Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
228 L'ISTHME DE SUEZ, -
contrainte, à l'abri de tous lès besoins, protégée par une
charte de bon traitement et d'humanité. Quant aux
travaux, ils ne cessent de progresser, et puisque le
Times, dans un accès de tendre sollicitude pour le canal
de Suez, se prend quelquefois à se demander ce que
devient cette entreprise, nous ne négligerons pas de
lui apprendre que M. Ferdinand de Lesseps a récem-
ment franchi en barque sur une distance de 38 kilo-
mètres le chenal creusé de Port-Saïd à Kantara, et qui
doit former la première section du canal maritime du
côté de la Méditerranée.
» Louis BELLET. »
Dans son numéro du 6 juillet, reprenant cette
même question à un autre point de vue, la Patrie a
fait ressortir le traitement que reçoivent sur l'isthme
les ouvriers égyptiens, comparé à la condition dé-
ploràble. des apprentis en Angleterre, et voici com-
ment elle s'exprime sur ce frappant contraste :
« Nous avons répondu, il y a peu de jours, aux violen-
tes récriminations de certaines feuilles anglaises con-
tre la prétendue contrainte exercée en Egypte envers
les ouvriers indigènes employés aux travaux du canal
de Suez, envers « ces cultivateurs, dit le Times, enlevés
» de force à leurs moissons pour être transportés dans
» un désert aride, où ils sont exposés à mourir de soif
» et de faim. »
» Le travail forcé imposé aux fellahs n'est, comme nous
l'avons prouvé par des faits et pièces en mains, qu'un
vain fantôme évoqué par une philanthropie menteuse.
Ah! nous voudrions bien, à notre tour, et pour l'hon-
neur de l'humanité, que les journaux anglais puissent
aussi facilement démentir ce qu'un des écrivains les
plus populaires de la Grande-Bretagne, M. Dickens, nous
apprend sur le sort des apprentis dans l'industrie an
glaise.
» Voici l'extrait que le Manchester Guardian emprunte
sous ce titre Apprentice slavery (esclavage des apprentis)
à un recueil périodique publié par M. Dickens :
« A Wolverhampton, à Willenhall et autres localités
» existe une coutume d'apprentissage très-triste dans
» son opération : les enfants d'un âge tendre sont
» engagés comme apprentis par leurs parents qui re-
» çoivent le salaire stipulé dans le contrat, et l'appren-
» tissage, à quelque époque qu'il commence, durejus-
» qu'à vingt et un ans. La magistrature oblige les en-
» fants à observer l'engagement par lequel ils sont liés,
» toutes les fois qu'ils y résistent, quoique leur con-
» sentement n'ait jamais été demandé. L'apprenti fait
» partie de la propriété du maître tant qu'il est au-
» dessous de vingt et un ans ; les héritiers du maî-
,» tre en héritent dans le cas de mort de celui-ci. Tel
» de ces apprentis a été acheté par un homme à un
D autre homme pour le prix de 10 shillings (12 fr. 50).
» Il n'est pas rare qu'appartenant à un propriétaire
» sans argent, celui-ci le loue et reçoive le prix de son
» travail excédant le salaire qu'il doit aux parents.
» L'apprenti est puni par des coups et par la privation
, » de nourriture. « Je réduirai vos boyaux à l'état de
» cordes à violon ; » c'est là une des formes de la me-
» nace du maître à l'apprenti. « Les parents, dit
» M. Horner, écrivant de Wolverhampton. reçoivent
» l'argent, le maître estime le travail et l'enfant doit
» le faire.» Serait-ce trop de demander qu'aucun enfant
» ne puisse être mis en apprentissage avant d'avoir
» accompli ses neuf années, ou qu'il ne puisse pas
» être engagé pour plus de huit ans, et qu'il ne puisse
» pas être lié par un contrat qui n'est pas fait à son
» profit ?'Serait-ce trop de demander qu'un père ne
» puisse pas vendre ou mettre en gage le travail de
» son enfant pour trouver les moyens d'acheter de quoi
» boire? )
» Il fait beau, vraiment, voir le Times s'apitoyer,
sans raison, sur le sort des fellahs d'Egypte recher-
chant en toute liberté un travail ou un salaire, et gar-
der le silence sur l'odieuse condition que l'industrie an-
glaise fait à ses apprentis 1
» Louis BELLET. »
Les deux déclarations des cheiks que nous avons
reproduites dans nos deux feuilles du 15 juin et du
1er juillet, qui portent la signature de cinquante-six
chefs des travailleurs indigènes, et dont la dernière est
citée dans l'article ci-dessus de la Patrie, étaient certes
de nature à convaincre en Angleterre tous les esprits
sincères et impartiaux. La presse anglaise nous a
habitué à un étrange procédé, le plus capable peut-
être de prouver au public combien elle a elle-même
la conscience de ses inexactitudes et de ses injustices.
Tandis que nous ne manquons jamais de placer sous
les yeux de nos lecteurs le texte même des attaques
de tout genre qu'elle multiplie contre le percement
de l'isthme, nous n'avons jamais eu le plaisir de
trouver dans ses colonnes un seul mot de nos ré-
ponses et de nos arguments. C'est un point sur lequel
nous ne saurions trop insister parce qu'il témoigne
dans quel esprit cette discussion est conduite de
l'autre côté du détroit, et des passions que per fas et
nefas on voudrait exciter dans l'opinion anglaise.
Nous osions pourtant concevoir quelque vague es-
pérance que les deux documents dont nous venons
de parler, et qui ont une si grande valeur puisqu'ils
émanent des parties elles-mêmes qu'on prétend op-
primées , seraient dans la presse de Londres l'objet
d'une insertion ou d'une mention loyales. Non-seule-
ment il n'en est rien, mais encore nous trouvons dans
le Standart l'assertion que ces documents sont « apo-
cryphes, » accompagnée de détails odieux qui dé-
passent tout ce que peut inventer le dévergondage
de la fureur et de la haine. On en va juger du reste,
car nous ne nous refuserons point certainement la
satisfaction de donner toute notre publicité à ces
tristes lignes, en ajoutant que le Morning Herald a
eu aussi le courage de se les approprier.
« La Patrie, dit le Standart, répudie avec indignation
l'idée de l'emploi de dix mille esclaves, travaillant malgré
eux au percement du canal de Suez, et cite à l'appu
certain document apocryphe, attestant que ces tra-
vailleurs ont été amenés des profondeurs de l'Egypte
contrainte, à l'abri de tous lès besoins, protégée par une
charte de bon traitement et d'humanité. Quant aux
travaux, ils ne cessent de progresser, et puisque le
Times, dans un accès de tendre sollicitude pour le canal
de Suez, se prend quelquefois à se demander ce que
devient cette entreprise, nous ne négligerons pas de
lui apprendre que M. Ferdinand de Lesseps a récem-
ment franchi en barque sur une distance de 38 kilo-
mètres le chenal creusé de Port-Saïd à Kantara, et qui
doit former la première section du canal maritime du
côté de la Méditerranée.
» Louis BELLET. »
Dans son numéro du 6 juillet, reprenant cette
même question à un autre point de vue, la Patrie a
fait ressortir le traitement que reçoivent sur l'isthme
les ouvriers égyptiens, comparé à la condition dé-
ploràble. des apprentis en Angleterre, et voici com-
ment elle s'exprime sur ce frappant contraste :
« Nous avons répondu, il y a peu de jours, aux violen-
tes récriminations de certaines feuilles anglaises con-
tre la prétendue contrainte exercée en Egypte envers
les ouvriers indigènes employés aux travaux du canal
de Suez, envers « ces cultivateurs, dit le Times, enlevés
» de force à leurs moissons pour être transportés dans
» un désert aride, où ils sont exposés à mourir de soif
» et de faim. »
» Le travail forcé imposé aux fellahs n'est, comme nous
l'avons prouvé par des faits et pièces en mains, qu'un
vain fantôme évoqué par une philanthropie menteuse.
Ah! nous voudrions bien, à notre tour, et pour l'hon-
neur de l'humanité, que les journaux anglais puissent
aussi facilement démentir ce qu'un des écrivains les
plus populaires de la Grande-Bretagne, M. Dickens, nous
apprend sur le sort des apprentis dans l'industrie an
glaise.
» Voici l'extrait que le Manchester Guardian emprunte
sous ce titre Apprentice slavery (esclavage des apprentis)
à un recueil périodique publié par M. Dickens :
« A Wolverhampton, à Willenhall et autres localités
» existe une coutume d'apprentissage très-triste dans
» son opération : les enfants d'un âge tendre sont
» engagés comme apprentis par leurs parents qui re-
» çoivent le salaire stipulé dans le contrat, et l'appren-
» tissage, à quelque époque qu'il commence, durejus-
» qu'à vingt et un ans. La magistrature oblige les en-
» fants à observer l'engagement par lequel ils sont liés,
» toutes les fois qu'ils y résistent, quoique leur con-
» sentement n'ait jamais été demandé. L'apprenti fait
» partie de la propriété du maître tant qu'il est au-
» dessous de vingt et un ans ; les héritiers du maî-
,» tre en héritent dans le cas de mort de celui-ci. Tel
» de ces apprentis a été acheté par un homme à un
D autre homme pour le prix de 10 shillings (12 fr. 50).
» Il n'est pas rare qu'appartenant à un propriétaire
» sans argent, celui-ci le loue et reçoive le prix de son
» travail excédant le salaire qu'il doit aux parents.
» L'apprenti est puni par des coups et par la privation
, » de nourriture. « Je réduirai vos boyaux à l'état de
» cordes à violon ; » c'est là une des formes de la me-
» nace du maître à l'apprenti. « Les parents, dit
» M. Horner, écrivant de Wolverhampton. reçoivent
» l'argent, le maître estime le travail et l'enfant doit
» le faire.» Serait-ce trop de demander qu'aucun enfant
» ne puisse être mis en apprentissage avant d'avoir
» accompli ses neuf années, ou qu'il ne puisse pas
» être engagé pour plus de huit ans, et qu'il ne puisse
» pas être lié par un contrat qui n'est pas fait à son
» profit ?'Serait-ce trop de demander qu'un père ne
» puisse pas vendre ou mettre en gage le travail de
» son enfant pour trouver les moyens d'acheter de quoi
» boire? )
» Il fait beau, vraiment, voir le Times s'apitoyer,
sans raison, sur le sort des fellahs d'Egypte recher-
chant en toute liberté un travail ou un salaire, et gar-
der le silence sur l'odieuse condition que l'industrie an-
glaise fait à ses apprentis 1
» Louis BELLET. »
Les deux déclarations des cheiks que nous avons
reproduites dans nos deux feuilles du 15 juin et du
1er juillet, qui portent la signature de cinquante-six
chefs des travailleurs indigènes, et dont la dernière est
citée dans l'article ci-dessus de la Patrie, étaient certes
de nature à convaincre en Angleterre tous les esprits
sincères et impartiaux. La presse anglaise nous a
habitué à un étrange procédé, le plus capable peut-
être de prouver au public combien elle a elle-même
la conscience de ses inexactitudes et de ses injustices.
Tandis que nous ne manquons jamais de placer sous
les yeux de nos lecteurs le texte même des attaques
de tout genre qu'elle multiplie contre le percement
de l'isthme, nous n'avons jamais eu le plaisir de
trouver dans ses colonnes un seul mot de nos ré-
ponses et de nos arguments. C'est un point sur lequel
nous ne saurions trop insister parce qu'il témoigne
dans quel esprit cette discussion est conduite de
l'autre côté du détroit, et des passions que per fas et
nefas on voudrait exciter dans l'opinion anglaise.
Nous osions pourtant concevoir quelque vague es-
pérance que les deux documents dont nous venons
de parler, et qui ont une si grande valeur puisqu'ils
émanent des parties elles-mêmes qu'on prétend op-
primées , seraient dans la presse de Londres l'objet
d'une insertion ou d'une mention loyales. Non-seule-
ment il n'en est rien, mais encore nous trouvons dans
le Standart l'assertion que ces documents sont « apo-
cryphes, » accompagnée de détails odieux qui dé-
passent tout ce que peut inventer le dévergondage
de la fureur et de la haine. On en va juger du reste,
car nous ne nous refuserons point certainement la
satisfaction de donner toute notre publicité à ces
tristes lignes, en ajoutant que le Morning Herald a
eu aussi le courage de se les approprier.
« La Patrie, dit le Standart, répudie avec indignation
l'idée de l'emploi de dix mille esclaves, travaillant malgré
eux au percement du canal de Suez, et cite à l'appu
certain document apocryphe, attestant que ces tra-
vailleurs ont été amenés des profondeurs de l'Egypte
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