Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1861 15 janvier 1861
Description : 1861/01/15 (A6,N110). 1861/01/15 (A6,N110).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203263t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 31
rait douteuse. Suivant les historiens arabes, qui ne
fixent point de date à l'événement, ce serait un chrétien
de Syrie du nom de Faymiyoun, emmené captif à Nadje-
ran par des Bédouins, qui y prêcha le premier la reli-
gion de Jésus et y convertit un grand nombre des ha-
bitants (1). Ces mêmes historiens nous ont conservé les
noms de deux évêques de Nadjeran. Ce sont : Coss, fils
de Sonda, qui mourut vers l'an 606 de J.-C., et Abou
Haritha, fils d'Alcama, qui fut du nombre des ecclésias-
tiques et laïques qui se rendirent de Nadjeran àMédine,
vers l'année 630 ou 631 de J. C., pour y avoir une con-
férence avec le prophète Mahomet et soutenir contre
lui une controverse religieuse (2). Point n'est besoin
d'ajouter, je pense, qu'il ne reste aujourd'hui. aucune
trace de christianisme en Arabie.
Les chrétiens figurent pour un chiffre insignifiant
dans la population actuelle de Djeddah. A l'époque du
massacre de 1858,. on en comptait une trentaine envi-
ron, dont plus de la moitié fut impitoyablement égor-
gée ; aujourd'hui leur nombre est à peine de vingt in-
dividus, le personnel des consulats de France et d'An-
gleterre y compris.
La France et l'Angleterre seules sont représentées à
Djeddah et y entretiennent des consuls. Les sujets des
autres puissances qui résident ou. sont de passage à
Djeddah se placent naturellement sous la protection de
l'un ou de l'autre de ces deux consulats.
L'esprit de la population de Djeddah est en général
foncièrement mauvais et, je l'ai dit, imprégné à haute
dose du fanatisme le plus pur. Celui des Hadramis
surtout se distingue entre tous par ce double caractère.
Les Djeddaïens sont le plus souvent de mauvaise foi
dans leurs relations civiles et commerciales, même en-
tre eux ; méfiants à l'excès et cachant très-habilemeut,
sous des apparences de bonhomie, de cordialité et d'ob-
séquieuse urbanité, la jalousie, la haiue et le. profond
mépris qu'ils ressentent pour les Turcs et les chrétiens,
confondus par eux dans un même sentiment d'aver-
sion
Chez eux point de gens éclairés partisans des idées
de civilisation et désirant s'instruire ; tous, ou presque
tous, appartiennent à cette classe routinière des Ara-
bes instinctivement ennemis des innovations, de quelque
nature qu'elles soient, de quelque côté qu'elles leur
viennent, et qui pour rien au monde ne voudraient ap-
porter le plus mince changement à leur vie, à leurs
coutumes traditionnelles. Leurs mœurs sont générale-
ment assez austères, bien qu'ici, comme partout ailleurs,
il y ait bon nombre de filles perdues qui aident large-
ment les fils et même les chefs de famille à dissiper
leurs biens dans toutes sortes de désordres. L'igno-
rance de l'ensemble de la population est des plus gran-
des, et l'instruction de ceux qui passent pour lettrés ou
savants atteint le dernier degré de la médiocrité. On y
compte à peine une vingtaine d'individus qui aient fait
à la Mecque quelques études de la langue, de la religion
et de l'histoire de leur pays. J'en connais pour ma part
(1) Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme, tome Ier,
page 126.
(2) Id. Tome Ier, page 159, et tome III, page 275.
plus d'un qui se gratifie du titre de scheikh ou docteur
et qui sait à peine lire et encore moins écrire correcte-
ment. La ville ne possède d'ailleurs ni université ni biblio-
thèque, et les quelques pauvres écoles publiques qu'on y
voit ne sont fréquentées que par de rares élèves, enfants
presque en bas âge, aussi sales, fainéants et criards
que leurs doctes professeurs sont misérables et igno-
rants.
La population musulmane de Djeddah, à, l'exception
des Turcs, des Moghrabins et d'un bon nombre d'Egyp-
tiens, appartient exclusivement au rite chaféï. Les In-.
diens qui sont domiciliés ici professent le rite hanafi.
Il est inutile de m'étendre ici sur les quatre grandes
sectes orthodoxes qui forment la généralité de la grande
famille musulmane et qui, d'accord entre elles sur
la base fondamentale de l'islamisme, ne diffèrent les
unes des autres que dans la forme et sur des points peu
importants de pratique religieuse. Vous savez, comme
moi, que les musulmans sonnites ou traditionnistes, ainsi
appelés parce qu'ils suivent la loi traditionnelle tirée
des paroles pratiques de Mahomet dans ce qui n'est
pas expressément ordonné ou défendu par le Coran, se
divisent en quatre sectes dites orthodoxes qui ont pris
leur nom de quatre célèbres docteurs qui en ont for-
mulé et fixé les opinions. Ce sont : 1° les hanafis, qui
reconnaissent pour leur chef de doctrine Abou Hanifa,
fils de Thabet, surnommé El Nôman, né à Coufa l'an 80
de l'hégire, et mort à Bagdad en 150 ; 2" les malékis, qui
ont pour chef de secte Abou Abdallah Malek, fils de
Ens, fils d'Abou Amr el Asbéhi, né à Médine en 95 de
l'hégire et mort dans la même ville en 179, sous le ca-
lifat de Haroun Er-Rachid ; 3° les chafêïs, qui suivent les
préceptes du docteur Abou Abdallah Mohamed Ibn Edris
El Chafèï, né à Gazah, en Palestine, l'an 150 de l'hégire
et mort en Egypte en 204; 4° enfin les hambalis, qui ont
adopté la doctrine d'Ahmed Ibn Hambal El Chibani El
Merauzi, né à Bagdad en 164 et mort dans la même
ville en 241 de l'hégire.
Les Djeddaïens sont chafêïs ; aussi la principale mos-
quée de la ville appartient-elle à cette secte. Au surplus le
rite chafêï est celui qui domine presque exclusivement
dans le Hedjaz et dans le Yémen. Vous remarquerez que
je fais une réserve en disant presque exclusivement; c'est
qu'en effet bon nombre des habitants des provinces du
haut Hedjaz, de l'Assyr et du sud du Yémen, appartien-
nent à des sectes réputées hétérodoxes par les vrais mu-
sulmans, tels, par exemple, les wahabis qui suivent les
préceptes du cheik Mohamed Ibn Abd el Wahab, ce
Luther ou ce Calvin de l'islamisme qui jeta, vers la
moitié du XVIIIC siècle, dans le centre de l'Arabie, les
bases d'une nouvelle doctrine; tels aussi les zeïdiés,
partisans religieux de Zeïd Ibn Zeïn el Abedin Ibn Hos-
seïn Ibn Ali, célèbre et farouche sectateur du. VOIe siècle,
qui périt les armes à la main dans la ville de Coufa
l'année 222 deThégire (739 de J.-C).
Les chérifs, vous ne l'ignorez pas, sont les descendants
du prophète par Ali, son gendre, et Fathma, sa fille.
Dans tout le monde musulman ils jouissent d'une cer-
taine respectabilité, bien qu'on les voit parfois exercer
les industries les plus inférieures ; mais nulle part au-
tant que dans le Hedjaz et le Yémen ils ne sont estimés
rait douteuse. Suivant les historiens arabes, qui ne
fixent point de date à l'événement, ce serait un chrétien
de Syrie du nom de Faymiyoun, emmené captif à Nadje-
ran par des Bédouins, qui y prêcha le premier la reli-
gion de Jésus et y convertit un grand nombre des ha-
bitants (1). Ces mêmes historiens nous ont conservé les
noms de deux évêques de Nadjeran. Ce sont : Coss, fils
de Sonda, qui mourut vers l'an 606 de J.-C., et Abou
Haritha, fils d'Alcama, qui fut du nombre des ecclésias-
tiques et laïques qui se rendirent de Nadjeran àMédine,
vers l'année 630 ou 631 de J. C., pour y avoir une con-
férence avec le prophète Mahomet et soutenir contre
lui une controverse religieuse (2). Point n'est besoin
d'ajouter, je pense, qu'il ne reste aujourd'hui. aucune
trace de christianisme en Arabie.
Les chrétiens figurent pour un chiffre insignifiant
dans la population actuelle de Djeddah. A l'époque du
massacre de 1858,. on en comptait une trentaine envi-
ron, dont plus de la moitié fut impitoyablement égor-
gée ; aujourd'hui leur nombre est à peine de vingt in-
dividus, le personnel des consulats de France et d'An-
gleterre y compris.
La France et l'Angleterre seules sont représentées à
Djeddah et y entretiennent des consuls. Les sujets des
autres puissances qui résident ou. sont de passage à
Djeddah se placent naturellement sous la protection de
l'un ou de l'autre de ces deux consulats.
L'esprit de la population de Djeddah est en général
foncièrement mauvais et, je l'ai dit, imprégné à haute
dose du fanatisme le plus pur. Celui des Hadramis
surtout se distingue entre tous par ce double caractère.
Les Djeddaïens sont le plus souvent de mauvaise foi
dans leurs relations civiles et commerciales, même en-
tre eux ; méfiants à l'excès et cachant très-habilemeut,
sous des apparences de bonhomie, de cordialité et d'ob-
séquieuse urbanité, la jalousie, la haiue et le. profond
mépris qu'ils ressentent pour les Turcs et les chrétiens,
confondus par eux dans un même sentiment d'aver-
sion
Chez eux point de gens éclairés partisans des idées
de civilisation et désirant s'instruire ; tous, ou presque
tous, appartiennent à cette classe routinière des Ara-
bes instinctivement ennemis des innovations, de quelque
nature qu'elles soient, de quelque côté qu'elles leur
viennent, et qui pour rien au monde ne voudraient ap-
porter le plus mince changement à leur vie, à leurs
coutumes traditionnelles. Leurs mœurs sont générale-
ment assez austères, bien qu'ici, comme partout ailleurs,
il y ait bon nombre de filles perdues qui aident large-
ment les fils et même les chefs de famille à dissiper
leurs biens dans toutes sortes de désordres. L'igno-
rance de l'ensemble de la population est des plus gran-
des, et l'instruction de ceux qui passent pour lettrés ou
savants atteint le dernier degré de la médiocrité. On y
compte à peine une vingtaine d'individus qui aient fait
à la Mecque quelques études de la langue, de la religion
et de l'histoire de leur pays. J'en connais pour ma part
(1) Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme, tome Ier,
page 126.
(2) Id. Tome Ier, page 159, et tome III, page 275.
plus d'un qui se gratifie du titre de scheikh ou docteur
et qui sait à peine lire et encore moins écrire correcte-
ment. La ville ne possède d'ailleurs ni université ni biblio-
thèque, et les quelques pauvres écoles publiques qu'on y
voit ne sont fréquentées que par de rares élèves, enfants
presque en bas âge, aussi sales, fainéants et criards
que leurs doctes professeurs sont misérables et igno-
rants.
La population musulmane de Djeddah, à, l'exception
des Turcs, des Moghrabins et d'un bon nombre d'Egyp-
tiens, appartient exclusivement au rite chaféï. Les In-.
diens qui sont domiciliés ici professent le rite hanafi.
Il est inutile de m'étendre ici sur les quatre grandes
sectes orthodoxes qui forment la généralité de la grande
famille musulmane et qui, d'accord entre elles sur
la base fondamentale de l'islamisme, ne diffèrent les
unes des autres que dans la forme et sur des points peu
importants de pratique religieuse. Vous savez, comme
moi, que les musulmans sonnites ou traditionnistes, ainsi
appelés parce qu'ils suivent la loi traditionnelle tirée
des paroles pratiques de Mahomet dans ce qui n'est
pas expressément ordonné ou défendu par le Coran, se
divisent en quatre sectes dites orthodoxes qui ont pris
leur nom de quatre célèbres docteurs qui en ont for-
mulé et fixé les opinions. Ce sont : 1° les hanafis, qui
reconnaissent pour leur chef de doctrine Abou Hanifa,
fils de Thabet, surnommé El Nôman, né à Coufa l'an 80
de l'hégire, et mort à Bagdad en 150 ; 2" les malékis, qui
ont pour chef de secte Abou Abdallah Malek, fils de
Ens, fils d'Abou Amr el Asbéhi, né à Médine en 95 de
l'hégire et mort dans la même ville en 179, sous le ca-
lifat de Haroun Er-Rachid ; 3° les chafêïs, qui suivent les
préceptes du docteur Abou Abdallah Mohamed Ibn Edris
El Chafèï, né à Gazah, en Palestine, l'an 150 de l'hégire
et mort en Egypte en 204; 4° enfin les hambalis, qui ont
adopté la doctrine d'Ahmed Ibn Hambal El Chibani El
Merauzi, né à Bagdad en 164 et mort dans la même
ville en 241 de l'hégire.
Les Djeddaïens sont chafêïs ; aussi la principale mos-
quée de la ville appartient-elle à cette secte. Au surplus le
rite chafêï est celui qui domine presque exclusivement
dans le Hedjaz et dans le Yémen. Vous remarquerez que
je fais une réserve en disant presque exclusivement; c'est
qu'en effet bon nombre des habitants des provinces du
haut Hedjaz, de l'Assyr et du sud du Yémen, appartien-
nent à des sectes réputées hétérodoxes par les vrais mu-
sulmans, tels, par exemple, les wahabis qui suivent les
préceptes du cheik Mohamed Ibn Abd el Wahab, ce
Luther ou ce Calvin de l'islamisme qui jeta, vers la
moitié du XVIIIC siècle, dans le centre de l'Arabie, les
bases d'une nouvelle doctrine; tels aussi les zeïdiés,
partisans religieux de Zeïd Ibn Zeïn el Abedin Ibn Hos-
seïn Ibn Ali, célèbre et farouche sectateur du. VOIe siècle,
qui périt les armes à la main dans la ville de Coufa
l'année 222 deThégire (739 de J.-C).
Les chérifs, vous ne l'ignorez pas, sont les descendants
du prophète par Ali, son gendre, et Fathma, sa fille.
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