Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1861 15 janvier 1861
Description : 1861/01/15 (A6,N110). 1861/01/15 (A6,N110).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203263t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
20 L'ISTHME DE SUEZ,
La France et M. deLesseps ne reculeront jamais devant
leur œuvre commune, ne nous priveront point du don
qu'il nous ont promis, et ne viendront point nous signi-
fier mesquinement qu'ils entendaient nous le faire
payer. Nous pensons avoir autant de droit à nous infor-
mer de temps à autre des progrès du canal de Suez, que
peut en avoir tout personnage officiel auquel il a été
voté un service d'argenterie à s'aller enquérir chez l'or-
févre si son pot à crème ou sa théière s'avancent. La
France nous a voté, la France nous a souscrit, la France
nous a promis un canal pour nos navires; nous sommes
à peu près les seuls qui ayons des navires trafiquant
avec l'Inde et l'Orient, et nous sommes naturellement
anxieux de savoir comment marche notre cadeau. »
Là-dessus Je Times, se fiant à des correspondants
infidèles, dont nous avons plusieurs fois signalé l'o-
rigine et l'intention, déplore que les travaux n'a-
vancent pas plus vite, craint même ingénument que
les ressources de la Compagnie soient épuisées, mais
il n'en tient pas moins à ce que le canal se fasse sans
lui, quoique pour lui, et il conclut son article en ces
termes :
« Après tout, ou il nous faut notre canal, ou si nous
ne l'avons pas, il faut au moins qu'avec des raisons ex-
cellentes et irréfutables on nous dise pourquoi. »
Comme pour notre part nous étions complétement
rassurés et édifiés sur la véracité des nouvelles qui
donnaient aux réflexions du Times cette tournure à
la fois ironique et lamentable, nous n'avions voulu
en recueillir que ce qu'elles contiennent en réalité de
sérieux et de consistant. Le Times nous déclare que
l'ouverture de l'isthme sera principalement avanta-
geuse à l'Angleterre ; que ses navires attendent avec
impatience le moment où ils pourront jouir de cette
route abrégée. Vingt-deux meetings composés de
l'élite des classes commerciales et industrielles, dans
toutes les grandes villes du Royaume-Uni, nous l'a-
vaient dit avant lui ; mais nous étions heureux d'en
constater l'attestation nouvelle dans les colonnes du
principal journal de l'Angleterre.
Le Times ajoute que la France et la Compagnie
sont engagées devant le monde à l'achèvement de ce
grand œuvre, qu'il y aurait honte pour elles à reculer,
et il les met en demeure non-seulement de persévé-
rer, mais encore de hâter par la vigueur de leurs
efforts le moment où le monde sympathique, où
l'Angleterre impatiente, pourront profiter de cette
belle voie de navigation. C'est encore un point sur
lequel nous ne saurions trop partager les sentiments
de l'écrivain. Que l'Angleterre, comme Salomon,
veuille utiliser le canal à son profit, sans participer
à ses dépenses, nous n'y faisons encore aucune objec-
tion, et nous ferons observer que toute objection
serait absurde, le capital social étant depuis long-
temps complété et constitué. Mais lorsque le canal,
comme nous prédit le Times, verra traverser ses
eaux par le commerce du monde,^nous sommes con-
vaincus qu'il pensera alors que ceux qui, ne voulant
point partager ses dépenses, se sont interdit le par-
tage de ses bénéfices, n'ont peut-être pas montré
toute la sagesse de Salomon.
Quoi qu'il en soit, nous avons pris acte des impa-
tiences, des déclarations, des engagements du Times,
et comme Roméo à Juliette nous lui disons : I take
thee al thy ivorcl; nous nous tenons à sa parole.
Pourvu que la Compagnie ne demande point d'ar-
gent à l'Angleterre, pourvu qu'elle démontre par le
fait que son entreprise est exécutable, pourvu qu'elle
pousse ses travaux avec énergie et rapidité, le Times
est complétement satisfait et tous ses vœux sont
exaucés ! Nous devons donc, et nous en avons déjà
pris note, compter sur lui pour combattre avec
nous toutes les entraves qui pourraient être opposées
à la marche ou au développement de ces mêmes
travaux, et l'occasion se présente immédiatement
d'invoquer son concours et de le mettre à l'œuvre.
Voici eu effet les renseignements que publie le
Journal français de Francfort dans son numéro du 12
de ce mois :
« Des lettres de Constantinople annoncent que sir
» Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre à Cons-
» tantinople, a récemment adressé au grand-vizir une
» note assez vive contre le canal de Suez. Ce der-
» nier s'est empressé de consulter M. de la Vallette.
» L'ambassadeur de France aurait fait observer à
» Kuprisli-Pacha que la question lui paraissait fort
» simple, la Porte ayant antérieurement déclaré que
» la canalisation de l'isthme était surtout d'un in-
» térêt européen, et qu'il n'avait rien de mieux que
» d'engager sir Henry Bulwer à communiquer ses
» observations aux grandes puissances. L'avis de
» M. de la Vallette aurait été suivi par le grand-
» vizir, et l'affaire en restait là aux dernières nou-
» velles. »
Nous n'avons point à nous porter juge de l'exacti-
tude ou de l'inexactitude de ce récit. Naturellement
le Times en sait probablement plus que nous, à qui la
démarche de l'ambassadeur britannique paraît peu
vraisemblable, devant l'opinion énergiquement ex-
primée sur le canal de Suez dans le parlement par
lord John Russell, chef du Foreign-Office, opinion ap-
puyée par de remarquables discours de MM. Glads-
tone et Millier Gibson, et par le vote de M. Sydney-
Herbert, tous trois, avec lord John Russell, membres
très-éminents et très-influents du cabinet actuel.
Si le Times, au moment où il rédigeait son article,
connaissait la tentative attribuée à sir Henry Bulwer,
son attitude est susceptible de deux interprétations :
ou il accusait la Compagnie d'apporter une lenteur
systématique à ses travaux, sachant qu'on avait tout
fait pour les ralentir et que les agents britanniques
travaillaient sur l'heure même à les arrêter, et cette
La France et M. deLesseps ne reculeront jamais devant
leur œuvre commune, ne nous priveront point du don
qu'il nous ont promis, et ne viendront point nous signi-
fier mesquinement qu'ils entendaient nous le faire
payer. Nous pensons avoir autant de droit à nous infor-
mer de temps à autre des progrès du canal de Suez, que
peut en avoir tout personnage officiel auquel il a été
voté un service d'argenterie à s'aller enquérir chez l'or-
févre si son pot à crème ou sa théière s'avancent. La
France nous a voté, la France nous a souscrit, la France
nous a promis un canal pour nos navires; nous sommes
à peu près les seuls qui ayons des navires trafiquant
avec l'Inde et l'Orient, et nous sommes naturellement
anxieux de savoir comment marche notre cadeau. »
Là-dessus Je Times, se fiant à des correspondants
infidèles, dont nous avons plusieurs fois signalé l'o-
rigine et l'intention, déplore que les travaux n'a-
vancent pas plus vite, craint même ingénument que
les ressources de la Compagnie soient épuisées, mais
il n'en tient pas moins à ce que le canal se fasse sans
lui, quoique pour lui, et il conclut son article en ces
termes :
« Après tout, ou il nous faut notre canal, ou si nous
ne l'avons pas, il faut au moins qu'avec des raisons ex-
cellentes et irréfutables on nous dise pourquoi. »
Comme pour notre part nous étions complétement
rassurés et édifiés sur la véracité des nouvelles qui
donnaient aux réflexions du Times cette tournure à
la fois ironique et lamentable, nous n'avions voulu
en recueillir que ce qu'elles contiennent en réalité de
sérieux et de consistant. Le Times nous déclare que
l'ouverture de l'isthme sera principalement avanta-
geuse à l'Angleterre ; que ses navires attendent avec
impatience le moment où ils pourront jouir de cette
route abrégée. Vingt-deux meetings composés de
l'élite des classes commerciales et industrielles, dans
toutes les grandes villes du Royaume-Uni, nous l'a-
vaient dit avant lui ; mais nous étions heureux d'en
constater l'attestation nouvelle dans les colonnes du
principal journal de l'Angleterre.
Le Times ajoute que la France et la Compagnie
sont engagées devant le monde à l'achèvement de ce
grand œuvre, qu'il y aurait honte pour elles à reculer,
et il les met en demeure non-seulement de persévé-
rer, mais encore de hâter par la vigueur de leurs
efforts le moment où le monde sympathique, où
l'Angleterre impatiente, pourront profiter de cette
belle voie de navigation. C'est encore un point sur
lequel nous ne saurions trop partager les sentiments
de l'écrivain. Que l'Angleterre, comme Salomon,
veuille utiliser le canal à son profit, sans participer
à ses dépenses, nous n'y faisons encore aucune objec-
tion, et nous ferons observer que toute objection
serait absurde, le capital social étant depuis long-
temps complété et constitué. Mais lorsque le canal,
comme nous prédit le Times, verra traverser ses
eaux par le commerce du monde,^nous sommes con-
vaincus qu'il pensera alors que ceux qui, ne voulant
point partager ses dépenses, se sont interdit le par-
tage de ses bénéfices, n'ont peut-être pas montré
toute la sagesse de Salomon.
Quoi qu'il en soit, nous avons pris acte des impa-
tiences, des déclarations, des engagements du Times,
et comme Roméo à Juliette nous lui disons : I take
thee al thy ivorcl; nous nous tenons à sa parole.
Pourvu que la Compagnie ne demande point d'ar-
gent à l'Angleterre, pourvu qu'elle démontre par le
fait que son entreprise est exécutable, pourvu qu'elle
pousse ses travaux avec énergie et rapidité, le Times
est complétement satisfait et tous ses vœux sont
exaucés ! Nous devons donc, et nous en avons déjà
pris note, compter sur lui pour combattre avec
nous toutes les entraves qui pourraient être opposées
à la marche ou au développement de ces mêmes
travaux, et l'occasion se présente immédiatement
d'invoquer son concours et de le mettre à l'œuvre.
Voici eu effet les renseignements que publie le
Journal français de Francfort dans son numéro du 12
de ce mois :
« Des lettres de Constantinople annoncent que sir
» Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre à Cons-
» tantinople, a récemment adressé au grand-vizir une
» note assez vive contre le canal de Suez. Ce der-
» nier s'est empressé de consulter M. de la Vallette.
» L'ambassadeur de France aurait fait observer à
» Kuprisli-Pacha que la question lui paraissait fort
» simple, la Porte ayant antérieurement déclaré que
» la canalisation de l'isthme était surtout d'un in-
» térêt européen, et qu'il n'avait rien de mieux que
» d'engager sir Henry Bulwer à communiquer ses
» observations aux grandes puissances. L'avis de
» M. de la Vallette aurait été suivi par le grand-
» vizir, et l'affaire en restait là aux dernières nou-
» velles. »
Nous n'avons point à nous porter juge de l'exacti-
tude ou de l'inexactitude de ce récit. Naturellement
le Times en sait probablement plus que nous, à qui la
démarche de l'ambassadeur britannique paraît peu
vraisemblable, devant l'opinion énergiquement ex-
primée sur le canal de Suez dans le parlement par
lord John Russell, chef du Foreign-Office, opinion ap-
puyée par de remarquables discours de MM. Glads-
tone et Millier Gibson, et par le vote de M. Sydney-
Herbert, tous trois, avec lord John Russell, membres
très-éminents et très-influents du cabinet actuel.
Si le Times, au moment où il rédigeait son article,
connaissait la tentative attribuée à sir Henry Bulwer,
son attitude est susceptible de deux interprétations :
ou il accusait la Compagnie d'apporter une lenteur
systématique à ses travaux, sachant qu'on avait tout
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