Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1861 15 août 1861
Description : 1861/08/15 (A6,N124). 1861/08/15 (A6,N124).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203277v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 269
sion que le climat de ce pays est l'un des plus favo-
rables au développement de l'espèce humaine, et je
me réserve de le démontrer lorsque j'aurai l'occasion
de vous parler des rapports de la météorologie avec
les êtres organisés. »
« COLUCCI-BEY. »
VARIÉTÉS.
La chasse aux panthères en Afrique.
L'Afrique autrefois avait le privilége de satisfaire
à tous les besoins du peuple romain, que résumaient
ces deux mots : Panem et circcmcs; les bêtes féroces
dont il fallait pourvoir les amphithéâtres étaient aussi
nombreuses dans cette belle colonie que les moissons
y étaient abondantes. Les Arabes, derniers maîtres
du pays, avaient moins de goût pour ces sortes de
jeux. Pasteurs de bestiaux, habitant sous la tente, le
voisinage des lions et des panthères leur parut même
si incommode qu'afin de l'éloigner ils allumèrent
partout l'incendie. C'est ainsi que furent détruites ces
belles forêts qui couvraient, dit-on, les champs au-
jourd'hui desséchés de l'Algérie. Les bêtes féroces
n'y ont plus que d'étroits repaires. La province de
Constantine, plus boisée que les autres, a été le théâtre
des exploits* du fameux Gérard, le tueur de lions. Le
roi des animaux a presque abandonné la province
d'Alger, qui ne lui offrait pas des retraites dignes de
lui ; mais il y reste quelques panthères qui font de
grands ravages parmi les troupeaux des indigènes.
M. Bombonnel, intrépide chasseur, devenu proprié-
taire à Alg'er, entendant les Arabes lui faire à cet
égard de lamentables récits, voulut venir à leur se-
cours, et se fit bientôt auprès d'eux une grande répu-
tation.
La chasse à la panthère offre bien plus de dif-
ficultés que celle au lion, et est surtout beaucoup
plus dangereuse. La panthère est aussi féroce qu'elle
est rusée, et ne respecte pas plus les hommes
que les animaux. Gérard, le fameux tueur de
lions, qui ne s'est pas livré à la chasse de la pan-
thère, semble mépriser cette dernière bête. A l'en
croire, elle craindrait de quitter le bois, même la nuit,
ne s'en prendrait guère qu'aux chacals, aux lièvres
et aux perdrix, et aurait peur des hommes. Tandis
que la voix du lion peut être comparée au tonnerre,
celle de la panthère, selon lui, ressemble au braire
du mulet. M. Bombonnel a voulu rectifier ces erreurs
en racontant l'histoire de ses propres chasses. Plu-
sieurs écrivains distingués lui avaient demandé ses
notes pour les arranger; il s'y est refusé. Il a pensé
qu'il valait mieux mériter l'attention et l'estime des
lecteurs par la vérité de-ses récits, que de les captiver
par son style : c'était beaucoup de modestie de sa
part; son livre est aussi instructif que bien écrit, et
nos meilleurs romanciers, en arrangeant les faits au
gré de leur imagination, n'eussent pas réussi à faire
un ouvrage plus attrayant.
M. Bombonnel commence par réhabiliter sa bête
en en faisant la description. La grande panthère ou
léopard d'Afrique pèse de 200 à 400 livres ; elle
mesure plus de 3 mètres du bout du nez à l'extré-
mité de la queue; à la différence du tigre, qui est
zébré, elle est mouchetée de petites taches; elle fait
des bonds de 12 mètres avec une souplesse et une
grâce admirables. L'œil de la panthère, gros et ar-
dent. offre une particularité remarquable: la pru-
nelle suit la marche du soleil et tourne comme les
aiguilles d'un cadran ; à midi, elle est longue et
mince comme une lame de couteau et placée per-
pendiculairement ; à 6 heures du soir, c'est un
ovale qui s'étend horizontalement ; à minuit, c'est
un rond très-exact; de minuit à midi, la prunelle
suit la même marche, mais alors en décroissant; et,
à 6 heures du matin, elle occupe la même posi-
tion qu'à 6 heures du soir. Aussi, les panthères ne
voyagent-elles jamais au milieu du jour : elles voient
à peine pour se conduire. M. Bombonnel a fait ces
remarques sur des panthères qu'il a tuées à diffé-
rentes heures ; c'est, du reste, un phénomène que
l'on peut observer chez le chat, à l'exception toute-
fois du mouvement de rotation, qui n'existe pas
chez ce dernier. Aussi peut-on lire moins facilement
dans ses yeux l'heure qu'il est. La panthère, à la
diil't ence des hyènes qui se nourrissent de chair en
putréfaction, n'aime que la viande chaude et sai-
gnante. Elle tue pour le plaisir de tuer et ne mange
pas la dixième. partie des animaux domestiques
qu'elle étrangle. Ses organes sont beaucoup moins
développés que chez les autres animaux ; sa cervelle
et son cœur sont extrêmement petits, ce qui la rend
très-difficile à tuer.
Comme la panthère ne sort pas le jour, on ne peut
guère la chasser que pendant la nuit. Aucune
meute de chien ne se chargerait de la faire dépister
de ses repaires. M. Bombonnel choisit ordinairement
le clair de lune et va se cacher au milieu d'un buis-
son, dans les endroits les plus favorables au passage
de la bête. Afin de l'attirer, il attache une chèvre à
5 ou 6 mètres de lui. Pour faire crier la chèvre, il
met entre ses jambes un petit chevreau qu'il pince
de temps en temps ; la mère lui répond : mais lorsque
la panthère approche, elle n'ose plus crier. Si, de
nouveau, elle entend le cri du chevreau, une lutte
s'établit entre l'amour maternel et l'instinct de la
conservation ; elle pousse alors un cri très-faible. Le
petit chevreau l'entend et lui-même ne veut plus
crier, quand bien même on lui ferait subir toutes
sortes de tortures. Aussitôt que le silence de la chè-
vre et du chevreau annonce l'approche de la pan-
thère, M. Bombonnel s'apprête à la tirer ; il la vise à
la tête ou au défaut de l'épaule de manière à lui bri-
sion que le climat de ce pays est l'un des plus favo-
rables au développement de l'espèce humaine, et je
me réserve de le démontrer lorsque j'aurai l'occasion
de vous parler des rapports de la météorologie avec
les êtres organisés. »
« COLUCCI-BEY. »
VARIÉTÉS.
La chasse aux panthères en Afrique.
L'Afrique autrefois avait le privilége de satisfaire
à tous les besoins du peuple romain, que résumaient
ces deux mots : Panem et circcmcs; les bêtes féroces
dont il fallait pourvoir les amphithéâtres étaient aussi
nombreuses dans cette belle colonie que les moissons
y étaient abondantes. Les Arabes, derniers maîtres
du pays, avaient moins de goût pour ces sortes de
jeux. Pasteurs de bestiaux, habitant sous la tente, le
voisinage des lions et des panthères leur parut même
si incommode qu'afin de l'éloigner ils allumèrent
partout l'incendie. C'est ainsi que furent détruites ces
belles forêts qui couvraient, dit-on, les champs au-
jourd'hui desséchés de l'Algérie. Les bêtes féroces
n'y ont plus que d'étroits repaires. La province de
Constantine, plus boisée que les autres, a été le théâtre
des exploits* du fameux Gérard, le tueur de lions. Le
roi des animaux a presque abandonné la province
d'Alger, qui ne lui offrait pas des retraites dignes de
lui ; mais il y reste quelques panthères qui font de
grands ravages parmi les troupeaux des indigènes.
M. Bombonnel, intrépide chasseur, devenu proprié-
taire à Alg'er, entendant les Arabes lui faire à cet
égard de lamentables récits, voulut venir à leur se-
cours, et se fit bientôt auprès d'eux une grande répu-
tation.
La chasse à la panthère offre bien plus de dif-
ficultés que celle au lion, et est surtout beaucoup
plus dangereuse. La panthère est aussi féroce qu'elle
est rusée, et ne respecte pas plus les hommes
que les animaux. Gérard, le fameux tueur de
lions, qui ne s'est pas livré à la chasse de la pan-
thère, semble mépriser cette dernière bête. A l'en
croire, elle craindrait de quitter le bois, même la nuit,
ne s'en prendrait guère qu'aux chacals, aux lièvres
et aux perdrix, et aurait peur des hommes. Tandis
que la voix du lion peut être comparée au tonnerre,
celle de la panthère, selon lui, ressemble au braire
du mulet. M. Bombonnel a voulu rectifier ces erreurs
en racontant l'histoire de ses propres chasses. Plu-
sieurs écrivains distingués lui avaient demandé ses
notes pour les arranger; il s'y est refusé. Il a pensé
qu'il valait mieux mériter l'attention et l'estime des
lecteurs par la vérité de-ses récits, que de les captiver
par son style : c'était beaucoup de modestie de sa
part; son livre est aussi instructif que bien écrit, et
nos meilleurs romanciers, en arrangeant les faits au
gré de leur imagination, n'eussent pas réussi à faire
un ouvrage plus attrayant.
M. Bombonnel commence par réhabiliter sa bête
en en faisant la description. La grande panthère ou
léopard d'Afrique pèse de 200 à 400 livres ; elle
mesure plus de 3 mètres du bout du nez à l'extré-
mité de la queue; à la différence du tigre, qui est
zébré, elle est mouchetée de petites taches; elle fait
des bonds de 12 mètres avec une souplesse et une
grâce admirables. L'œil de la panthère, gros et ar-
dent. offre une particularité remarquable: la pru-
nelle suit la marche du soleil et tourne comme les
aiguilles d'un cadran ; à midi, elle est longue et
mince comme une lame de couteau et placée per-
pendiculairement ; à 6 heures du soir, c'est un
ovale qui s'étend horizontalement ; à minuit, c'est
un rond très-exact; de minuit à midi, la prunelle
suit la même marche, mais alors en décroissant; et,
à 6 heures du matin, elle occupe la même posi-
tion qu'à 6 heures du soir. Aussi, les panthères ne
voyagent-elles jamais au milieu du jour : elles voient
à peine pour se conduire. M. Bombonnel a fait ces
remarques sur des panthères qu'il a tuées à diffé-
rentes heures ; c'est, du reste, un phénomène que
l'on peut observer chez le chat, à l'exception toute-
fois du mouvement de rotation, qui n'existe pas
chez ce dernier. Aussi peut-on lire moins facilement
dans ses yeux l'heure qu'il est. La panthère, à la
diil't ence des hyènes qui se nourrissent de chair en
putréfaction, n'aime que la viande chaude et sai-
gnante. Elle tue pour le plaisir de tuer et ne mange
pas la dixième. partie des animaux domestiques
qu'elle étrangle. Ses organes sont beaucoup moins
développés que chez les autres animaux ; sa cervelle
et son cœur sont extrêmement petits, ce qui la rend
très-difficile à tuer.
Comme la panthère ne sort pas le jour, on ne peut
guère la chasser que pendant la nuit. Aucune
meute de chien ne se chargerait de la faire dépister
de ses repaires. M. Bombonnel choisit ordinairement
le clair de lune et va se cacher au milieu d'un buis-
son, dans les endroits les plus favorables au passage
de la bête. Afin de l'attirer, il attache une chèvre à
5 ou 6 mètres de lui. Pour faire crier la chèvre, il
met entre ses jambes un petit chevreau qu'il pince
de temps en temps ; la mère lui répond : mais lorsque
la panthère approche, elle n'ose plus crier. Si, de
nouveau, elle entend le cri du chevreau, une lutte
s'établit entre l'amour maternel et l'instinct de la
conservation ; elle pousse alors un cri très-faible. Le
petit chevreau l'entend et lui-même ne veut plus
crier, quand bien même on lui ferait subir toutes
sortes de tortures. Aussitôt que le silence de la chè-
vre et du chevreau annonce l'approche de la pan-
thère, M. Bombonnel s'apprête à la tirer ; il la vise à
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