Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1861 15 mai 1861
Description : 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18. 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203271c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
164 L'ISTHME DE SUEZ,
de la côte, que les opinions de ceux auxquels il faut le
plus se fier sont défavorables à la praticabilité de la
spéculation. Pi le projet n'avait qu'un caractère com-
mercial et qu'il pût être avantageux au commerce du
monde, je ne concevrais pas que par un sentiment de
jalousie il pût trouver de l'opposition dans notre grand
pays qui à coup sûr en ce cas retirerait le principal bé-
néfice de son exécution. Lorsque j'étais ambassadeur à
Constantinople, mon opinion fut demandée sur l'état
réel du cas, et, connaissant les vues générales du gou-
vernement de Sa Majesté, je crus devoir m'exprimer
d'une manière calculée à engager le gouvernement
turc de peser avec grande attention toutes les circons-
tances qui devaient être considérées dans leur con-
nexion avec le projet.
» Au total je pense que l'affaire peut être sûrement
abandonnée aux mains du gouvernement (très-bien !
très-bien!), et comme aucun dissentiment n'a été ex-
primé sur la politique qu'il poursuit, j'espère que le
monde entier saura que le gouvernement de Sa Ma-
jesté sera soutenu par Vos Seigneuries dans toute me-
sure qu'il adopterait pour donner un plus complet effet
aux objections qui ont été déjà présentées. (Ecoutez!
écoutez!) »
Le comte Ellenborough. — « Mes opinions sur ce sujet
peuvent s'exprimer en très-peu de mots. Un seul Bos-
phore nous a déjà donné assez de trouble. Je crois que
le projet que nous discutons est une tentative de créer
un autre Bosphore et de le placer dans les mains
des Français. (Rires et cris de : Écoutez 1 écoutez !)
Dès l'abord je dois déclarer ma conviction que la ten-
tative échouera (écoutez! écoutez 1), mais quels se-
raient ses effets si elle venait à réussir ? C'est qu'au
moyen de ce canal les Français pourraient envoyer une
flotte dans les mers d'Orient en cinq semaines, tandis
que nous ne pourrions le faire en moins de dix. (Ecou-
tez! écoutez!) En cas d'une guerre, et à Dieu ne plaise
qu'une semblable occurrence éclate, ces ouvriers, comme
on les appelle, pourraient descendre à Suez et couper
la communication par l'Egypte entre l'Angleterre et
l'Inde, si bien que l'Egypte cesserait d'être neutre.
(Ecoutez ! écoutez !)
» Dans la situation actuelle il y a deux choses qui
doivent être faites par le gouvernement ; combien d'au-
tres choses y a-t-il à faire? je ne le sais pas, mais il
en est deux qu'il faut faire immédiatement. La pre-
mière, c'est que le gouvernement doit établir, et établir
en parfaite sécurité, une communication télégraphique
entre l'Inde, Aden et l'île de Périm ; tous les points par
lesquels une attaque sur cette communication pourrait
être appréhendée devraient être défendus ; c'est un tra-
vail que nous pouvons faire, il n'y a pas de puissance
dans le monde qui puisse nous empêcher de l'accom-
plir. (Ecoutez! écoutez!) L'autre mesure que je de-
mande consiste à posséder en Egypte ce que certaine-
ment nous n'y avions point la dernière fois que j'ai tra-
versé ce pays, c'est-à-dire un corps très-nombreux et
très-capable d'agents consulaires. Ces fonctionnaires
donneraient au gouvernement les plus complètes in-
formations sur tous les points, lui fourniraient les
moyens d'agir sur les sentiments et les opinions du
peuple d'Egypte. (Très-bien ! très-bien !) »
« Le comte de Carnarvon retire sa motion. »
LE MORNING-POST-
« La discussion qui a eu lieu lundi soir à la Chambre
des lords, au sujet du projet du canal de Suez, arrive
très-à-propos. Cette question chronique a commencé à
prendre un caractère moins inactif. M. de Lesseps, il
est vrai, n'a pas encore obtenu les pouvoirs légaux
qu'il sollicite depuis longtemps, mais il n'en a pas
moins recueilli une grande partie des sommes dont il a
besoin, et, satisfait de ce premier résultat, il a com-
mencé ses travaux. La question, telle qu'elle se pré-
sente, est donc anormale et a quelque chose de délicat.
Exposons-en brièvement les circonstances : M. de Les-
seps a obtenu en 1854, du pacha d'Egypte, une conces-
sion qui lui a conféré le droit de faire ce canal ; mais
un tel acte étant dans les attributions du pouvoir
souverain seul, la concession resta sans validité jusqu'à
ce qu'elle eut reçu la sanction de la Porte par un firman
du sultan. La Porte, agissant conformément aux vues
de la Grande-Bretagne et de quelques autres puissances,
a considéré le projet comme physiquement impratica-
ble, et aussi comme préjudiciable, s'il était réalisé, à
l'intégrité de l'empire ottoman. Le gouvernement de
Constantinople néanmoins, écartant toute jalousie exces-
sive et illibérale, sans refuser absolument la permis-
sion, demanda des garanties essentielles, à la fois pour
la conservation de ses intérêts et l'observation de ses
lois. Mais ces garanties n'ont jamais été fournies, et
conséquemment la permission est restée en suspens.
En vérité, sous un rapport important, les lois de
l'empire ottoman ont été menacées d'une viola-
tion délibérée, nous voulons dire par le travail forcé
que cet ouvrage devait rendre nécessaire. La question
du canal fut donc enveloppée de difficultés de toute
sorte, difficultés d'exécution, difficultés financières,
difficultés politiques. M. de Lesseps a tenté de tran-
cher ce triple nœud gordien qu'il ne pouvait convena-
blement délier ; et nous, nous allons essayer d'examiner
les progrès par lesquels la question du canal a passé
pour arriver à sa phase actuelle.
» La nature de l'entreprise elle-même est aussi anor-
male que l'est l'état de la question. C'est un projet
moitié commercial, moitié politique. Préconisé ostensi-
blement au point de vue commercial, il est conçu pour
servir des intérêts politiques, ou fait pour amener des
changements politiques. En parlant ainsi, nous n'en-
tendons nullement aller aussi loin que lord Ellenbo-
rough, représentant le futur canal, si jamais il était
exécuté, comme un Bosphore français. Lord Carnarvon,
qui a provoqué la discussion et s'est exprimé avec une
prudence et un discernement remarquables, a établi
une distinction entre l'action du gouvernement français
lui-même et ces agents indiscrets, ces émissaires seu-
lement à moitié reconnus en Orient, qui ont mis
leur gouvernement dans l'embarras en prenant, sans
de la côte, que les opinions de ceux auxquels il faut le
plus se fier sont défavorables à la praticabilité de la
spéculation. Pi le projet n'avait qu'un caractère com-
mercial et qu'il pût être avantageux au commerce du
monde, je ne concevrais pas que par un sentiment de
jalousie il pût trouver de l'opposition dans notre grand
pays qui à coup sûr en ce cas retirerait le principal bé-
néfice de son exécution. Lorsque j'étais ambassadeur à
Constantinople, mon opinion fut demandée sur l'état
réel du cas, et, connaissant les vues générales du gou-
vernement de Sa Majesté, je crus devoir m'exprimer
d'une manière calculée à engager le gouvernement
turc de peser avec grande attention toutes les circons-
tances qui devaient être considérées dans leur con-
nexion avec le projet.
» Au total je pense que l'affaire peut être sûrement
abandonnée aux mains du gouvernement (très-bien !
très-bien!), et comme aucun dissentiment n'a été ex-
primé sur la politique qu'il poursuit, j'espère que le
monde entier saura que le gouvernement de Sa Ma-
jesté sera soutenu par Vos Seigneuries dans toute me-
sure qu'il adopterait pour donner un plus complet effet
aux objections qui ont été déjà présentées. (Ecoutez!
écoutez!) »
Le comte Ellenborough. — « Mes opinions sur ce sujet
peuvent s'exprimer en très-peu de mots. Un seul Bos-
phore nous a déjà donné assez de trouble. Je crois que
le projet que nous discutons est une tentative de créer
un autre Bosphore et de le placer dans les mains
des Français. (Rires et cris de : Écoutez 1 écoutez !)
Dès l'abord je dois déclarer ma conviction que la ten-
tative échouera (écoutez! écoutez 1), mais quels se-
raient ses effets si elle venait à réussir ? C'est qu'au
moyen de ce canal les Français pourraient envoyer une
flotte dans les mers d'Orient en cinq semaines, tandis
que nous ne pourrions le faire en moins de dix. (Ecou-
tez! écoutez!) En cas d'une guerre, et à Dieu ne plaise
qu'une semblable occurrence éclate, ces ouvriers, comme
on les appelle, pourraient descendre à Suez et couper
la communication par l'Egypte entre l'Angleterre et
l'Inde, si bien que l'Egypte cesserait d'être neutre.
(Ecoutez ! écoutez !)
» Dans la situation actuelle il y a deux choses qui
doivent être faites par le gouvernement ; combien d'au-
tres choses y a-t-il à faire? je ne le sais pas, mais il
en est deux qu'il faut faire immédiatement. La pre-
mière, c'est que le gouvernement doit établir, et établir
en parfaite sécurité, une communication télégraphique
entre l'Inde, Aden et l'île de Périm ; tous les points par
lesquels une attaque sur cette communication pourrait
être appréhendée devraient être défendus ; c'est un tra-
vail que nous pouvons faire, il n'y a pas de puissance
dans le monde qui puisse nous empêcher de l'accom-
plir. (Ecoutez! écoutez!) L'autre mesure que je de-
mande consiste à posséder en Egypte ce que certaine-
ment nous n'y avions point la dernière fois que j'ai tra-
versé ce pays, c'est-à-dire un corps très-nombreux et
très-capable d'agents consulaires. Ces fonctionnaires
donneraient au gouvernement les plus complètes in-
formations sur tous les points, lui fourniraient les
moyens d'agir sur les sentiments et les opinions du
peuple d'Egypte. (Très-bien ! très-bien !) »
« Le comte de Carnarvon retire sa motion. »
LE MORNING-POST-
« La discussion qui a eu lieu lundi soir à la Chambre
des lords, au sujet du projet du canal de Suez, arrive
très-à-propos. Cette question chronique a commencé à
prendre un caractère moins inactif. M. de Lesseps, il
est vrai, n'a pas encore obtenu les pouvoirs légaux
qu'il sollicite depuis longtemps, mais il n'en a pas
moins recueilli une grande partie des sommes dont il a
besoin, et, satisfait de ce premier résultat, il a com-
mencé ses travaux. La question, telle qu'elle se pré-
sente, est donc anormale et a quelque chose de délicat.
Exposons-en brièvement les circonstances : M. de Les-
seps a obtenu en 1854, du pacha d'Egypte, une conces-
sion qui lui a conféré le droit de faire ce canal ; mais
un tel acte étant dans les attributions du pouvoir
souverain seul, la concession resta sans validité jusqu'à
ce qu'elle eut reçu la sanction de la Porte par un firman
du sultan. La Porte, agissant conformément aux vues
de la Grande-Bretagne et de quelques autres puissances,
a considéré le projet comme physiquement impratica-
ble, et aussi comme préjudiciable, s'il était réalisé, à
l'intégrité de l'empire ottoman. Le gouvernement de
Constantinople néanmoins, écartant toute jalousie exces-
sive et illibérale, sans refuser absolument la permis-
sion, demanda des garanties essentielles, à la fois pour
la conservation de ses intérêts et l'observation de ses
lois. Mais ces garanties n'ont jamais été fournies, et
conséquemment la permission est restée en suspens.
En vérité, sous un rapport important, les lois de
l'empire ottoman ont été menacées d'une viola-
tion délibérée, nous voulons dire par le travail forcé
que cet ouvrage devait rendre nécessaire. La question
du canal fut donc enveloppée de difficultés de toute
sorte, difficultés d'exécution, difficultés financières,
difficultés politiques. M. de Lesseps a tenté de tran-
cher ce triple nœud gordien qu'il ne pouvait convena-
blement délier ; et nous, nous allons essayer d'examiner
les progrès par lesquels la question du canal a passé
pour arriver à sa phase actuelle.
» La nature de l'entreprise elle-même est aussi anor-
male que l'est l'état de la question. C'est un projet
moitié commercial, moitié politique. Préconisé ostensi-
blement au point de vue commercial, il est conçu pour
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changements politiques. En parlant ainsi, nous n'en-
tendons nullement aller aussi loin que lord Ellenbo-
rough, représentant le futur canal, si jamais il était
exécuté, comme un Bosphore français. Lord Carnarvon,
qui a provoqué la discussion et s'est exprimé avec une
prudence et un discernement remarquables, a établi
une distinction entre l'action du gouvernement français
lui-même et ces agents indiscrets, ces émissaires seu-
lement à moitié reconnus en Orient, qui ont mis
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