Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1861 01 juin 1861
Description : 1861/06/01 (A6,N119). 1861/06/01 (A6,N119).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203272s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
le2 L'ISTHME DES SUEZ.
plus de 50 kilomètres à faire pour se trouver dans le
pays cultivé, à l'extrémité de la riche province du
Charkieh.
Sur cette ligne prolongée, se trouve la ville de Zaga-
zig, la plus importante de la province, et entre cette
ville de 30,000 âmes aujourd'hui, de 3,000 âmes seule-
ment il y a vingt ans, et le point du seuil d'El-Guisr,
dont je vous parlais, il n'y a pas 10 kilomètres ou l'on
ne puisse aller très-facilement en voiture. Zagazig est
le terminus d'un embranchemement du chemin de fer
d'Alexandrie au Caire. Zagazig est le point de partage
de cinq canaux du Nil, dont deux ont remplacé les
branches pélusiaque et tanitique. Jugez si Zagazig est
important! De là viennent au seuil les approvisionne-
ments divers. Par là passent maintenant les grands
convois de transport, organisés par l'entreprise de Za-
gazig à Timsah. Ce sera donc bientôt, sur toute cette
ligne, le mouvement, la culture, la population, l'abon-
dance dont peut déjà donner une idée ce qui existe à
droite et à gauche du canal longeant la grande pro-
priété de l'Ouadée. Ce canal alimente d'eau douce
le petit lac Maxamah ; la Compagnie y a établi, à la
prise d'eau de sa rigole, un campement, véritable villé-
giature pour les employés qui y résident. -
Je parle de villégiature ; mais n'en est-ce pas une
aussi que ce poste de Bir-Abou-Ballah, où l'eau douce
de la rigole, avant d'être renfermée dans des tuyaux,
pour se diviser entre tous les chantiers, arrose quel-
ques hectares de terre, destinés à des cultures d'essais?
Voulez-vous des fleurs et des légumes d'Europe? ils y
viennent merveilleux, et en quelques jours; du laitage?
des œufs frais? de la volaille ? la ferme de Bir-Abou-
Ballah vous en fournit. C'était un plateau de sable il y
a un an, c'est une délicieuse oasis aujourd'hui.
Je reviens à ce que je disais, que les sables de la
surface ne sont là, dans le désert, que parce qu'on n'y
cultive plus. J'ai la preuve au bout. Les ruines de
Ramsès (une grande ville de l'Egypte ancienne), situées
sur le parcours de cette rigole d'eau douce, creusée il
y a un an seulement, entre ces bourrelets de terre, in-
diquant ou une ancienne branche du Nil, ou un canal
de grande dimension, seraient-elles là à quelques mille
mètres de Bir-Abou-Ballah seulement, si les Sésostris
n'y avaient pas trouvé, quand ils l'ont fondée, ce que
nous affirmons y être encore : une terre admirable et
féconde qui ne demande que de l'eau pour produire
tout ce que l'on voudra ?
Je n'en finirais pas si je voulais vous donner toutes
les preuves résultant pour moi de la vue des lieux, et
établissant bien que cette partie de l'isthme aussi a été
autrefois habitée et cultivée, et que le canal d'eau douce
ne fera que la ressusciter. Je voudrais bien aussi vous
parler de Timsah, cette vallée qui sera convertie en port
ou bassin intérieur, et qui recevra d'abord, et avant peu,
les eaux de la Méditerranée, avant que celles de la mer
Rouge n'y arrivent par la percée à faire à travers le
bourrelet du Sérapéum. 9 mètres de profondeur à
creuser pour arriver au niveau de la mer ; 8 de plus
pour donner passage aux plus grands navires ; appelle-
t-on cela des dimcultés ? Je ne saurais le croire, et c'est
bien le cas de dire, quand on a un peu voyagé, qu'on en
a vu bien d'autres.
La Compagnie avait voulu commencer aussi cette atta-
que de travaux entre la mer Rouge et Timsah. Voilàcom-
ment a été bâti le joli établissement de Toussoum qui
se dessine à l'horizon, près du marabout dù cheik Enne-
deck, rendez vous consacré pour les Bédouins errants
des environs. Il devait être un grand centre de travail-
leurs ; il n'en sera qu'un poste secondaire. Cela n'ôte rien
au mérite de l'avoir placé en si bon air, de l'avoir relié
avec le chemin de fer du Caire, comme étape pour les
correspondances venant tous les jours par la station
d'Awebed, portées par des postillons à dromadaire, ce
qui fait qu'une lettre met vingt-quatre heures pour aller
d'Alexandrie au centre de l'isthme, et que l'on y reçoit
son courrier tous les soirs.
Le Sérapéum et Toussoum, qui n'en'est qu'à peu de
distance, dominent donc le pays autant que 9 mètres
d'élévation peuvent rendre une position dominante dans
une plaine.' Au-dessous de ces deux points, les lacs
Amers, c'est-à-dire le canal ancien dont on voit si bien
les restes, c'est-à-dire l'eau de la mer Rouge franchis-
sant naturellement la barre de Suez par les grandes
- marées poussées par les vents soufflant dans cette di-
rection.
Ainsi, là le canal est fait ; ne nous inquiétons pas de
son exécution. Mais il faut peut-être vous rassurer sur
la solidité de ses berges. Examinons les berges déjà
faites. Elles sont presque droites dans les petits canaux
creusés par la Compagnie, et elles tiennent bon. Pour
nous rassurer même contre le mouvement des eaux,
s'écoulant de la mer Rouge dans la Méditerranée, puis-
qu'il y a une différence de niveau d'un mètre environ,
pensons à ces deux grands bassins des lacs Amers et de
Timsah où se fera le ressac des eaux montantes et des-
cendantes ; donc, rien à craindre de la rapidité d'un
courant. Enfin, pour comprendre la facilité des travaux
qui restent à faire, voyons comment ont été entrepris,
par les Européens, les travaux faits ; comment ils ont
été exécutés par les Arabes. C'est un curieux et inté-
ressant spectacle que quelques voyageurs déjà ont voulu
se procurer, et comme l'hospitalité est parfaite dans tous
ces établissements, je ne doute pas que plus d'un tou-
riste ne soit bientôt tenté de les imiter.
Mais il faut en finir ; résumant mes impressions, re-
lativement à la prochaine exécution de cette œuvre si
controversée en certain pays, je vous dirai : Allez ! de-
meurez quelque temps dans l'isthme ! Là, l'incrédulité,
le doute disparaissent. Comme saint Thomas, on voit,
on touche, on croit. On ne dit plus : le canal de Suez se
fera ; on dit : le canal est fait I
VLATOR.
(L'Illustration, )
Le Gérant: ERNEST DESPLACES.
PARIS. — IMPRIMERIE CENTRALE DE NAPOLÉON CHAIX ET C', atlE BIT. fi ! 20.
plus de 50 kilomètres à faire pour se trouver dans le
pays cultivé, à l'extrémité de la riche province du
Charkieh.
Sur cette ligne prolongée, se trouve la ville de Zaga-
zig, la plus importante de la province, et entre cette
ville de 30,000 âmes aujourd'hui, de 3,000 âmes seule-
ment il y a vingt ans, et le point du seuil d'El-Guisr,
dont je vous parlais, il n'y a pas 10 kilomètres ou l'on
ne puisse aller très-facilement en voiture. Zagazig est
le terminus d'un embranchemement du chemin de fer
d'Alexandrie au Caire. Zagazig est le point de partage
de cinq canaux du Nil, dont deux ont remplacé les
branches pélusiaque et tanitique. Jugez si Zagazig est
important! De là viennent au seuil les approvisionne-
ments divers. Par là passent maintenant les grands
convois de transport, organisés par l'entreprise de Za-
gazig à Timsah. Ce sera donc bientôt, sur toute cette
ligne, le mouvement, la culture, la population, l'abon-
dance dont peut déjà donner une idée ce qui existe à
droite et à gauche du canal longeant la grande pro-
priété de l'Ouadée. Ce canal alimente d'eau douce
le petit lac Maxamah ; la Compagnie y a établi, à la
prise d'eau de sa rigole, un campement, véritable villé-
giature pour les employés qui y résident. -
Je parle de villégiature ; mais n'en est-ce pas une
aussi que ce poste de Bir-Abou-Ballah, où l'eau douce
de la rigole, avant d'être renfermée dans des tuyaux,
pour se diviser entre tous les chantiers, arrose quel-
ques hectares de terre, destinés à des cultures d'essais?
Voulez-vous des fleurs et des légumes d'Europe? ils y
viennent merveilleux, et en quelques jours; du laitage?
des œufs frais? de la volaille ? la ferme de Bir-Abou-
Ballah vous en fournit. C'était un plateau de sable il y
a un an, c'est une délicieuse oasis aujourd'hui.
Je reviens à ce que je disais, que les sables de la
surface ne sont là, dans le désert, que parce qu'on n'y
cultive plus. J'ai la preuve au bout. Les ruines de
Ramsès (une grande ville de l'Egypte ancienne), situées
sur le parcours de cette rigole d'eau douce, creusée il
y a un an seulement, entre ces bourrelets de terre, in-
diquant ou une ancienne branche du Nil, ou un canal
de grande dimension, seraient-elles là à quelques mille
mètres de Bir-Abou-Ballah seulement, si les Sésostris
n'y avaient pas trouvé, quand ils l'ont fondée, ce que
nous affirmons y être encore : une terre admirable et
féconde qui ne demande que de l'eau pour produire
tout ce que l'on voudra ?
Je n'en finirais pas si je voulais vous donner toutes
les preuves résultant pour moi de la vue des lieux, et
établissant bien que cette partie de l'isthme aussi a été
autrefois habitée et cultivée, et que le canal d'eau douce
ne fera que la ressusciter. Je voudrais bien aussi vous
parler de Timsah, cette vallée qui sera convertie en port
ou bassin intérieur, et qui recevra d'abord, et avant peu,
les eaux de la Méditerranée, avant que celles de la mer
Rouge n'y arrivent par la percée à faire à travers le
bourrelet du Sérapéum. 9 mètres de profondeur à
creuser pour arriver au niveau de la mer ; 8 de plus
pour donner passage aux plus grands navires ; appelle-
t-on cela des dimcultés ? Je ne saurais le croire, et c'est
bien le cas de dire, quand on a un peu voyagé, qu'on en
a vu bien d'autres.
La Compagnie avait voulu commencer aussi cette atta-
que de travaux entre la mer Rouge et Timsah. Voilàcom-
ment a été bâti le joli établissement de Toussoum qui
se dessine à l'horizon, près du marabout dù cheik Enne-
deck, rendez vous consacré pour les Bédouins errants
des environs. Il devait être un grand centre de travail-
leurs ; il n'en sera qu'un poste secondaire. Cela n'ôte rien
au mérite de l'avoir placé en si bon air, de l'avoir relié
avec le chemin de fer du Caire, comme étape pour les
correspondances venant tous les jours par la station
d'Awebed, portées par des postillons à dromadaire, ce
qui fait qu'une lettre met vingt-quatre heures pour aller
d'Alexandrie au centre de l'isthme, et que l'on y reçoit
son courrier tous les soirs.
Le Sérapéum et Toussoum, qui n'en'est qu'à peu de
distance, dominent donc le pays autant que 9 mètres
d'élévation peuvent rendre une position dominante dans
une plaine.' Au-dessous de ces deux points, les lacs
Amers, c'est-à-dire le canal ancien dont on voit si bien
les restes, c'est-à-dire l'eau de la mer Rouge franchis-
sant naturellement la barre de Suez par les grandes
- marées poussées par les vents soufflant dans cette di-
rection.
Ainsi, là le canal est fait ; ne nous inquiétons pas de
son exécution. Mais il faut peut-être vous rassurer sur
la solidité de ses berges. Examinons les berges déjà
faites. Elles sont presque droites dans les petits canaux
creusés par la Compagnie, et elles tiennent bon. Pour
nous rassurer même contre le mouvement des eaux,
s'écoulant de la mer Rouge dans la Méditerranée, puis-
qu'il y a une différence de niveau d'un mètre environ,
pensons à ces deux grands bassins des lacs Amers et de
Timsah où se fera le ressac des eaux montantes et des-
cendantes ; donc, rien à craindre de la rapidité d'un
courant. Enfin, pour comprendre la facilité des travaux
qui restent à faire, voyons comment ont été entrepris,
par les Européens, les travaux faits ; comment ils ont
été exécutés par les Arabes. C'est un curieux et inté-
ressant spectacle que quelques voyageurs déjà ont voulu
se procurer, et comme l'hospitalité est parfaite dans tous
ces établissements, je ne doute pas que plus d'un tou-
riste ne soit bientôt tenté de les imiter.
Mais il faut en finir ; résumant mes impressions, re-
lativement à la prochaine exécution de cette œuvre si
controversée en certain pays, je vous dirai : Allez ! de-
meurez quelque temps dans l'isthme ! Là, l'incrédulité,
le doute disparaissent. Comme saint Thomas, on voit,
on touche, on croit. On ne dit plus : le canal de Suez se
fera ; on dit : le canal est fait I
VLATOR.
(L'Illustration, )
Le Gérant: ERNEST DESPLACES.
PARIS. — IMPRIMERIE CENTRALE DE NAPOLÉON CHAIX ET C', atlE BIT. fi ! 20.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 16/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203272s/f16.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203272s/f16.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203272s/f16.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203272s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203272s