Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1861 15 janvier 1861
Description : 1861/01/15 (A6,N110). 1861/01/15 (A6,N110).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203263t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 21
façon d'agir ne serait à coup sûr ni honnête ni loyale
ou bien le Times aurait voulu, par cette publication,
protester contre l'intervention de la diplomatie bri-
tannique, proclamer l'intérêt de l'Angleterre à lais-
ser paisiblement se poursuivre l'œuvre commencée,
en dégageant l'honneur de son pays de toute res-
ponsabilité dans les chances et les accidents de l'exé-
cution.
Entre ces deux interprétations, nous n'hésitons pas
à choisir la dernière, et en cela nous pensons ne ren-
dre que stricte justice à l'honorabilité du Times. S'il
y avait lieu, nous n'hésiterions donc pas à faire un
appel à sa puissante initiative. Il faut que la Com-
pagnie achève ses travaux ; il faut que, si elle s'est fait
illusion et si elle a fait illusion au monde, elle ne
puisse point cacher son impuissance derrière le pré-
texte de cette opposition sournoise que le Times et
l'opinion publique désavouent ; il faut que l'entreprise
reste livrée à sa propre valeur, à son propre mérite, à
son propre résultat. Dans ces conditions l'Angleterre
n'a rien à y perdre. Si la Compagnie réussit, les na-
vires que le Times nous montre prêts à s'élancer de
tous les ports de la Grande-Bretagne, peuvent-mar-
cher vers la voie nouvelle sans que l'Angleterre ait
rien exposé pour les frais de son exécution ; si elle
ne réussit pas, c'est alors que le Times pourra se pré-
valoir de son intelligence et de sa prévoyance, et nous
accabler de cette verve vengeresse de sarcasmes dont
nous recevrons les traits en toute humilité et avec
toute confusion.
Mais pour cela, nous le répétons, il faut que le
Times, le premier, fasse bonne garde et qu'il nous
ménage dans la lutte que nous avons engagée prin-
cipalement pour son pays et pour son profit, d'après
ses propres aveux, ce que ses concitoyens n'ont ja-
mais refusé ni à leurs auxiliaires ni à leurs adver-
saires, et qu'ils expriment eux-mêmes par ce mot
populaire : fair plaij.
ERNEST DESPLACES.
LE TIIES ET LE CONSTITUTIONNEL.
A propos de l'article du Times, le Constitutionnel
du 1er janvier a adressé aussi au journal anglais les
observations suivantes :
«Le Times s'est inquiété, ces jours-ci, du canal de
Suez. Entendons-nous ; ses inquiétudes ne viennent plus
de l'exécution du canal en lui-même, mais de la lenteur
des travaux. Le percement ne marche pas assez vite à
son gré; aussi le Times nous gourmande et il nous
raille. Il prend la peine de nous représenter que l'An-
gleterre , presque seule, profitera de cette grande voie
universelle, et qu'elle a Je droit de se montrer impatiente.
Rien ne pouvait nous surprendre plus agréablement
qu'une pareille déclaration. Le Times avait soutenu jus-
qu'à présent que l'Angleterre n'avait aucun intérêt sé-
rieux dans le percement de l'isthme de Suez, et c'est
principalement en s'appuyant là-dessus qu'il 'avait dé-
tourné ses compatriotes de s'associer à l'entreprise. Nous
espérons donc qu'elle rencontrera désormais de l'autre
côté du détroit autant de sympathies qu'elle avait excité
jusqu'à présent de défiances plus ou moins sincères.
» Quant à l'état des travaux, il est permis de supposer
qu'ils auraient, en effet, marché plus vite, si la Compa-
gnie n'avait eu à lutter contre des difficultés inces-
santes, auxquelles le Times et ses amis n'étaient peut-
être pas étrangers. Mais nous pouvons lui certifier que
l'entreprise marche assez régulièrement et assez vite
pour rassurer complétement les intérêts des actionnaires
français, et pour calmer l'impatience du public britan-
nique , dont le Times a bien voulu se faire l'interprète
loyal et désintéressé.
» AUGUSTE VITU. »
L'OCCIDENT ET LA CHINE.
Nous trouvons dans le Journal des Débats un très-
remarquable article, que nous ne saurions trop re-
commander à l'attention de nos lecteurs. L'écrivain
est frappé, comme nous l'avons été nous-même, des
résultats promis à la civilisation et au commerce
européen par la paix qui vient d'être conclue avec
le Céleste-Empire ; il fait ressortir avec une haute
autorité toute l'utilité du canal de Suez en face de
ces circonstances nouvelles, et les avantages que de
son côté la large ouverture de la Chine ne peut
manquer de produire au profit de l'entreprise ; il ré-
sume enfin l'une des conséquences les plus directes
de l'expédition anglo-française par cette phrase heu-
reuse et caractéristique : « En plantant leur drapeau
» sur les murs de Pékin, Anglais et Français ont
» donné un vigoureux coup de pioche au canal de
» Suez. »
Nous nous garderons, au surplus, de décolorer par
nos commentaires l'ensemble des considérations dé-
veloppées dans ce beau travail sur le mouvement
maritime et commercial qui s'opère dans le monde.
Nous n'avons qu'à le livrer intégralement à l'appré-
JULES ROSÉ.
« Sans rien ôter, Dieu nous en garde ! au rôle con-
sidérable, si l'on veut même prépondérant, que jouent
dans la politique actuelle les armes perfectionnées aux
mains de soldats aguerris, nous ne croyons cependant
pas pouvoir attribuer exclusivement à la bravoure sans
égale des soldats alliés, à leurs canons rayés et à leurs
carabines, le succès presque fabuleux de la campagne
de Chine. Nous voulons dire que ce n'est pas la force
matérielle seule qui a dû faire réussir, au delà des pré-
visions les plus favorables , cette étrange aventure où
l'inconnu pouvait à chaque pas déjouer les calculs de la
prudence et de l'habileté. La disproportion du nombre
entre les combattants ne pouvait-elle pas à toute heure
changer le triomphe en désastre , et n'a-t-on pas en-
trevu le moment où la victoire trop rapide et trop fa-
cile semblait cacher un piège et allait devenir un dan-
ger?
façon d'agir ne serait à coup sûr ni honnête ni loyale
ou bien le Times aurait voulu, par cette publication,
protester contre l'intervention de la diplomatie bri-
tannique, proclamer l'intérêt de l'Angleterre à lais-
ser paisiblement se poursuivre l'œuvre commencée,
en dégageant l'honneur de son pays de toute res-
ponsabilité dans les chances et les accidents de l'exé-
cution.
Entre ces deux interprétations, nous n'hésitons pas
à choisir la dernière, et en cela nous pensons ne ren-
dre que stricte justice à l'honorabilité du Times. S'il
y avait lieu, nous n'hésiterions donc pas à faire un
appel à sa puissante initiative. Il faut que la Com-
pagnie achève ses travaux ; il faut que, si elle s'est fait
illusion et si elle a fait illusion au monde, elle ne
puisse point cacher son impuissance derrière le pré-
texte de cette opposition sournoise que le Times et
l'opinion publique désavouent ; il faut que l'entreprise
reste livrée à sa propre valeur, à son propre mérite, à
son propre résultat. Dans ces conditions l'Angleterre
n'a rien à y perdre. Si la Compagnie réussit, les na-
vires que le Times nous montre prêts à s'élancer de
tous les ports de la Grande-Bretagne, peuvent-mar-
cher vers la voie nouvelle sans que l'Angleterre ait
rien exposé pour les frais de son exécution ; si elle
ne réussit pas, c'est alors que le Times pourra se pré-
valoir de son intelligence et de sa prévoyance, et nous
accabler de cette verve vengeresse de sarcasmes dont
nous recevrons les traits en toute humilité et avec
toute confusion.
Mais pour cela, nous le répétons, il faut que le
Times, le premier, fasse bonne garde et qu'il nous
ménage dans la lutte que nous avons engagée prin-
cipalement pour son pays et pour son profit, d'après
ses propres aveux, ce que ses concitoyens n'ont ja-
mais refusé ni à leurs auxiliaires ni à leurs adver-
saires, et qu'ils expriment eux-mêmes par ce mot
populaire : fair plaij.
ERNEST DESPLACES.
LE TIIES ET LE CONSTITUTIONNEL.
A propos de l'article du Times, le Constitutionnel
du 1er janvier a adressé aussi au journal anglais les
observations suivantes :
«Le Times s'est inquiété, ces jours-ci, du canal de
Suez. Entendons-nous ; ses inquiétudes ne viennent plus
de l'exécution du canal en lui-même, mais de la lenteur
des travaux. Le percement ne marche pas assez vite à
son gré; aussi le Times nous gourmande et il nous
raille. Il prend la peine de nous représenter que l'An-
gleterre , presque seule, profitera de cette grande voie
universelle, et qu'elle a Je droit de se montrer impatiente.
Rien ne pouvait nous surprendre plus agréablement
qu'une pareille déclaration. Le Times avait soutenu jus-
qu'à présent que l'Angleterre n'avait aucun intérêt sé-
rieux dans le percement de l'isthme de Suez, et c'est
principalement en s'appuyant là-dessus qu'il 'avait dé-
tourné ses compatriotes de s'associer à l'entreprise. Nous
espérons donc qu'elle rencontrera désormais de l'autre
côté du détroit autant de sympathies qu'elle avait excité
jusqu'à présent de défiances plus ou moins sincères.
» Quant à l'état des travaux, il est permis de supposer
qu'ils auraient, en effet, marché plus vite, si la Compa-
gnie n'avait eu à lutter contre des difficultés inces-
santes, auxquelles le Times et ses amis n'étaient peut-
être pas étrangers. Mais nous pouvons lui certifier que
l'entreprise marche assez régulièrement et assez vite
pour rassurer complétement les intérêts des actionnaires
français, et pour calmer l'impatience du public britan-
nique , dont le Times a bien voulu se faire l'interprète
loyal et désintéressé.
» AUGUSTE VITU. »
L'OCCIDENT ET LA CHINE.
Nous trouvons dans le Journal des Débats un très-
remarquable article, que nous ne saurions trop re-
commander à l'attention de nos lecteurs. L'écrivain
est frappé, comme nous l'avons été nous-même, des
résultats promis à la civilisation et au commerce
européen par la paix qui vient d'être conclue avec
le Céleste-Empire ; il fait ressortir avec une haute
autorité toute l'utilité du canal de Suez en face de
ces circonstances nouvelles, et les avantages que de
son côté la large ouverture de la Chine ne peut
manquer de produire au profit de l'entreprise ; il ré-
sume enfin l'une des conséquences les plus directes
de l'expédition anglo-française par cette phrase heu-
reuse et caractéristique : « En plantant leur drapeau
» sur les murs de Pékin, Anglais et Français ont
» donné un vigoureux coup de pioche au canal de
» Suez. »
Nous nous garderons, au surplus, de décolorer par
nos commentaires l'ensemble des considérations dé-
veloppées dans ce beau travail sur le mouvement
maritime et commercial qui s'opère dans le monde.
Nous n'avons qu'à le livrer intégralement à l'appré-
JULES ROSÉ.
« Sans rien ôter, Dieu nous en garde ! au rôle con-
sidérable, si l'on veut même prépondérant, que jouent
dans la politique actuelle les armes perfectionnées aux
mains de soldats aguerris, nous ne croyons cependant
pas pouvoir attribuer exclusivement à la bravoure sans
égale des soldats alliés, à leurs canons rayés et à leurs
carabines, le succès presque fabuleux de la campagne
de Chine. Nous voulons dire que ce n'est pas la force
matérielle seule qui a dû faire réussir, au delà des pré-
visions les plus favorables , cette étrange aventure où
l'inconnu pouvait à chaque pas déjouer les calculs de la
prudence et de l'habileté. La disproportion du nombre
entre les combattants ne pouvait-elle pas à toute heure
changer le triomphe en désastre , et n'a-t-on pas en-
trevu le moment où la victoire trop rapide et trop fa-
cile semblait cacher un piège et allait devenir un dan-
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