Presse et revues
15 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 245
Merci surtout à vous, généreux adversaire,
Digne représentant de la vieille Angleterre.
Vous nous avez compris, vous nous avez jugés,
Et faisant bon marché de certains préjugés,
Vous venez resserrer la sublime alliance
Du peuple d'Albion et du peuple de France.
» Visiblement touché par cet élan de ces hommes
simples et sincères, M. Colquhoun, tendant la main
à M. Thuilier, qui lui demandait de la presser au
nom des ouvriers. « C'est à vous tous, dit-il, que je
» serre la main.
» Vous êtes ici les pionniers de la civilisation. Vous
» affrontez avec courage un climat brûlant et les
» difficultés inhérentes à un aussi vaste projet.
» Vous apportez dans l'édification de votre œuvre
n l'élan et le dévouement qui caractérisent votre na-
n tion. Vous donnez un grand exemple à la bonne
» et douce population égyptienne qui travaille à vos
» côtés.
» Votre présence sur la terre d'Egypte est un bien-
» fait pour ses habitants. Votre influence se fera
» bientôt sentir parmi eux ; ils apprendront, gràce à
» vous, à travailler et à se perfectionner.
» Soyez assurés que toutes mes sympathies ap-
Il partiennent au projet de réunion des deux mers,
» qui va ouvrir une nouvelle voie au commerce du
» monde. De loin comme de près, je suivrai avec
» sollicitude le développement de vos travaux.
» Enfin, Messieurs, je vous remercie, tant en mon
» nom qu'en celui de M. le consul d'Angleterre à
» Alexandrie, de votre bonne et cordiale réception,
» et j'accepte avec plaisir la pièce de vers que vous
» venez de m'offrir. »
» Je n'ai pas besoin de dire l'énergie de l'enthou-
siasme et des applaudissements qui ont accueilli ces
paroles. La scène était véritablement émouvante; la
nuit splendide du désert, au haut du ciel la comète
avec ses rayons et ses ombres, au loin les villages
arabes éclairés, plus près le campement des chame-
liers entourés de leurs bêtes au repos , ses feux al-
lumés, les fanaux éclairant ce groupe pressé d'em-
ployés, d'ouvriers arabes, d'ouvriers d'Europe ; au
centre, et comme l'âme de cette sorte d'évocation, le
représentant d'une grande nation un instant trompée,
écoutant ces vers populaires, ces vœux de concorde
et d'alliance, et rendant à son tour cet hommage à
ces travailleurs au milieu des solitudes qu'ils rappel-
lent à la vie : « Vous êtes les pionniers de la civilisa-
tion. » Voilà le cadre, voilà le tableau et l'épigraphe.
La scène était grande, vous dis-je, elle encourageait
et fortifiait ; elle marquera à coup sûr dans les an-
nales du canal de Suez.
» Remerciés par M. l'agent supérieur, au nom de
la Compagnie et de son président pour les nobles
sentiments qu'ils avaient manifestés et l'accueil qu'ils
avaient fait à ces hôtes, les ouvriers se rendirent à
l'atelier où un banquet les attendait aussi. Suivi de
ses compagnons de voyage, M. Colquhoun voulut
leur rendre leur visite. Son entrée fut le signal d'un
nouvel enthousiasme; les mains se serrèrent encore,
et un toast, porté par le chef des ouvriers à l'union
de l'Angleterre et de la France, salua le départ de
M. le consul général.
» Tout détail ultérieur serait pâle après ces inci-
dents. Le lendemain de bonne heure nous nous diri-
gions vers Timsah, et nous suivions la ligne du ca-
nal d'eau douce jusqu'à Tel-el-Kebir où nous cou-
chions. Dans ce trajet, M. Colquhoun a pu remarquer
de ses yeux des groupes d'Arabes qui retournaient
dans leurs villages après leur tâche achevée, et d'au-
tres qui se dirigeaient vers le terrain des travaux
avec leur provision de vivres pour ne point écorner
leur salaire. Il a rencontré des marchands ambulants
se rendant au seuil pour y vendre leurs denrées, et
l'un, entre autres, avec des calicots très-probable-
ment tissés à Manchester. A Maxama il a pu voir
aussi le canal d'eau douce déjà achevé sur une
grande étendue.
» Le lendemain 4 , nous partions à 5 heures
pour Zagazig, d'où un train express nous ramenait
le même jour à Alexandrie.
» Je ne peux pas terminer cette lettre sans signa-
ler le zèle et le dévouement dont partout j'ai trouvé
animés les agents, les employés, les travailleurs de
tout ordre de la Compagnie. J'ai la même justice à
rendre aux employés de l'entreprise générale que
l'intelligente et infatigable direction de M. Alfred
Feinieux semble inspirer de l'ardeur et de l'activité
qui le caractérisent. Les plus grandes difficultés,
celles de la première installation sont désormais sur-
montées, mais il ne faut pas oublier l'honneur et le
mérite qui en reviennent à ces « zouaves du travail,»
comme M. Ferdinand de Lesseps les a si heureuse-
ment nommés. »
Nos correspondances postérieures d'Alexandrie,sous
les dates les plus récentes, ne font que nous confir-
mer tous les détails ci-dessus, et elles nous appren-
nent que M. Colquhoun parle du canal à Alexandrie
comme il en a parlé le 2 juillet au seuil d'El-Guisr.:
ERNEST DESPLACIS.
INTERPELLATIONS AU PARLEMENT
Sur le voyage des consuls anglais dans l'Isthme..
CIIAMBRE DES COMMUNES.
Séance du 23 juillet 1861.
M. GRIFFITII. — « Je demande au secrétaire d'État
» pour les affaires étrangères, si M. Colquhoun, consul
» général d'Angleterre en Égypte, de concert avec le
» consul britannique à Alexandrie et d'autres per-
» sonnes, a récemment (le 29 juin) visité les travaux
Merci surtout à vous, généreux adversaire,
Digne représentant de la vieille Angleterre.
Vous nous avez compris, vous nous avez jugés,
Et faisant bon marché de certains préjugés,
Vous venez resserrer la sublime alliance
Du peuple d'Albion et du peuple de France.
» Visiblement touché par cet élan de ces hommes
simples et sincères, M. Colquhoun, tendant la main
à M. Thuilier, qui lui demandait de la presser au
nom des ouvriers. « C'est à vous tous, dit-il, que je
» serre la main.
» Vous êtes ici les pionniers de la civilisation. Vous
» affrontez avec courage un climat brûlant et les
» difficultés inhérentes à un aussi vaste projet.
» Vous apportez dans l'édification de votre œuvre
n l'élan et le dévouement qui caractérisent votre na-
n tion. Vous donnez un grand exemple à la bonne
» et douce population égyptienne qui travaille à vos
» côtés.
» Votre présence sur la terre d'Egypte est un bien-
» fait pour ses habitants. Votre influence se fera
» bientôt sentir parmi eux ; ils apprendront, gràce à
» vous, à travailler et à se perfectionner.
» Soyez assurés que toutes mes sympathies ap-
Il partiennent au projet de réunion des deux mers,
» qui va ouvrir une nouvelle voie au commerce du
» monde. De loin comme de près, je suivrai avec
» sollicitude le développement de vos travaux.
» Enfin, Messieurs, je vous remercie, tant en mon
» nom qu'en celui de M. le consul d'Angleterre à
» Alexandrie, de votre bonne et cordiale réception,
» et j'accepte avec plaisir la pièce de vers que vous
» venez de m'offrir. »
» Je n'ai pas besoin de dire l'énergie de l'enthou-
siasme et des applaudissements qui ont accueilli ces
paroles. La scène était véritablement émouvante; la
nuit splendide du désert, au haut du ciel la comète
avec ses rayons et ses ombres, au loin les villages
arabes éclairés, plus près le campement des chame-
liers entourés de leurs bêtes au repos , ses feux al-
lumés, les fanaux éclairant ce groupe pressé d'em-
ployés, d'ouvriers arabes, d'ouvriers d'Europe ; au
centre, et comme l'âme de cette sorte d'évocation, le
représentant d'une grande nation un instant trompée,
écoutant ces vers populaires, ces vœux de concorde
et d'alliance, et rendant à son tour cet hommage à
ces travailleurs au milieu des solitudes qu'ils rappel-
lent à la vie : « Vous êtes les pionniers de la civilisa-
tion. » Voilà le cadre, voilà le tableau et l'épigraphe.
La scène était grande, vous dis-je, elle encourageait
et fortifiait ; elle marquera à coup sûr dans les an-
nales du canal de Suez.
» Remerciés par M. l'agent supérieur, au nom de
la Compagnie et de son président pour les nobles
sentiments qu'ils avaient manifestés et l'accueil qu'ils
avaient fait à ces hôtes, les ouvriers se rendirent à
l'atelier où un banquet les attendait aussi. Suivi de
ses compagnons de voyage, M. Colquhoun voulut
leur rendre leur visite. Son entrée fut le signal d'un
nouvel enthousiasme; les mains se serrèrent encore,
et un toast, porté par le chef des ouvriers à l'union
de l'Angleterre et de la France, salua le départ de
M. le consul général.
» Tout détail ultérieur serait pâle après ces inci-
dents. Le lendemain de bonne heure nous nous diri-
gions vers Timsah, et nous suivions la ligne du ca-
nal d'eau douce jusqu'à Tel-el-Kebir où nous cou-
chions. Dans ce trajet, M. Colquhoun a pu remarquer
de ses yeux des groupes d'Arabes qui retournaient
dans leurs villages après leur tâche achevée, et d'au-
tres qui se dirigeaient vers le terrain des travaux
avec leur provision de vivres pour ne point écorner
leur salaire. Il a rencontré des marchands ambulants
se rendant au seuil pour y vendre leurs denrées, et
l'un, entre autres, avec des calicots très-probable-
ment tissés à Manchester. A Maxama il a pu voir
aussi le canal d'eau douce déjà achevé sur une
grande étendue.
» Le lendemain 4 , nous partions à 5 heures
pour Zagazig, d'où un train express nous ramenait
le même jour à Alexandrie.
» Je ne peux pas terminer cette lettre sans signa-
ler le zèle et le dévouement dont partout j'ai trouvé
animés les agents, les employés, les travailleurs de
tout ordre de la Compagnie. J'ai la même justice à
rendre aux employés de l'entreprise générale que
l'intelligente et infatigable direction de M. Alfred
Feinieux semble inspirer de l'ardeur et de l'activité
qui le caractérisent. Les plus grandes difficultés,
celles de la première installation sont désormais sur-
montées, mais il ne faut pas oublier l'honneur et le
mérite qui en reviennent à ces « zouaves du travail,»
comme M. Ferdinand de Lesseps les a si heureuse-
ment nommés. »
Nos correspondances postérieures d'Alexandrie,sous
les dates les plus récentes, ne font que nous confir-
mer tous les détails ci-dessus, et elles nous appren-
nent que M. Colquhoun parle du canal à Alexandrie
comme il en a parlé le 2 juillet au seuil d'El-Guisr.:
ERNEST DESPLACIS.
INTERPELLATIONS AU PARLEMENT
Sur le voyage des consuls anglais dans l'Isthme..
CIIAMBRE DES COMMUNES.
Séance du 23 juillet 1861.
M. GRIFFITII. — « Je demande au secrétaire d'État
» pour les affaires étrangères, si M. Colquhoun, consul
» général d'Angleterre en Égypte, de concert avec le
» consul britannique à Alexandrie et d'autres per-
» sonnes, a récemment (le 29 juin) visité les travaux
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