Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1861 01 mai 1861
Description : 1861/05/01 (A6,N117). 1861/05/01 (A6,N117).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203270z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
140 L'ISTHME DE SUEZ,
comme on l'a pu voir par les rapports que nous
avons déjà publiés et comme le confirme celui
que nous publions dans notre numéro actuel. De
nombreux logements, des villages entiers ont été
construits sur la ligne des opérations, et l'on peut
dire que, même en Europe, jamais entreprise n'a en-
touré de plus de soins et de garanties le bien être
de ses ouvriers.
Cependant, quelques voix en Angleterre se sont
élevées contre la prssibilité de la mise en pratique
de cette convention ; elles ont objecté que l'interven-
tion du gouvernement dans le recrutement des
ouvriers pouvait aller jusqu'à la contrainte et deve-
nir un travail forcé. Sur ce mot, elles se sont récriées
contre les abus d'un pareil procédé. Elles ont tracé
les tableaux les plus sombres de Faction oppres-
sive qu'elles attribuaient dans ces sortes de circons-
tances au gouvernement égyptien.
Nous avons répondu à toutes ces exagérations et
nous avons rappelé spécialement la facilité, l'ordre
et les résultats de parfaite salubrité avec lesquels le
canal Mahmoudiéh a été nettoyé en quinze jcurs, il y
a peu d'années, par des milliers de fellahs. Toutefois,
les préjugés ou les préventions ont persisté selon leur
coutume, et c'est pour ne laisser aucune prise à ces
susceptibilités et en même temps pour enlever ce pré-
texte aux objections politiques, que la Compagnie a
jugé convenable de recourir purement et simplement
au recrutement libre, c'est -à-dire à un mode d'engage-
ment tout à fait volontaire entre elle et les indigènes.
Cette résolution a été couronnée d'un plein succès
et nous ne saurions trop nous en applaudir, puisqu'elle
achève d'attester toute la moralité de l'entreprise et
sa popularité dans les contrées qui l'environnent.
Mais tout en nous félicitant de cette situation, nous
ne pouvons nous empêcher de rappeler nos argu-
ments contre les entraves que par ces réclamations
on opposait avec ou sans intention contre la large et
rapide poursuite des travaux. Nous disions qu'en
Angleterre on ne s'était nullement plaint que le gou-
vernement égyptien eût exécuté les terrassements
du chemin de fer d'Alexandrie au Caire et du Caire
à Suez par le système auquel on prétend donner le
nom de travail forcé. Nous disions encore que dans
cette thèse l'opposition anglaise, avant de chercher
une paille dans l'œil de son voisin, devrait un peu
plus sentir la poutre qui est dans le sien ; que les
travailleurs indiens, par exemple, étaient très-souvent
placés dans des conditions bien plus dures et bien
plus intolérables que les ouvriers employés aux tra-
vaux publics de l'Egypte.
Le dernier numéro du Moniteur industriel nous four-
nit à cet égard des renseignements authentiques et
que nous ne croyons pas indifférent de recueillir.
Ils font un parfait contraste avec ce qui se passe
en Égypte et surtout avec les mesures d'humanité
et les précautions de toute sorte prises par le règle-
ment du 20 juillet 1856, pour la sécurité et le bon
traitement des travailleurs de la Compagnie.
Après ces observations, il ne nous reste plus qu'à
reproduire sans autre commentaire l'article du Moni-
teur industriel. J. RosÉ.
Dans la séance du 19 de ce mois, M. Layard, mem-
bre de la Chambre des communes, a adressé au cabinet
une interpellation relative à la culture de l'indigo
dans le Bengale et aux abus qu'elle avait fait naître.
C'est donc un Anglais qui va nous révéler quelques-
uns des mystères de la domination anglaise dans ces
contrées. Mais les faits qu'il dénonce sont si exces-
sifs et si incroyables, que nous pensons devoir placer
son récit sous la garantie de ce certificat qui lui a
été décerné par M. Charles Wood, ministre au départe-
ment des Indes : « Chacune des syllabes prononcées
par l'honorable M. Layard est littéralement vraie. »
Quelques mots, d'abord, pour faire connaître les pré-
cédents.
Le planteur anglais ne produit point l'indigo lui-
même. Il s'adresse au cultivateur indigène ou paysan
(Ryot) qui répugne à cette culture, source d'oppression
pour lui, et le décide par de petites avances remboursa-
bles au moyen de la récolte qui doit lui être livrée. De
nombreuses discussions ne cessaient de s'élever entre
les Ryots et les planteurs. Ceux-ci accusaient les Ryots
d'être souvent infidèles à leurs engagements. Les Ryots
se plaignaient d'être horriblement exploités. Des troubles
s'ensuivirent. Le conseil de Calcutta promulgua une
loi qui érigeait au rang des délits criminels la non-exé-
cution des contrats souscrits par les paysans pour la
culture de l'indigo. Le jugement de ces délits fut attri-
bué à des magistrats spéciaux, prononçant sans appel.
De ces mesures sortit une situation telle que le gou-
vernement indien dut nommer une commission d'en-
quête pour examiner l'état des districts produisant
l'indigo dans le Bengale. Ce sont les résultats de ceite
enquête qu'analysait en ces termes devant la Chambre
des communes M. Layard, auquel nous laissons main-
tenant la parole :
« .- Le Ryot est un tenancier possédant une sorte de
droit de tenure et il est, sous tous les points de vue, le
possesseur du sol. Mais les avances, une fois faites, il
devient attaché à la glèbe, et n'est plus rien qu'un es-
clave. Le planteur occupe sa terre dès qu'il est ruiné.
Des hommes armés entrent dans sa propriété, démolis-
sent sa maison, coupent ses arbres, le traînent en prison
et le traitent de la manière la plus dure, M. Latour,
juge civil, a dit aux commissaires que, dans son dis-
trict, la main du planteur était systématiquement levée
contre la vie et la propriété du Ryot, système, ajoutait-
il, qui ne semblait reconnaître ni l'existence des magis-
trats sur terre, ni celle de Dieu au ciel. Ce magistrat
déclarait encore qu'on avait jeté beaucoup d'odieux sur
les missionnaires pour avoir dit qu'il n'arrivait pas une
seule caisse d'indigo en Angleterre qui ne fût souillée
de sang humain ; que pourtant il maintenait l'expres-
sion, qu'il l'adoptait dans son sens le plus large et le
plus complet, car il avait vu des Ryots tués à coups de
comme on l'a pu voir par les rapports que nous
avons déjà publiés et comme le confirme celui
que nous publions dans notre numéro actuel. De
nombreux logements, des villages entiers ont été
construits sur la ligne des opérations, et l'on peut
dire que, même en Europe, jamais entreprise n'a en-
touré de plus de soins et de garanties le bien être
de ses ouvriers.
Cependant, quelques voix en Angleterre se sont
élevées contre la prssibilité de la mise en pratique
de cette convention ; elles ont objecté que l'interven-
tion du gouvernement dans le recrutement des
ouvriers pouvait aller jusqu'à la contrainte et deve-
nir un travail forcé. Sur ce mot, elles se sont récriées
contre les abus d'un pareil procédé. Elles ont tracé
les tableaux les plus sombres de Faction oppres-
sive qu'elles attribuaient dans ces sortes de circons-
tances au gouvernement égyptien.
Nous avons répondu à toutes ces exagérations et
nous avons rappelé spécialement la facilité, l'ordre
et les résultats de parfaite salubrité avec lesquels le
canal Mahmoudiéh a été nettoyé en quinze jcurs, il y
a peu d'années, par des milliers de fellahs. Toutefois,
les préjugés ou les préventions ont persisté selon leur
coutume, et c'est pour ne laisser aucune prise à ces
susceptibilités et en même temps pour enlever ce pré-
texte aux objections politiques, que la Compagnie a
jugé convenable de recourir purement et simplement
au recrutement libre, c'est -à-dire à un mode d'engage-
ment tout à fait volontaire entre elle et les indigènes.
Cette résolution a été couronnée d'un plein succès
et nous ne saurions trop nous en applaudir, puisqu'elle
achève d'attester toute la moralité de l'entreprise et
sa popularité dans les contrées qui l'environnent.
Mais tout en nous félicitant de cette situation, nous
ne pouvons nous empêcher de rappeler nos argu-
ments contre les entraves que par ces réclamations
on opposait avec ou sans intention contre la large et
rapide poursuite des travaux. Nous disions qu'en
Angleterre on ne s'était nullement plaint que le gou-
vernement égyptien eût exécuté les terrassements
du chemin de fer d'Alexandrie au Caire et du Caire
à Suez par le système auquel on prétend donner le
nom de travail forcé. Nous disions encore que dans
cette thèse l'opposition anglaise, avant de chercher
une paille dans l'œil de son voisin, devrait un peu
plus sentir la poutre qui est dans le sien ; que les
travailleurs indiens, par exemple, étaient très-souvent
placés dans des conditions bien plus dures et bien
plus intolérables que les ouvriers employés aux tra-
vaux publics de l'Egypte.
Le dernier numéro du Moniteur industriel nous four-
nit à cet égard des renseignements authentiques et
que nous ne croyons pas indifférent de recueillir.
Ils font un parfait contraste avec ce qui se passe
en Égypte et surtout avec les mesures d'humanité
et les précautions de toute sorte prises par le règle-
ment du 20 juillet 1856, pour la sécurité et le bon
traitement des travailleurs de la Compagnie.
Après ces observations, il ne nous reste plus qu'à
reproduire sans autre commentaire l'article du Moni-
teur industriel. J. RosÉ.
Dans la séance du 19 de ce mois, M. Layard, mem-
bre de la Chambre des communes, a adressé au cabinet
une interpellation relative à la culture de l'indigo
dans le Bengale et aux abus qu'elle avait fait naître.
C'est donc un Anglais qui va nous révéler quelques-
uns des mystères de la domination anglaise dans ces
contrées. Mais les faits qu'il dénonce sont si exces-
sifs et si incroyables, que nous pensons devoir placer
son récit sous la garantie de ce certificat qui lui a
été décerné par M. Charles Wood, ministre au départe-
ment des Indes : « Chacune des syllabes prononcées
par l'honorable M. Layard est littéralement vraie. »
Quelques mots, d'abord, pour faire connaître les pré-
cédents.
Le planteur anglais ne produit point l'indigo lui-
même. Il s'adresse au cultivateur indigène ou paysan
(Ryot) qui répugne à cette culture, source d'oppression
pour lui, et le décide par de petites avances remboursa-
bles au moyen de la récolte qui doit lui être livrée. De
nombreuses discussions ne cessaient de s'élever entre
les Ryots et les planteurs. Ceux-ci accusaient les Ryots
d'être souvent infidèles à leurs engagements. Les Ryots
se plaignaient d'être horriblement exploités. Des troubles
s'ensuivirent. Le conseil de Calcutta promulgua une
loi qui érigeait au rang des délits criminels la non-exé-
cution des contrats souscrits par les paysans pour la
culture de l'indigo. Le jugement de ces délits fut attri-
bué à des magistrats spéciaux, prononçant sans appel.
De ces mesures sortit une situation telle que le gou-
vernement indien dut nommer une commission d'en-
quête pour examiner l'état des districts produisant
l'indigo dans le Bengale. Ce sont les résultats de ceite
enquête qu'analysait en ces termes devant la Chambre
des communes M. Layard, auquel nous laissons main-
tenant la parole :
« .- Le Ryot est un tenancier possédant une sorte de
droit de tenure et il est, sous tous les points de vue, le
possesseur du sol. Mais les avances, une fois faites, il
devient attaché à la glèbe, et n'est plus rien qu'un es-
clave. Le planteur occupe sa terre dès qu'il est ruiné.
Des hommes armés entrent dans sa propriété, démolis-
sent sa maison, coupent ses arbres, le traînent en prison
et le traitent de la manière la plus dure, M. Latour,
juge civil, a dit aux commissaires que, dans son dis-
trict, la main du planteur était systématiquement levée
contre la vie et la propriété du Ryot, système, ajoutait-
il, qui ne semblait reconnaître ni l'existence des magis-
trats sur terre, ni celle de Dieu au ciel. Ce magistrat
déclarait encore qu'on avait jeté beaucoup d'odieux sur
les missionnaires pour avoir dit qu'il n'arrivait pas une
seule caisse d'indigo en Angleterre qui ne fût souillée
de sang humain ; que pourtant il maintenait l'expres-
sion, qu'il l'adoptait dans son sens le plus large et le
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