Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
286 L'ISTHME DE SUEZ,
Du soleil qui tombait à pic sur notre tête.
En route! allons, partons! la caravane est prête.
Debout, fellahs, debout! levons le camp; debout!
Les dociles chameaux abaissent leur long cou.
En route!. Le désert ! un rêve, une merveille !
Mon âme se ranime et mon esprit s'éveille.
C'est le désert ! un mot terrible autant que doux !.
Peut-être est-ce la mort pour chacun ? Dieu pour tous 1
Un mot dont l'harmonie est indéfinissable,
Le bruit vague du pied des chameaux sur le sable,
Le vent qui souffle et gronde, un océan sans fin
De poussière brûlante! Et la soif et la faim 1
Le mirage!. Ah! surtout gardez-vous du mirage!
Si votre œil aperçoit quelque gras pâturage,
Des villes, des forêts, des monts altiers, un lac,
Comme j'en aperçus de mon camp d'El-Ambak,
C'est le mirage ! Alerte 1 et sans perdre courage,
Poussons-plus loin. Là-bas, ce n'est que le mirage !.
La forêt, un palmier; la ville, un bloc de grès!.
Si de l'espoir trompé naissent tous nos regrets,
Le mirage est cruel. Mais que peut-on attendre
Du désert? Ecoutez: que venez-vous d'entendre?.
Prenez garde !. ce sont les pas profonds et lourds
De l'hyène qui passe et rôde aux alentours.
Ici je reconnais, car ma vue est fidèle,
Le pas plus délicat de la fauve gazelle,
Qui vient paître au matin les rougeâtres bourgeons
Des tamarisques droits et drus comme les joncs.
Plus loin, les pas de l'homme ; un Arabe sans doute !
Le voilà. Son fusil sur l'épaule, il écoute
Le chant des chameliers dont il aime la voix.
Mais la nuit tombe ! Il rêve et soupire à la fois.
La lune, aux doux rayons, vient écorner son disque
Au feuillage argenté du résineux lentisque.
L'étoile brille au ciel. tout repose. tout dort.
Au-dessus du désert plane et veille la mort:
Mais, ajoute le poëte, le désert lui-même va être
changé en oasis par la civilisation.
Aujourd'hui, huit mille ouvriers sont répartis dans les
chantiers, depuis Port-Saïd jusqu'à Timsah, sur une
étendue de Tf4 kilomètres, juste la moitié de la ligne à
parcourir:
Port-Saïd, le point de départ, la tête du canal, con.
tient déjà une population fixe de plus de 2,000 âmes,
des habitations pour les Européens, un village pour
les Arabes, des magasins, une scierie mécanique,
des ateliers de forge, d'ajustage, de montage, des ma-
chines à distiller l'eau de mer, un bassin dont le che-
nal s'achève, un appontement avec les appareils propres
au débarquement des cargaisons.
A la date du 15 avril dernier, ce port nouveau avait
déjà reçu cent trente-cinq bâtiments, jaugeant ensemble
environ 29,000 tonneaux.
Dernièrement, un radeau parti de Galatz, sur le Da-
nube, et composé de 1,300 stères de bois, arrivait à
Port-Saïd, après avoir vaincu des difficultés de tout
genre.
Quatorze voies de fer ont été établies pour faciliter les
travaux.
Les carrières de Mex, aux portes d'Alexandrie, con-
tiennent 800,000 mètres cubes d'une excellente pierre:
facile à tailler et durcissant ensuite au contact de l'air.
Ces carrières sont ouvertes sur une étendue de plus de
500 mètres. Les blocs détachés par les mines sont en-
levés par trois grandes grues à vapeur, chargés sur des
wagons et traînés sur des voies ferrées. Deux jetées,
dont l'une a 250 mètres de long, forment une darse dans
laquelle huit navires peuvent s'amarrer en toute sécurité
par un fond de 3 à 4 mètres et demi. Les navires se
placent bord à quai, à portée des grues établies sur les
jetées et au-dessous desquelles viennent s'arrêter les
wagons chargés.
Des dragues sont établies, dont la -puissance est cal-
culée de façon à ce qu'elles fassent chacune 1,000 mè-
tres cubes de terrassement par jour. L'opération totale
comprendra quelque chose comme 14 millions de-mètres
cubes de terrassement : rien que cela !
Près de l'appontement ou jetée provisoire s'élève un
phare de 29 mètres de haut, lequel s'aperçoit à 25 milles
en mer.
Là où, il y a deux ans à peine, la barbarie et la dé-
vastation semblaient avoir a tout jamais détruit les élé-
ments de l'activité humaine, a tout à coup surgi une
colonie nouvelle, à laquelle rien ne manque. Toute la
ligne du canal est occupée par une succession de pos-
tes, de campements hospitaliers, de hangars, de maisons,
aux environs desquels sont creusés des puits, sont ex-
ploités des fours à chaux, des briqueteries.
Ici, des montagnes de houille ; là, d'immenses piles.
de madriers.
- Des entrepôts, des marchés contiennent tout ce qui
est nécessaire à la consommation des travailleurs : vi-
vres, provisions, marchandises, vêtements, chaque ar-
ticle y a son compartiment sur lequel sont annotées les
quantités déjà vendues et celles qui restent à vendre.
M. Daniel Lange, qui accompagnait dernièrement
MM. Colquhoun et Saunders, les consuls anglais, pen-
dant leur voyage dans l'isthme, déclare dans sa relation
qu'il y a aclîeté plusieurs objets de toilette dont il pa-
raît très satisfait. ce dont le lecteur et moi nous
sommes également bien aises.
Les fellahs manient la pelle et la pioche comme s'ils
n'avaient jamais fait autre chose de leur vie. Leur con-
dition est bonne ; les salaires, régulièrement payés, ont
déjà très-sensiblement amélioré le sort des indigènes.
Leur engagement est d'un mois, après lequel il leur est
loisible de le renouveler ou de retourner dans leurs vil-
lages avec l'argent qu'ils ont gagné. Toutes les précau-
tions sont prises pour qu'une protection efficace ait tou-
jours l'œil ouvert sur les fellahs. Des bureaux de
réclamations sont établis dans les chantiers. Que si l'on
voulait comparer le sort des fellahs employés par la
Compagnie du canal de Suez avec celui des ouvriers
pauvres de nos campagnes et celui des apprentis dans
nos manufactures, la comparaison, je le crains, ne serait
pas à notre avantage.
L'air de santé de la population ne laisse rien à désirer.
L'hôpital est vide, ce qui explique peut-être son exces-
sive propreté.
Là où les Arabes sont en assez grand nombre, des
mosquées ont été construites ; des imams et des cadis
Du soleil qui tombait à pic sur notre tête.
En route! allons, partons! la caravane est prête.
Debout, fellahs, debout! levons le camp; debout!
Les dociles chameaux abaissent leur long cou.
En route!. Le désert ! un rêve, une merveille !
Mon âme se ranime et mon esprit s'éveille.
C'est le désert ! un mot terrible autant que doux !.
Peut-être est-ce la mort pour chacun ? Dieu pour tous 1
Un mot dont l'harmonie est indéfinissable,
Le bruit vague du pied des chameaux sur le sable,
Le vent qui souffle et gronde, un océan sans fin
De poussière brûlante! Et la soif et la faim 1
Le mirage!. Ah! surtout gardez-vous du mirage!
Si votre œil aperçoit quelque gras pâturage,
Des villes, des forêts, des monts altiers, un lac,
Comme j'en aperçus de mon camp d'El-Ambak,
C'est le mirage ! Alerte 1 et sans perdre courage,
Poussons-plus loin. Là-bas, ce n'est que le mirage !.
La forêt, un palmier; la ville, un bloc de grès!.
Si de l'espoir trompé naissent tous nos regrets,
Le mirage est cruel. Mais que peut-on attendre
Du désert? Ecoutez: que venez-vous d'entendre?.
Prenez garde !. ce sont les pas profonds et lourds
De l'hyène qui passe et rôde aux alentours.
Ici je reconnais, car ma vue est fidèle,
Le pas plus délicat de la fauve gazelle,
Qui vient paître au matin les rougeâtres bourgeons
Des tamarisques droits et drus comme les joncs.
Plus loin, les pas de l'homme ; un Arabe sans doute !
Le voilà. Son fusil sur l'épaule, il écoute
Le chant des chameliers dont il aime la voix.
Mais la nuit tombe ! Il rêve et soupire à la fois.
La lune, aux doux rayons, vient écorner son disque
Au feuillage argenté du résineux lentisque.
L'étoile brille au ciel. tout repose. tout dort.
Au-dessus du désert plane et veille la mort:
Mais, ajoute le poëte, le désert lui-même va être
changé en oasis par la civilisation.
Aujourd'hui, huit mille ouvriers sont répartis dans les
chantiers, depuis Port-Saïd jusqu'à Timsah, sur une
étendue de Tf4 kilomètres, juste la moitié de la ligne à
parcourir:
Port-Saïd, le point de départ, la tête du canal, con.
tient déjà une population fixe de plus de 2,000 âmes,
des habitations pour les Européens, un village pour
les Arabes, des magasins, une scierie mécanique,
des ateliers de forge, d'ajustage, de montage, des ma-
chines à distiller l'eau de mer, un bassin dont le che-
nal s'achève, un appontement avec les appareils propres
au débarquement des cargaisons.
A la date du 15 avril dernier, ce port nouveau avait
déjà reçu cent trente-cinq bâtiments, jaugeant ensemble
environ 29,000 tonneaux.
Dernièrement, un radeau parti de Galatz, sur le Da-
nube, et composé de 1,300 stères de bois, arrivait à
Port-Saïd, après avoir vaincu des difficultés de tout
genre.
Quatorze voies de fer ont été établies pour faciliter les
travaux.
Les carrières de Mex, aux portes d'Alexandrie, con-
tiennent 800,000 mètres cubes d'une excellente pierre:
facile à tailler et durcissant ensuite au contact de l'air.
Ces carrières sont ouvertes sur une étendue de plus de
500 mètres. Les blocs détachés par les mines sont en-
levés par trois grandes grues à vapeur, chargés sur des
wagons et traînés sur des voies ferrées. Deux jetées,
dont l'une a 250 mètres de long, forment une darse dans
laquelle huit navires peuvent s'amarrer en toute sécurité
par un fond de 3 à 4 mètres et demi. Les navires se
placent bord à quai, à portée des grues établies sur les
jetées et au-dessous desquelles viennent s'arrêter les
wagons chargés.
Des dragues sont établies, dont la -puissance est cal-
culée de façon à ce qu'elles fassent chacune 1,000 mè-
tres cubes de terrassement par jour. L'opération totale
comprendra quelque chose comme 14 millions de-mètres
cubes de terrassement : rien que cela !
Près de l'appontement ou jetée provisoire s'élève un
phare de 29 mètres de haut, lequel s'aperçoit à 25 milles
en mer.
Là où, il y a deux ans à peine, la barbarie et la dé-
vastation semblaient avoir a tout jamais détruit les élé-
ments de l'activité humaine, a tout à coup surgi une
colonie nouvelle, à laquelle rien ne manque. Toute la
ligne du canal est occupée par une succession de pos-
tes, de campements hospitaliers, de hangars, de maisons,
aux environs desquels sont creusés des puits, sont ex-
ploités des fours à chaux, des briqueteries.
Ici, des montagnes de houille ; là, d'immenses piles.
de madriers.
- Des entrepôts, des marchés contiennent tout ce qui
est nécessaire à la consommation des travailleurs : vi-
vres, provisions, marchandises, vêtements, chaque ar-
ticle y a son compartiment sur lequel sont annotées les
quantités déjà vendues et celles qui restent à vendre.
M. Daniel Lange, qui accompagnait dernièrement
MM. Colquhoun et Saunders, les consuls anglais, pen-
dant leur voyage dans l'isthme, déclare dans sa relation
qu'il y a aclîeté plusieurs objets de toilette dont il pa-
raît très satisfait. ce dont le lecteur et moi nous
sommes également bien aises.
Les fellahs manient la pelle et la pioche comme s'ils
n'avaient jamais fait autre chose de leur vie. Leur con-
dition est bonne ; les salaires, régulièrement payés, ont
déjà très-sensiblement amélioré le sort des indigènes.
Leur engagement est d'un mois, après lequel il leur est
loisible de le renouveler ou de retourner dans leurs vil-
lages avec l'argent qu'ils ont gagné. Toutes les précau-
tions sont prises pour qu'une protection efficace ait tou-
jours l'œil ouvert sur les fellahs. Des bureaux de
réclamations sont établis dans les chantiers. Que si l'on
voulait comparer le sort des fellahs employés par la
Compagnie du canal de Suez avec celui des ouvriers
pauvres de nos campagnes et celui des apprentis dans
nos manufactures, la comparaison, je le crains, ne serait
pas à notre avantage.
L'air de santé de la population ne laisse rien à désirer.
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