francs.
Il suffit, pour s'abonner, d'adresser un mandat du
montant de l'abonnement à M. Noirot, 3, rue Christine,
à Paris. — Les trois premiers volumes de VAlgérie agri-
cole, formant la première série de la Revue du Monde co-
lonial, sont en vente au prix total de 30 francs (frais
de poste en sus).
deux ou trois cents, pour tâcher de cerner la terrible
bête, mais ils réussissent rarement à l'atteindre, mal-
gré leurs feux-de peloton; elle gagne le large après
en avoir massacré deux ou trois. Aussi, au premier
abord, les caïds se moquaient de la témérité de ce
roumi, qui ne craignait pas d'entreprendre seul une
chasse tellement dangereuse au milieu de la nuit. Ils
lui racontaient les accidents de plusieurs chasses in-
fructueuses dont ils avaient été témoins. Il y en avait
même qui prétendaient que l'âme d'un marabout s'é-
tait réfugiée dan s certaines panthères; qu'il était
inutile de vouloir les surprendre, qu'elles parvien-
draient à déjouer toutes les embûches. En tout cas,
ils ne voulaient pas qu'on pût leur imputer la mort
d'un Français, et, pour dégager leur responsabilité,
ils exigeaient une autorisation du bureau arabe. On
peut juger de l'étonnement de ces braves Arabes
quand M. Bombonnel, qu'ils croyaient voué à une mort
certaine, les délivrait des panthères les mieux ensor-
celées. Ni les coups de fusil ni les cris du chasseur
our les appeler n'auraient pu les faire bouger. Mais
aussitôt qu'ils l'apercevaient revenant à leur douar
après avoir tué la bête, ils venaient à lui en courant,
avec de grandes manifestations de joie. Ils se jetaient
à son cou comme des fous, couvraient de baisers ses
épaules, ses mains et ses genoux ; ils faisaient rele
ver leurs femmes pour faire préparer le couscoussou.
Tout le reste de la nuit se passait en festoyant. Lors-
qu'on apportait la panthère au milieu de la tribu,
les accolades recommençaient. Les compliments d'ad-
miration, les protestations d'estime et d'amitié ne
tarissaient plus envers celui qui, la veille, n'était sou-
vent qu'un chien de roumi, tant il est vrai, comme
le remarque très-judicieusement M. Bombonnel,
que pour toucher les Arabes, le meilleur rai-.omie-
ment est chose inutile; il faut parler à leurs yeux ; il
leur faut des faits, et bien longtemps encore ils ne
comprendront pas d'autre langage. La force est la
première divinité pour eux, celle devant laquelle ils
se courbent et se courberont partout et toujours :
Dieu est avec les forts.
« Plusieurs personnes qui ne connaissent pas l'Al-
gérie, dit M. Bombonnel à la fin de son livre, s'ima-
ginent que son climat est malsain et meurtrier. C'est
là une grande erreur, et la preuve la plus convain-
cante que j'en puisse donner est celle-ci : dans l'es-
pace de dix années, j'ai passé plus de sept cents nuits à
la belle étoile ; j'ai enduré la faim et la soif, le froid
et le chaud, la pluie et les rosées qui me mouillaient
jusqu'aux os. Pendant des nuits entières, assis le
plus souvent sur la terre nue, dans la plus complète
immobilité, j'ai respiré les brouillards de la plaine,
les miasmes des terrains marécageux. J'ai éprouvé
de grandes privations et supporté des fatigues
inouïes, et cependant, je n'ai jamais eu le moindre
accès de fièvre ni ressenti la plus légère iudisposi-
tion, et, chose assez curieuse, je n'ai pas même pris
de rhume, affection qui m'était assez habituelle en
France. »
M. Bombonnel termine en donnant d'excellents con-
seils aux chasseurs de panthères ; il leur dit de bien
choisir leur anut, et après avoir attaché une chèvre
a 5 ou 6 mètres, il leur recommande de ne jamais
faire crier le chevreau que la mère ne leur ait an-
noncé, par son attitude, qu'il n'y avait rien à crain-
dre pour elle, autrement, ils pourraient se faire
écraser. Une fois bien installés, que les moustiques
les lardent, que les puces les rongent, ils doivent se
garder de faire le moindre mouvement.
La nuit est calme; tout autour de vous règne un
silence profond; vous vous croyez parfaitement en
sûreté. Cependant la panthère est peut être à quelques
pas de vous qui, elle aussi, regarde, écoute, épie, et
avant que vous ayez piTvous mettre sur la défensive,
elle sera sur vous. Si, sur votre premier coup de feu,
la panthère ne bouge pas, ne vous pressez pas een-
tonner le hallali; ne quittez pas votre place pour
aller reconnaître votre gibier; attendez patiemment,
votre fusil en joue et le doigt sur la seconde détente.
La bête que vous croyez morte est peut-être là qui
vous cherche des yeux. Au moindre mouvement qui
viendra vous trahir elle peut tomber sur vous comme
la foudre. Ces conseils ne sont pas le fruit d'une vaine
théorie, mais d'une observation longue et conscien-
cieuse. S'il faut, pour tuer le lion, de l'adresse, du
courage et du sang-froid, pour tuer la panthère, il
faut, de plus, de la ruse, de la prudence et une pa-
tience à toute épreuve. Si vous croyez pouvoir satis-
faire aux exigences du programme, entrez résolûment
dans la carrière, en priant Dieu et saint Hubert, qui
se chargeront du reste.
(Gazette du Midi.) Louis DE BAUDicoon.
Le Gérant: ERNEST DESPLACES.
La Revue du Monde colonial paraît le 10 et le
25 de chaque mois.
Les prix d'abonnement sont ainsi fixés, depuis le
1erjanvier 1861 : Paris, un an, 25 francs; six mois 13
francs. — Départements et Algérie, un an, 30 francs ;
six mois, 16 francs. — Etranger et Colonies, à port
double ou par voie anglaise, un an, 35 francs ; six mois,
18 francs.
Il suffit, pour s'abonner, d'adresser un mandat du
montant de l'abonnement à M. Noirot, 3, rue Christine,
à Paris. — Les trois premiers volumes de VAlgérie agri-
cole, formant la première série de la Revue du Monde co-
lonial, sont en vente au prix total de 30 francs (frais
de poste en sus).
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.84%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.84%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 15/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203277v/f15.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203277v/f15.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203277v/f15.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203277v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203277v
Facebook
Twitter