Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
50 L'ISTHME DE SUEZ,
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Nos nouvelles de l'isthme seraient complétement
satisfaisantes, si elles ne se mêlaient au récit de mal-
heureux accidents maritimes survenus à la; suite de
la tempête qui a sévi sur toute la côte égyptienne
dans la journée du 24 janvier.
A Alexandrie de nombreuses et très-graves avaries
ont été éprouvées parmi les navires qui s'y trouvaient
stationnés. On cite entre autres sinistres le bâtiment
mecklembourgeois Levetzon Leckendorlf qui s'est brisé
et abîmé en entrant dans le port.
Dans le boghaz de Damiette, c'est-à-dire à l'entrée
du Nil, deux naufrages étaient signalés .dans lesquels
on disait que quatorze hommes avaient péri.
Dans la baie de Péluse la violence du coup de vent
s'est fait également ressentir. Quatre navires étaient
en ce moment sur la rade : 1° le Saint-Louis appar-
tenant à la Compagnie, sur lest et attendant au
large une embellie pour gagner Alexandrie ; 2° le
Benfa, capitaine Borie, appartenant à un armateur
de Marseille, sur lest; 30 l'Annetta, navire turc, ap-
partenant à la Compagnie, chargé de pierres et
de bois, et dont le déchargement était commencé ;
4° YAnnette, sous pavillon, français, capitaine Leroy,
appartenant à la Compagnie, et chargé de pierres et
de chaux.
Le Saint-Louis n'a subi aucune avarie ; le Benfa,
mouillé près de la côte et amarré court, eut ses
amarres et ses chaînes brisées. Entraîné à la dérive,
il dut couper son grand mât pour résister aux as-
sauts du vent, et vint enfin s'arrêter à la hauteur de
la tour d' Oum- Fa reg
On envoya une grande embarcation chercher à
bord les hommes qui furent reçus sains et saufs dans
le campement mobile par lequel on avait fait suivre
parallèlement sur le rivage la marche du bâtiment
en détresse.
Des ordres furent donnés pour qu'on fournît au
capitaine Borie les agrès de rechange dont il aurait
besoin. Le capitaine a demandé un bateau à vapeur
d'Alexandrie pour le remorquer dans ce port.
Dès les premières attaques de la tempête, l'An-
netta (turc) perdit son gouvernail ; ce qui semblerait
indiquer un manque de précautions. Bientôt, et sa
chaîne s'étant probablement cassée, ce bâtiment se
mit en dérive. Malheureusement, dans sa manœuvre
pour jeter une deuxième ancre, sa chaîne s'enfourcha
Eur celle qui retenait l'Annette. Sous cet effort, les
chaînes des ancres de la bouée furent rompues, et
l'Annette et YAnnetta commencèrent à dériver de con-
serve, leurs chaînes embarrassées les unes dans les
autres. Les deux navires enfin parvinrent à se déga-
ger et à reprendre la liberté et l'indépendance de leurs
mouvements. Alors on vit YAnnetta descendre rapi-
dement, en suivant à peu près la même route que
le Benfa ; mais, arrivée au delà d'Oum-Fareg, et le
vent s'étant un peu calmé, elle mit à la voile, et,
s'éloignant parallèlement à la côte, elle disparut dans
l'obscurité du soir, du côté de la Syrie.
L'Annette fut plus malheureuse : après avoir lutté
contre tant de circonstances fatales avec la plus
grande énergie, ayant 5 pieds d'eau dans sa cale, le
capitaine Leroy résolut de se jeter à la côte, afin de
sauver son équipage. Cette résolution fut exécutée ; à
400 mètres du rivage, le navire toucha et fut bientôt
brisé. Sur neuf hommes dont se composait l'équipage,
cinq, dont le second du navire, se. sauvèrent à la
nage ; un sixième fut recueilli et rappelé à la vie ; le
capitaine, le mousse et un matelot n'ont pas été re-
trouvés. On n'avait pas encore de nouvelles de l'An-
netta, mais on espérait en recevoir bientôt.
Nous ne saurions trop déplorer la perte des trois
victimes de ce triste événement ; c'est là le côté
pénible de ce sinistre, le navire étant assuré et le
dommage occasionné à la Compagnie se bornant à
une cargaison de pierres venues du Mex. Toutefois,
dans ces circonstances, les ingénieurs et les hommes
de mer sont d'avis qu'il n'y a rien qui puisse infir-
mer les expériences déjà faites sur la sécurité de la
rade ; de mauvaises dispositions, un amarrage trop
court, l'accident causé dans les manœuvres de YAn-
nette (française) par csllcs de Y Anneita (turque), ex-
pliquent suffisamment ILS désordres qui ont amené la
catastrophe de l'un de ces navires.
Une tempête terrible soufflant de l'Orient, vient
aussi de ravager les côtes d'Angleterre, et les ré-
sultats ont été bien autrement désastreux. On en
pourra juger d'après les détails que nous apporte
sur ce lamentable événement le Manchester Guarlian
du 11 février.
« On trouvera, dit ce journal, dans une autre partie
» de nos colonnes des détails déchirants sur les désas-
» tres occasionnés vers les côtes orientales de l'Angle-
» terre et de l'Irlande, par l'ouragan des 8 et 9 de ce mois.
» Les rapports d'Hartlepool sont désolants ; toute une
» flotte de navires a été perdue dans ce port ou dans
» son voisinage, et le sacrifice des existences humai-
» nés a été effrayant. Whitby fournit aussi sa mélan-
» colique liste de naufrages, et nous ajoutons avec re-
D gret que douze braves gens montant le bateau de
» sauvetage et allant au secours de l'équipage d'un na-
» vire jeté sur les rochers ont péri en luttant vaillam-
» ment contre la tempête. Le bateau a chaviré, et quoi-
» que les hommes fussent pourvus de ceintures de
» sauvetage, aucun d'eux n'a pu être sauvé. Les scè-
» nés, dans les ports de la Tyne, ont eu le caractère le
» plus terrible ; et nous apprenons de Liverpool que
» les avis d'Irlande annoncent les plus sérieux sinis-
» très. Une catastrophe des plus lamentables a eu lieu
» à Kingstown, où la tempête s'est fait cruellement
» sentir. Le capitaine Boyd, commandant l'Ajàx, de la
» marine royale, cherchant à sauver l'équipage d'un
» navire jeté sur la côte, a été enlevé par une énorme
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Nos nouvelles de l'isthme seraient complétement
satisfaisantes, si elles ne se mêlaient au récit de mal-
heureux accidents maritimes survenus à la; suite de
la tempête qui a sévi sur toute la côte égyptienne
dans la journée du 24 janvier.
A Alexandrie de nombreuses et très-graves avaries
ont été éprouvées parmi les navires qui s'y trouvaient
stationnés. On cite entre autres sinistres le bâtiment
mecklembourgeois Levetzon Leckendorlf qui s'est brisé
et abîmé en entrant dans le port.
Dans le boghaz de Damiette, c'est-à-dire à l'entrée
du Nil, deux naufrages étaient signalés .dans lesquels
on disait que quatorze hommes avaient péri.
Dans la baie de Péluse la violence du coup de vent
s'est fait également ressentir. Quatre navires étaient
en ce moment sur la rade : 1° le Saint-Louis appar-
tenant à la Compagnie, sur lest et attendant au
large une embellie pour gagner Alexandrie ; 2° le
Benfa, capitaine Borie, appartenant à un armateur
de Marseille, sur lest; 30 l'Annetta, navire turc, ap-
partenant à la Compagnie, chargé de pierres et
de bois, et dont le déchargement était commencé ;
4° YAnnette, sous pavillon, français, capitaine Leroy,
appartenant à la Compagnie, et chargé de pierres et
de chaux.
Le Saint-Louis n'a subi aucune avarie ; le Benfa,
mouillé près de la côte et amarré court, eut ses
amarres et ses chaînes brisées. Entraîné à la dérive,
il dut couper son grand mât pour résister aux as-
sauts du vent, et vint enfin s'arrêter à la hauteur de
la tour d' Oum- Fa reg
On envoya une grande embarcation chercher à
bord les hommes qui furent reçus sains et saufs dans
le campement mobile par lequel on avait fait suivre
parallèlement sur le rivage la marche du bâtiment
en détresse.
Des ordres furent donnés pour qu'on fournît au
capitaine Borie les agrès de rechange dont il aurait
besoin. Le capitaine a demandé un bateau à vapeur
d'Alexandrie pour le remorquer dans ce port.
Dès les premières attaques de la tempête, l'An-
netta (turc) perdit son gouvernail ; ce qui semblerait
indiquer un manque de précautions. Bientôt, et sa
chaîne s'étant probablement cassée, ce bâtiment se
mit en dérive. Malheureusement, dans sa manœuvre
pour jeter une deuxième ancre, sa chaîne s'enfourcha
Eur celle qui retenait l'Annette. Sous cet effort, les
chaînes des ancres de la bouée furent rompues, et
l'Annette et YAnnetta commencèrent à dériver de con-
serve, leurs chaînes embarrassées les unes dans les
autres. Les deux navires enfin parvinrent à se déga-
ger et à reprendre la liberté et l'indépendance de leurs
mouvements. Alors on vit YAnnetta descendre rapi-
dement, en suivant à peu près la même route que
le Benfa ; mais, arrivée au delà d'Oum-Fareg, et le
vent s'étant un peu calmé, elle mit à la voile, et,
s'éloignant parallèlement à la côte, elle disparut dans
l'obscurité du soir, du côté de la Syrie.
L'Annette fut plus malheureuse : après avoir lutté
contre tant de circonstances fatales avec la plus
grande énergie, ayant 5 pieds d'eau dans sa cale, le
capitaine Leroy résolut de se jeter à la côte, afin de
sauver son équipage. Cette résolution fut exécutée ; à
400 mètres du rivage, le navire toucha et fut bientôt
brisé. Sur neuf hommes dont se composait l'équipage,
cinq, dont le second du navire, se. sauvèrent à la
nage ; un sixième fut recueilli et rappelé à la vie ; le
capitaine, le mousse et un matelot n'ont pas été re-
trouvés. On n'avait pas encore de nouvelles de l'An-
netta, mais on espérait en recevoir bientôt.
Nous ne saurions trop déplorer la perte des trois
victimes de ce triste événement ; c'est là le côté
pénible de ce sinistre, le navire étant assuré et le
dommage occasionné à la Compagnie se bornant à
une cargaison de pierres venues du Mex. Toutefois,
dans ces circonstances, les ingénieurs et les hommes
de mer sont d'avis qu'il n'y a rien qui puisse infir-
mer les expériences déjà faites sur la sécurité de la
rade ; de mauvaises dispositions, un amarrage trop
court, l'accident causé dans les manœuvres de YAn-
nette (française) par csllcs de Y Anneita (turque), ex-
pliquent suffisamment ILS désordres qui ont amené la
catastrophe de l'un de ces navires.
Une tempête terrible soufflant de l'Orient, vient
aussi de ravager les côtes d'Angleterre, et les ré-
sultats ont été bien autrement désastreux. On en
pourra juger d'après les détails que nous apporte
sur ce lamentable événement le Manchester Guarlian
du 11 février.
« On trouvera, dit ce journal, dans une autre partie
» de nos colonnes des détails déchirants sur les désas-
» tres occasionnés vers les côtes orientales de l'Angle-
» terre et de l'Irlande, par l'ouragan des 8 et 9 de ce mois.
» Les rapports d'Hartlepool sont désolants ; toute une
» flotte de navires a été perdue dans ce port ou dans
» son voisinage, et le sacrifice des existences humai-
» nés a été effrayant. Whitby fournit aussi sa mélan-
» colique liste de naufrages, et nous ajoutons avec re-
D gret que douze braves gens montant le bateau de
» sauvetage et allant au secours de l'équipage d'un na-
» vire jeté sur les rochers ont péri en luttant vaillam-
» ment contre la tempête. Le bateau a chaviré, et quoi-
» que les hommes fussent pourvus de ceintures de
» sauvetage, aucun d'eux n'a pu être sauvé. Les scè-
» nés, dans les ports de la Tyne, ont eu le caractère le
» plus terrible ; et nous apprenons de Liverpool que
» les avis d'Irlande annoncent les plus sérieux sinis-
» très. Une catastrophe des plus lamentables a eu lieu
» à Kingstown, où la tempête s'est fait cruellement
» sentir. Le capitaine Boyd, commandant l'Ajàx, de la
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