Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1861 01 juillet 1861
Description : 1861/07/01 (A6,N121). 1861/07/01 (A6,N121).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203274m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
212 L'ISTHME DE SUEZ,
branche sur une étendue de 24 kilomètres pour en
reconnaître les diverses ramifications.
Il était accompagné dans ces excursions comme
dans le reste de sa tournée par M. Voisin, ingénieur
en chef de la Compagnie, et par M. Alfred Feinieux,
directeur des travaux de l'entreprise générale. On
attend un travail très-intéressant des ingénieurs pour
le parti qu'il y aura à tirer de cette ligne du fleuve
au pfofit de la culture, et aussi pour l'approvisionne-
ment abondant et économique de l'eau douce
De là les explorateurs ont traversé, du nord au sud,
le grand plateau qui sépare l'Ouadée des terrains se
prolongeant par Deffné jusqu'au lac Menzaleh.
Sur cette vaste plaine ils ont rencontré des traces
multipliées de végétation et d'anciennes cultures, sou-
vent des touffes de roseaux attestant l'humidité du
sol inférieur, des puits et même des sources d'une
eau-pnrfaitèment potable qu'ils ont goûtée. Par cette
nouvelle route ils sont revenus à leur premier point
de départ, c'est-à-dire au lac Maxamah.
Redescendant alors la vallée jusqu'aux seuils, ils
se sont arrêtés dans les environs du lac Timsah, au
puits de Nétiché qui présente un phénomène très-
remarquable et des plus heureux. Ce puits, l'année
dernière, ne fournissait qu'une eau saumâtre, bonne
au plus pour abreuver le bétail et pour les travaux
de construction. Mais la première nappe ayant à la
longue été épuisée par les besoins de cette nature
auxquels il y avait à pourvoir, le puits donne main-
tenant une eau potable aussi bonne que celle du Nil,
et l'on en peut tirer chaque matin jusqu'à 50,000
litres ;uCe fait sans doute a son grand intérêt par lui-
même, mais il < est d'autant plus satisfaisànt qu'il
semble indiquer qu'après la première couche d'eau
saumâtre les couches inférieures, sur certains points
de l'isthme, contiennent l'eau douce, ce qui serait un
incalculable avantage.
Après cette constatation, M. de Lesseps a inspecté
une seconde fois les ateliers du seuil jusqu'à Kantara.
De cette station il a parcouru à pied, sur les berges
de la dernière section du petit canal devant former
la communication entre Port-Saïd et Kantara, à peu
Ç»rès le tiers' de l'étendue du lac Menzaleh ou 13 à 14
kilomètres.
Au bout de ce trajet il a trouvé un barrage établi
séparant la partie du canal inondée de celle qui n'a-
vait pas d'eau. On attendait M. de Lesseps pour opérer
la réunion des deux sections. Dès son arrivée un si-
- gnal a été donné ; quatre cents Arabes se sont pré-
cipités dans les flots, ont au milieu des cris de joie
enlevé en un clin d'œil l'obstacle qui arrêtait les eaux
et celles-ci, après s'être précipitées en cascade, se
sont uniformément étendues devant elles et ont
formé Un chenal en ligne droite de 38 kilomètres
de longueur. Des barques avaient été préparées ;
M. de Lesseps y est monté avec ses compagnons
de voyage, et après l'inspection des chantiers pla-
cés dans les divers îlots du lac pour perfectionner
et achever la tranchée et les berges, il est arrivé
dans la soirée à Port-Saïd.
Cette ville présente le spectacle le plus animé.
Deux mille travailleurs peuplent ses ateliers et ses
chantiers ; elle a un marché que les fellahs approvi -
sionnent de légumes et de vivres frais ; l'allée et la
venue des barques du lac Menzaleh, le mouvement de
la rade, l'aspect du port, le déchargement des navires,
le travail des matelots, tout donne à cette cité nouvelle
une physionomie de vivacité et de vigueur pleine
de promesses et d'avenir.
De Port-Saïd M. de Lesseps s'est rendu à Damiette
où il a également inspecté les entrepôts et maga-
sins de la Compagnie; les vastes établissements
qu'elle y possède, le personnel, etc., après quoi il est
encore retourné à Port-Saïd pour remonter toute la
ligne des travaux jusqu'à Timsah, et de Timsah
à Zagazig.
Dans ce voyage il a le premier accompli par le
canal maritime de service le trajet complet entre
Port-Saïd et Kantara ; il a tenu lui-même constam-
ment Je gouvernail de son canot, et il a pu recon-
naître et vérifier la facilité désormais établie de cette
navigation.
Dès à présent donc la Méditerranée pénètre dans
l'isthme par le lac Menzaleh sur une étendue de
38 kilomètres ; très-prochainement cette communica-
tion se prolongera à travers le lac Ballah des 14 ki-
lomètres séparant Kantara de Ferdane; alors la com-
munication sera établie sur 52 kilomètres, c'est-à-
dire sur plus du tiers du parcours entier du canal
maritime de Port-Saïd à Suez, et il ne faudra plus
que le percement déjà attaqué du seuil pour
porter jusqu'au lac Timsah les ondes de la Méditer-
ranée.
De Zagazig M. Ferdinand de Lesseps s'est dirigé
par le chemin de fer sur le Caire et Alexandrie, où,
comme nous l'avons dit, il devait s'embarquer le 19
pour la France.
Cette triple et rapide traversée de l'isthme avec les
excursions qui l'ont prolongée est sans doute très-
remarquable; mais malgré l'énergie et l'infatigable
activité de M. de Lesseps, elle ne lui aurait pas été
possible il y a seulement quelques mois. Sa rapidité
démontre à quel point les communications se sont
améliorées : de Port-Saïd à Maxamah le voyageur a
effectué son trajet partie en canot, partie à droma-
daire et partie en voiture à quatre roues attelée de
dromadaires, et il a fait spécialement par ce mode de
transport toute la route du seuil d'El-Guisr à Zagazig.
Que maintenant la communication d'eau s'achève
de la Méditerranée jusqu'à Ferdane, et ce résultat
est à la veille d'être acquis ; qu'en même temps le
canal d'eau douce aboutisse à Timsah, et c'est un
branche sur une étendue de 24 kilomètres pour en
reconnaître les diverses ramifications.
Il était accompagné dans ces excursions comme
dans le reste de sa tournée par M. Voisin, ingénieur
en chef de la Compagnie, et par M. Alfred Feinieux,
directeur des travaux de l'entreprise générale. On
attend un travail très-intéressant des ingénieurs pour
le parti qu'il y aura à tirer de cette ligne du fleuve
au pfofit de la culture, et aussi pour l'approvisionne-
ment abondant et économique de l'eau douce
De là les explorateurs ont traversé, du nord au sud,
le grand plateau qui sépare l'Ouadée des terrains se
prolongeant par Deffné jusqu'au lac Menzaleh.
Sur cette vaste plaine ils ont rencontré des traces
multipliées de végétation et d'anciennes cultures, sou-
vent des touffes de roseaux attestant l'humidité du
sol inférieur, des puits et même des sources d'une
eau-pnrfaitèment potable qu'ils ont goûtée. Par cette
nouvelle route ils sont revenus à leur premier point
de départ, c'est-à-dire au lac Maxamah.
Redescendant alors la vallée jusqu'aux seuils, ils
se sont arrêtés dans les environs du lac Timsah, au
puits de Nétiché qui présente un phénomène très-
remarquable et des plus heureux. Ce puits, l'année
dernière, ne fournissait qu'une eau saumâtre, bonne
au plus pour abreuver le bétail et pour les travaux
de construction. Mais la première nappe ayant à la
longue été épuisée par les besoins de cette nature
auxquels il y avait à pourvoir, le puits donne main-
tenant une eau potable aussi bonne que celle du Nil,
et l'on en peut tirer chaque matin jusqu'à 50,000
litres ;uCe fait sans doute a son grand intérêt par lui-
même, mais il < est d'autant plus satisfaisànt qu'il
semble indiquer qu'après la première couche d'eau
saumâtre les couches inférieures, sur certains points
de l'isthme, contiennent l'eau douce, ce qui serait un
incalculable avantage.
Après cette constatation, M. de Lesseps a inspecté
une seconde fois les ateliers du seuil jusqu'à Kantara.
De cette station il a parcouru à pied, sur les berges
de la dernière section du petit canal devant former
la communication entre Port-Saïd et Kantara, à peu
Ç»rès le tiers' de l'étendue du lac Menzaleh ou 13 à 14
kilomètres.
Au bout de ce trajet il a trouvé un barrage établi
séparant la partie du canal inondée de celle qui n'a-
vait pas d'eau. On attendait M. de Lesseps pour opérer
la réunion des deux sections. Dès son arrivée un si-
- gnal a été donné ; quatre cents Arabes se sont pré-
cipités dans les flots, ont au milieu des cris de joie
enlevé en un clin d'œil l'obstacle qui arrêtait les eaux
et celles-ci, après s'être précipitées en cascade, se
sont uniformément étendues devant elles et ont
formé Un chenal en ligne droite de 38 kilomètres
de longueur. Des barques avaient été préparées ;
M. de Lesseps y est monté avec ses compagnons
de voyage, et après l'inspection des chantiers pla-
cés dans les divers îlots du lac pour perfectionner
et achever la tranchée et les berges, il est arrivé
dans la soirée à Port-Saïd.
Cette ville présente le spectacle le plus animé.
Deux mille travailleurs peuplent ses ateliers et ses
chantiers ; elle a un marché que les fellahs approvi -
sionnent de légumes et de vivres frais ; l'allée et la
venue des barques du lac Menzaleh, le mouvement de
la rade, l'aspect du port, le déchargement des navires,
le travail des matelots, tout donne à cette cité nouvelle
une physionomie de vivacité et de vigueur pleine
de promesses et d'avenir.
De Port-Saïd M. de Lesseps s'est rendu à Damiette
où il a également inspecté les entrepôts et maga-
sins de la Compagnie; les vastes établissements
qu'elle y possède, le personnel, etc., après quoi il est
encore retourné à Port-Saïd pour remonter toute la
ligne des travaux jusqu'à Timsah, et de Timsah
à Zagazig.
Dans ce voyage il a le premier accompli par le
canal maritime de service le trajet complet entre
Port-Saïd et Kantara ; il a tenu lui-même constam-
ment Je gouvernail de son canot, et il a pu recon-
naître et vérifier la facilité désormais établie de cette
navigation.
Dès à présent donc la Méditerranée pénètre dans
l'isthme par le lac Menzaleh sur une étendue de
38 kilomètres ; très-prochainement cette communica-
tion se prolongera à travers le lac Ballah des 14 ki-
lomètres séparant Kantara de Ferdane; alors la com-
munication sera établie sur 52 kilomètres, c'est-à-
dire sur plus du tiers du parcours entier du canal
maritime de Port-Saïd à Suez, et il ne faudra plus
que le percement déjà attaqué du seuil pour
porter jusqu'au lac Timsah les ondes de la Méditer-
ranée.
De Zagazig M. Ferdinand de Lesseps s'est dirigé
par le chemin de fer sur le Caire et Alexandrie, où,
comme nous l'avons dit, il devait s'embarquer le 19
pour la France.
Cette triple et rapide traversée de l'isthme avec les
excursions qui l'ont prolongée est sans doute très-
remarquable; mais malgré l'énergie et l'infatigable
activité de M. de Lesseps, elle ne lui aurait pas été
possible il y a seulement quelques mois. Sa rapidité
démontre à quel point les communications se sont
améliorées : de Port-Saïd à Maxamah le voyageur a
effectué son trajet partie en canot, partie à droma-
daire et partie en voiture à quatre roues attelée de
dromadaires, et il a fait spécialement par ce mode de
transport toute la route du seuil d'El-Guisr à Zagazig.
Que maintenant la communication d'eau s'achève
de la Méditerranée jusqu'à Ferdane, et ce résultat
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