Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 73
nous ne nous trompons, M. Moinier est un des ac -
tionnaires de la Compagnie universelle. Nous nous
empressons de citer la récente publication de l'ho-
norable écrivain
J. MONGIN.
Le lien des peuples.
« Encore une campagne, et l'isthme qui réunit deux
continents n'existera plus; encore un an, et l'antique
barrière de la nature croulera devant la civilisation.
» On a signalé les nombreux avantages résultant de
cette admirable entreprise, dont on ne saurait trop
glorifier et le souverain éclairé qui gouverne l'Egypte
et l'intrépide propulseur, l'honorable et très-persévérant
Ferdinand de Lesseps. On a fait remarquer que cette
voie nouvelle abrégerait de 3,000 lieues sur 6,000
en moyenne la route par le cap. De plus, le di-
recteur général et l'estimable journal des deux mers,
qui rendent à l'exécution de cette merveille de si no-
tab'es services, ont prouvé que de l'ouverture de cette
écluse s'échapperaient d'immenses richesses, dont pro-
fiteraient largement surtout les contrées intermédiaires.
Qu'il nous soit permis d'ajouter à ce sujet quelques ré-
flexions.
» Si les rives de l'Allemagne et de la Baltique doi-
vent retirer de si grands bienfaits d'une route directe
à travers de belles mers et sous un ciel clément ; si
des peuples habitant les deux extrémités du diamètre
du globe sont assez heureux pour être favorisés de
cette immense abréviation, de quelles prospérités ne
jouiront pas les nations limitrophes? Alexandrie et
Suez, par exemple, qui se donnent la main à travers
une langue de terre de 60 lieues à peine, et dont
les navires toutefois ne pourraient fraterniser que par
une navigation de 4,500 lieues ? Il est vrai que le che-
min de fer, reliant ces deux villes par le Caire, vient
en aide au transport des marchandises; mais c'est d'une
façon bien plus onéreuse. En outre , les besoins de
l'Egypte ne se bornent pas au simple commerce de
consommation : cette célèbre et riche vallée fonde le
développement de sa prospérité future sur ses relations
extérieures, ses rapports immédiats avec les peuples
des zones opposées qu'elle sépare, l'ouverture du port
Saïd, l'agrandissement de celui de Suez et la création
sur le lac du splendide port de Timsah, appelé à deve-
nir le vaste entrepôt des marchandises du monde entier
moins le nouveau.
» En circonscrivant les effets de la coupure de l'is-
thme aux seuls rivages de la Méditerranée et du golfe
Arabique et jetant les yeux sur la mappemonde, on
aperçoit au nord-ouest neuf peuples, séparés de deux
autres au sud-est par 4 et 5,000 lieues de mers,
et qui, lors de l'ouverture du passage, n'auront
plus à faire qu'un tiers, un quart ou un dixième du
chemin, selon leurs distances respectives de Suez et du
port Saïd. Ce sont : à l'Occident, l'Espagne, la France,
l'Italie, l'Autriche, la Grèce, la Turquie, la régence de
Tunis, le Maroc et l'Egypte; à l'Orient, l'Egypte en-
core, l'Abyssinie et l'Arabie. D'un côté, de fertiles ré-
gions et 3,000 lieues de littoral sur lequel l'Es-
pagne possède sept ports magnifiques, j'y comprends
Cadix et Algésiras, situés sur l'Océan, mais tout proches
du détroit; la France avec ses possessions au nord de
l'Afrique, six; la Presqu'île, quatorze; l'Autriche, trois
ou quatre ; la Grèce, cinq, je ne parle que des plus im-
portants ; la Régence et le Maroc, quatre. La Turquie
ouvre aux navires de nombreux et prospères asiles,
mais nous ne citerons que ses deux ports géants, Cons-
tantinople et Smyrne, où se négocie un monde d'af-
faires.
» De l'autre, sur une double ligne de 500
lieues, Suez, en Egypte, et vers l'Abyssinie divers ports
à peine connus de nos navigateurs, entre autres, Mas-
souha, dont le souverain a, dit-on, fait hommage au
gouvernement français; et il existe sur le rivage op-
posé, le long de l'Hedjaz et de l'Yémen, les ports de
Djeddah et Moka.
» Dans trois années les travaux du percement seront
finis. Que verrons-nous alors? Toutes les richesses de
l'Orient traverser le Bosphore, les unes en transit, les
autres d'un trait; Constantinople et Smyrne devenir
d'immenses bazars où s'approvisionneront l'Asie Mi-
neure, la petite Russie et l'Autriche orientale ; Marseille,
une florissante capitale du sud de la France, renfermer
bientôt dans son enceinte un million d'âmes, exporter
par la ligne de Lyon les utiles ou brillants produits de
l'est et du nord de la France, et y ramener les impor-
tations de la Chine, du Japon .et de l'Inde ; Trieste, le
dépôt du midi de l'Allemagne ; et Barcelone, Cadix et
Malaga, les centres maritimes de la plus fertile moitié
de l'Espagne. Nous assisterons à la transformation mo-
rale du Maroc, car Tanger etTétouan, s'enrichissant et
se polissant par le commerce extérieur, adouciront les
mœurs d'un peuple encore à demi barbare, et substi-
tueront insensiblement aux coûteux arrivages par ca-
ravanes les immenses transports par navires. Enfin,
Alger et Oran, grâce à la possession de Lagouath au
sud de l'Atlas, et à la soumission de la puissante tribu
des Touaregs, à l'entrée du grand désert de Saharali,
établiront dans l'intérieur de nos possessions, et jusqu'à
Tombouctou, un double courant commercial (1). C'est
ainsi qu:, par une œuvre plus simple assurément que
ne l'a été celle du canal du Languedoc, eu égard sur-
tout aux progrès de l'hydrostatique et des arts méca-
niques, le bien-être matériel grandira dans le monde
entier au rapide échange des productions du sol et
de celles de l'industrie ; et, ce qui est assurément bien
préférable, nous verrons le pacifique et civilisateur es-
prit chrétien achever son œuvre.
» Déjà, et même pour les longues traversées, la vapeur
fait une dangereuse concurrence à la navigation à voi-
les ; que sera-ce lorsque l'Océan se frayera un nouveau
passage dans notre mer intérieure, et surtout quand
l'ndustrie aura découvert en Abyssinie, et les géolo-
gues pensent qu'il en existe, des bassins houillers.
Alors tombera l'antique toil'e, alors règnera sans par-
tage le monstre de fer qui navigue avec la mer et le
vent debout et arrive à jour fixe.
» Que les esprits récalcitrants, s'il en existe encore,
jettent les yeux sur l'impartial et judicieux journal
(1) Déjà, et il y a à peine quelques mois, l'essai en a été tenté
par les ordres du gouvernement.
nous ne nous trompons, M. Moinier est un des ac -
tionnaires de la Compagnie universelle. Nous nous
empressons de citer la récente publication de l'ho-
norable écrivain
J. MONGIN.
Le lien des peuples.
« Encore une campagne, et l'isthme qui réunit deux
continents n'existera plus; encore un an, et l'antique
barrière de la nature croulera devant la civilisation.
» On a signalé les nombreux avantages résultant de
cette admirable entreprise, dont on ne saurait trop
glorifier et le souverain éclairé qui gouverne l'Egypte
et l'intrépide propulseur, l'honorable et très-persévérant
Ferdinand de Lesseps. On a fait remarquer que cette
voie nouvelle abrégerait de 3,000 lieues sur 6,000
en moyenne la route par le cap. De plus, le di-
recteur général et l'estimable journal des deux mers,
qui rendent à l'exécution de cette merveille de si no-
tab'es services, ont prouvé que de l'ouverture de cette
écluse s'échapperaient d'immenses richesses, dont pro-
fiteraient largement surtout les contrées intermédiaires.
Qu'il nous soit permis d'ajouter à ce sujet quelques ré-
flexions.
» Si les rives de l'Allemagne et de la Baltique doi-
vent retirer de si grands bienfaits d'une route directe
à travers de belles mers et sous un ciel clément ; si
des peuples habitant les deux extrémités du diamètre
du globe sont assez heureux pour être favorisés de
cette immense abréviation, de quelles prospérités ne
jouiront pas les nations limitrophes? Alexandrie et
Suez, par exemple, qui se donnent la main à travers
une langue de terre de 60 lieues à peine, et dont
les navires toutefois ne pourraient fraterniser que par
une navigation de 4,500 lieues ? Il est vrai que le che-
min de fer, reliant ces deux villes par le Caire, vient
en aide au transport des marchandises; mais c'est d'une
façon bien plus onéreuse. En outre , les besoins de
l'Egypte ne se bornent pas au simple commerce de
consommation : cette célèbre et riche vallée fonde le
développement de sa prospérité future sur ses relations
extérieures, ses rapports immédiats avec les peuples
des zones opposées qu'elle sépare, l'ouverture du port
Saïd, l'agrandissement de celui de Suez et la création
sur le lac du splendide port de Timsah, appelé à deve-
nir le vaste entrepôt des marchandises du monde entier
moins le nouveau.
» En circonscrivant les effets de la coupure de l'is-
thme aux seuls rivages de la Méditerranée et du golfe
Arabique et jetant les yeux sur la mappemonde, on
aperçoit au nord-ouest neuf peuples, séparés de deux
autres au sud-est par 4 et 5,000 lieues de mers,
et qui, lors de l'ouverture du passage, n'auront
plus à faire qu'un tiers, un quart ou un dixième du
chemin, selon leurs distances respectives de Suez et du
port Saïd. Ce sont : à l'Occident, l'Espagne, la France,
l'Italie, l'Autriche, la Grèce, la Turquie, la régence de
Tunis, le Maroc et l'Egypte; à l'Orient, l'Egypte en-
core, l'Abyssinie et l'Arabie. D'un côté, de fertiles ré-
gions et 3,000 lieues de littoral sur lequel l'Es-
pagne possède sept ports magnifiques, j'y comprends
Cadix et Algésiras, situés sur l'Océan, mais tout proches
du détroit; la France avec ses possessions au nord de
l'Afrique, six; la Presqu'île, quatorze; l'Autriche, trois
ou quatre ; la Grèce, cinq, je ne parle que des plus im-
portants ; la Régence et le Maroc, quatre. La Turquie
ouvre aux navires de nombreux et prospères asiles,
mais nous ne citerons que ses deux ports géants, Cons-
tantinople et Smyrne, où se négocie un monde d'af-
faires.
» De l'autre, sur une double ligne de 500
lieues, Suez, en Egypte, et vers l'Abyssinie divers ports
à peine connus de nos navigateurs, entre autres, Mas-
souha, dont le souverain a, dit-on, fait hommage au
gouvernement français; et il existe sur le rivage op-
posé, le long de l'Hedjaz et de l'Yémen, les ports de
Djeddah et Moka.
» Dans trois années les travaux du percement seront
finis. Que verrons-nous alors? Toutes les richesses de
l'Orient traverser le Bosphore, les unes en transit, les
autres d'un trait; Constantinople et Smyrne devenir
d'immenses bazars où s'approvisionneront l'Asie Mi-
neure, la petite Russie et l'Autriche orientale ; Marseille,
une florissante capitale du sud de la France, renfermer
bientôt dans son enceinte un million d'âmes, exporter
par la ligne de Lyon les utiles ou brillants produits de
l'est et du nord de la France, et y ramener les impor-
tations de la Chine, du Japon .et de l'Inde ; Trieste, le
dépôt du midi de l'Allemagne ; et Barcelone, Cadix et
Malaga, les centres maritimes de la plus fertile moitié
de l'Espagne. Nous assisterons à la transformation mo-
rale du Maroc, car Tanger etTétouan, s'enrichissant et
se polissant par le commerce extérieur, adouciront les
mœurs d'un peuple encore à demi barbare, et substi-
tueront insensiblement aux coûteux arrivages par ca-
ravanes les immenses transports par navires. Enfin,
Alger et Oran, grâce à la possession de Lagouath au
sud de l'Atlas, et à la soumission de la puissante tribu
des Touaregs, à l'entrée du grand désert de Saharali,
établiront dans l'intérieur de nos possessions, et jusqu'à
Tombouctou, un double courant commercial (1). C'est
ainsi qu:, par une œuvre plus simple assurément que
ne l'a été celle du canal du Languedoc, eu égard sur-
tout aux progrès de l'hydrostatique et des arts méca-
niques, le bien-être matériel grandira dans le monde
entier au rapide échange des productions du sol et
de celles de l'industrie ; et, ce qui est assurément bien
préférable, nous verrons le pacifique et civilisateur es-
prit chrétien achever son œuvre.
» Déjà, et même pour les longues traversées, la vapeur
fait une dangereuse concurrence à la navigation à voi-
les ; que sera-ce lorsque l'Océan se frayera un nouveau
passage dans notre mer intérieure, et surtout quand
l'ndustrie aura découvert en Abyssinie, et les géolo-
gues pensent qu'il en existe, des bassins houillers.
Alors tombera l'antique toil'e, alors règnera sans par-
tage le monstre de fer qui navigue avec la mer et le
vent debout et arrive à jour fixe.
» Que les esprits récalcitrants, s'il en existe encore,
jettent les yeux sur l'impartial et judicieux journal
(1) Déjà, et il y a à peine quelques mois, l'essai en a été tenté
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