Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 23*7
» De temps immémorial le coton fut l'une des richesses
agricoles de l'Inde. On le cultive sur une vaste échelle
dans le Décan, dans l'Inde méridionale, d'où ses produits
sont importés dans le Bengale, dans le Mirzapour, dans
le district de Bénarès, où ils sont manufacturés. Dans
les domaines du Nizam, d'Haïderabad, le cotonnier at-
teint tout son développement, et ses produits rivalisent
de beauté avec les meilleurs produits de l'Amérique.
Dans l'Inde, disent des organes accrédités de la presse
anglaise, toutes les conditions de la culture sont main-
tenant aussi complètes que dans les États méridionaux
de l'Union. Le sol convenable au cotonnier y est sans
limites; les travailleurs y sont sur les lieux, à bon mar-
ché, en grand nombre et accoutumés à ce labeur. On y
fait des récoltes dont l'importance semble à peine com-
prise, même par les hommes dont la fortune dépend de
cette intelligence. L'Inde n'a point de statistique, mais
il est des faits matériels, patents, qui valent mieux que
les démonstrations les plus victorieuses de la science :
deux cents millions d'êtres humains y sont vêtus de co.
ton indigène ; quelque restreints que soient les besoins
de chaque personne (et une population qui se baigne
deux fois par jour dans des vêtements de coton en con-
somme plus que les Européens ne le croient générale-
ment), la production régulière doit être des plus vastes;
elle est si grande en réalité, que la fluctuation de cen-
taines de millions de livres dans les exportations d'une
année à l'autre n'affecte presque point les prix locaux.
Pourtant les expéditions du coton indien en Europe sont
relativement peu considérables. Cela tient à deux causes :
le manque presque absolu de voies de communication
et l'importation en Chine. De la première cause il ré-
sulte que la dépense du transport absorbe le profit. Le
coton a trois sortes de frais à subir : d'abord la rému-
nération du cultivateur, puis le profit de l'exportateur,
enfin le coût du transport, égal à peu près au prix de
revient de la fibre. Et comment pourrait-il en être au-
trement? C'est dans de grands sacs portés par des bœufs
qui ne franchissent par jour qu'environ 16 kilomètres
que le coton voyage, par des routes impraticables et
des coups de vent terribles jusqu'au lieu d'embarque-
ment. Heureux est-on encore quand à ces difficultés ne
vient pas se joindre le manque de fourrage pour les
bœufs ! Ce ne serait que demi-mal si tout l'inconvénient
de ce moyen de transport se bornait à cette coûteuse
lenteur, mais le coton en souffre considérablement.
Outre qu'il n'est pas paqueté, il est à peine défendu
par l'enveloppe des sacs contre les effets d'une tempé-
rature brûlante ou de l'humidité, de la poussière ou de
la pluie. Et, quand il est rendu à destination, il est flé-
tri, taché, déchiré, avarié. Il faut deux mois pour que
les cotons de la province de Bézar parcourent les 900 ki-
lomètres qui la séparent de Bombay et de Calcutta. A
Tudery, pays des Marattes, le transport du coton jusqu'à
la mer (distance, 270 kilomètres) coûte plus que le fret
pour l'Angleterre, située à une distance près de cent fois
plus grande. Si l'on parvenait à diminuer les inconvé-
nients et les frais que nous signalons, le rendement de
l'Inde comblerait et au delà les vides créés dans l'ap-
provisionnement de l'Angleterre, soit par la guerre ci-
vile entre les divers États de l'Amérique du Nord, soit
par des désordres dans les Etats à esclaves ; car l'Inde
possède de la terre à coton en abondance; son climat
est plus favorable que celui des Etats à esclaves de l'A-
mérique du Nord, et le travail y est de 8 0/0 meilleur
marché que celui des noirs.
» On pense pouvoir y parvenir par la construction
d'un chemin de fer qui serait jeté à travers la Pénin-
sule; de l'est à l'ouest. A ce chemin de fer viendraient
se ramifier des routes et des canaux formant un sys-
tème de communication qui permettrait de tirer de l'in-
térieur du pays une quantité de coton que l'on estime
au minimum à quatre millions de balles. Le bienfait du
chemin de fer indien sera complété par le canal de
Suez, que les Anglais ne font jamais entrer en ligne de
compte dans leurs calculs, quoiqu'ils ne le perdent pas
de vue. Sans le canal, le transport de prodigieuses quan-
tités de coton se compliquerait des dangers de mer, de
la longueur et des incertitudes des voyages, de la mul-
titude de bâtiments d'un fort tonnage nécessaire à une
aussi laborieuse navigation, car jusqu'à présent la ma-
rine des Etats-Unis a participé au transport du produit
américain. Avec le canal, tout au contraier se simpli-
fie : les mêmes navires feront sans d'aussi grands périls
trois voyages au lieu d'un dans le même espace de
temps, d'où il résultera sur les prix tels qu'ils sont éta-
blis par les Anglais, pour le transport, une économie de
300 0/0.
» Jusqu'à présent le gouvernement anglais ne s'est
occupé de tracer que des routes stratégiques. Les meil-
leures routes se dirigent du sud au nord afin de facili-
ter les opérations militaires, tandis que le trafic suit une
ligne est et ouest. Il se souciait d'autant moins de faire
autrement que par ce défaut de route, il empêchait
l'industrie de s'écouler, d'arriver de l'intérieur sur les
marchés. Aujourd'hui le peuple anglais tout entier se
trouve pris au piège de ses calculs par trop égoïstes et
exclusifs, et réclame aussi impérieusement la création
de routes qu'il se défendait énergiquement, il n'y a pas
longtemps, d'en tracer, de peur de se créer une rivalité.
» Ce même défaut de voies de communications est
quelquefois cause que des tribus entières périssent par
la famine, tant il est difficile qu'une localité plus favo-
risée puisse leur faire parvenir des vivres : « l'Inde
» meurt de faim faute de routes. »
» C'est par un vaste système de navigation inté-
rieure, de bonnes routes et de chemins de fer, que les
Américains sont parvenus à pouvoir livrer sur leurs
côtes le coton à des prix pour lesquels ils n'ont pas de
rivaux. Ce n'est que par les mêmes procédés que l'An-
gleterre atteindra un résultat semblable, et surtout par
l'achèvement de ce chemin de fer que les documents
officiels promettent pour la fin de 1864.
» Revenant à la seconde cause de la faible fourniture
de coton par l'Inde, que nous avons mentionnée plus
haut, nous ajouterons que si le nouveau traité de lord
Elgin est tel que l'attendent les négociants anglais et
parsis de Bombay, la demande de coton par les Chi-
nois, aujourd'hui déjà considérable, sera doublée dans
deux ou trois ans. Néanmoins, cette cause sera annihi-
lée, pense-t-on, par la création du chemin de fer ; aussi
est-il réclamé de tous côtés du gouvernement comme
» De temps immémorial le coton fut l'une des richesses
agricoles de l'Inde. On le cultive sur une vaste échelle
dans le Décan, dans l'Inde méridionale, d'où ses produits
sont importés dans le Bengale, dans le Mirzapour, dans
le district de Bénarès, où ils sont manufacturés. Dans
les domaines du Nizam, d'Haïderabad, le cotonnier at-
teint tout son développement, et ses produits rivalisent
de beauté avec les meilleurs produits de l'Amérique.
Dans l'Inde, disent des organes accrédités de la presse
anglaise, toutes les conditions de la culture sont main-
tenant aussi complètes que dans les États méridionaux
de l'Union. Le sol convenable au cotonnier y est sans
limites; les travailleurs y sont sur les lieux, à bon mar-
ché, en grand nombre et accoutumés à ce labeur. On y
fait des récoltes dont l'importance semble à peine com-
prise, même par les hommes dont la fortune dépend de
cette intelligence. L'Inde n'a point de statistique, mais
il est des faits matériels, patents, qui valent mieux que
les démonstrations les plus victorieuses de la science :
deux cents millions d'êtres humains y sont vêtus de co.
ton indigène ; quelque restreints que soient les besoins
de chaque personne (et une population qui se baigne
deux fois par jour dans des vêtements de coton en con-
somme plus que les Européens ne le croient générale-
ment), la production régulière doit être des plus vastes;
elle est si grande en réalité, que la fluctuation de cen-
taines de millions de livres dans les exportations d'une
année à l'autre n'affecte presque point les prix locaux.
Pourtant les expéditions du coton indien en Europe sont
relativement peu considérables. Cela tient à deux causes :
le manque presque absolu de voies de communication
et l'importation en Chine. De la première cause il ré-
sulte que la dépense du transport absorbe le profit. Le
coton a trois sortes de frais à subir : d'abord la rému-
nération du cultivateur, puis le profit de l'exportateur,
enfin le coût du transport, égal à peu près au prix de
revient de la fibre. Et comment pourrait-il en être au-
trement? C'est dans de grands sacs portés par des bœufs
qui ne franchissent par jour qu'environ 16 kilomètres
que le coton voyage, par des routes impraticables et
des coups de vent terribles jusqu'au lieu d'embarque-
ment. Heureux est-on encore quand à ces difficultés ne
vient pas se joindre le manque de fourrage pour les
bœufs ! Ce ne serait que demi-mal si tout l'inconvénient
de ce moyen de transport se bornait à cette coûteuse
lenteur, mais le coton en souffre considérablement.
Outre qu'il n'est pas paqueté, il est à peine défendu
par l'enveloppe des sacs contre les effets d'une tempé-
rature brûlante ou de l'humidité, de la poussière ou de
la pluie. Et, quand il est rendu à destination, il est flé-
tri, taché, déchiré, avarié. Il faut deux mois pour que
les cotons de la province de Bézar parcourent les 900 ki-
lomètres qui la séparent de Bombay et de Calcutta. A
Tudery, pays des Marattes, le transport du coton jusqu'à
la mer (distance, 270 kilomètres) coûte plus que le fret
pour l'Angleterre, située à une distance près de cent fois
plus grande. Si l'on parvenait à diminuer les inconvé-
nients et les frais que nous signalons, le rendement de
l'Inde comblerait et au delà les vides créés dans l'ap-
provisionnement de l'Angleterre, soit par la guerre ci-
vile entre les divers États de l'Amérique du Nord, soit
par des désordres dans les Etats à esclaves ; car l'Inde
possède de la terre à coton en abondance; son climat
est plus favorable que celui des Etats à esclaves de l'A-
mérique du Nord, et le travail y est de 8 0/0 meilleur
marché que celui des noirs.
» On pense pouvoir y parvenir par la construction
d'un chemin de fer qui serait jeté à travers la Pénin-
sule; de l'est à l'ouest. A ce chemin de fer viendraient
se ramifier des routes et des canaux formant un sys-
tème de communication qui permettrait de tirer de l'in-
térieur du pays une quantité de coton que l'on estime
au minimum à quatre millions de balles. Le bienfait du
chemin de fer indien sera complété par le canal de
Suez, que les Anglais ne font jamais entrer en ligne de
compte dans leurs calculs, quoiqu'ils ne le perdent pas
de vue. Sans le canal, le transport de prodigieuses quan-
tités de coton se compliquerait des dangers de mer, de
la longueur et des incertitudes des voyages, de la mul-
titude de bâtiments d'un fort tonnage nécessaire à une
aussi laborieuse navigation, car jusqu'à présent la ma-
rine des Etats-Unis a participé au transport du produit
américain. Avec le canal, tout au contraier se simpli-
fie : les mêmes navires feront sans d'aussi grands périls
trois voyages au lieu d'un dans le même espace de
temps, d'où il résultera sur les prix tels qu'ils sont éta-
blis par les Anglais, pour le transport, une économie de
300 0/0.
» Jusqu'à présent le gouvernement anglais ne s'est
occupé de tracer que des routes stratégiques. Les meil-
leures routes se dirigent du sud au nord afin de facili-
ter les opérations militaires, tandis que le trafic suit une
ligne est et ouest. Il se souciait d'autant moins de faire
autrement que par ce défaut de route, il empêchait
l'industrie de s'écouler, d'arriver de l'intérieur sur les
marchés. Aujourd'hui le peuple anglais tout entier se
trouve pris au piège de ses calculs par trop égoïstes et
exclusifs, et réclame aussi impérieusement la création
de routes qu'il se défendait énergiquement, il n'y a pas
longtemps, d'en tracer, de peur de se créer une rivalité.
» Ce même défaut de voies de communications est
quelquefois cause que des tribus entières périssent par
la famine, tant il est difficile qu'une localité plus favo-
risée puisse leur faire parvenir des vivres : « l'Inde
» meurt de faim faute de routes. »
» C'est par un vaste système de navigation inté-
rieure, de bonnes routes et de chemins de fer, que les
Américains sont parvenus à pouvoir livrer sur leurs
côtes le coton à des prix pour lesquels ils n'ont pas de
rivaux. Ce n'est que par les mêmes procédés que l'An-
gleterre atteindra un résultat semblable, et surtout par
l'achèvement de ce chemin de fer que les documents
officiels promettent pour la fin de 1864.
» Revenant à la seconde cause de la faible fourniture
de coton par l'Inde, que nous avons mentionnée plus
haut, nous ajouterons que si le nouveau traité de lord
Elgin est tel que l'attendent les négociants anglais et
parsis de Bombay, la demande de coton par les Chi-
nois, aujourd'hui déjà considérable, sera doublée dans
deux ou trois ans. Néanmoins, cette cause sera annihi-
lée, pense-t-on, par la création du chemin de fer ; aussi
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