Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 555
» Pour prouver que le gouvernement ottoman et le
vice-roi sont opposés au percement de l'isthme, M. Neff-
tzer refuse donc aux Turcs des vues assez hautes et
assez larges pour comprendre l'importance de la jonc-
tion des deux mers. « Un patriotisme turc, étroit et
» borné, ne peut avoir pour l'entreprise, — dit M. Ncff-
» tzer, — que de l'indifférence, sinon de l'hostilité. »
» On ne nous accusera pas de partialité pour les
Turcs, et nos lecteurs savent que nous n'avons jamais
été portés à attribuer à cette race une grande aptitude
à la civilisation. Les ruines qu'elle a entassées partout
autour d'elle ne justifient que trop notre opinion ; mais
nous n'avons jamais porté la prévention jusqu'au point
de contester aux Turcs la faculté de comprendre leurs
intérêts les plus immédiats. Or, le percement de l'isthme
de Suez constitue pour eux un intérêt de premier ordre.
» La force des sultans est à la Mecque et à Médine
plus encore qu'à Constantinople. Que les villes saintes
leur soient enlevées, qu'ils cessent de posséder le tom-
beau du Prophète, que la direction de l'islam passe en
d'autres mains, et c'en est fait de leur autorité. Les
sultans ont donc un intérêt immense à se rapprocher
le plus possible des deux grands sanctuaires de leur
religion ; tout ce qui peut contribuer à faciliter leurs
communications avec l'Arabie, tout ce qui peut leur
permettre d'exercer une action rapide et énergique sur
les villes saintes, constitue pour eux un intérêt de pre-
mier ordre.
» Ces simples réflexions, dont la justesse ne saurait
échapper au public, ruinent de fond en comble le petit
système imaginé par le Temps pour battre en brèche la
Compagnie universelle du canal de Suez, car elles sont
confirmées par des témoignages historiques d'une im-
portance capitale.
» Lorsque Sélim Ier eut conquis l'Egypte en 1516-1517,
il adopta avec ardeur le projet de mettre en communi-
cation les deux mers, qui avait été suggéré au sultan
des mamelouks par le vénitien Marino Sanudo. Il ne lui
fut pas donné de réaliser ce travail gigantesque; il
mourut trois ans après la conquête de la vallée du Nil,
en léguant son projet à Soliman le Grand,qui mit la main
à l'œuvre, mais fut bientôt distrait de cette grande en-
treprise par les guerres terribles qui remplirent toute
la durée de son règne.
» Mohammed-Konolli, grand vizir de Soliman le Grand,
avait épousé l'idée féconde de Sélim 1er et la fit partager
à Sélim II. Nous rappellerons même que, dominé par la
grandeur de cette entreprise, le ministre avait été con-
duit à rêver en même temps la jonction de la mer
Caspienne avec la mer Noire par le Don et le Volga.
Ce dernier projet reçut même un commencement d'exé-
cution ; une armée immense de soldats et d'ouvriers
avait été dirigée sur les lieux; mais les Russes accou-
rurent et les Turcs durent battre en retraite.
1 Le percement de l'isthme de Suez passionna ensuite
l'un des souverains les plus remarquables de la Turquie,
Moustapha III, qui fit rédiger, par le baron de Tott, un
mémoire sur cette question et la mit sérieusement à
l'étude.
» A qui donc M. Nefftzer persuadera-t-il que les sul-
tants et les vizirs actuels, pressés de toutes parts par la
civilisation, n'aient pu s'élever à la hauteur de leurs
prédécesseurs ? Nous soutenons au contraire qu'ils ont
compris et embrassé avec ardeur la pensée de Sélim Ier,
de Soliman le Grand, de Sélim II, de Mohammed-Konolli
et de Moustapha, et nous en voyons la preuve formelle,
la preuve éclatante dans l'approbation vingt fois répé-
tée qu'ils ont exprimée à M. de Lesseps et aux ambassa-
deurs de France, d'Espagne et d'Autriche.
» L'obstacle n'est donc pas à Constantinople, mais à
Londres, et M. Nefftzer perd deux fois son temps en
s'efforçant d'égarer sur ce point l'opinion publique.
Quant au patriotisme dont il a pensé donner la preuve
en essayant de mettre l'Angleterre hors de cause, la
note du Moniteur, que nous avons plus haut reproduite,
fait assez comprendre comment le gouvernement lui-
même comprend ce patriotisme dans la question soulevée
entre la Compagnie universelle du canal de Suez et ses
adversaires.
» ALEX. BONNEAU. »
MONITEUR INDUSTRIEL.
Les avocats de la politique anglaise.
« S'il est un fait accepté, proclamé, non-seulement
en France, mais dans toute l'Europe, comme ayant
toute la puissance d'un axiome, c'est celui que, depuis
l'origine du projet du canal de Suez, le gouvernement
anglais n'a pas cessé de faire une opposition acharnée
et de susciter des obstacles de toute espèce à cette
entreprise. -
» Les calomnies contre la politique française, les dif-
famations les plus odieuses contre les personnes, les
intrigues souterraines, mais connues à Constantinople
et au Caire, ce gouvernement, dans ce but, n'a reculé
devant aucun moyen.
« L'opinion publique ne s'est pas trompée sur la source
d'où provenaient les nouveaux embarras qu'on cherche
à créer a cette affaire. En France, en Italie, en Autriche,
en Espagne, partout on s'est unanimement accordé pour
reconnaître dans ces nouvelles intrigues la main du
gouvernement anglais.
» Cette universalité du sentiment public gêne beau-
coup les quelques journaux qui, en France, se sont fait
depuis quelque temps les auxiliaires de Nubar-Pacha.
» Ils ne négligent rien pour détourner de leur con-
duite la responsabilité morale qui les menace, et pour
tâcher de persuader à l'opinion que le gouvernement
anglais est parfaitement innocent de tout ce qui se
passe.
» Se plaçant dans cette thèse, à la suite de la Se-
maine financière, le Temps du 4 décembre vient de com-
poser et de publier un plaidoyer aussi faible qu'em-
barrassé en faveur de la diplomatie et de la politique
anglaise dans toutes ces circonstances.
» A l'entendre, le gouvernement britannique est aussi
innocent de toute opposition au canal que l'enfant qui
vient de naître.
» Cette thèse n'est pas soutenable, et nous défions le
Temps de répondre d'une manière quelque peu satisfai-
sante aux questions suivantes :
» Pour prouver que le gouvernement ottoman et le
vice-roi sont opposés au percement de l'isthme, M. Neff-
tzer refuse donc aux Turcs des vues assez hautes et
assez larges pour comprendre l'importance de la jonc-
tion des deux mers. « Un patriotisme turc, étroit et
» borné, ne peut avoir pour l'entreprise, — dit M. Ncff-
» tzer, — que de l'indifférence, sinon de l'hostilité. »
» On ne nous accusera pas de partialité pour les
Turcs, et nos lecteurs savent que nous n'avons jamais
été portés à attribuer à cette race une grande aptitude
à la civilisation. Les ruines qu'elle a entassées partout
autour d'elle ne justifient que trop notre opinion ; mais
nous n'avons jamais porté la prévention jusqu'au point
de contester aux Turcs la faculté de comprendre leurs
intérêts les plus immédiats. Or, le percement de l'isthme
de Suez constitue pour eux un intérêt de premier ordre.
» La force des sultans est à la Mecque et à Médine
plus encore qu'à Constantinople. Que les villes saintes
leur soient enlevées, qu'ils cessent de posséder le tom-
beau du Prophète, que la direction de l'islam passe en
d'autres mains, et c'en est fait de leur autorité. Les
sultans ont donc un intérêt immense à se rapprocher
le plus possible des deux grands sanctuaires de leur
religion ; tout ce qui peut contribuer à faciliter leurs
communications avec l'Arabie, tout ce qui peut leur
permettre d'exercer une action rapide et énergique sur
les villes saintes, constitue pour eux un intérêt de pre-
mier ordre.
» Ces simples réflexions, dont la justesse ne saurait
échapper au public, ruinent de fond en comble le petit
système imaginé par le Temps pour battre en brèche la
Compagnie universelle du canal de Suez, car elles sont
confirmées par des témoignages historiques d'une im-
portance capitale.
» Lorsque Sélim Ier eut conquis l'Egypte en 1516-1517,
il adopta avec ardeur le projet de mettre en communi-
cation les deux mers, qui avait été suggéré au sultan
des mamelouks par le vénitien Marino Sanudo. Il ne lui
fut pas donné de réaliser ce travail gigantesque; il
mourut trois ans après la conquête de la vallée du Nil,
en léguant son projet à Soliman le Grand,qui mit la main
à l'œuvre, mais fut bientôt distrait de cette grande en-
treprise par les guerres terribles qui remplirent toute
la durée de son règne.
» Mohammed-Konolli, grand vizir de Soliman le Grand,
avait épousé l'idée féconde de Sélim 1er et la fit partager
à Sélim II. Nous rappellerons même que, dominé par la
grandeur de cette entreprise, le ministre avait été con-
duit à rêver en même temps la jonction de la mer
Caspienne avec la mer Noire par le Don et le Volga.
Ce dernier projet reçut même un commencement d'exé-
cution ; une armée immense de soldats et d'ouvriers
avait été dirigée sur les lieux; mais les Russes accou-
rurent et les Turcs durent battre en retraite.
1 Le percement de l'isthme de Suez passionna ensuite
l'un des souverains les plus remarquables de la Turquie,
Moustapha III, qui fit rédiger, par le baron de Tott, un
mémoire sur cette question et la mit sérieusement à
l'étude.
» A qui donc M. Nefftzer persuadera-t-il que les sul-
tants et les vizirs actuels, pressés de toutes parts par la
civilisation, n'aient pu s'élever à la hauteur de leurs
prédécesseurs ? Nous soutenons au contraire qu'ils ont
compris et embrassé avec ardeur la pensée de Sélim Ier,
de Soliman le Grand, de Sélim II, de Mohammed-Konolli
et de Moustapha, et nous en voyons la preuve formelle,
la preuve éclatante dans l'approbation vingt fois répé-
tée qu'ils ont exprimée à M. de Lesseps et aux ambassa-
deurs de France, d'Espagne et d'Autriche.
» L'obstacle n'est donc pas à Constantinople, mais à
Londres, et M. Nefftzer perd deux fois son temps en
s'efforçant d'égarer sur ce point l'opinion publique.
Quant au patriotisme dont il a pensé donner la preuve
en essayant de mettre l'Angleterre hors de cause, la
note du Moniteur, que nous avons plus haut reproduite,
fait assez comprendre comment le gouvernement lui-
même comprend ce patriotisme dans la question soulevée
entre la Compagnie universelle du canal de Suez et ses
adversaires.
» ALEX. BONNEAU. »
MONITEUR INDUSTRIEL.
Les avocats de la politique anglaise.
« S'il est un fait accepté, proclamé, non-seulement
en France, mais dans toute l'Europe, comme ayant
toute la puissance d'un axiome, c'est celui que, depuis
l'origine du projet du canal de Suez, le gouvernement
anglais n'a pas cessé de faire une opposition acharnée
et de susciter des obstacles de toute espèce à cette
entreprise. -
» Les calomnies contre la politique française, les dif-
famations les plus odieuses contre les personnes, les
intrigues souterraines, mais connues à Constantinople
et au Caire, ce gouvernement, dans ce but, n'a reculé
devant aucun moyen.
« L'opinion publique ne s'est pas trompée sur la source
d'où provenaient les nouveaux embarras qu'on cherche
à créer a cette affaire. En France, en Italie, en Autriche,
en Espagne, partout on s'est unanimement accordé pour
reconnaître dans ces nouvelles intrigues la main du
gouvernement anglais.
» Cette universalité du sentiment public gêne beau-
coup les quelques journaux qui, en France, se sont fait
depuis quelque temps les auxiliaires de Nubar-Pacha.
» Ils ne négligent rien pour détourner de leur con-
duite la responsabilité morale qui les menace, et pour
tâcher de persuader à l'opinion que le gouvernement
anglais est parfaitement innocent de tout ce qui se
passe.
» Se plaçant dans cette thèse, à la suite de la Se-
maine financière, le Temps du 4 décembre vient de com-
poser et de publier un plaidoyer aussi faible qu'em-
barrassé en faveur de la diplomatie et de la politique
anglaise dans toutes ces circonstances.
» A l'entendre, le gouvernement britannique est aussi
innocent de toute opposition au canal que l'enfant qui
vient de naître.
» Cette thèse n'est pas soutenable, et nous défions le
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