Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 527
cultivant les terres du désert à Makfar depuis six
mois, vinrent également m'apporter leurs plaintes,
en disant que les prisonniers seraient gardés à la
chaîne jusqu'à ce que tous leurs parents eussent quitté
les terres de la Compagnie.
Il Les gens de Salahieh sont les principaux cultiva-
teurs, dans le rayon de Maxamah à Makfar, des
terres concédées le long du canal d'eau douce. Sa-
lahieh est un pays peuplé ; mais on n'y cultive
guère que des dattiers et des céréales sur tout son
territoire. Il n'y a pas eu cette année trente feddans
semés en coton. Il est naturel que la population
cherche à porter son trop plein sur le champ im-
mense ouvert devant elle à la culture par la Com-
pagnie.
D'après les instructions de M. le président et les vô-
tres, monsieur l'agent supérieur, nous avons toujours
veillé avec le soin le plus scrupuleux à ce que la loi
égyptienne fût respectée dans les limites du do-
maine agricole; chacun de nos locataires est, par
une condition de son bail même, responsable de ses
hommes. Chaque fois que les agents légaux du gou-
vernement ont réclamé un habitant de nos conces-
sions, il lui a été représenté immédiatement, soit
pour être appelé en justice, ou en simple témoi-
gnage, soit pour faire partie de la conscription;
mais si nous respectons les lois du pays, nous avons
droit à ce qu'elles soient respectées à notre égard?
1 La plainte du 16 novembre dénotait une situation
grave; les cultivateurs de la Compagnie se trou-
vaient hors les lois, enlevés de force sur un terri-
toire qui n'était même pas celui qu'ils avaient quitté ;
ils devaient renoncer à tout échange de communi-
cations avec le reste du pays ; c'était en quelques
jours l'abandon des terres de Makfar par toutes les
familles de Salahieh ; peut-être même le départ du
Ouady d'une partie des habitants qui s'y sont établis
depuis un an.
1 Le 17, les employés du service agricole partirent
aux renseignements auprès des cheiks de Koreïne,
avec lesquels nous nous croyions en bonnes relations.
Il n'y eut moyen de rien apprendre de certain ;
aucun ne voulait dire la vérité. Ils laissèrent entendre
que les hommes étaient partis du marché de Koreïne
non point prisonniers, mais d'accord avec le cheik
de Salahieh.
Le 18, MM. Jules Voisin, de Carné et Yacoub Co-
hen, l'interprète, partirent pour Salahieh, chargés
de s'assurer si nos trois cultivateurs étaient libres ;
dans le cas où ils seraient prisonniers, de s'informer
en vertu de quel ordre légal ; de réclamer énergique-
ment leur mise en liberté, si l'arrestation était arbi-
traire ; enfin, de dresser une relation des faits, s'ils
ne pouvaient rien obtenir.
Ils se rendirent tout droit chez le cheik et placè-
rent deux chameliers du service agricole, qui les
avaient accompagnés, en observation devant la prison
pour constater, s'il y avait lieu, l'enlèvement des
prisonniers, dont il était nécessaire de vérifier la
présence. Quand le cheik et quelques notables de son
entourage furent rentrés, M. J. Voisin lui demanda
à voir les hommes de Makfar qu'il retenait prison-
niers, ou au moins en vertu de quel ordre il les dé-
tenait. Après un refus très-net de toute explication,
nos jeunes gens, malgré l'opposition du cheik, se
rendirent à la prison, où ils trouvèrent les trois cul-
tivateurs liés au cou par une chaîne fixée en terre,
avec les bras et les jambes dans des boîtes de bois
qui les empêchaient de faire aucun mouvement. C'é-
tait une véritable torture que M. Voisin demanda à
faire cesser immédiatement dans un premier mouve-
ment d'indignation bien naturelle ; mais voyant le
cheik et son entourage prendre une attitude mena-
çante, il s'assit avec M. de Carné et l'interprète devant
la prison, et déclara au cheik que trouvant des hom-
mes aussi maltraités en dehors de toute condamnation
légale, il allait attendre mes ordres sans quitter la
place et m'envoyer un courrier, afin que je pusse
venir constater moi-même la gravité d'un pareil fait.
Et, en effet, un des chameliers me fut expédié.
La population s'était rassemblée ; une foule de deux
cents hommes stationnaient devant nos employés, et
formaient un contraste, par leur attitude sympathique,
avec la contenance et l'embarras des cheiks. Ceux-
ci, au bout d'une demi-heure, vinrent demander qu'on
envoyât un second courrier arrêter le premier parti,
qu'il allait délivrer les hommes si l'on voulait en
donner un reçu. M. Voisin refusa de donner un reçu,
tant qu'on ne lui montrerait pas en vertu de quel
ordre l'arrestation avait eu lieu ; il déclara que ces
hommes étaient libres de rester à Salahieh, si cela
leur plaisait, qu'il ne venait pas les chercher pour
les ramener sur les terres de la Compagnie ; mais
que nous ne pouvions pas nous laisser enlever par
guet-apens et martyriser ainsi des indigènes parce
qu'ils étaient venus louer les terres de la Compagnie;
que le cheik présentât un ordre de la Mouderieh et
que nous obéirions à l'autorité égyptienne, mais à
elle seule.
Le cheik ayant répété plusieurs fois que ces hom-
mes étaient à lui. M. Voisin finit par lui demander,
à très-haute voix, combien de piastres il les avait
payés, et la foule qui entendait, manifesta tellement
son approbation de cette simple parole de justice et
de vérité, que les cheiks se décidèrent sans aucune
condition à relàcher les malheureux.
Ceux-ci voulurent venir m'annoncer eux-mêmes
leur mise en liberté, mais l'usage de leurs jambes
était paralysé. Il& ne purent franchir les 12 lieues
cultivant les terres du désert à Makfar depuis six
mois, vinrent également m'apporter leurs plaintes,
en disant que les prisonniers seraient gardés à la
chaîne jusqu'à ce que tous leurs parents eussent quitté
les terres de la Compagnie.
Il Les gens de Salahieh sont les principaux cultiva-
teurs, dans le rayon de Maxamah à Makfar, des
terres concédées le long du canal d'eau douce. Sa-
lahieh est un pays peuplé ; mais on n'y cultive
guère que des dattiers et des céréales sur tout son
territoire. Il n'y a pas eu cette année trente feddans
semés en coton. Il est naturel que la population
cherche à porter son trop plein sur le champ im-
mense ouvert devant elle à la culture par la Com-
pagnie.
D'après les instructions de M. le président et les vô-
tres, monsieur l'agent supérieur, nous avons toujours
veillé avec le soin le plus scrupuleux à ce que la loi
égyptienne fût respectée dans les limites du do-
maine agricole; chacun de nos locataires est, par
une condition de son bail même, responsable de ses
hommes. Chaque fois que les agents légaux du gou-
vernement ont réclamé un habitant de nos conces-
sions, il lui a été représenté immédiatement, soit
pour être appelé en justice, ou en simple témoi-
gnage, soit pour faire partie de la conscription;
mais si nous respectons les lois du pays, nous avons
droit à ce qu'elles soient respectées à notre égard?
1 La plainte du 16 novembre dénotait une situation
grave; les cultivateurs de la Compagnie se trou-
vaient hors les lois, enlevés de force sur un terri-
toire qui n'était même pas celui qu'ils avaient quitté ;
ils devaient renoncer à tout échange de communi-
cations avec le reste du pays ; c'était en quelques
jours l'abandon des terres de Makfar par toutes les
familles de Salahieh ; peut-être même le départ du
Ouady d'une partie des habitants qui s'y sont établis
depuis un an.
1 Le 17, les employés du service agricole partirent
aux renseignements auprès des cheiks de Koreïne,
avec lesquels nous nous croyions en bonnes relations.
Il n'y eut moyen de rien apprendre de certain ;
aucun ne voulait dire la vérité. Ils laissèrent entendre
que les hommes étaient partis du marché de Koreïne
non point prisonniers, mais d'accord avec le cheik
de Salahieh.
Le 18, MM. Jules Voisin, de Carné et Yacoub Co-
hen, l'interprète, partirent pour Salahieh, chargés
de s'assurer si nos trois cultivateurs étaient libres ;
dans le cas où ils seraient prisonniers, de s'informer
en vertu de quel ordre légal ; de réclamer énergique-
ment leur mise en liberté, si l'arrestation était arbi-
traire ; enfin, de dresser une relation des faits, s'ils
ne pouvaient rien obtenir.
Ils se rendirent tout droit chez le cheik et placè-
rent deux chameliers du service agricole, qui les
avaient accompagnés, en observation devant la prison
pour constater, s'il y avait lieu, l'enlèvement des
prisonniers, dont il était nécessaire de vérifier la
présence. Quand le cheik et quelques notables de son
entourage furent rentrés, M. J. Voisin lui demanda
à voir les hommes de Makfar qu'il retenait prison-
niers, ou au moins en vertu de quel ordre il les dé-
tenait. Après un refus très-net de toute explication,
nos jeunes gens, malgré l'opposition du cheik, se
rendirent à la prison, où ils trouvèrent les trois cul-
tivateurs liés au cou par une chaîne fixée en terre,
avec les bras et les jambes dans des boîtes de bois
qui les empêchaient de faire aucun mouvement. C'é-
tait une véritable torture que M. Voisin demanda à
faire cesser immédiatement dans un premier mouve-
ment d'indignation bien naturelle ; mais voyant le
cheik et son entourage prendre une attitude mena-
çante, il s'assit avec M. de Carné et l'interprète devant
la prison, et déclara au cheik que trouvant des hom-
mes aussi maltraités en dehors de toute condamnation
légale, il allait attendre mes ordres sans quitter la
place et m'envoyer un courrier, afin que je pusse
venir constater moi-même la gravité d'un pareil fait.
Et, en effet, un des chameliers me fut expédié.
La population s'était rassemblée ; une foule de deux
cents hommes stationnaient devant nos employés, et
formaient un contraste, par leur attitude sympathique,
avec la contenance et l'embarras des cheiks. Ceux-
ci, au bout d'une demi-heure, vinrent demander qu'on
envoyât un second courrier arrêter le premier parti,
qu'il allait délivrer les hommes si l'on voulait en
donner un reçu. M. Voisin refusa de donner un reçu,
tant qu'on ne lui montrerait pas en vertu de quel
ordre l'arrestation avait eu lieu ; il déclara que ces
hommes étaient libres de rester à Salahieh, si cela
leur plaisait, qu'il ne venait pas les chercher pour
les ramener sur les terres de la Compagnie ; mais
que nous ne pouvions pas nous laisser enlever par
guet-apens et martyriser ainsi des indigènes parce
qu'ils étaient venus louer les terres de la Compagnie;
que le cheik présentât un ordre de la Mouderieh et
que nous obéirions à l'autorité égyptienne, mais à
elle seule.
Le cheik ayant répété plusieurs fois que ces hom-
mes étaient à lui. M. Voisin finit par lui demander,
à très-haute voix, combien de piastres il les avait
payés, et la foule qui entendait, manifesta tellement
son approbation de cette simple parole de justice et
de vérité, que les cheiks se décidèrent sans aucune
condition à relàcher les malheureux.
Ceux-ci voulurent venir m'annoncer eux-mêmes
leur mise en liberté, mais l'usage de leurs jambes
était paralysé. Il& ne purent franchir les 12 lieues
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/54
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203259x/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203259x/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203259x/f7.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203259x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203259x
Facebook
Twitter